Lalaïna Nomenjanahary : «Je suis fier de ce que j’ai pu apporter durant mon passage au Paris FC»
Laissé libre par le Paris FC après cinq belles saisons au sein du club francilien, Lalaïna Nomenjanahary profite des moments en famille avant de retrouver un nouveau club. L'ancien Lensois est revenu pour Foot Mercato sur son expérience avec les locataires du stade Charléty, mais aussi les grands moments de sa carrière avec en point d'orgue la Coupe d'Afrique des Nations 2019 où Madagascar a atteint les quarts de finale.
Foot Mercato : vous avez été au Paris FC pendant plusieurs années, que retenez-vous de votre passage avec le club de la capitale ?
Lalaïna Nomenjanahary : j'ai retenu plein de choses, des bons et des mauvais moments. J'ai connu tout au Paris FC, des saisons très difficiles, mais j'ai surtout vu des gens formidables, des modes de vie différents. C'est comme à Lens où ça s'est bien passé, mais j'ai vécu autre chose au Paris FC. Je n'ai vécu que des bons moments à Lens, au Paris FC, il y a eu des hauts et des bas et c'est là que j'ai pu découvrir des personnes superbes.
FM : vous êtes arrivé au Paris FC quand le club était en National, depuis quelques années le Paris FC essaye de monter en Ligue 1, est-ce que vous avez senti que le projet était sur la bonne voie ?
LN : je suis arrivé en National, on a réussi à monter. Depuis on a fait deux fois les barrages et le club a la capacité pour aller plus haut. Les dirigeants ont de vraies ambitions et dans les années qui arrivent je ne suis pas inquiet. L'an dernier, ils se sont fixés trois ans pour aller en Ligue 1. Je pense qu'ils vont le faire, pourquoi pas cette année, en tout cas je leur souhaite.
«j'aimerais bien que le Paris FC rejoigne l'élite !»
FM : pendant cinq ans vous avez été un cadre de l'équipe avec cette saison 2018/2019 qui se termine en barrages contre Lens. D'avoir un rôle aussi important dans un club c'est valorisant ?
LN : quand je suis arrivé au club et que celui-ci était en National, j'ai pu apporter ce que je pouvais. On était relégables et je croyais en moi et en l'équipe. On a vite rebondi pour monter en Ligue 2. J'ai apporté de la joie et des valeurs positives. Je suis fier de ce que j'ai pu apporter durant mon passage. J'ai apporté individuellement et collectivement, sur le plan foot et humain surtout. C'est ce dont je suis le plus fier. À Lens, je venais d'arriver, j'étais timide. Au fil du temps j'ai mûri, j'ai eu l'expérience du vestiaire et j'ai pu l'apporter au Paris FC pour nous apporter que du plus.
FM : à Lens vous avez fait un an en Ligue 1 et il n'a pas manqué grand-chose au Paris FC pour y parvenir. C'est la petite déception de votre passage au sein du club francilien ?
LN : c'était un manque, j'aimerais bien que le Paris FC rejoigne l'élite. Mr Pierre Ferracci, le président a la capacité pour porter ce club jusqu'en Ligue 1. C'est un vrai président, très gentil, avec qui je m'entends bien. Il ne manquait pas grand-chose pour aller en Ligue 1 et il va récolter tous les efforts qu'il a fournis au PFC.
FM : vous êtes arrivés en fin de contrat avec le Paris FC alors que la saison s'est bien passée. Votre départ était-il attendu ?
LN : sincèrement je ne m'y attendais pas du tout à ce que cela se termine entre le Paris FC et moi. On s'entend très bien avec les dirigeants et on en avait parlé auparavant sur mon futur. C'est peut-être le changement de coach qui a provoqué cela, mais je respecte la décision. Le Paris FC c'est ma deuxième famille. J'aime bien le staff, les gens qui travaillent au club. Le foot est comme ça, même si je ne m'y attendais pas, ça fait partie de notre métier d'accepter les décisions.
«Maintenant je suis vraiment dans l'optique de prendre du plaisir tout en passant plus de temps en famille.»
FM : vous êtes libre désormais, comment s'annonce la suite ?
LN : là maintenant ce qui m'intéresse c'est la famille. Tout au long de ma carrière, j'ai trop délaissé ma famille en faisant des déplacements à gauche et à droite. Tu rentres à peine à la maison que tu dois repartir. Avec la sélection de Madagascar, je repartais souvent très vite en déplacement. Ça commence à avoir des séquelles et à traumatiser les enfants. Du coup aujourd'hui, j'ai pris une petite pause pour être avec mes enfants et ma famille, j'essaye de donner, de rendre mes enfants joyeux. Ils étaient parfois un peu tristes quand je me lève à la maison et qu'ils me disent "Papa tu vas encore au foot". Ça me fait mal au cœur d'entendre ça. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je mets un peu le foot de côté pour me concentrer sur ma famille. Ça ne veut pas dire pour autant que je vais arrêter le foot.
