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Info FM, Gazélec : Amos Youga : «Notre but est de déjouer les plans et de nous maintenir»

Après des débuts en Ligue 1 compliqués, le Gazélec d’Ajaccio a enchaîné trois succès de rang. Un nouveau départ qui ravit les Corses à commencer par Amos Youga. Pour Foot Mercato, il raconte son histoire atypique tout en évoquant ses ambitions en club comme en sélection.

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Gazélec Ajaccio Amos Youga @Maxppp

Le football est fait de belles histoires. Celle d’Amos Youga vaut le détour. Les premières lignes de celle-ci ont été écrites à Lyon et sa banlieue. C’est là que le natif de Villeurbanne a commencé à tâter le cuir au Buers à l’âge de 7 ans. Très vite, il est remarqué par l’Olympique Lyonnais. «Entre 10 et 12 ans, j’étais à l’OL. Mais ils ne m’ont pas gardé. C’était une petite déception. J’ai tourné la page et j’ai fait mon petit bonhomme de chemin sans vraiment penser à vouloir être pro. J’ai joué dans des clubs de la banlieue lyonnaise comme l’AS Saint-Priest. Puis on m’a rappelé pour jouer en CFA, toujours à l’OL. Avant ça, je travaillais et faisais du foot en même temps». En effet, le jeune homme s’est lancé à l’époque dans la vie active. Une expérience enrichissante à l’écouter: «J’ai été postier durant trois-quatre mois. Je ne m’attendais pas du tout à une telle trajectoire. Je ne vais pas dire que j’ai galéré. Je vivais chez mes parents donc j’étais bien. Mais c’est vrai que j’ai connu la vraie vie. Quand le football va s’arrêter, peut-être que ça me fera moins mal que certains de reprendre la vie active. Mais je garde les pieds sur terre. J’essaye de mettre de l’argent de côté et j’habite dans un appartement très simple, pas bling-bling du tout. Mais aujourd’hui, je pense que c’est une juste récompense d’être en Ligue 1».

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Un niveau qu’il n’aurait pu ne jamais atteindre. Sa trajectoire en club n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle d’un Nabil Fekir qui comme lui a évolué à l’OL et l’ASSP. «Son parcours, ça inspire bien sûr. Je le côtoie depuis qu’on a joué à Saint-Priest. On a joué ensemble pendant trois années. On ne peut qu’être admiratif de son parcours et de ce qu’il fait. On aimerait tous être à sa place». Malheureusement, Amos Youga n’a pas pu intégrer l’effectif professionnel de l’OL. Il a surtout joué avec la réserve. Avec le recul, le joueur capable d’évoluer en défense et au milieu explique les raisons de ce petit échec : «Déjà, il y avait la concurrence. Dès que je suis arrivé, il y avait des jeunes pros qui étaient en CFA. Il y avait Kolodzjiezac et Gassama qui avaient refusé de prolonger. Il y avait Loïc Abenzoar,Samuel Umtiti, Nicolas Seguin, Thomas Fontaine, Sébastien Fort et Hamdan Al Kamali. Il y avait du monde. Je pense que je ne me suis pas assez montré, je n’ai pas assez donné. Je faisais mes matches et mes entraînements, mais je ne me faisais pas violence».

Objectif maintien

Mais le jeune homme a appris et a su rebondir. «Après Lyon, je suis parti en National à Vannes. Individuellement, ça s’est plutôt bien passé. J’ai fait toute la saison, j’ai fait de bonnes prestations. Vu que le Gazélec était leader du championnat, il a été promu en L2. Le coach et le directeur sportif ont fait appel à moi. J’ai signé pour un an et j’ai prolongé trois ans». Sous contrat jusqu’en 2018, Amos Youga est redevable au club qui lui a permis de tutoyer le très haut niveau : «Je leur en serai reconnaissant tout au long de ma carrière. Jouer en Ligue 1, ce n’est pas donné. Ce club m’a fait confiance la saison passée, il me fait confiance cette année». Une belle preuve de confiance d’autant que les Corses étaient attendus au tournant en élite : «Dès qu’on a validé notre montée, les gens nous voyaient tout de suite redescendre. On nous voit déjà 20ème et condamné. Notre but est de déjouer les plans et de nous maintenir». Si les premiers pas en Ligue 1 ont été difficiles, le Gazélec reste sur trois succès de rang en championnat. «Au début de saison, on était promu, on arrivait sur la pointe des pieds. On était peut-être un peu trop spectateurs. On débutait les matches en se disant : "On va essayer de…".On y allait pas en se disant qu’on allait gagner. C’est ça qui a fait qu’aujourd’hui on est sur trois victoires consécutives. Il y a eu un changement de dispositif aussi. On a beaucoup discuté entre nous et ça a bien marché».

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Blessé, Amos Youga n’a pas été de la partie lors des derniers matches. Il fera son retour sur les terrains le 21 novembre à l’occasion du derby face à Bastia. Ce qui n’empêche pas le joueur d’être assez critique envers lui-même : «Mon début de saison a été moyen (6 matches). Mais je pense que je peux faire plus dans le sens où je peux plus me projeter vers l’avant. Je suis dans un rôle où je dois être plus décisif». Malgré tout, il peut comme toute son équipe compter sur le soutien de ses supporters : «Ils sont toujours à fond. Même au début de saison, c’était très compliqué. Ils ne nous ont pas lâchés. Ça fait plaisir. En ce moment, on leur rend bien. En étant à domicile, on se doit d’avoir des résultats. On sait que si on veut espérer quelque chose dans le championnat, c’est à domicile qu’on devra gagner les points». Les Gaziers ont aussi trouvé une autre source de motivation comme nous explique Amos Youga : «Fred (Frédéric Rossi), c’était l’un des intendants. Il avait la joie de vivre. La victoire contre Bordeaux, elle était pour lui puisqu’il est décédé juste avant le match. On aura à cœur de se maintenir pour lui rendre hommage».

Un homme de défis

C’est tout le mal qu’on souhaite au club ajaccien qui aura du pain sur la planche pour rester en L1. Une L1 où Amos Youga apprend en côtoyant les meilleurs joueurs :
«Verratti, ce n’est pas une surprise. Il ne m’a pas impressionné dans le sens où je savais déjà que c’était un joueur d’un autre niveau. Ça ne m’a pas étonné. Celui qui m’a vraiment impressionné, c’est Bernardo Silva. Son physique ne paie pas de mine. Mais, tu l’as en face de toi, c’est feinte sur feinte, ça provoque, ça garde bien le ballon, ça percute… C’est très fort». En plus du Gazélec, Youga a d’autres challenges à relever avec la République Centrafricaine : «Le prochain objectif, c’est la CAN. Il y a largement la place pour se qualifier pour la première CAN de l’histoire de notre pays. On est dans une bonne position. On a battu la RDC chez nous 2 à 0. Pour l’instant, on est presque tous à égalité». Les objectifs sont donc nombreux pour l’ancien Lyonnais qui a déjà des idées concernant le futur à donner à sa carrière :«L’Angleterre, c’est un rêve. J’ai mon frère (Kelly) qui a joué là-bas pendant six-sept ans (à Charlton). J’ai vu l’ambiance, les stades, le niveau, la vie là-bas. Je pense que je m’y plairais bien». À lui de jouer pour toucher du bout des doigts ce rêve. Mais pas de quoi effrayer Amos Youga qui sait plus que quiconque qu’il faut croire en ses rêves…

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