Houboulang Mendes (Troyes) : «on s’attend à créer l’exploit contre Rennes»
Revenu en France cet été après une pige en Espagne, Houboulang Mendes a su retrouver le bon chemin. Aujourd’hui, l’international bissau-guinéen se refait une santé à Troyes, avec qui il espère bien créer l’exploit ce mercredi face à Rennes en 16es de finale Coupe de France.
À 26 ans, Houboulang Mendes a fait le choix de rentrer en France, deux années après avoir quitté Lorient pour s’exporter en Liga, à Almería. L’international bissau-guinéen a donc rejoint Troyes, en prêt, où il espérait retrouver un coin de ciel bleu après une saison passée compliquée. Aujourd’hui, son séjour dans l’Aube s’apparente un «vrai bol d’air frais». Individuellement, Mendes a retrouvé des couleurs et est même nommé pour être élu joueur du mois de décembre dans son club. Collectivement, Troyes a su retrouver le fil après un début de saison cauchemardesque en L2, et s’apprête même à recevoir Rennes, ce mercredi, en 16es de finale de Coupe de France. Avant cette rencontre, le défenseur troyen s’est exprimé pour Foot Mercato.
Foot Mercato : Troyes est sorti en 128es de finale de Coupe de France face à Epinal la saison dernière, vous vous retrouvez cette année en 16es, une première depuis 7 ans. Quel est ton regard sur la Coupe ? Est-ce qu’elle reste du bonus même quand on arrive à ce stade de la compétition ?
Houboulang Mendes : on se prépare déjà pour le championnat avec le match à Rodez (Troyes a perdu 2-1, ndlr) samedi, et on sait qu’il y aura ensuite ce gros match à domicile la semaine prochaine, mais on ne se met pas plus de pression que ça. On sait que c’est une grosse équipe de L1, mais on s’attend à créer l’exploit. On veut aller le plus loin possible, et on est engagé, déterminé pour ça.
FM : voir Rennes se renforcer cet hiver avec des joueurs comme Seko Fofana ou Brice Samba, ça complique encore la tâche ?
HM : honnêtement, je n’y prête pas vraiment attention. Qu’ils soient là ou pas, on sait pertinemment que ce sera un match très difficile. Mais on s’attend à faire quelque chose de grand pour passer au tour suivant. Oui, l’exploit, on y croit.
FM : tu as souvent affronté Rennes avec Laval en jeunes, les matches tournaient plus à l’avantage de quelle équipe ?
HM : plus jeune, c’était quand même très serré les Laval - Rennes. J’en ai gagné et perdus. Dans la génération 98 de Rennes, il y avait Maxime Bernauer, Nicolas Janvier, qui est vite monté en professionnel, Armand Laurienté, qui avait déjà de grosses qualités… Je les affrontais souvent, mais c’était vraiment équilibré.
FM : vous avez battu Metz avec la manière lors du tour précédent (3-0), est-ce que c’est votre plus belle victoire ? Une sorte de match référence sur lequel vous devez vous appuyer ?
HM : la plus belle, pas forcément, sachant qu’on les avait déjà battus en championnat à domicile, mais je pense qu’on avait fait un match très complet, très solide. S’il y avait un match référence, je dirais peut-être celui à Caen (0-1), à 10 contre 11, où on avait très peu le ballon. Dans l’état d’esprit et la volonté de ne pas prendre de but, de remporter notre deuxième victoire, c’était exemplaire.
FM : quel projet t’a été vendu en signant à Troyes l’été dernier (il est prêté, ndlr) ?
HM : j’ai eu des discussions avec le club, le staff… Le club a été repêché en L2 (grâce à la relégation de Bordeaux, ndlr) donc on ne m’a pas spécialement vendu de projet. L’ambition, c’était de jouer la meilleure place possible au classement, et se fixer les objectifs au cours de la saison. On ne m’a vraiment pas parlé de montée.
FM : connaissais-tu des joueurs de Troyes avant de venir ? Et as-tu eu été conseillé par Mama Baldé, international bissau-guinéen comme toi et passé par le club ?
HM : je connaissais Adrien Monfray avec qui j’ai joué à Laval, et puis c’est tout. Mama Baldé ? Non, avant d’arriver, je ne lui en avais même pas parlé, il m’a uniquement parlé du club après ma signature.
FM : t’as un parcours qui sort quand même du circuit classique, c’est-à-dire que tu quittes la L1 à 24 ans pour t’exporter en Liga, et tu reviens finalement 2 ans plus tard en L2, ce qui reste inhabituel. Pourquoi avoir fait le choix de revenir ?
