Akim Zedadka : « en cinq ans, j’ai joué à cinq niveaux différents, donc oui tout peut arriver »
Chômeur il y a trois ans puis passé par le National 3, le National et aujourd’hui la Ligue 2 avec Clermont, Akim Zedadka est suivi par plusieurs clubs de L1 et aussi par l’Equipe Nationale d’Algérie. Pour FM, il nous raconte son parcours atypique, ses joies, ses galères, mais aussi la façon dont les épreuves ont forgé son caractère et sa carrière de footballeur.
Il y a des joueurs qui n’empruntent pas un chemin classique pour atteindre le football professionnel. C’est le cas d’Akim Zedadka qui a retrouvé la Ligue 2 à 25 ans avec le Clermont Foot après l’avoir découvert 6 ans plus tôt avec Istres puis Lens avant de redescendre tout en bas de l’échelle. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé pour le natif du Pertuis. Formé à Istres avec qui il découvre la Ligue 2 à 19 ans, cet ancien ailier reconverti en latéral droit, très bon contre attaquant et généreux dans l’effort, rejoint le RC Lens à 20 ans en 2015. Durant un an, il évolue avec la CFA mais participe à quelques matches de Ligue 2 avec les Sang et Or lors de la saison 2016-17 et marque même un but à Tours avec Lens en janvier 2017 du côté de Tours. Malgré quelques bons matches, le latéral droit algérien n’est pas conservé par le club nordiste. Et c’est là que les ennuis commencent comme il nous le raconte. « Après Lens où j’étais en fin de contrat. Je n’ai pas été prolongé parce que je n’avais pas joué beaucoup de matches. Après j’ai cherché des clubs pendant le mercato estival 2017, mais comme en même temps je me suis séparé de mes représentants, ça a compliqué les choses. Et je me suis retrouvé au chômage à la fin du mercato. Après j’ai trouvé un petit club en National 3 pour garder la forme. »
Le chômage et le National 3 avant le rebond en Ligue 2 !
Sans club et sans projet, Akim Zedadka retourne à la case départ, à 22 ans. Direction l'AS Saint-Rémoise du côté de Saint-Rémi de Provence en National 3. Le coup est rude pour le franco-algérien qui ne baisse pourtant pas les bras. « Après j’ai fait ma saison pour continuer à jouer. Pour moi ce n’était pas mort, mais j’y croyais encore, mais je ne me mettais plus rien en tête. ». Bien lui en a pris puisque ce retour dans le monde amateur va lui permettre de rebondir rapidement vers le National, non loin de là du côté de Marignane en National. Là-bas, Zedadka va réaliser une saison pleine et surtout éveiller l’intérêt de clubs de Ligue 2. «À Marignane, c’est là que je me suis bien relancé et j’ai saisi cette opportunité. Cela a été pour moi un tremplin d’autant qu’individuellement j’ai fait une bonne saison qui m’a permis d’arriver à Clermont en Ligue 2. »
Un retour des enfers presque inespéré pour un joueur qui était au chômage deux ans plus tôt. Si tout n’a pas été simple, le Clermontois assure y avoir toujours cru. « J’y ai toujours cru parce que j’y étais déjà arrivé. J’ai vu comment c’était là-haut et je me suis dit qu’au fond de moi je sentais que j’avais ma place dans le football professionnel. Il y a des chemins qui sont différents, y’a des galères pour tout le monde. J’y ai cru, mais sans me mettre de pression. » Un échelon plus haut, l’ancien Istréen enchaîne. Il devient rapidement titulaire (22 matches – 1 but) dans une équipe en pleine forme et qui termine finalement la saison en mars du fait du Covid-19 à seulement trois points du RC Lens, deuxième du classement de L2 et qui arrache le deuxième et dernier strapontin pour la Ligue 1. « Avec Clermont, on en discutait souvent avec les coéquipiers. On a fait un bon parcours, on était au top. C’était l’objectif prioritaire pour le coach. Mais le sort en a décidé autrement. Si quelqu’un te dit qu’il ne veut pas jouer en Ligue 1, c’est qu’il n’est pas ambitieux. »
Brest, Dijon et Lens sur les rangs
La Ligue 1, forcément un objectif pour un joueur qui a franchi année après année toutes les étapes du chômage au National 3 en passant par la Ligue 2 et le National et dont le parcours sinueux a fait changer au plus profond de sa condition de footballeur professionnel. « Le fait d’être revenu dans le monde professionnel me fait faire des choses que je ne faisais pas forcément à Lens. Pourtant ce n’est pas un truc de fou, mais je suis encore plus sérieux qu’avant, j’ai une bonne hygiène de vie. Pour les jeunes du Clermont Foot, ils sont à l’écoute et respectent mon parcours. Même mes anciens collègues de Lens me disent franchement ce que tu as fait, il n’y en a pas beaucoup qui l’ont fait. Être à Lens, arrivé au chômage et revenir dans le football professionnel, franchement des parcours comme ça il n’y en a pas énormément. Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu deux années. Je reviens vraiment en mode détente, je kiffe, c’est mon métier et je me donne à fond », explique-t-il.
