L’Espagne a atomisé la Croatie, finaliste de la dernière Coupe du Monde, sur le score de 6-0, à Elche. Portée par un grand Asensio, la sélection ibérique a fait beaucoup de mal à son adversaire, qui avait pourtant bien démarré.
Match de prestige à Elche, pas loin de Valence, entre l’Espagne et la Croatie pour le compte du groupe A de la Ligue des Nations. Un groupe A dans lequel l’Espagne a marqué ses 3 premiers points en allant s’imposer à Wembley contre l’Angleterre samedi (2-1). Cette victoire a lancé le règne de Luis Enrique sur le banc de touche mais c’est un sacré morceau qui se présentait ce soir face aux Ibériques. Même amputée de certains cadres, la Croatie, vice-championne du monde, se présentait dans un solide 4-2-3-1 avec Modric à la baguette et… Ivan Santini, l’ancien Caennais, en pointe. La Roja, de son côté, proposait un 4-3-3 avec un entrejeu Busquets-Saul-Ceballos pour soutenir Isco, Asensio et Rodrigo.
Et c’étaient les Croates qui rentraient mieux dans la rencontre, grâce notamment à un pressing très haut sur une défense espagnole assez fébrile, à l’image d’un De Gea peu précis dans ses relances au pied. Rakitic allumait la première mèche (5e) en tirant juste à côté. Puis Santini gâchait une énorme opportunité après un bon centre de Vrsaljko (14e). Le latéral droit, précis, trouvait ensuite Perisic dans la même zone mais Carvajal sauvait l’Espagne avec une intervention décisive (17e). Malheureusement pour les Croates, Vrsaljko était touché et devait sortir, laissant sa place à Rog. Et à partir de cet instant, les Ibériques retrouvaient plus d’inspiration. D’un coup plus précis, le jeu de passes permettait de se rapprocher enfin du but adverse. Et c’est Saul qui allait ouvrir la marque, en surgissant au coeur de la surface pour reprendre de la tête un centre parfait de Carvajal (1-0, 24e).
Un Asensio des grands soirs
Clairement libérés par l’ouverture du score, les hommes de Luis Enrique affichaient enfin un véritable allant, qui allait être incarné par Asensio. Peu en verve jusqu’à la demi-heure de jeu, avec peu de provocations balle au pied et trop de courses latérales, le joueur du Real Madrid se réveillait brutalement. D’abord en inscrivant un but d’une frappe sèche à l’extérieur de la surface, après avoir récupéré une relance croate ratée (2-0n 34e). Puis en s’offrant un petit numéro balle au pied et une frappe lourde qui percutait la barre puis le dos du malheureux Kalinic pour franchir la ligne (3-0, 35e). Le but a d’ailleurs été accordé au portier croate. Un réveil tonitruant donc pour les Espagnols et Asensio.
Après la pause, le spectacle redémarrait très vite. Grâce à nouveau à Asensio, qui lançait parfaitement Rodrigo dans la profondeur. L’attaquant ne transigeait pas face à Kalinic et trouvait la faille (4-0, 49e). Dès lors, le match ressemblait à un long calvaire pour des Croates méconnaissables, à l’image d’un Modric totalement effacé et sans munitions. Sergio Ramos marquait son classique but de la tête sur un corner tiré par l’inévitable Asensio (5-0, 5e). Puis c’est Isco qui fusillait Kalinic, en pleine surface, après un service de… devinez qui : Asensio (6-0, 70e). L’attaquant du Real Madrid rayonnait sur la rencontre et aidé par un Isco retrouvé en seconde période, créait encore le danger jusqu’au coup de sifflet final. À noter les bonnes entrées également de Thiago Alcantara et de Rodri. Les Croates, eux, vont devoir vite oublier la Coupe du Monde pour entamer un nouveau cycle. Car cette gifle risque de faire parler au pays !
Revivez le film de la rencontre.
L’homme du match : Marco Asensio (9) : disons le franchement, son début de match n’était pas convaincant. Pas de dribbles, du jeu arrêté ou en largeur. Et puis il a tout renversé à la demi-heure de jeu. D’abord en récupérant un ballon qui traînait pour expédier une frappe sèche et marquer. Ensuite en inscrivant un superbe but, qui sera comptabilisé en CSC de Kalinic, d’une frappe lourde. Enfin en délivrant trois passes décisives ! Rodrigo, lancé en profondeur, Ramos, touché sur corner, et Isco, servi dans la surface, ont profité de ses offrandes. Excellent jusqu’au bout, il aura atomisé à lui seul ou presque les malheureux Croates.
Espagne :
De Gea (5) : une première partie de rencontre assez inquiétante avec une fébrilité étonnante, notamment dans ses relances au pied. Il a parfois mis ses partenaires en difficulté, et a même rendu directement le ballon aux Croates sur une relance ratée. Il s’est peu à peu repris et n’a pas eu grand-chose à faire avec ses mains, puisque les Croates ont peu cadré.
