Affaire Victor Osimhen : la Fédération italienne veut maintenant se payer le Napoli après la Juventus
Le Napoli, large leader au classement de Serie A, est une nouvelle fois dans le viseur de la Fédération italienne dans l’affaire du transfert de Victor Osimhen depuis Lille en 2020. L’enquête se poursuit et de nouveaux rebondissements pourraient avoir lieu dans les prochains jours, à l’heure où la Juventus a déjà été épinglée dans une autre affaire de plus-values, écopant ainsi de 15 points de pénalité.
Non la Juventus n’est pas le seul club italien pointé du doigt par la Fédération italienne de football (FIGC). Le parquet de Naples a demandé un rallongement de six mois pour l’enquête du bilan financier sur la période 2020-2021 du club de Campanie, concernant le transfert de Victor Osimhen. La justice italienne a récemment notifié à tous les protagonistes de cette histoire un avis de prolongation des investigations, pour se concentrer sur une série d’aspects liés au contrat signé par le Nigérian, mais aussi d’autres anciens joueurs passés par Naples sur cette période. Quelques lignes signées du procureur napolitain Francesco De Falco et adressées à la haute direction du club napolitain qui, comme on le sait, est impliquée dans les enquêtes sur l’achat du joueur du club français de Lille. Mais le quotidien napolitain Il Mattino a fait le point ce lundi matin sur les nouveautés de cette affaire. Tout comme le journal national de La Repubblica qui s’est aussi emparé de ce nouveau dossier extra-sportif qui touche le championnat italien.
Le deal officiel était estimé, du moins sur le papier, à 71 millions d’euros (52 millions de cash + la vente du gardien Karnezis et de trois joueurs de Primavera), sur lesquels il y a eu par la suite plusieurs analyses et autres recoupements de la Guardia di Finanza de Naples, mais aussi de la cellule d’enquête française correspondante, qui fouille dans les comptes des Dogues. Techniquement, le parquet de Naples pourrait clore l’enquête au printemps prochain, alors que, également à la lumière de la correspondance en cours avec les Français, il pourrait demander son non-lieu ou mener l’action pénale, en vue de l’ouverture formelle d’un procès. Des e-mails et des contrats relatifs à l’achat du footballeur nigérian se sont retrouvés au centre de l’enquête, mais aussi d’autres éléments, pour la plupart liés au transfert par Naples à Lille du gardien Karnezis et de trois autres jeunes joueurs. L’évaluation des trois joueurs de la Primavera, qui n’ont jamais intégré l’effectif lillois, questionne de plus en plus les enquêteurs coordonnés par l’adjoint Vincenzo Piscitelli. Sur le papier, la valeur du quatuor avoisine les 20 millions, mais en fait la trajectoire de leur carrière meten lumière une réalité économique bien différente : une surfacturation qui aurait affecté la définition des budgets des deux clubs impliqués dans le deal.
Quatre joueurs surévalués
Le travail des magistrats français doublé de la dénonciation de la nouvelle présidence de Lille sur certaines opérations de la direction précédente ont permis de compléter le dossier. Victor Osimhen a été racheté pour 52 millions d’euros, puis complété par les ventes du gardien Orestis Karnezis (qui a joué un seul match en deux saisons à Lille avant de rompre son contrat l’été dernier) et de trois joueurs de l’équipe Primavera de l’époque, qui n’ont en fait jamais signé de contrat avec le club français : Luigi Liguori (qui joue dans le championnat régional avec Casoria), Claudio Manzi (Turris en Serie C) et Ciro Palmieri (Nola en Serie D), inscrit au budget à hauteur de 21,3 millions d’euros. Un chiffre de plus-value que le procureur fédéral avait jugé très suspect tout en enterrant la possibilité réelle d’établir la valeur objective d’un footballeur. Parallèlement au délit de fausse déclaration dans les états financiers, des déclarations frauduleuses sont également supposées, un délit impliquant le président de SSC Napoli Aurelio de Laurentiis, portant sur une partie de la somme versée à Lille, soit un peu plus de 21 millions d’euros, sur laquelle 4,6 millions de taxes sur la valeur ajoutée ont été payés. La justice sportive s’était déjà occupée de la vente de l’attaquant, sans déceler d’acte répréhensible, et le club, par l’intermédiaire de ses avocats, a réitéré qu’il était en mesure de démontrer la régularité de la transaction.
La justice sportive d’Italie a du pain sur la planche dans cette affaire, puisque le procureur de la FIGC Giuseppe Chiné se dit prêt à demander les pièces au parquet de Naples sur l’affaire Osimhen, dans un scénario qui semble pour le moins répétitif. Défendu par l’avocat pénaliste napolitain Fabio Fulgeri, le club s’était exprimé ainsi il y a quelques mois dans Il Mattino: «Dans cette affaire, le club napolitain est absolument serein, également parce que l’affaire a été traitée par la justice sportive et nous a donné une issue favorable en deux circonstances». Une référence explicite liée à l’acquittement dans le bureau disciplinaire de Naples, lorsque les premiers soupçons liés à l’histoire du contrat Osimhen sont apparus il y a deux ans. Désormais les contrôles pénaux et disciplinaires sont attendus, quitte à se lancer dans des comparaisons avec la situation de la Juventus pour se défendre. C’est un fait : sur l’affaire Osimhen il n’y a pas encore d’interceptions téléphoniques d’où émergerait la prétendue méthode utilisée par le club de la Juventus pour construire des bilans douteux. Un détail qui devrait faire la différence entre Naples et Turin. Pour l’heure, il est trop tôt pour connaître les risques sportifs encourus pour les Partenopei, mais la FIGC attend patiemment que les procureurs de la République leur envoient les papiers à la fin de l’enquête comme cela s’est produit dans le dossier des Bianconeri.
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