Serie A

Que vaut Sergej Milinkovic-Savic ?

Courtisé par de nombreuses écuries européennes, dont le PSG, Sergej Milinkovic-Savic sera l’une des grandes attractions du mercato estival. Encore méconnu du grand public nous vous proposons d’en savoir plus sur celui qui est surnommé le "Sergent" et de découvrir pourquoi il est tant convoité.

Par Frederic Yang
8 min.
Sergej Milinkovic-Savic, un joueur très convoité au profil atypique @Maxppp

« Quand Sergej est arrivé en Italie, on l'a comparé à Pogba. Mais maintenant, je pense que Milinkovic-Savic possède des qualités différentes et supérieures à lui. Il est grand et a un toucher de balle similaire à celui des Brésiliens. Parfois, il me rappelle Zidane. Dans quelques années, il pourra faire partie des candidats au Ballon d'or. » Difficile d’être plus dithyrambique que Mateja Kezman, ancien espoir du football serbe devenu depuis agent de joueur, quand s’agit d’évoquer Milinkovic-Savic au média serbe Mozzartsport. Il faut dire que le joueur qu’il représente depuis ses premiers pas dans le monde pro attire la convoitise des plus grandes écuries européennes comme le Real Madrid, Chelsea, la Juventus ou encore Manchester United depuis plusieurs années. Mais qu’a-t-il de spécial ?

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Des gènes du sport

Sergej Milinkovic-Savic a tout d’abord le sport qui coule dans les veines. Son père Nikola Milinkovic était un footballeur professionnel qui a évolué en Espagne, au Portugal, en Autriche tandis que sa mère Milana Savic, était une basketteuse professionnelle reconnue en Yougoslavie. Né à Lérida, en Catalogne, où jouait son père, Sergej doit son nom de famille composé à une erreur du bureau d’enregistrement des naissances de la ville qui a utilisé le nom de famille de ses deux parents au lieu d’inscrire uniquement celui du père.

Initié aux deux sports que pratiquaient ses parents, Sergej opte finalement pour le football en 2002 lors d’un match de Grazer AK, où évoluait son père de 2001 à 2004 . « J’ai finalement choisi le football car je préférais regarder jouer mon père que ma mère. Mais j’aime toujours le basket et j’aime y jouer quand j’ai du temps libre », indiquait l’intéressé sur le site de la Fifa. Il faut dire que dès ses 3 ans, Sergej taquinait déjà le ballon avec aisance au centre d’entraînement de Chaves au Portugal. Mais ses vrais débuts en club, il les effectue à Grazer, en Autriche, avant de poursuivre sa progression chez lui, en Serbie, au sein du FK Vojvodina Novi Sad et avec lequel il remporte deux titres consécutifs de champion national avec les équipes de jeunes du club. Si bien qu’il signe son premier contrat professionnel à l’aube de ses 18 ans et dispute 13 matches avec l’équipe senior en 2013/2014 en inscrivant 3 buts et en délivrant 1 passe décisive.

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Un départ prématuré en Belgique

C’est après cette saison prometteuse, que Mateja Kezman, jeune retraité qui se lance à peine dans le métier d’agent, repère Sergej. Alors que beaucoup d’observateurs le trouvent trop lent pour le haut niveau, l’ancien attaquant de Chelsea et du PSG décèle quelques chose de spécial en lui. Il faut dire qu’un joueur d’1m92, très agile, fin dribbleur et doté d’une très bonne vision de jeu, ça ne court pas tous les terrains de foot. Après un Euro U19 de haut niveau, ponctué d’un titre de champion d’Europe en compagnie de son petit frère Vanja (qui joue gardien de but), Milinkovic-Savic saute le pas en quittant prématurément son club formateur pour rejoindre le KRC Genk et la Jupiler League. En Belgique, il est obligé de troquer son numéro « 21 » fétiche, que portait son joueur préféré Zidane à la Juve, contre le « 20 ».

« Quand il est arrivé, c’était un peu la caution mystère du mercato justement, personne ne le connaissait vraiment… Il était vraiment très jeune, et avec lui, tout s’est fait sur la pointe des pieds », racontait le milieu français Julien Gorius, ancien cadre du KRC Genk à So Foot Club. Placé tout d’abord avec l’équipe réserve, c’est le nouvel entraîneur écossais du club Alex McLeish qui a décidé de lancer le jeune milieu de terrain serbe en le faisant énormément travailler à l’entraînement et en le bousculant mentalement. L’entraîneur raconte, toujours sur So Foot Club : « L’idée était de mettre au maximum à profit sa vision du jeu. Il m’a expliqué qu’en Serbie, on le voyait surtout comme un dix mais pour moi, c’était un huit. Là, il m’a dit “Ok coach, qu’est-ce que je dois faire ?” On a bossé sur son aspect défensif, sa couverture du terrain, sa vitesse de replacement et je dois dire que Sergej a été le meilleur élève possible. »

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Une volte-face à la Fiorentina

Après trois mois de travail acharné, Milinkovic-Savic gagne ses galons de titulaire et impressionne par son aisance technique, son culot et sa maturité. « Je n'ai jamais vu un joueur avec une telle foi dans ses capacités. C'est aussi pour ça qu'il ose et tente beaucoup », indiquait son ancien coéquipier à Genk et ami, Aleksandar Cavric encore dans So Foot Club. Il inscrit son premier but lors de sa troisième titularisation consécutive contre Lokeren et finit la saison avec 5 buts et 2 passes décisives. Ses 18 titularisations de suite avec Genk et ses prestations remarquées lors du Mondial U20, remporté par la Serbie, ont convaincu plusieurs clubs italiens de l’enrôler lors du mercato estival dont la Fiorentina, qui est à deux doigts de boucler l’affaire. Alors qu’il est à Florence avec son agent pour signer son contrat, Sergej tremble et fond en larmes. « Désolé, mais je ne peux pas, je ne pense pas que que ce soit le bon choix », se justifie-t-il avant de s’envoler le lendemain pour Rome et de finalement parapher un contrat avec la Lazio pour 18 millions d’euros.