HM : je suis allé en Espagne, à Almeria, où j’ai eu un temps de jeu conséquent sur la première saison (14 matches de Liga, 1 passe décisive, ndlr), mais pas celui que je voulais sur la deuxième. J’avais cette volonté de revenir en L1 ou L2, c’était vraiment un choix personnel. J’aurais pu aller à l’étranger mais il y a eu l’intérêt de Troyes rapidement qui m’a poussé à revenir.
Sous forme de prêt avec option d'achat, le solide défenseur, Houboulang Mendes rejoint l’ESTAC pour la saison 24/25 en provenance de @U_D_Almeria . ✍️
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#TeamESTAC 🔵⚪️ https://www.estac.fr/houboulang-mendes-est-troyen/ Houboulang Mendes est Troyen - ESTAC L’ESTAC est heureuse d’avoir conclu un accord avec Almeria pour le prêt d’Houboulang Mendes, avec option d’achat. Le défenseur de 26 ans jouera la saison 2024/2025 en Bleu et Blanc. Formé au Stade Lavallois, le Bissau-Guinéen effectue ses débuts en professionnel en 2017. Fort de 31 matchs en équipe première, il rejoint le FC Lorient en 2018. Il participe à la montée du club morbihannais en 2020 et joue 53 rencontres en Ligue 1. En 2022, Houboulang quitte la France et rejoint Almeria, en Espagne, avec qui il joue 21 matchs en Liga. En deuxième partie de saison dernière, il est prêté au CD Mirandes, en Liga 2. Depuis 2023, notre nouveau joueur est également international au sein de la sélection de Guinée-Bissau, avec qui il participe à la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en compagnie d’un certain Mama Baldé. Travailleur, rapide et percutant, Houboulang vient renforcer l’effectif troyen pour cette saison. Bienvenue en Bleu et Blanc, Houbou !
FM : accepter de revenir en L2 après avoir connu la L1 et la Liga, ça dénote aussi une certaine forme d’humilité de ta part…
HM : je me suis dit que je connaissais bien le championnat pour l’avoir gagné avec Lorient en 2020, et je savais à quel point il est difficile. C’était aussi l’opportunité de retrouver du temps de jeu. Je suis quelqu’un de très humble sur ça, et comme on dit “reculer pour mieux sauter”. J’avais besoin de trouver un projet capable de me permettre de m’épanouir personnellement et sportivement. C’était le bon club, le bon pays, j’en suis convaincu.
FM : ton club est aujourd’hui 15e de Ligue 2, mais a su retrouver le bon chemin avec de bons résultats ces derniers mois. Comment expliquer ce retournement de situation après un début de saison catastrophique ?
HM : les secrets, il n’y en a pas beaucoup je dirais (rires), c’est un travail collectif. Si je devais mettre des mots sur ce qui fait notre réussite, c’est qu’on est très solides défensivement en ce moment, puisqu’on prend très peu de buts, et que dans l’autre sens, nos attaquants font le job. Au début de saison, il y a eu pas mal d’arrivées (11 au total, ndlr), de changements, et il a fallu un certain temps avant que l’équipe se mette en place. En arrivant, on perdait certains matches mais je savais qu’il y avait de la qualité et qu’on allait pouvoir rebondir.
FM : sur le plan individuel, tu réalises une grosse première partie de saison, et t’es d’ailleurs nommé pour être élu joueur du mois de décembre de ton club. C’est un vrai bol d’air frais après avoir été remplaçant en Espagne, ce que tu n’avais jamais connu depuis le début de ta carrière ?
HM : c’est sûr que j’avais envie de tout jouer en allant en Espagne. Et le faire un peu moins, psychologiquement ça travaille. Mais je n’ai pas traîné mon spleen, je me suis dit que je pourrais jouer ailleurs. C’est comme ça que je me suis préparé quel que ce soit le club où j’allais signer.
FM : aujourd’hui à 26 ans, c’est un peu à toi de jouer le rôle de grand frère dans le vestiaire…
HM : ça fait un peu partie de ma personnalité, je suis là pour conseiller, guider les plus jeunes de devant comme Irié, Dong, Saïd… Je suis un peu comme leur grand-frère, et je rends aussi ce qu’on m’a donné. Quand j’étais à Laval, j’étais très observateur, surtout lors de ma première saison en pro à Laval où je me suis fait les ligaments croisés. J’étais souvent à l’écart du groupe, et j’ai appris de mecs comme Anthony Goncalves, Kévin Perrot, Malik Couturier… En les regardant, j’ai trouvé une certaine discipline.
FM : t’as aussi porté le maillot de la Guinée-Bissau à 6 reprises. Quels sont tes objectifs aujourd’hui en sélection ?
