Le Havre : du FC Martigues à la Ligue 1… la folle trajectoire de Yanis Zouaoui
Recruté par Le Havre en début de mercato estival, Yanis Zouaoui, qui évoluait la saison passée à Martigues, s’apprête à découvrir la Ligue 1 à 26 ans. Un saut dans l’inconnu pour celui qui n’avait, jusqu’alors, jamais joué plus haut qu’en National. Récit d’un parcours hors du commun.
«Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous, et ils se réaliseront sûrement». Empruntés à Martin Luther King, ces mots résonnent avec force au moment d’évoquer la folle trajectoire de Yanis Zouaoui. Né à Marseille le 28 avril 1998 avant de s’exporter à une trentaine de kilomètres de la cité phocéenne pour faire ses premiers pas dans le football au FC Côte Bleue, un club basé à Carry Le Rouet, le frère ainé d’Ilyes, formé à l’OM, n’a pas connu une trajectoire ordinaire. Débarqué au FC Martigues à l’été 2017 avant de rejoindre le SC Toulon une année plus tard, ce gaucher d’1m83 a, pourtant, prouvé toutes ses qualités et sa force de caractère au fil de ses différentes expériences. Aligné dans un rôle de latéral gauche pour sa première saison dans le Var, le franco-algérien, d’abord formé au poste d’ailier, restera, à ce titre, l’un des grands artisans de la promotion du Sporting club de Toulon en National. Sous les ordres de Fabien Pujo et aux côtés d’un certain Morgan Guilavogui, aujourd’hui sous les couleurs du RC Lens, Zouaoui s’affirmait alors rapidement comme un titulaire indiscutable.
Une trajectoire à part entière…
Auteur de 2 offrandes en 24 matches toutes compétitions confondues lors de cet exercice 2018-2019, il s’offrait, comme un symbole, une passe décisive lors de la victoire décisive contre le Monts d’Or Anse Foot (3-0). Doté d’une technique au-dessus de la moyenne, rapide et solide défensivement, l’intéressé confirmait logiquement toutes ses aptitudes à l’échelle supérieure, et ce, malgré la crise de résultats vécue par le club varois. Relégué en National 2 le 14 mai 2020 au terme d’un exercice ô combien contrasté, marqué par le départ Fabien Pujo, remplacé par Victor Zvunka, et une seule petite victoire en championnat, le SCT se voyait, par ailleurs, privé de défendre ses chances à la suite des décisions gouvernementales prises en raison de la pandémie de Covid-19 (championnats amateurs suspendus)… Une période douloureuse provoquant finalement une vague de départs au sein de la formation toulonnaise, à commencer par celui de Zouaoui. Sans club à l’été 2020, ce dernier acceptait alors un premier challenge loin de ses terres natales, du côté de la Roumanie et de l’ACS Foresta Suceava.
Oui, mais voilà, après seulement quatre mois passés dans l’est de l’Europe, deux petits matches disputés lors des play-off d’accession de la Liga 3 et une crise sanitaire sans précédent, le Marseillais faisait finalement son retour dans les Bouches-du-Rhône, s’engageant alors avec son ancien club : le FC Martigues. Entouré des siens, mis en confiance par son directeur sportif Djamal Mohamed, baignant dans un environnement rassurant et fort de sa résilience, Zouaoui explosait enfin sous son meilleur jour. Et pour cause. S’il faut parfois apprivoiser l’enfer pour approcher le paradis, le nouveau joueur des Ciel et Marine n’aura cessé de briller sous les couleurs Rouge et Jaune. De quoi laisser un souvenir impérissable aux pensionnaires du Stade Francis-Turcan. Auteur de 3 buts et 4 passes décisives en 26 matches toutes compétitions confondues pour sa première saison, le polyvalent défenseur du FCM participait alors grandement à la promotion du club en National. Et que dire des deux dernières années vécues par le principal concerné…
Martigues, l’heure de la révélation
Présent dans l’équipe type de la saison au terme d’un exercice 2022-2023 plus que convaincant (2 buts et 1 offrande en 31 matches) et où Martigues manquait de justesse l’accession en Ligue 2, Zouaoui attisait alors les premières convoitises. «J’aurais pu partir cette année-là dans un autre club de Ligue 1 mais pour diverses raisons, le deal ne s’est pas fait. Au final, j’ai donné le tout pour le tout avant de partir par la grande porte et ça s’est passé comme ça donc je suis très content», nous confiait, à ce titre, la récente recrue des Hacmens. Attaché à ses racines et reconnaissant envers sa direction, l’homme de 26 ans restait finalement dans le sud de la France et signait une nouvelle année référence (2 réalisations et 4 passes décisives en 29 matches lors de la saison 2023-2024), intégrant pour la deuxième fois de suite le XI type du championnat de National et permettant surtout au FC Martigues d’évoluer en Ligue 2 dans les prochains mois. De quoi partir avec le sentiment du devoir accompli et relever un premier défi au sein de l’élite du football français…
«Yanis Zouaoui, qui évoluait au FC Martigues les trois dernières saisons et a décroché il y a quelques semaines une montée en Ligue 2 avec les Provençaux, est désormais Hacman ! Ce latéral gauche de 26 ans était suivi par plusieurs clubs et vient de parapher un contrat de trois ans chez les Ciel&Marine», annonçait dans cette optique le HAC au sein d’un communiqué publié le 5 juillet dernier. Convaincus par les performances sportives et la mentalité du franco-algérien, le club normand officialisait ainsi la nouvelle après huit mois d’échanges entre Mathieu Bodmer, Momo El Kharraze et son conseiller, Yacine Ayad, sur le profil du joueur. L’occasion également d’apporter une concurrence de taille à Christopher Operi, titulaire indiscutable à ce poste au cours des derniers mois. «J’ai été formé ailier et j’ai ensuite appris le métier de défenseur. Quand j’ai reculé sur le terrain, ça m’a fait du bien aussi, j’avais le jeu devant moi. Je suis un joueur assez technique et rapide. Je me suis concentré sur la défense mais j’ai toujours voulu apporter ce plus offensivement pour me démarquer du latéral classique. Après la Ligue 1, c’est le niveau supérieur donc je vais devoir travailler fort sur tous les aspects de mon jeu», ajoutait par ailleurs Zouaoui quant à son profil.
