LFP : Vincent Labrune répond à la polémique sur son salaire et l’accord avec CVC

Par Maxime Barbaud
5 min.
Vincent Labrune, président de la LFP @Maxppp

Auditionné par le Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur la financiarisation du football français, Vincent Labrune a dû s’expliquer sur les conditions de sa rémunération et de son énorme revalorisation, ainsi que sur l’accord liant la LFP à CVC.

C’est peu de dire que sa parole était attendue. Enlisé dans le bourbier des droits TV de la Ligue 1, qui n’ont toujours pas trouvé preneur à moins de deux mois de la reprise, Vincent Labrune était auditionné par le Sénat ce mercredi. Le sujet du jour n’était pas l’avenir du championnat de France, même si c’est finalement étroitement lié, mais bien sûr l’accord liant la Ligue et CVC, le fonds d’investissement luxembourgeois qui a apporté 1,5 milliard au football professionnel français en échange de 13% de ses recettes commerciales à vie. Depuis quelques semaines, le Sénat mène une information ouverte autour de cette entente, et depuis la semaine passée, des primes et du salaire de Vincent Labrune.

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La semaine passée en effet, Jean-Christophe Germani et Édouard Conques, les deux dirigeants de CVC en France, ont été mis en défaut par les sénateurs. Les deux hommes venaient de certifier que Vincent Labrune, président de la société commerciale de la LFP, ne touchait rien au travers de cette fonction. Si les émoluments de ce dernier ont été multipliés par 3 (de 400 000 euros à 1,2 M€ par an), c’est pour son rôle de président de la LFP, assuraient-ils. Michel Savin, président de la commission, a alors sorti un document dans lequel était indiqué tout le contraire. 50% du salaire de Labrune est bel et bien pris en charge par la société commerciale. Un étonnant mélange des genres puisque CVC est actionnaire…

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Labrune nie tout conflit d’intérêts…

Pour la faire courte, une partie de l’argent généré devant servir au développement des clubs allait directement sur le compte en banque personnel de Labrune. «Je n’ai jamais eu aucune relation commerciale par le passé et jusqu’à aujourd’hui avec le fonds CVC», s’est défendu le patron de la LFP sur un éventuel conflit d’intérêts. «Il faut que j’apporte une précision: je suis président de la LFP. C’est la LFP, personne morale, qui est président de LFP Media. Ma rémunération est portée intégralement et exclusivement par la LFP. Elle est fixée et validée par le conseil d’administration.» Pour ce qui est de la facturation d’une partie du salaire, il s’agit d’un jeu d’écritures comptables obligatoire entre deux structures distinctes.

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«Dans le cadre des accords entre LFP et (la société commerciale) LFP Media, un contrat de prestation de service entre les deux structures vise à refacturer les services qui sont rendus par les directions transverses, précise Labrune avant de revenir sur l’incompréhension autour des dirigeants de CVC. Ce que je comprends de l’audition de CVC, c’est qu’il y a eu une mauvaise communication entre les équipes de LFP Media et celles de CVC sur la partie refacturée. Si je peux regretter ce déficit d’information, je dois dire que c’est tout à fait normal. Le contraire aurait posé un problème. Si on n’avait pas refacturé une partie de ma rémunération, c’était un acte anormal de gestion. La LFP n’avait pas à supporter intégralement une prestation effectuée au bénéfice de LFP Media.»

… et justifie sa rémunération

Le président de la Ligue explique au passage n’avoir pas donné suite aux bonus fixes de 300 000 euros. «Je considère qu’on a fait une opération exceptionnelle, au sens littéral du terme, en levant 1,5 milliard d’euros auprès de CVC. Je ne trouve pas anormal que les présidents de clubs aient voulu me gratifier d’un montant de rémunération global exceptionnel.» Il se dit prêt à revoir son indemnité de départ de 5 M€, lui qui devrait briguer un nouveau mandat lors de la prochaine élection. «On remettra cette délibération à l’ordre du jour, au prochain conseil, et je m’y engage pour montrer ma bonne volonté.» Passé l’étape de sa rémunération personnelle, Labrune a été contraint de préciser l’accord polémique entre le LFP et CVC.

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Beaucoup d’acteurs du football français le considèrent, a posteriori, comme défavorable aux clubs. «CVC est un actionnaire minoritaire mais qui a donné 1,5 milliard d’euros. Il a un droit de veto pour défendre ses intérêts. Ils peuvent révoquer des dirigeants mais ne peuvent pas mettre le droit de veto sur le dirigeant de la société commerciale. Ils peuvent mettre un veto sur le nom du DG. CVC propose le nom du directeur financier et du directeur des opérations et la LFP peut y mettre un veto. On a des intérêts totalement alignés pour les deux parties. Plus LFP Media gagne et plus les clubs gagnent.» Le fonds d’investissement peut également augmenter sa part de marché de 1,2% en cas de non-retour sur investissement au moment de son départ.

La venue de CV vitale au foot français

Pour répondre à ce sujet brûlant, Labrune rappelle combien le besoin d’argent était vital pour de nombreux clubs français à l’arrivée de CVC. Une dernière tranche d’environ 400 M€ doit d’ailleurs être bientôt versée pour atteindre cette fameuse part de 13 %. «Il y a une douzaine de clubs qui ne vont pas toucher d’argent parce qu’ils l’ont déjà touché. On a donné le même montant à tous les clubs. Sur la question du report de CVC, il faut être honnête. CVC a apporté 1,5 milliard d’euros, dont 169 millions, pour rembourser le prêt d’État. Sans CVC, le remboursement aurait été supérieur au montant rattrapé par CVC. Cela n’a pas de sens de décaler ce rattrapage car sinon CVC ne serait pas venu.» Reste désormais à attaquer le sujet des droits TV.

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