Croatie-France : les notes du match
L’équipe de France a montré un pâle visage face à la Croatie. Une première période à l’envers, une réaction après la pause, mais une prestation globalement insuffisante face aux grognards croates. La défense a sombré et le milieu n’a pas existé.

L’équipe de France se déplaçait en Croatie, ce jeudi soir, pour son quart de finale aller de Ligue des nations. Avant de retrouver la bande à Zlatko Dalic, dimanche prochain, au Stade de France, les Bleus espéraient donc prendre une belle option pour le dernier carré de la compétition. Pour cette rencontre, Didier Deschamps alignait un 4-3-3 avec Ousmane Dembélé, Kylian Mbappé et Randal Kolo Muani, alignés sur le front de l’attaque. En face, les Vatreni s’organisaient, eux, en 4-2-3-1 avec l’indéboulonnable Luka Modric dans l’entrejeu et Ante Budimir, seul en pointe.
Un premier acte catastrophique !
Brouillons collectivement et imprécis techniquement, les Bleus vivaient cependant un début de match compliqué au Stadion Poljud malgré une première frappe trop écrasée de Dembélé (4e). Coupable d’une faute de main dans sa propre surface après une erreur de relance de Saliba, Konaté concédait un penalty mais Kramaric butait finalement sur Maignan, décisif après avoir été gêné par des lasers (8e). Proche de céder, la France se réveillait dans la foulée mais Mbappé, servi par Digne, butait sur Livakovic (16e). Une nouvelle fois trouvé par Digne, l’attaquant du Real se signalait encore mais le portier croate ne baissait pas la garde (23e).
Deux tentatives qui ne cachaient cependant pas les faiblesses tricolores en début de rencontre. Fragiles défensivement, coupables d’innombrables pertes de balle et trop souvent en retard dans le duel, les Bleus craquaient finalement assez logiquement. Pris de vitesse, Koundé laissait Perisic centrer et Budimir devançait Saliba pour ouvrir le score de la tête (1-0, 26e). Hors sujet tout au long du premier acte, les Bleus étaient même crucifiés juste avant la pause… Profitant des largesses défensives tricolores, Perišić, opportuniste au second poteau, trompait Maignan d’une superbe demi-volée du droit au sol dans le petit filet opposé (2-0, 45+1e).
Les Bleus condamnés à l’exploit
Dos au mur, les Bleus revenaient avec d’autres intentions au retour des vestiaires. Upamecano remplaçait lui Konaté, en grande souffrance durant 45 minutes. Profitant d’un collectif croate moins tranchant et des entrées successives de Barcola, Camavinga et Olise, la sélection tricolore poussait enfin pour réduire le score mais manquait de lucidité aux abords de la surface des Vatreni. Servi par Mbappé, Dembélé trouvait le petit filet de Livakovic (59e) avant de tomber sur le dernier rempart du Fener (61e) et de voir une nouvelle tentative fuir le cadre (79e). De son côté, Barcola, sur un centre de Guendouzi, manquait lui de peu le cuir (73e).
Coupable d’une première période totalement ratée et impuissante offensivement au retour des vestiaires, à l’instar d’une nouvelle reprise de Mbappé repoussée de justesse par Livakovic (81e), l’équipe de France s’inclinait finalement (0-2) et se retrouve donc condamnée à l’exploit avant le match retour, ce dimanche, au Stade de France. Pour rappel, à partir du dernier carré, les confrontations se tiendront sur un match sec avec des demi-finales les 4 et 5 juin et des petite et grande finales le 8 juin. Le lieu de ce Final Four sera, lui, décidé ultérieurement, en fonction des qualifiés.
L’homme du match : Ivan Perisic (8) : aligné sur le côté droit sur la feuille de match, l’ancien Intériste s’est comporté comme un véritable électron libre sur le front de l’attaque. Ses dribbles ont été tranchants, et c’est depuis l’aile gauche qu’il envoyait un véritable caviar pour Budimir, qui coupait la trajectoire du ballon et ouvrait le score (26e). Croate le plus dangereux, il se permettait de doubler la mise d’une très jolie reprise à l’entrée de la surface, qui venait se loger au pied du poteau de Maignan (45e+2). Plus discret en seconde période face à la domination française, il a toutefois continué à apporter du danger sur ses prises de balle. Remplacé par Vlašić (70e).
