Où en est ’’Pipi’’, le footballeur recruté à 9 ans par le Real Madrid ?

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Pipi au Real Madrid @Maxppp

Il y a onze ans, le Real Madrid a recruté un crack âgé de 9 ans à l’époque. Surnommé "Pipi", Takuhiro Nakai était ainsi devenu le plus jeune japonais de l’histoire du club merengue. Que devient-il ?

En 2019, le Real Madrid a mis la main sur le jeune et talentueux Takefusa Kubo. Mais ce dernier, qui évolue à présent à la Real Sociedad, n’est pas le seul footballeur japonais à avoir posé ses valises dans la capitale espagnole. En effet, quelques années avant lui, le 28 septembre 2013 pour être précis, Takuhiro Nakai a rejoint la Casa Blanca. Grand espoir du football nippon, le footballeur, âgé de 9 ans à l’époque, avait tapé dans l’œil des recruteurs madrilènes lorsqu’il évoluait à Azul Shiga. Deux ans avant cela, le milieu de terrain s’était déjà constitué une petite notoriété après un passage à la télévision. Celle-ci a donc augmenté une fois qu’il a signé au sein du club espagnol.

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Un crack précoce venu du Japon

Qualifié de "prodige" de l’autre côté des Pyrénées, il a été suivi de près par les médias, qui s’affolaient à chaque but ou geste de sa part. Son but lors d’un mini Clasico face aux U13 du Barça avait d’ailleurs fait couler de l’encre puisqu’il avait humilié l’un de ses adversaires. Quelques années plus tard, "Pipi", aujourd’hui âgé de 20 ans, est revenu sur ses débuts et son statut de phénomène lors d’un entretien donné à Relevo. «J’ai commencé à jouer au football à 3 ans, mais quand j’avais 1 an, j’avais déjà des ballons à la maison. J’ai 3 frères, je suis le plus jeune de la famille et mes frères aînés jouent au football et chez moi, nous n’avions que des ballons de football. Depuis l’âge d’un an, ma mère m’a dit que je jouais déjà au ballon. À 3 ans j’ai officiellement commencé.»

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Il a ensuite évoqué son arrivée chez les Merengues, aidé par un traducteur. «Quand j’ai fait les tests à Madrid, je ne savais pas qu’ils étaient organisés par le Real Madrid, parce que ma mère, sachant que cela me rendrait nerveux, m’a dit que c’était une expérience pour profiter du football et vivre une autre chose. Je suis allé à Madrid pour faire les tests et m’amuser. Et soudain, nous avons eu deux matches amicaux et deux semaines après les avoir terminés, on m’a dit que j’étais un joueur de Madrid. C’était une joie. Madrid est le meilleur club du monde. Être joueur pour ce club, pour cette équipe, ça te donne beaucoup de confiance (…) Dans l’équipe dans laquelle j’étais au Japon, nous n’avions même pas de vestiaire. Nous nous changions et allions directement à l’entraînement. »

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A Madrid dès son plus jeune âge

Il poursuit : «et vous allez à Valdebebas (le centre d’entraînement du Real Madrid, ndlr) et vous découvrez l’une des meilleures installations au monde. C’est la meilleure équipe. Au début, j’étais nerveux, car je venais d’un autre pays et c’était la première fois que je rencontrais des étrangers qui n’étaient pas Japonais. Je ne parlais pas espagnol, mais mes camarades de classe m’ont beaucoup aidé et je me sentais très à l’aise.» Le footballeur nippon a admis avoir eu un peu de mal avec tous ces changements. «Les deux premières années ont été très difficiles pour moi. J’allais dans une école normale là-bas, à Madrid, de neuf heures à cinq heures de l’après-midi. Là, j’ai appris l’espagnol. Également dans les vestiaires. Mais l’espagnol scolaire n’est pas la même chose que l’espagnol du football.»

Mais il a été aidé : «J’étais souvent confus, mais les entraîneurs et les coéquipiers ont été très patients avec moi. Ils m’ont beaucoup aidé. Madrid, ce n’est pas seulement le football, ils vous apprennent à devenir une meilleure personne, ils façonnent votre personnalité. Madrid vous enseigne des valeurs. J’ai été très surpris, car je venais de l’extérieur, d’une autre culture. Vous savez que c’est le meilleur club de football du monde, mais qu’il façonne aussi votre personne, votre personnalité.» Cela a aidé le jeune homme à avancer malgré les grosses attentes et la forte pression médiatique. Il a d’ailleurs expliqué ne pas vraiment calculer toute l’agitation autour de lui. Son agent, mais surtout sa mère, qui vivait seule avec lui, ont été des soutiens de taille pour garder les pieds sur terre.

