À quoi peut ressembler la future équipe de France ?

Par Aurélien Léger-Moëc
6 min.
Le onze titulaire des Bleus face à l'Allemagne en amical @Maxppp

Alors que l’avenir de Didier Deschamps n’est visiblement pas un débat pour la Fédération française de football et son président, il faut se pencher sur l’état des lieux de la sélection. Peut-on faire mieux avec les joueurs à disposition ? Quels sont les prochains joueurs susceptibles de débarquer avec l’équipe A ? Tour d’horizon ligne par ligne.

Didier Deschamps en prend plein la figure depuis le début de l’Euro, et forcément encore plus depuis l’élimination de l’équipe de France en demi-finale contre l’Espagne. À tort ou à raison, le débat peut se tenir sur de longues heures. Il est par contre impossible de nier qu’on s’est ennuyé en regardant évoluer les Bleus durant la compétition. Alors, est-ce uniquement la faute du sélectionneur ou ne s’agit-il pas d’un manque de niveau au sein de l’effectif ? Le sélectionneur possède-t-il réellement des joueurs capables de proposer un jeu léché, et surtout, quelles sont les perspectives ? Faisons le point poste par poste.

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Gardiens de but

C’est la grande satisfaction du tournoi. Mike Maignan a confirmé tout le bien que l’on pensait déjà de lui. La retraite d’Hugo Lloris lui a permis de disputer l’Euro dans la peau du titulaire, et il a parfaitement tenu son rang, entre arrêts précieux, sérénité dans les cages et une véritable âme de leader au sein du groupe. Il a validé son statut pour les prochaines compétitions, mais il faut rappeler qu’il a déjà 29 ans. De même, ses doublures durant l’Euro, Brice Samba et Alphonse Aréola, sont âgés respectivement de 30 et 31 ans. L’avenir se situe donc plutôt du côté de Lucas Chevalier (22 ans) et Guillaume Restes (19 ans), encore un peu tendres pour l’équipe A, mais avec Maignan pour les prochaines années, la tranquillité est de mise à ce poste.

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Les défenseurs

Le secteur le plus fourni de l’équipe de France, qui multiplie les profils intéressants. La charnière Upamecano-Saliba a été l’une des plus convaincantes de l’Euro 2024. Aucune grosse erreur à déplorer, du poids dans les duels, de la qualité dans les relances, et globalement le point fort principal des Bleus durant la compétition. Et ils ne sont pas seuls, puisque cela fourmille de solutions : Ibrahima Konaté, Jean-Clair Todibo, Wesley Fofana, Lucas Hernandez, Axel Disasi, Benoît Badiashile, Presnel Kimpembe s’il parvient à revenir, voire Castello Lukeba, Mohamed Simakan ou même les axiaux-latéraux que sont Koundé et Pavard. La France dispose d’un vivier quasi inépuisable à ce poste, comme le prouve la récente éclosion de Leny Yoro au LOSC (18 ans).

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Longtemps un sujet d’inquiétude, le poste de latéral droit a enfin été sécurisé avec talent par Jules Koundé. Intraitable durant l’Euro, malgré une adversité relevée au fil de la compétition (Doku, Leão, Nico Williams), le Barcelonais a éteint le débat. Derrière, Pavard est toujours là, Clauss ne le sera probablement plus, et il faut espérer que les espoirs incarnés par Malo Gusto et Sacha Boey, à Chelsea et au Bayern, se concrétisent. A gauche aussi, le vivier est plutôt fourni, avec les frères Hernandez encore là pour un petit bout de temps, Ferland Mendy en soutien, et des jeunes pousses comment Truffert ou Locko.

Les milieux

Peut-être le plus gros chantier pour Didier Deschamps, ou son successeur. La fin de carrière en eau de boudin de Paul Pogba a fait beaucoup de mal à la créativité française. Le retour de N’Golo Kanté sur cet Euro 2024, réussi sur les deux premiers matches, mais beaucoup moins convaincant sur la suite, ne peut pas être une solution d’avenir. Aurélien Tchouaméni et Eduardo Camavinga incarnent les deux options naturelles, d’autant qu’ils évoluent ensemble en club. Adrien Rabiot prend de l’âge (29 ans) mais sera toujours disponible. Derrière, cela manque probablement de consistance.

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Il y a bien les milieux défensifs que l’on connait déjà, comme Youssouf Fofana, Boubacar Kamara, Mattéo Guendouzi, Jordan Veretout, et les plus jeunes qui vont pousser dans les années à venir comme Képhren Thuram ou Warren Zaïre-Emery. Mais il manque clairement de profil plus créatif, comme Pedri ou Dani Olmo pour l’Espagne, Bellingham ou Foden pour l’Angleterre. Des joueurs capables de prendre le jeu à leur compte, d’amener de la fluidité et de l’inspiration. Car Griezmann est bien seul dans ce secteur, et il a surtout montré qu’il était en fin de parcours durant cet Euro. Il faut donc lorgner chez les Espoirs, et espérer que les Rayan Cherki, Maghnes Akliouche ou autre Désiré Doué prennent une envergure internationale au cours des prochaines années. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Pour produire du jeu, il faut une qualité technique au rendez-vous, et de bons manieurs de ballon, et c’est actuellement clairement ce genre de profil qui manque à la sélection française.

Les attaquants

La France génère de bons ailiers depuis plusieurs années. Cela n’a pas été flagrant durant l’Euro 2024, entre les prestations ratées d’Ousmane Dembélé, le flou persistant autour du meilleur poste de Kylian Mbappé, la drôle de gestion du cas Kingsley Coman ou le peu de temps de jeu de Bradley Barcola, mais ces joueurs sont là, dans la force de l’âge, et ils nous seraient enviés par bon nombre de sélections. Derrière, cela pousse aussi, avec des éléments comme Michael Olise, Désiré Doué ou à degré moindre désormais Moussa Diaby.

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Le véritable nouveau problème qui se pose, et qui a été flagrant durant l’Euro, sera l’identité du futur numéro 9 titulaire en Bleu. Olivier Giroud prend sa retraite internationale et n’avait de toute façon pas été utilisé réellement lors de cette dernière compétition. Deschamps a jonglé entre Marcus Thuram et Randal Kolo Muani, avec un interlude Mbappé en 9. Les deux premiers n’ont pas convaincu, quand bien même RKM s’est montré plus décisif que son compère. Aujourd’hui, la France a un réel déficit sur ce poste, plus sur la qualité que sur la quantité. Il faudra voir dans quelle mesure Mathys Tel progresse et s’affirme au Bayern Munich. Agé de 19 ans, il reste le plus solide espoir français pour devenir un top mondial à ce poste. Il reste aussi l’énigme Christopher Nkunku, capable de jouer en pointe, mais aussi en soutien de l’attaquant. Une possible piste pour succéder à Griezmann dans ce rôle, mais sa fragilité physique vient de lui faire rater coup sur coup le Mondial 2022 et l’Euro 2024.

Si la défense française semble assurer à un avenir radieux, le milieu de terrain et l’axe de l’attaque sont loin de proposer des axes d’amélioration évidents et immédiats. Peu importe le sélectionneur. Proposer plus de jeu, oui, mais avec quels moyens techniques, c’est désormais la question. Pendant que l’Allemagne peut compter sur un duo virevoltant Wirtz-Musiala, ou que l’Espagne s’appuie sur Pedri ou Dani Olmo au cœur du jeu et sur Yamal-Nico Williams sur les ailes, la France affiche un déficit générationnel dans la création. Cela ne suffira cependant pas pour justifier de potentielles futures prestations lénifiantes…

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