Sponsoring, droits TV, compétitivité : les nouveaux enjeux de la Ligue des Champions d’Afrique
Dans l’ombre de ses homologues européens, asiatiques et sud-américains, la Ligue des Champions de la Confédération Africaine de football commence progressivement à émerger. Droits TV, sponsoring, enjeux sportifs, nombreux sont les facteurs qui laissent penser à une nouvelle dynamique dans les prochaines années.
C’est l’une des compétitions qui fait de plus en plus parler d’elle. Le 26 novembre prochain, débuteront les premiers matchs de poule de Ligue des Champions de la Confédération africaine de football (CAF). A l’instar de sa très célèbre homologue européenne, cette compétition est également le tournoi inter-clubs phare de son continent.
Mais contrairement à la version du Vieux Continent, la Ligue des Champions de la CAF peine encore à atteindre une notoriété mondiale et une diffusion aussi massive. L’écart en termes de visibilité, de financements et de droits TV reste important. Après une longue période de stagnation, la compétition semble toutefois, ces dernières années, avoir entamé sa mue, sportive mais surtout économique.
Une meilleure compétitivité sportive
Si de nombreux observateurs ont longtemps pointé du doigt le niveau de jeu, trop en-deçà des standards attendus pour un tel tournoi, une longue remise en question et des travaux importants, notamment sur la formation, semblent aujourd’hui commencer à porter leurs fruits. « Il y a beaucoup plus de spectacle, c’est beaucoup plus ouvert qu’auparavant », explique Mansour Loum, rédacteur en chef du magazine SportNewsAfrica.
La compétition peut également, aujourd’hui, s’appuyer sur le renfort de noms importants du football africain, qui ont fait, cet été, le choix de retrouver certains championnats continentaux. C’est par exemple le cas des internationaux algériens Andy Delort (32 ans, 15 sélections) au Mouloudia Club d’Alger, champion en titre, et Islam Slimani (36 ans, 102 sélections) au Chabab Riadhi Belouizdad, vainqueur de la dernière Coupe d’Algérie. Chez son voisin marocain, c’est M’Baye Niang, ancien joueur de l’AC Milan et du Stade Rennais, qui est venu renforcer l’effectif du Wydad Athletic Club.
« Il a de plus en plus de personnalités identifiables, de têtes d’affiche », estime par ailleurs un observateur du football africain. La dernière édition de la CAN a aussi fait émerger de nouveaux visages, tel que le gardien sud-africain Ronwen Williams, héros de l’ascension de son pays sur la troisième marche du podium, et récemment arrivé 9e au trophée Yachine 2024. « Comme partout dans le monde du football, la compétition donne, elle aussi, lieu à quelques surprises, raconte un membre de la page spécialisée ActuFoot Afrique. On a récemment pu voir un gros club comme le Wydad AC se faire renverser par les Botswanais du Jwaneng Galaxy ».
Des nouveaux vecteurs économiques
Pour ce faire, la confédération mise sur ses nouveaux atouts économiques. Notamment en termes de sponsoring. Présent sur le logo de la compétition, Total Energies est aujourd’hui le «sponsor titre» des compétitions organisées par la CAF. L’accord, signé dès 2016 avec le géant pétrolier, concerne les dix principales compétitions organisées par la CAF, soit plus de 1500 matchs dans des coupes comme la Ligue des Champions ou le CHAN.
Le montant précis de ce contrat de sponsoring n’a pas été divulgué. Toutefois, selon plusieurs sources, ce partenariat s’estimerait aux alentours de 250 millions de dollars. Des critiques avaient été émises par des associations environnementales qui accusaient « ce partenariat […] de servir le greenwashing de la multinationale », relate Le Monde Afrique. Le site de paris sportifs, 1xBET est également l’un des sponsors importants.
Ces différents contrats et sponsors permettent donc aux organisateurs de mieux rémunérer les clubs participants au tournoi. Les "prize-money" ont ainsi augmenté d’environ 60%. Le vainqueur recevra, par exemple, 4 millions de dollars, contre 2,5 millions auparavant. Le quotidien marocain Le Matin relève que cela fait suite « à l’engagement du président de la CAF, Patrice Motsepe, de rendre les compétitions de football africaines compétitives au niveau mondial et surtout autosuffisantes ».
« Si l’on revient 10 ans en arrière, certains clubs africains, qui étaient qualifiés pour les compétitions interclubs de la CAF, rechignaient parfois à y aller, car cela n’allait pas être rentable pour eux. Ils allaient perdre de l’argent entre les frais de déplacements, d’hébergement, etc., explique Mansour Loum. Maintenant c’est l’inverse. On peut dire que jouer la ligue des champions de la CAF, c’est vraiment intéressant sportivement et financièrement pour l’ensemble des clubs ».
Une exposition en hausse mais toujours insuffisante
Les droits télévisuels jouent, par conséquent, un rôle majeur dans cette politique d’attractivité. Ces dernières années, un travail a été entrepris par la Confédération sur la recherche de nouveaux diffuseurs. En France, c’est le groupe BeIn Sports qui assure la retransmission du tournoi. La CAF a également conclu des accords avec SuperSport International et Azam Media (un diffuseur est-africain, NDLR), pour les droits de “pay-per-view”, ainsi qu’avec la South African Broadcasting Corporation (SABC), ou encore une myriade d’autres chaînes nationales. L’objectif derrière tout cela ? Augmenter considérablement la visibilité de la compétition à travers le monde.
Malgré cela, l’ensemble des matchs ne sont cependant pas encore tous diffusés. « Beaucoup ne vont diffuser que les demi-finales et la finale, pourtant ce sont les matchs qui sont souvent les plus fermés, et où il y a moins de spectacle. De nombreuses chaînes ont énormément de canaux, et pourraient diffuser en masse dès les phases de groupes. C’est typiquement ce genre de diffusion continue qui servirait à attirer un public plus large et qui commencerait à s’intéresser à la compétition », glisse ainsi Mansour Loum.
Vers un futur radieux ?
En dépit des efforts pour accroître la visibilité de la Ligue des champions africaine, la diffusion reste encore limitée et inégale, freinant son rayonnement mondial. Bien que des accords avec des diffuseurs internationaux aient été signés, en nombre, une grande partie des rencontres, notamment celles de groupes, ne sont pas encore accessibles à un large public.
« Quand on compare avec la Ligue des champions européenne, suivie partout, ou même la Copa Libertadores ou la Ligue des champions asiatique, qui ont une exposition plus large, la “LDC” africaine a encore du mal à dépasser le cadre continental », commente finalement un spécialiste. Si la Ligue des champions africaine continue de grandir à son rythme, il lui reste encore un chemin à parcourir pour franchir les frontières du continent et s’inscrire comme un rendez-vous important du football mondial. Mais avec les récentes améliorations financières, médiatiques et sportives, les différents acteurs de la compétition semblent déterminés à continuer d’écrire cette histoire.
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