Croatie
- Livakovic (7) : le portier croate n’a pas attendu longtemps pour se retrouver mis à contribution. Dès la 4e minute, Dembélé venait chauffer ses gants d’une frappe molle, qu’il parvenait à capter sereinement. Au quart d’heure de jeu, c’est Mbappé qui tentait de tromper sa vigilance, mais il repoussait brillamment en corner (16e). Une nouvelle fois opposé au Merengue, il se détendait parfaitement pour, encore une fois, sauver les siens (23e). Moins sollicité au cours du deuxième acte malgré un réveil de l’équipe de France, il empêchait une nouvelle fois son capitaine de faire trembler les filets, en s’opposant à lui du bout des doigts sur un tir presque à bout portant (81e).
- Stanisic (6,5) : le latéral droit de 24 ans a souvent été mis à contribution, notamment par Mbappé, mais il ne s’est pas laissé impressionner. S’il n’a pas pu résister à tous les assauts du Madrilène, il ne lui a jamais ouvert une autoroute vers le cœur de la surface. Plus tranquille en seconde période, puisque les Bleus choisissaient davantage l’aile droite, il n’a une nouvelle fois pas tremblé. Cerise sur le gâteau : c’est lui qui est à l’origine du penalty obtenu par les siens, après un ballon aérien à destination de Budimir (5e).
- Caleta-Car (7) : le Lyonnais a montré beaucoup de sérénité face à l’armada bleue. Très solide dans les duels, il ne s’est jamais laissé prendre de vitesse, à l’image de cette course face à Mbappé, au cours de laquelle il se plaçait parfaitement devant l’ancien Parisien et accompagnait le ballon pour le laisser sortir en six mètres (42e). Alors que les Bleus avaient appuyé sur l’accélérateur après la pause, il a continué à être présent. Ses relances courtes ont néanmoins parfois laissé à désirer durant les quarante-cinq premières minutes. Durant les quarante-cinq dernières, il ne s’est que rarement embarrassé, envoyant le cuir loin devant lorsque la situation était chaude.
- Sutalo (7) : comme son compère en charnière centrale, le joueur de l’Ajax n’a jamais failli. Toujours dans le bon timing, il n’a pas laissé la chance aux attaquants tricolores de s’exprimer. Que ce soit au sol ou dans les airs, il s’est montré impérial. Il peut également se targuer de relances quasiment toujours propres, puisque 25 de ses 27 transmissions ont trouvé preneur au cours du premier acte.
- Gvardiol (7,5) : comme à son habitude, le joueur de Manchester City a souvent accompagné les offensives de son équipe. C’est lui qui envoyait la première frappe dangereuse à destination de Mike Maignan : un tir sans contrôle depuis l’extérieur de la surface que le Français parvenait à capter (15e). Sur le plan défensif, il a parfaitement verrouillé son côté gauche : aucun débordement n’a eu lieu dans sa zone et Dembélé s’est heurté à un mur.
- Modric (7,5) : très actif dans le cœur du jeu, le Ballon d’Or 2018 a régalé par sa qualité technique. Impliqué dans la construction de presque chaque attaque croate, il a également largement contribué à la solidité défensive de son équipe. Avec cinq ballons récupérés au cours de la première mi-temps, il est le joueur des locaux à en avoir récupéré le plus. Durant la seconde, au cours de laquelle les locaux étaient davantage acculés devant leur but, leur capitaine leur a permis de respirer à de nombreux moments, avec un impact défensif impressionnant pour son âge.