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Il a vécu des hauts et des bas

Il a également eu des mots pour ses entraîneurs au Real Madrid, qui ont été très importants pour lui en tant que personne et footballeur. Cela lui a d’ailleurs permis d’évoluer dans son jeu. «J’ai joué à presque tous les postes, oui. Je peux jouer en 6, 8 et 10. J’aime aussi jouer comme ailier, mais ma position est 8 ou 6. Pas aussi défensif que le pivot, ni aussi offensif que le milieu de terrain, un équilibre entre les deux.» Malgré ses qualités, il n’a donc pas vraiment réussi lors de sa saison avec le Castilla où il a peu joué. Mais il n’a pas lâché.

«J’aime le football, c’est ce que j’aime le plus au monde. Je suis un passionné. Même si je ne joue pas, je pense toujours qu’il y a des gens qui veulent jouer au football et qui ne le peuvent pas. Je suis privilégié, surtout au Real Madrid, où tout le monde veut jouer. Il y a des millions d’enfants qui veulent être là où je suis. Par respect et gratitude, j’ai toujours continué à travailler. C’est ce que mes parents m’ont appris. Le simple fait d’arriver à Valdebebas, avec ces installations et les meilleurs joueurs du monde, j’étais déjà reconnaissant et j’en profitais. Il est également important de se tourner vers l’avenir. Je suis clair sur ce que je veux être, ce que je veux réaliser… Et même si vous ne jouez pas, vous ne pouvez jamais arrêter de travailler.»

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Le Japonais est prêté cette saison

Après neuf saisons à Madrid, il a donc ensuite été prêté au Rayo Majadahonda lors de la saison 2023-24. Un club avec lequel il a joué 18 rencontres. «C’était ma première expérience et je ne voulais pas quitter Madrid. Je ne voulais pas déménager, il me restait deux ans de contrat à Madrid et le club m’a dit de partir en prêt. Le Rayo Majadahonda est une grande équipe et, étant à Madrid, mon représentant, le club et moi avons décidé que partir en prêt là-bas était la meilleure chose. Au Rayo Majadahonda, j’ai appris beaucoup de choses. Les installations ne sont pas les mêmes que celles de Madrid, mais elles sont très bonnes si je les compare avec celles du club où j’étais au Japon. C’est une expérience qui m’a beaucoup fait mûrir.»

De retour dans la capitale espagnole durant l’été, le jeune homme de 20 ans a été envoyé de nouveau en prêt cette année. Cette fois-ci, il a rejoint Amorebieta, pensionnaire de Primera Federacion. Pour le moment, il a participé à 5 rencontres (426 minutes jouées). Toutes en tant que titulaire. Une bonne chose pour le footballeur né en 2003, qui veut exploser au plus haut niveau et confirmer les nombreux espoirs placés en lui. «Individuellement, le but est de jouer le plus de rencontres possible. Je veux être ma meilleure version et évoluer à mon meilleur niveau. Je ne pense jamais à marquer des buts ou à donner des passes décisives, mais à aider l’équipe dans n’importe quel domaine. Au début, j’avais un peu peur d’aller dans une autre ville, de déménager et de vivre seule, puisque je vivais auparavant avec ma sœur.»

"Pipi" veut devenir Nakai

Il poursuit : «mais tout le monde a été très gentil. Ils m’ont très bien accueilli et m’ont beaucoup soutenu. Je me sens très à l’aise. Je suis venu ici pour être promu en deuxième division. Même si nous n’avons gagné qu’un match sur quatre, cela ne fait que commencer, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. L’objectif de l’équipe, le mien et celui de mes coéquipiers, est la montée. C’est la meilleure chose qui puisse arriver.» Ensuite, "Pipi" devra se poser et réfléchir à son avenir, lui qui aura donc enchaîné deux prêts. «J’ai encore un contrat avec Madrid et, évidemment, la meilleure chose serait d’y retourner, de jouer des matches et, espérons-le, de faire mes débuts avec l’équipe première. C’est le meilleur club du monde. Je vais continuer à travailler au cas où cela arriverait un jour.»

Là-bas, il retrouverait un certain Jude Bellingham, qu’il avait déjà croisé plus jeune. «C’était lors d’un tournoi en France chez les moins de 15 ans. Il était venu avec l’équipe anglaise et moi, avec l’équipe japonaise, j’ai joué avec le numéro 8, comme maintenant. On voyait, sur un contrôle ou une passe, une élégance qui faisait la différence. Ce dont je me souviens, c’est qu’après le match auquel nous avons joué, il m’a écrit sur Instagram et nous avons discuté pendant un moment. Je parlais peu anglais, mais je communiquais avec lui. Il était déjà clair qu’il allait devenir un grand joueur. Ce qu’il fait à Madrid est fou.» Le Japonais, qui est de la même génération que lui, espère s’en inspirer et se faire un nom. «Tout monde m’appelle encore « Pipi ». Mais sur mon maillot et d’autres choses, je veux qu’on m’appelle Nakai. "Pipi" est un nom de petit garçon et Nakai sonne mieux pour un footballeur.» Le petit "Pipi" a bien grandi…

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