Pierre-Emerick Aubameyang sort la sulfateuse
Depuis quelques mois, Pierre-Emerick Aubameyang évolue à Al-Qadsiah en Arabie saoudite. Un club et un pays où le Gabonais s’épanouit comme il l’a expliqué lors d’une longue interview. L’occasion pour lui aussi de vider son sac sur certains épisodes de sa carrière.
À 35 ans, Pierre-Emerick Aubameyang a déjà vécu plusieurs vies de footballeur. Le Gabonais a notamment vécu une expérience à l’AC Milan durant sa jeunesse avant de revenir en France où il a évolué au sein de plusieurs clubs, et de véritablement exploser sous le maillot de l’AS Saint-Étienne. Un club qui a été un parfait tremplin pour s’envoler vers Bundesliga et le Borussia Dortmund, où il a empilé les buts. Par la suite, le natif de Laval a fait le grand saut vers la Premier League et Arsenal, où il a signé en 2018. Si ses premières années dans la capitale anglaise se sont déroulées comme dans un rêve, il a aussi connu quelques bas chez les Gunners. En 2021, il a été pointé du doigt pour une faute disciplinaire. En effet, PEA était revenu en retard après un voyage, où il était parti chercher sa mère malade en France. Cet aller-retour avait été autorisé par Arsenal. Mais son retard a été la goutte d’eau pour Mikel Arteta.
Une séparation douloureuse avec Arsenal et Arteta
Dans les colonnes de The Athletic, le joueur est revenu sur cet épisode : «c’est moi qui ai fait une erreur. J’aurais dû revenir la veille au soir, mais je suis arrivé le matin. Je n’ai pas dit que j’allais rater l’avion parce que j’étais préoccupé par les affaires de ma mère (les examens médicaux). Je suis allé directement à une réunion d’équipe. Tout était normal. Après cela, il (Arteta) a dit : "viens avec moi". C’est là qu’il a commencé à crier. Il a dit que je ne pouvais pas faire ça parce que j’étais le capitaine et que ce n’était pas acceptable. Il a dit que je lui avais planté un couteau dans le dos. Je ne sais pas pourquoi il a dit ça. J’étais vraiment énervé parce que ce n’était pas vrai et il savait pourquoi j’avais pris l’avion. Il connaissait la raison et ce qui se passait, il savait que j’étais en difficulté cette année-là. J’attendais de lui de l’aide, pas qu’il me tue comme ça.»
Il poursuit : « quand je suis en retard, c’est de ma faute, pas de problème. Je me suis toujours excusé. Mais dans ce cas, je ne m’excuserai jamais. Pour avoir emmené ma mère de Laval à Londres ? Non. Même si j’arrivais un jour en retard, je ne m’excuserais jamais. On comprend ou on ne comprend pas. Sinon, ne donnez pas de jour de congé ou ne dites pas aux gens qu’ils ne peuvent pas prendre l’avion.» Mais le média anglais explique que ce n’est pas la première fois qu’Aubameyang avait été en retard. L’attaquant, qui n’a pas été à l’heure lors du derby face à Tottenham en 2021, ne l’a pas nié. Mais il a avoué que certains coéquipiers avaient bénéficié de plus de clémence de la part du coach espagnol. « On laisse la voiture au stade, on prend le bus pour aller à l’hôtel. Je n’ai pas raté le bus, ils m’attendaient. Il y a eu un accident près de chez moi, j’aurais peut-être dû partir plus tôt, mais on ne sait pas ce qui va se passer. Il était énervé car c’est un match important.»
PEA était en plein spleen
Il ajoute: «quand nous sommes arrivés à l’hôtel, il m’a appelé dans sa chambre et m’a dit que je ne jouerais pas. Il était strict. Les règles sont les règles. Je me suis senti blessé. J’avais les larmes aux yeux parce que je voulais vraiment jouer. Je ne voulais blesser personne. Le lendemain, nous avons eu une réunion et je me suis levé devant tout le monde pour m’excuser. Il est également venu chez moi pour parler, car il ne voulait pas que ce soit le chaos. Je me suis dit : "Tout ira bien". Mais à partir de ce moment-là, ce n’était plus pareil.» En plein spleen, notamment pour des raisons personnelles, le Gabonais n’était pas au mieux, lui qui avait prolongé son bail avec les Londoniens quelques mois avant. Un choix qui n’a pas été évident pour lui. «Pour être honnête, à l’époque, je voulais partir. Pour moi, c’était le moment de trouver un nouveau défi. J’ai fait mon temps. C’était très bien, mais j’avais besoin de changer. Cela faisait quatre ans, j’avais fait du bon travail et il était peut-être temps de laisser les choses comme ça, comme ça, pour que les gens se souviennent de moi comme d’un bon joueur d’Arsenal. J’ai senti que je devais partir parce que si je restais, quelque chose se passerait mal.»