FM : à 35 ans, les attentes de la vie ne sont pas les mêmes qu'en début de carrière ...
LN : je suis plus sur la fin que le début, mais peu importe le club qui viendra, si le projet m'intéresse je ne le refuserais pas. Peu importe le niveau, le principal sera le plaisir. Si j'avais 20/25 ans, je me serais dit qu'il faut absolument que je joue en Ligue 1/Ligue 2. Maintenant je suis vraiment dans l'optique de prendre du plaisir tout en passant plus de temps en famille. Exactement, quand tu avances dans ta carrière, ta famille est toujours là pour toi. Il y a des gens qui sont là juste parce que tu évolues en Ligue 1 ou en Ligue 2. La famille ce sont les seules personnes qui sont là dans les bons comme les mauvais moments et je souhaite leur accorder du temps.
«On a eu des pleurs de joie, ça restera gravé dans l'histoire de Madagascar et de ma vie»
FM : parmi les grands moments de votre carrière, il y a la CAN en 2019 avec Madagascar. Qu'est-ce que vous en retenez ?
LN : que du positif sincèrement. Je fais partie des joueurs qui ont contribué au développement du football à Madagascar, qui ont donné de la joie. Je suis fier de cela. Ce qu'on a fait à la CAN était sublime. Au début, nous nous étions dit qu'il ne fallait pas qu'on se tape la honte. Au moins, faire des matches nuls et ne pas être dernier. C'était notre discours au début, mais on a vu au premier match qu'on était là. On n'a pas lâché et on a tout donné. Le deuxième match où on gagne, on s'est dit qu'on pouvait faire quelque chose. On ne s'attendait pas à débuter par un nul contre la Guinée au premier match et ça nous a donné la confiance. Battre le Nigéria c'est énorme, il n'y a pas meilleur que ça. C'est rare qu'un pays africain batte le Nigéria et qu'on le fasse c'est fou. On a eu des pleurs de joie, ça restera gravé dans l'histoire de Madagascar et de ma vie. C'est une épopée, c'est vraiment le mot.
FM : c'était la folie à Madagascar durant cette CAN ?
LN : oui vraiment, après le nul contre la Guinée, on regardait Facebook et on voyait des lives de gens qui faisaient la fête. On se disait "ouah qu'est-ce qui se passe !" C'était vraiment fou.
FM : représenter Madagascar en France, ça doit être également une fierté ?
LN : c'est une fierté de fou, excusez-moi pour le mot "fou", mais c'est vraiment ça. Je suis un joueur formé à Madagascar, qui a connu le championnat de Madagascar, c'est un bonheur et une fierté. Je suis fier d'être Malgache, d'être rentré dans mon pays et de l'avoir représenté. Je suis arrivé à 25 ans et grâce à Dieu, il n'est jamais trop tard. Il m'a encore prouvé aujourd'hui qu'il n'est jamais trop tard. J'ai eu tout ce que je voulais pendant 10 ans à Lens et Paris. Je ne parle pas d'argent, mais bien d'émotion, de joie de jouer au football.
FM : est-ce que le fait d'être très polyvalent vous a aidé dans votre carrière ?
LN : franchement, ça m'a beaucoup aidé. J'ai tout fait sauf gardien, je l'ai même déjà fait à l'entraînement. Mais pendant les matches, j'ai fait tous les postes. J'ai démarré latéral droit contre Monaco en Ligue 1. J'ai joué central à Lens en réserve, j'ai tout fait. Je joue milieu droit en sélection, mais au Paris FC j'évolue en tant que milieu relayeur ou défensif. Je m'adapte très vite. Lors des entraînements au Paris FC, je n'évolue pas à mon poste. Des fois je suis latéral gauche, des fois je suis au milieu ou ailier. Je m'adapte très vite et c'est un plus. Je peux dépanner de partout, à gauche, à droite, au milieu, devant ou derrière. J'espère que le prochain club arrivera et se servira de ce que je peux offrir.
FM : comment voyez-vous la vie après le football ?
LN : pour l'instant je n'ai pas pensé à cela, mais ce qui m'intéresse c'est d'être en famille. Ça reste dans un coin de ma tête, mais je veux rester près de ma femme et de mes enfants. Actuellement, je profite à fond avec eux, ce sont des vacances.
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