Carvajal (7) : déterminant en première période, et plus particulièrement en début de rencontre, où son dynamisme a sorti l’Espagne de sa torpeur. Tonique, comme toujours, et décisif défensivement à l’image de son bon retour dans les pieds de Perisic, qui l’avait pourtant devancé au départ de l’action (17e). Il a aussi été précis dans ses centres et a représenté un réel danger offensivement. Remplacé par Cesar Azpilicueta (74e).
Nacho (5,5) : plus souvent mis à contribution que Sergio Ramos, le défenseur du Real Madrid a découvert Ivan Santini et ses coudes. Un duel heurté avec l’avant-centre croate, dont il est finalement sorti vainqueur. Malmené parfois en début de rencontre, il aura réussi à se reprendre et à ne plus concéder grand-chose ensuite.
Ramos (6) : on l’a connu plus agressif sur le porteur du ballon. Assez passif en début de rencontre, comme l’ensemble de ses partenaires, il a affiché une certaine nonchalance dans son placement. Évidemment, il a serré la vis par la suite. Et s’est offert un classique but de la tête sur corner (57e) sur un service parfait d’Asensio.
Gaya (5) : une petite déception car plutôt timide offensivement par rapport à ce qu’il montre habituellement à Valence. Vif, il n’a pas su s’exprimer dans le camp adverse. Et a même été le défenseur mis le plus en difficulté, notamment par Vrsaljko. Il n’a pas vraiment marqué de points, alors que Luis Enrique avait laissé Jordi Alba hors de sa première liste, même si Marcos Alonso avait été lui aussi moyen face à l’Angleterre.
Busquets (6,5) : comme pour les défenseurs, il s’est fait éliminer trop facilement par les milieux adverses lors des 20 premières minutes de la rencontre. Dominé par Rakitic notamment, il avait du mal à régner dans l’entrejeu. Mais lui aussi a su reprendre le dessus et à nouveau impulser le tempo de son équipe. Un tempo nettement en hausse. Remplacé à la 59e par Rodri, le nouveau joueur de l’Atlético Madrid, annoncé comme le successeur du Barcelonais à moyen terme.
Saul (7,5): belle performance de la part du milieu de l’Atlético Madrid. Pas utilisé lors du Mondial en Russie, il a saisi l’opportunité donnée par Luis Enrique avec cette titularisation. Beaucoup de présence dans l’entrejeu, parfois au détriment de Ceballos, et un but imparable de la tête qui a remis les siens dans le sens de la marche, alors qu’ils étaient bousculés par les Croates jusqu’alors. Pas mal d’influence dans ce match, et la confirmation, après son bon match contre l’Angleterre, qu’il incarne la nouvelle ère de la Roja. Remplacé par Thiago Alcantara à la 64e, qui a délivré quelques bons ballons.
Ceballos (5) : l’élément le plus décevant du trident du milieu. Alors, oui, il réclame beaucoup le ballon, bouge beaucoup, s’agite pour montrer où jouer à ses partenaires, mais il n’a pas été un relais souvent choisi. Encore un peu tendre peut-être pour s’imposer dans ce secteur du jeu en pleine restructuration.
Isco (5) : quasiment invisible en première période, c’était le Isco des mauvais jours. Des pertes de balle étonnantes pour lui, quelques mauvais choix et donc très peu d’influence dans le couloir gauche. Un peu mieux en seconde période, il a enfin retrouvé de l’espace et de la précision. Et a pu sauver sa prestation avec un joli but (70e).
Asensio (9) : lire ci-dessus.
Rodrigo (7) : buteur face à l’Angleterre, l’attaquant de Valence était à nouveau choisi par Luis Enrique pour évoluer en pointe. Très disponible, il a multiplié les appels sur le front de l’attaque. Sans être forcément bien servi en première période. Il n’a cependant jamais renoncé et incarné une menace constante. Il a été récompensé de ses efforts en inscrivant un vrai but d’attaquant. Bien lancé en profondeur d’Asensio, il battait Kalinic d’une frappe croisée (49e). Avec deux buts en deux matches, il a marqué des points auprès du sélectionneur ibérique.
Croatie :
Kalinic (3) : le remplaçant de Danijel Subasic a vécu une soirée cauchemardesque face à l’armada offensive de la Roja. Malgré un arrêt à la 15e minute, il a encaissé trois buts en première période (24e, 34e, 35e), dont un CSC de sa part sur le deuxième, dû à la malchance. Même tarif lors de la seconde, (50e, 57e, 70e), durant laquelle il ne s’est pas remobilisé. Une prestation catastrophique qui pourrait être préjudiciable pour lui à l’avenir.