- Kovacic (6) : le Mancunien a brillé par sa capacité de percussion. Plusieurs fois, il est parvenu à casser les lignes françaises par ses dribbles et ses transmissions. L’un de ses exploits en solitaire aurait même pu se concrétiser par un but, puisqu’il avait alerté Budimir d’une merveille de ballon en profondeur, mais l’avant-centre se manquait dans son enchaînement (22e).
- Perisic (8) : lire ci-dessus.
- Baturina (5) : la pépite du Dinamo Zagreb a été l’élément offensif le plus timide côté croate ce jeudi soir. Il n’est pas celui qui a provoqué un vent de panique dans la défense française, mais il a tout de même réalisé une performance correcte. Présent pour occuper l’espace dans le camp tricolore, il n’aura que peu touché de ballons malgré sa position axiale dans l’animation offensive des siens (34). Remplacé par Pašalić (60e).
- Kramaric (5) : le cadre d’Hoffenheim avait l’occasion de débuter sa partie de la meilleure des façons, en bottant un penalty obtenu par son équipe. Mais l’attaquant croate butait sur Maignan et était coupable d’une frappe probablement bien trop molle (6e). Mais le joueur de 33 ans ne s’est pas laissé abattre par cet échec. Il a pesé sur la défense des Bleus, se montrant très actif sur le front de l’attaque. En deuxième mi-temps, il n’a pas réellement eu l’occasion de s’exprimer, puisque son équipe a été forcée à défendre. Remplacé par Sučić (85e).
- Budimir (7) : l’avant-centre d’Osasuna a eu du mal à être alerté en début de partie, mais il a parfaitement rempli son rôle, se comportant en tueur. Sur son unique opportunité de but, il a envoyé le ballon au fond des filets. Perisic réussissait à le trouver grâce à un centre, et le joueur de 33 ans décroisait magnifiquement sa tête pour battre Maignan (33e). Durant le deuxième acte, il aurait pu infliger le but du K.O. aux joueurs de Didier Deschamps, mais il peinait à enchaîner au milieu de la défense (51e). Tout au long de la partie, il a pesé lourd sur la charnière française. Remplacé par Ivanović (60e).
France :
- Maignan (6) : un penalty arrêté dès la 8e minute. Lui le spécialiste de l’exercice s’est régalé de la frappe molle de Kramaric. Il est malchanceux sur le but de Budimir puisqu’il détourne sa tête à bout portant, et il n’y peut rien sur la belle reprise de Perisic. Abandonné par sa défense ce soir. Un jeu au pied impeccable.
- Koundé (2,5) : on n’a pas reconnu le latéral du Barça. Battu dans les duels, dans l’engagement, il a mis trop peu d’intensité pour espérer prendre le dessus sur son adversaire direct, à qui il a laissé bien trop d’espace pour centrer sur le premier but. Pris dans la profondeur, pris dans l’impact, il a aussi affiché du déchet dans son jeu offensif. Un match à oublier.
- Konaté (3) : un début de match cauchemardesque avec une main dans la surface, certes malchanceuse. Cela l’a visiblement perturbé parce qu’on n’a pas vu le défenseur central dominant qu’il sait être. Au contraire, il s’est fait bouger par Budimir dans les duels, et a été emprunté avec le ballon. Il couvre le hors-jeu sur le deuxième but croate. Logiquement remplacé par Upamecano (5) à la pause, qui n’a pas vécu la même mi-temps, l’équipe de France ayant plus de contrôle. Le défenseur du Bayern a dominé son sujet, apportant de la vivacité, notamment dans les relances. Une grosse faute sur Gvardiol qui lui a valu un carton jaune.
- Saliba (4) : il faudra faire un entraînement spécifique relance pour Saliba dans les prochains jours. Le défenseur d’Arsenal a rendu le ballon bien trop souvent à l’adversaire. Sur le penalty, il offre le ballon à Modric, et que dire de sa transversale totalement ratée vers Digne en première période. Il s’est un peu rattrapé dans les duels, et encore, il est en retard sur Budimir sur le premier but. Mieux, comme toute l’équipe, en deuxième période, mais il va devoir hausser son niveau sur 90 minutes en équipe de France.