Mais une rencontre avec Mikel Arteta l’a convaincu :«il m’a dit : "Je pense que tu peux laisser un héritage". Je crois que c’était la première fois que j’entendais ce mot en anglais. Il m’a dit : "Si tu restes, tu pourras devenir une icône, comme les grands noms d’Arsenal". J’ai commencé à changer de vision. Lui et les fans m’ont convaincu de rester. Mais au début, je voulais partir. C’est là que ça a commencé à devenir chaotique, parce que quand on va à l’encontre de son cœur, c’est peut-être là que j’ai fait mon erreur. Je l’ai ressenti petit à petit. Petit à petit, j’ai commencé à baisser les bras. Parfois, il y a des choses plus importantes que le football. Peut-être que les gens ne s’en rendent pas compte, parce qu’ils pensent que le football est la chose la plus importante. (Mais) ce n’est pas vrai.» Si tout n’a pas été rose durant leur collaboration, Arteta et Aumbameyang ne sont pas en mauvais termes non plus. PEA estime toutefois qu’Arsenal manque d’un buteur pour remporter le titre. Et avec humour, il a avoué que c’est lui qui manque aux Anglais. Outre Arteta, PEA, qui a avoué qu’il avait adoré ses 6 mois au Barça, a aussi collaboré avec Thomas Tuchel à Chelsea.
Le blues à Chelsea aussi
Les deux hommes se connaissaient bien depuis leur collaboration à Dortmund. C’est d’ailleurs pour TT qu’il a rejoint les Blues. Mais quelques jours après son arrivée, l’Allemand a été limogé.« « Je me souviens de ce jour-là parce que je ne l’ai pas reconnu (Tuchel). Ce n’était pas le gars que je connaissais il y a quelques années. Nous avions une relation étroite. C’était le seul gars qui me comprenait vraiment à Dortmund. À Chelsea, c’était comme si quelque chose n’allait pas. J’avais l’impression qu’il ne profitait pas de son temps. Nous avons perdu (1-0) et il était énervé. D’habitude, il devient fou mais il est rentré au vestiaire et est reparti. Je me suis dit : "Ce n’est pas le gars que je connais. C’est très étrange". Le lendemain, il a été viré.» Par la suite, il a travaillé avec Graham Potter. Les choses ne sont pas allées mieux et PEA a même été mis de côté en raison du nombre important de joueurs dans l’effectif des Blues.
« C’est à ce moment-là que j’ai commencé à dire : "OK, c’est très irrespectueux". Ils ont essayé de m’envoyer en prêt aux États-Unis. J’ai dit : "Aucune chance". Je me suis senti énervé. À partir de ce moment-là, je me suis dit : «"La saison est déjà terminée pour moi". Je me suis simplement entraîné pour rester en forme. Je savais que je n’allais pas jouer.» Frank Lampard a tenté de le relancer, mais au final l’Anglais l’a aussi mis de côté. « Vers la fin de la saison, il m’a reparlé et m’a dit : "Quels sont tes sentiments ? Je suis désolé, Auba. Je ne peux pas vraiment t’aider". J’ai compris que ça ne venait pas de lui mais d’en haut (…) Ils (les dirigeants, ndlr) ont fait un sacré bazar. Ça ne ressemblait même pas à un vestiaire de foot, ça ressemblait plus à un vestiaire de rugby. Hakim Ziyech, Denis Zakaria, Kalidou Koulibaly, Romelu Lukaku … C’était bien de ne pas être seul. On rigolait tous les jours, donc ça allait.»
L’OM l’a remotivé
Aubameyang, qui avoue ne pas avoir eu ce lien fort avec Chelsea, a pu se relancer à Marseille l’an dernier. «J’ai pris une photo lors d’un match de Chelsea alors que je n’étais pas dans l’équipe. Je me suis dit : 'On verra la saison prochaine si je suis un supporter ou un joueur’. Je suis arrivé à Marseille avec la mentalité : 'Vous verrez le vrai Aubameyang’.» Mais dans la cité phocéenne, il a aussi connu des hauts et des bas, notamment après le nul 0-0 à Lille. « Je me suis dit : 'Je ne peux pas accepter ça. Maintenant, je vais changer ma façon de jouer. Je vais être plus fou’. J’ai joué avec colère. C’est l’année où j’ai montré à tout le monde qui j’étais.» Malgré son attachement à l’OM, PEA a décidé de s’en aller l’été dernier pour aller relever un nouveau challenge en Arabie saoudite. Un choix qu’il assume totalement.
« Les gens pensent que c’est un pays fermé avec des restrictions sévères. C’est l’opinion là-bas (en Occident), mais quand vous venez ici, c’est totalement différent. La mentalité est très ouverte.» Malgré les diverses polémiques entourant l’Arabie saoudite, cela n’a pas pesé dans son esprit au moment de faire prendre sa décision. « Pas du tout. Je suis vraiment passionné de football et, tant que je serai joueur, je ne penserai qu’au football, c’est tout. Quand je prendrai ma retraite, je penserai peut-être à d’autres choses. Mais quand j’ai décidé de venir, je n’y ai pas pensé (…) Je peux comprendre comment ils voient la vie. Ils peuvent avoir leur opinion, mais j’ai aussi la mienne. Mon choix ne concerne que le football, pas les situations politiques et tout ça… Je n’ai rien vu qui m’ait choqué et qui m’ait fait dire que c’était une erreur de venir ici.» Auteur de 7 buts en 13 apparitions toutes compétitions confondues, Pierre-Emerick Aubameyang se sent bien à Al-Qadsiah et en Saudi Pro League. C’est bien là l’essentiel.
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