En Italie, SMS a besoin d’un temps d’adaptation pour s’habituer aux exigences tactiques de la Serie A. Son entraîneur Stefano Pioli ne sait pas vraiment où l’installer sur le terrain, si bien qu’il n’est pas un titulaire indiscutable. Son premier but n’intervient qu’en janvier 2016 contre… la Fiorentina, à Artemio-Franchi. Taquin, Milinkovic-Savic célèbre son but en posant son doigt sur le fanion de la Lazio. L’un de ses seuls faits d’arme lors de sa première saison laziale décevante.

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La naissance du “Sergent”

Après une difficile année d'apprentissage, Sergej commence à trouver ses marques sous la houlette de Simone Inzaghi, qui fait de lui un titulaire dans son 3-5-2 fétiche. Il enchaîne les bonnes performances et termine la saison avec 4 buts et 6 passes décisives. De par sa domination physique et technique au milieu de terrain, Sergej est surnommé le « Sergent » par ses coéquipiers et il s’en amuse en célébrant ses buts en faisant le salut militaire. D’ailleurs, il affole les compteurs avec 14 buts et 8 passes décisives lors de la saison 2017/2018, qui demeure définitivement celle de la révélation pour lui. Son nom affole les rumeurs de transfert et les observateurs serbes voient en lui un digne successeur des anciennes gloires Savicevic ou Stojkovic. C’est d’ailleurs sous la pression populaire que Slavoljub Muslin, qui a snobé Milinkovic-Savic durant la campagne de qualification pour la Coupe du monde 2018, est démis de sa fonction de sélectionneur au profit de Mladen Krstajic à 9 mois du Mondial.

Ce dernier fait de SMS un pion essentiel de son effectif et le positionne en 10, en soutien de Mitrovic qu’il a côtoyé en sélection de jeunes, lors de la Coupe du monde russe. Après un premier match convaincant contre le Costa Rica, Milinkovic-Savic sombre comme ses coéquipiers lors des deux matches suivants. Cette irrégularité le frappe également lors de la saison suivante, où ses performances ne sont pas à la hauteur des attentes. Après un but inscrit contre Cagliari en décembre 2018, son deuxième seulement de la saison, Sergej est pris d’une vive émotion. « Je commençais à être critiqué car je ne marquais plus autant que la saison précédente. Je lis beaucoup (les journaux) malheureusement, c’est mon plus gros problème. Mais je regarde toujours de l’avant. Mes amis, ma famille, mon entourage m’aident à garder la tête haute. »

Le profil parfait qui manque au PSG ?

Après un exercice 2018/2019 en dents de scie, SMS a pris une autre dimension cette saison. Son association avec Luis Alberto, son compère dans l’entrejeu, fait des miracles et leur complémentarité est l’une des clés de la saison réussie des Laziales. Plus mature, Milinkovic-Savic n’est plus qu’un talent brut capable d’éliminer 4 joueurs dans un petit périmètre et de mettre des missiles des deux pieds, c’est devenu un vrai milieu de terrain complet qui s’est nettement amélioré sur le plan défensif. Il fait, par exemple, partie du top 5 des joueurs de la Lazio qui effectuent le plus de pressing par match (23,3). Cette saison, sa vista lui a aussi permis de délivrer 7 passes décisives toutes compétitions confondues (à une unité de son meilleur total en carrière) alors qu’il lui reste 8 journées de Seria A à disputer.

Capable de jouer 10 ou 8, Milinkovic-Savic est devenu un facilitateur de jeu. Sa domination dans les airs qui en fait une cible facile des relances longues depuis les bases arrières, son pouvoir d’attraction (qui permet notamment à Luis Alberto d’avoir plus de temps au milieu de terrain), sa protection de balle dos au jeu, et sa capacité de création pour lui et ses coéquipiers en font un candidat idéal pour le PSG, qui manque de point de fixation devant. Sa simple présence pourrait libérer encore plus d’espace pour Neymar et Mbappé par exemple, sans parler de sa complémentarité avec d’autres milieux créatifs comme Verratti.

« Milinkovic-Savic, c’est un crack. C’est l’un des joueurs les plus complets que j’ai jamais vu. Il est aussi fort techniquement, que tactiquement et physiquement. Il a une bonne frappe de balle à mi-distance des deux pieds. Il est aussi très bon dans le jeu aérien, il a un super jeu de tête. Il sait marquer, passer. Il est très complet », nous avait confié Rômulo, le joueur de Brescia, il y a quelques jours. Reste désormais aux dirigeants parisiens de trouver les arguments pour convaincre le protégé de Mateja Kezman, dont la cote est actuellement très haute. Cela passera peut-être par une offre à 9 chiffres...

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