- Digne (5) : le meilleur défenseur tricolore en première période, mais ce n’était pas difficile vu le niveau global. C’est lui qui sert parfaitement Mbappé sur ses deux frappes cadrées durant la première période. Défensivement, il a parfois été en difficulté face à Perisic, mais on ne pourra pas lui reprocher, comme aux autres, une passivité dans l’engagement.
- Tchouameni (4,5) : ce n’est pas ce match qui va le réconcilier avec ses détracteurs puisque le milieu a joué avec le frein à main. Il n’a impulsé aucun rythme dans ses transmissions, pas aidé par le peu de mouvements autour de lui. Du mieux après la pause, notamment dans l’engagement, puisqu’il a enfin mis le pied quand il le fallait et a impulsé un pressing bien plus tranchant. Il a été sur tous les points chauds. Reste que l’on voit trop ses défauts lorsqu’il est accompagné de deux autres milieux qui jouent sur le même rythme.
- Guendouzi (4) : que c’est scolaire… Oui, il s’applique, contrôle, passe, mais sur un rythme trop lent pour déclencher quoi que ce soit. Son enthousiasme naturel et habituel n’était cette fois pas au rendez-vous. Timoré, il s’est un peu plus activé après la pause, proposant enfin des solutions avec des courses vers l’avant. Un bon ballon vers Barcola qui n’a pas su reprendre. A l’image de plusieurs coéquipiers, il a manqué aussi de justesse technique ce soir. Remplacé par Koné à la 84e, auteur d’une entrée intéressante.
- Rabiot (4,5) : un début de mach compliqué avec deux ballons rendus et une impression de lenteur permanente. Mais il a été l’un des rares à mettre de l’impact dans les duels, même s’il a été parfois pris de vitesse par l’engagement adverse. Un bon début de deuxième période, mais il a été remplacé à la 64e par Camavinga, plus actif mais pas déterminant non plus.
- Dembélé (4) : on attendait le Dembélé version PSG 2025, on a eu droit au Dembélé version équipe de France. Brouillon, il n’a fait absolument aucune différence en première période malgré une liberté d’action totale. Aucun dribble, aucune percussion, aucun ballon bonifié. Une première action à la 58e sur un excellent service de Mbappé, mais il n’a pas cadré après un enchaînement crochet-frappe du gauche, une deuxième, cadrée, à la 61e sur un centre de Mbappé. Enfin délié, il a pu générer quelques situations offensives intéressantes, et Didier Deschamps l’a laissé sur le terrain jusqu’à la 84e minute, remplacé par Olise, qui n’a pas eu le temps de se distinguer.
- Kolo Muani (3) : il y a de l’envie, mais il y a la limite technique. Et lorsque l’expression collective de l’équipe est si pauvre, il est impossible pour lui de surnager. Beaucoup de maladresse avec le ballon, mais on ne pourra pas lui reprocher d’avoir beaucoup bougé, avec des permutations et des courses. Positionné en 9 après la pause, il n’a pas existé au cœur de la charnière croate, qui l’a mangé dans les duels. Remplacé par Barcola (64e), qui aurait pu mieux exploiter un bon ballon de Geundouzi dans la surface. Il s’est retrouvé dans une position assez axiale, où il n’avait pas grand-chose à apporter.
- Mbappé (5,5) : positionné légèrement sur le côté gauche de l’attaque, à l’endroit qu’il affectionne, il est le seul à avoir apporté un danger concret dans la surface croate en première période, avec deux frappes cadrées (13e, 23e) sur deux bons services de Digne. Il a subi la rugosité de la défense, qui a souvent commis la faute pour le stopper. Concerné, il est venu donner un coup de main dans la création, à bon escient, et a su trouver Dembélé à plusieurs reprises au cœur de la surface. Il n’a pas forcé la solution individuelle, même s’il a frappé de loin (62e), et est tombé sur un grand Livakovic (81e). Un retour plutôt encourageant en Bleu à titre personnel, en dépit de la triste prestation d’ensemble.
En savoir plus sur