HM : on n’a pas pu se qualifier pour la prochaine CAN (la Guinée-Bissau a été battue par la Guinée en barrages), donc aujourd’hui, ce serait de se qualifier pour la prochaine Coupe du Monde, même si on sait que ce sera compliqué. On est 2es derrière l’Égypte (et donc barragiste, ndlr) aujourd’hui. Atteindre les barrages, c’est possible. Je ne suis pas venu en sélection depuis ma signature à Troyes cet été, mais ça a été un choix personnel. J’ai voulu rester à Troyes parce que j’avais besoin de me familiariser avec le club. On verra pour les prochains rassemblements (la Guinée-Bissau affrontera la Sierra Leone et le Burkina Faso en barrages CdM au mois de mars).
FM : en t’appuyant sur ton vécu et ta propre expérience, est-ce que tu observes une évolution en sélection, et même plus globalement dans le football africain ?
HM : oui, je vois un gros développement, et pas exclusivement en Guinée-Bissau. C’est vraiment le cas dans toutes les sélections africaines, qui sont de plus en plus compétitives. De plus en plus de joueurs émergent, que ce soit en L1, en L2 ou même à l’étranger, et viennent aider leur nation. Nous, on a Beto par exemple, passé par Everton et c’est un joueur de grande classe. Pour le développement de l’Afrique, c’est toujours bien de voir des joueurs choisir leur pays d’origine. Et ici, les matchs sont toujours compliqués.
FM : en remontant un peu le temps, tu aurais pu côtoyer Kylian Mbappé à Clairefontaine, c’est vrai ?
HM : oui, j’ai fait les tests pour Clairefontaine en 2011 sachant que je suis de la génération 98 mais je n’ai pas été pris en raison de mes résultats scolaires. Mais sinon oui, j’ai réussi à aller jusqu’au dernier tour des sélections. C’était la promotion des Arnaud Nordin et Kylian Mbappé.
FM : c’est un mythe ou le nom de Mbappé résonnait vraiment déjà partout en Île-de-France à cette période ?
HM : étant petit en Île-de-France, on savait qu’il y avait un joueur. Quand on allait aux tournois, les gens te disaient “il y a ce joueur-là, le petit de Bondy”. Ce n’est vraiment pas un mythe. La qualité, tu sentais qu’il l’avait déjà.
FM : t’as affronté beaucoup de top joueurs pendant ta carrière, dont Mbappé. C’est lequel qui t’a fait le plus mal ?
HM : le plus dur, je dirais que c’était Vinicius. On connaît ses qualités évidemment, et c’était un match plus compliqué que d’autres face au Real Madrid. Tu as certains ailiers qui aiment s’arrêter, repartir, mais lui, était constamment en mouvement, et ça me mettait en difficulté. Ce qui le différencie, c’est sa combativité et sa mentalité aussi. À 2-0, il va vouloir te mettre le troisième, et récemment encore, le match contre Dortmund en Ligue des Champions m’a confirmé cette impression. Il a pris le ballon à la 90e minute dans son camp, et il s’est dit “ eux, je vais encore leur marquer un but”. Il se crée lui-même son occasion et ça fait but. C’est sa mentalité.
FM : il t’a donc plus impressionné que Mbappé ?
HM : ouais, je dirais quand même Vinicius, mais Mbappé n’était pas tellement sur mon côté quand j’ai affronté Paris, c’était plutôt Neymar. Et Neymar aussi, c’était quelque chose. Mais c’est dur de comparer les deux joueurs. De toute façon, ce sont tous des joueurs de qualité et c’est dur de les comparer.
FM : tu es issu de la formation lavalloise, comme Serhou Guirassy, Nordi Mukiele… Quel est ton regard sur les trajectoires de ces joueurs que t’as côtoyés au centre, et est-ce qu’ils te surprennent ?
HM : c’est vrai qu’il y a eu pas mal de joueurs avec qui j’ai joué à Laval. J’ai été avec Mukiele, de la génération 1997, et qui est passé par Paris, je me suis entraîné avec Guirassy qui avait deux ans de plus et qui fait aujourd’hui partie des meilleurs 9 du monde. Oumar Solet est en Italie (à l’Udinese, ndlr). Je suis content pour eux.
FM : est-ce que tu aurais pu deviner la trajectoire prise par Guirassy ? Et méritait-il le Ballon d’Or africain ?
HM : il avait déjà ses qualités au centre, c’était évident, mais dire qu’il allait devenir un grand, je ne sais pas. Après, on savait très bien entre nous qu’il y avait de la qualité à Laval. Pour le Ballon d’Or africain, honnêtement, je lui aurais donné pour sa saison exceptionnelle.
FM : on va terminer avec une série de questions où tu vas devoir répondre du tac au tac : : qui est le plus drôle du groupe à Troyes ?
HM : Jaures Assoumou
FM : le plus technique ?
HM : Youssouf M’Changama
FM : le plus chambreur ?
HM : Rafiki Said
FM : le plus prometteur ?
HM : Abdoulaye Kanté
FM : le plus fort ?
HM : l’équipe
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