La L1 comme nouveau terrain de jeu
Doté d’une polyvalence certaine et d’un état d’esprit irréprochable, le numéro 18 des Ciel et Marine s’apprête désormais à écrire la plus belle page de sa carrière. Un nouveau challenge que l’arrière gauche havrais compte vivre pleinement, tout en s’appuyant sur l’expérience tirée de son parcours peu ordinaire. «Je suis dans un super état d’esprit, je suis impatient, c’est quelque chose de grand qui m’arrive, je suis pressé de découvrir le club, mes coéquipiers, de débuter. J’intègre une famille. Pour moi, c’est un nouveau départ, c’est un rêve, un rêve qui se réalise. Je suis dans ce club pour apprendre, je veux apprendre de mes coéquipiers, récupérer le maximum d’informations, de conseils, je veux évidemment montrer ce que je sais faire, je n’ai pas de pression particulière, mais j’ai hâte. C’est juste du bonheur, c’est un gros cap de passé pour moi, c’est mon premier contrat professionnel, mais tout ça n’est que du positif donc à moi d’en tirer le meilleur maintenant. Je sais que j’intègre un club où j’ai tout à gagner, je sais d’où je viens, par où je suis passé et les ingrédients que je dois mettre pour continuer ma progression. Ce n’est que du plus, que du bonus et je vais tout donner pour montrer ce que je suis en tant que joueur, mais aussi en tant que personne». Humble, plus que jamais déterminé et fier du chemin parcouru, celui qui vient de participer au festival offensif des siens contre l’US Fougères (7-0) lors du premier match amical des Hacmens n’oubliait pas, non plus, d’envoyer un message fort à l’ensemble de son entourage.
«Je remercie mon conseiller, Yacine Ayad, c’est le grand artisan de cette magnifique trajectoire. Pour l’anecdote et c’est un symbole de plus pour moi, mon conseiller a quitté ses parents à 13 ans pour rejoindre le centre de formation du HAC et moi aujourd’hui, c’est à 26 ans que je signe mon premier contrat pro, il m’a avoué que c’était son échec de ne pas avoir signé pro au Havre mais que c’était son destin et l’histoire est encore plus belle car aujourd’hui ce contrat, c’est le nôtre. Tout ça a de la valeur pour moi. Qui d’autre que lui pour me parler de l’environnement havrais ? Je remercie aussi les secrétaires qui m’ont accueillis ici avec mon épouse avec beaucoup de chaleur, le président Jean-Michel Roussier qui m’a fait signer mon premier contrat pro, Mathieu Bodmer, Momo El Kharraze et le coach Didier Digard pour m’avoir donné cette chance. Je saurai leur rendre, soyez en sûr. Je remercie aussi toute ma famille. Mes parents, ma femme, mes frères et soeurs, ils m’ont donné cette force, ils ont toujours été là pour moi et ils font aussi partie pleinement de cette très belle histoire. On dit souvent que seul, on va plus vite et qu’ensemble, on va plus loin et aujourd’hui avec mon entourage, cette bienveillance, ces compétences, j’avance sereinement et je réalise mes rêves. C’est vrai que j’avais toujours eu en tête d’arriver au sommet du football français, mais maintenant j’y suis, à moi désormais de prouver que je mérite d’y être». Lié au club doyen jusqu’en juin 2027, Yanis Zouaoui s’apprête dorénavant à fouler les pelouses de Ligue 1 alors que le HAC accueillera le Paris Saint-Germain, le 18 août prochain, lors de la première journée. Oui, si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire.
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