Prochaine étape logique pour la révélation clermontoise, l’élite. Selon nos informations, plusieurs clubs de Ligue 1 s’intéressent très sérieusement à lui et l’ont même supervisé comme Brest, Dijon et Lens. Zulte Waregem aussi a également un œil sur lui. Une situation que vit très tranquillement le joueur pour l’instant qui se dit flatté par tant d’intérêts. « J’ai eu certains retours effectivement. Dans ma tête, je suis tranquille, mais ça me fait vraiment plaisir. Me dire maintenant qu’il y a des clubs de Ligue 1 qui me suivent, franchement ça montre que mon travail est reconnu. C’est une fierté personnelle, une satisfaction. Tout ce que tu donnes sur le terrain, ça plaît à des gens qui connaissent le foot. Ce sont des clubs de Ligue 1, il savent quand même de quoi ils parlent. Mais bon, pour l’instant, je ne me prends pas la tête, je suis sous contrat avec Clermont, même si la Ligue 1 ça reste dans un coin de ma tête. Pour moi c’est une courbe. En cinq ans, j’ai joué à cinq niveaux différents, donc oui tout peut arriver. »
« Passer du chômage à disputer pourquoi pas une Coupe du Monde ou une CAN avec l’Algérie, ça serait fou »
Après une période trouble, tout semble sourire désormais à l’Algérien qui pourrait voir un autre rêve se réaliser, à savoir porter le maillot de l’Algérie. La simple évocation des Fennecs remplit de fierté ce binational qui n’a jamais vraiment hésité quant au choix de sa sélection. « Quand il y a des jeunes binationaux, tu as des questions, ‘’tu aimerais jouer pour qui plus tard, France ou Algérie ?’’. Moi j’ai toujours dit que je voulais jouer pour l’Algérie. Ça ne s’explique pas. J’ai eu des échos comme quoi la fédération algérienne me suivait, que le coach appréciait ce que je faisais. Que dire ? Ça serait une fierté de rejoindre la sélection nationale. Surtout quand tu vois le niveau de la sélection, tu vois qu’ils peuvent prétendre à des belles choses. Faire partie de ça dans une vie. Tu te rends compte, passer du chômage à disputer pourquoi pas une Coupe du Monde ou une CAN, ça serait fou et c’est quelque chose qui n’arrive pas à tout le monde. C’est l’une de mes priorités, mais je n’en fais pas une fixette. »
La Ligue 1, l’Équipe d’Algérie : les objectifs d’Akim Zedadka sont clairs et précis. Pour autant, le Clermontois insiste que tout cela viendra naturellement sans pression comme tout ce qui lui arrive depuis 3 ans. « Pour l’instant je suis à Clermont et tout ça pourrait être vu comme un manque de respect. Mais je ne suis pas quelqu’un de prétentieux. C’est dans la suite logique de ma progression vue que je mets un an à remonter les échelons. Si on suit la logique, j’aimerais bien être en Ligue 1 rapidement. Après ce qu’on peut me souhaiter, c’est que dans quelques années on se rappelle et que je sois international algérien et dans un bon club de Ligue 1. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite…
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