EdF : pourquoi Deschamps doit convaincre Toulalan

Claudio Ranieri ne fait pas de cadeaux, tout le monde l’a compris à Monaco, même les stars comme Falcao ou James Rodriguez. Si le joueur n’est pas bon, alors il aura droit à un séjour sur le banc. Jérémy Toulalan, lui, n’y a jamais goûté. Les seuls matches qu’il a ratés, ce fut en raison d’une blessure contractée à Marseille. Pour le reste, jamais Ranieri n’a osé le sortir de son onze de départ. Comment pourrait-il en être autrement, tant le milieu défensif impressionne pour son retour en Ligue 1 !

Le 4-4-2 en losange mis en place par Ranieri lui permet d’évoluer seul devant la défense, le rôle qu’il affectionne le plus. Il est de loin le joueur qui récupère le plus de ballons par match en Ligue 1. Mais il a ajouté à sa palette une capacité à se projeter vers l’avant qu’on ne lui connaissait pas du temps de son passage à Lyon. Son petit tour à Malaga lui a permis d’acquérir une qualité technique supplémentaire et il n’est pas rare de le voir à chaque rencontre réaliser des exploits techniques dans de petits espaces. D’ailleurs, pour un milieu défensif, il affiche des statistiques très parlantes : il subit plus de fautes (60) qu’il n’en commet (33).

Dès lors, au regard de la splendide forme affichée depuis le début de la saison, Toulalan devrait, comme n’importe quel joueur, être appelé en équipe de France. Mais voilà, la cicatrice de la Coupe du Monde 2010 n’est pas encore refermée pour le milieu de 30 ans, qui avait joué un rôle prépondérant lors de la fameuse grève de l’entraînement. Didier Deschamps déclarait récemment avoir parlé avec Toulalan, pour prendre la température. « J'ai eu de longues discussions avec Jérémy car je voulais connaitre sa position. Je ne vais pas rentrer dans les détails. Ce que je peux dire, c’est qu’il est encore très, trop marqué par rapport à ce qu’il s’est passé à cette période-là », a de nouveau déclaré Deschamps aujourd’hui sur RMC. Mais le sélectionneur refuse d’éliminer dès à présent Toulalan de sa liste pour le Mondial. « Je n’ai pas dit ça… Le temps fait son travail. Je sais ce qu’il pense et il sait ce que je pense aussi », a conclu Deschamps, mystérieux.

Faut-il donc penser qu’un revirement est possible ? Les anciens meneurs de Knysna ont été punis, ont fait amende honorable devant les médias et le public et ont réussi pour la majorité, avec plus ou moins de réussite, à se racheter auprès des supporters. Toulalan, lui, est resté à l’écart des Bleus durant ce temps-là. Qu’est-ce qui le retient ? Le fait de retrouver certains des coéquipiers qui ont aussi vécu ça et qui en connaissent l’exact déroulement ? Le refus de devoir à nouveau en parler, comme les autres ont pu le faire ? Didier Deschamps ne peut pas ignorer les prestations de Toulalan avec l’ASM. Un Toulalan plus fort que celui de l’OL, plus complet, qui pourrait donner au milieu à trois mis en place face à l’Ukraine lors du match retour un autre relief. Car n’oublions pas que c’est Cabaye, plus relayeur que récupérateur, qui est parti pour occuper le poste de numéro 6, devant la défense et derrière le duo Matuidi-Pogba.

Étincelant à ce poste lors de France-Ukraine, Yohan Cabaye n’est pas utilisé de cette manière au PSG, où il relaie principalement Marco Verratti sur la droite du triangle parisien. Les autres habituels récupérateurs sélectionnés, Guilavogui, Gonalons et Mavuba, présentent-ils autant de garanties que Toulalan à l’heure actuelle ? On peut en douter. À Didier Deschamps de parvenir à faire disparaître les démons de Toulalan, histoire d’ajouter à son arc mondial une flèche de qualité.