Vrsaljko (non noté) : sur son côté droit, le latéral de l’Inter Milan a été actif avec deux centres dangereux délivrés pour Santini et Perisic (14e, 17e). Mais touché, il a dû céder sa place à la 20e minute à Marko Rog (3). Ce dernier a été beaucoup moins inspiré et a souvent été malmené. C’est lui qui a effectué la mauvaise passe amenant le but d’Asensio (34e). Sur celui d’Isco, il est tombé dans le panneau sur la feinte de l’Espagnol et n’a rien pu faire.
Mitrovic (3) : une entame qui n’a pas posé de problème au défenseur du Club Bruges, qui a bien été en place. Mais tout ça s’est vite gâté. Sur l’ouverture du score de (24e), il s’est fait devancer par Saul Niguez et n’a pu que constater (24e). Il a ensuite été à l’image de son équipe : complètement dépassé. Il n’a pas stoppé les offensives espagnoles et a coulé encore un peu plus en seconde mi-temps.
Vida (2,5) : un match totalement manqué par le défenseur de Besiktas. Mauvais dans ses relances (10e), il a aussi perdu beaucoup de duels avec les attaquants espagnols, notamment face à Rodrigo (15e). Il a également été pris de vitesse sur le quatrième but inscrit par ce même Rodrigo (49e). Il a laissé Sergio Ramos placer sa tête sur le cinquième but (57e). Un match à l’opposé de sa bonne Coupe du Monde.
Pivaric (3) : il a été constamment débordé sur le côté gauche de la défense croate, par Carvajal et Asensio. Il a d’ailleurs laissé centrer le latéral madrilène sur le premier but de Saul Niguez (24e). Sur le deuxième, il a donné trop d’espace à Asensio pour qu’il puisse déclencher sa superbe frappe (34e). Il n’a pas redressé la barre en revenant des vestiaires et a, lui aussi, passé une soirée très compliquée.
Rakitic (3,5) : pour sa centième sélection avec les Vatreni, le Barcelonais a commencé son match avec une belle frappe, qui termine juste à côté des buts de De Gea (5e). Il a ensuite joué très bas, à l’image de son équipe effectuant quelques interventions défensives (32e, 33e). Sur le deuxième but de l’Espagne, il a regardé Asensio frappé des 25 mètres. Le deuxième acte a lui aussi été une purge. Il n’a pas existé face à ses adversaires. Dur pour une centième.
Brozovic (3) : 45 premières minutes ratées de l’Interiste, pendant lesquelles il n’a pas été exempt de tout reproche sur le premier but où il a lâché le marquage de Saul Niguez (24e), et sur le deuxième de Marco Asensio où il a été passif (34e). Il s’est ensuite agacé et a récolté un carton jaune sur une faute évitable (39e). Après une prestation loupée, il est remplacé par Marko Pjaca (63e), qui n’a pas eu d’influence dans le jeu.
Modric (2) : placé en meneur de jeu, le capitaine de cette sélection croate n’a pas été en vue durant la première période. À tel point qu’il a dû descendre pour venir toucher des ballons. Il n’a pas réussi à imposer son rythme dans l’entrejeu. La deuxième mi-temps n’a pas vu les choses s’arranger pour lui. Le meilleur joueur du dernier Mondial a été l’auteur d’une prestation terne, sans étincelle, et a été totalement méconnaissable. Mauvais signe pour le Ballon d’Or ?
Perisic (4) : un premier quart d’heure de bonne facture, durant lequel il a su profiter des largesses défensives des Ibériques, avec un bon pressing (5e) et une grosse occasion (17e). Mais il a ensuite été maladroit malgré ses efforts. Plus en vue défensivement, on ne l’a pas vu au retour des vestiaires et n’a rien pu faire pour sonner la révolte des siens.
Kovacic (3,5) : à l’instar de ses compères d’attaque, il a bien pressé la défense de la Roja en début de match, menant à des situations intéressantes (5e, 17e). Mais on l’a surtout vu en défense, aux côtés de Rog, pour contenir les assauts espagnols, en vain. Le second acte a été à l’image du premier : aucun apport offensif. Le pressing a peu à peu disparu et il a au fil de la rencontre levé le pied.
Santini (3) : titularisé à la pointe de l’attaque, l’ancien Caennais a effectué un bon début de match en étant au pressing et en reprenant un centre de Vrsaljko qui a frôlé le poteau des cages espagnoles (14e). Après ça, il s’est peu à peu effacé, se plaçant trop bas pour se montrer dangereux. Il est aussi retombé dans ses travers en mettant sa main dans le visage de Nacho, logiquement sanctionnée d’un carton jaune (12e). Invisible en seconde période, et malgré une tentative sans conviction (68e), il n’a pas pu faire oublier le néo-retraité Mario Mandzukic. Il est remplacé par Marko Livaja à la 71e. Il n’a rien apporté lors des vingt dernières minutes.
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