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Coupe du Monde 2030 : les sélections enragent déjà contre le nouveau format

Avec un format inédit pour l’édition 2030, la Coupe du monde se déroulera bien sur trois continents et dans six pays. À l’heure où la question climatique et la santé des joueurs deviennent préoccupantes, cette décision interroge les acteurs du jeu.

Par Samuel Zemour
4 min.
Coupe du Monde @Maxppp

La FIFA ne savait plus quoi faire pour parler d’elle. Adepte des idées loufoques, Gianni Infantino, le président de la FIFA qui avait déjà tenté de disputer la Coupe du Monde tous les deux ans, a frappé fort pour l’édition du centenaire du Mondial, en 2030. «La Coupe du Monde de la FIFA réunira trois continents et six pays, invitant le monde entier à se joindre à la célébration du beau jeu. Le Conseil de la FIFA a décidé que l’unique candidature serait celle du Maroc, du Portugal et de l’Espagne, qui accueilleront l’événement en 2030 (…) ainsi que trois matches de la Coupe du Monde en Uruguay, en Argentine et au Paraguay respectivement», annonçait la FIFA, sur son site officiel.

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Alors que certains prétendent qu’il s’agit d’un regroupement pour laisser la voie à l’Arabie saoudite en 2034, ce choix va évidemment beaucoup faire parler, à l’heure où la question climatique est un enjeu majeur international, mais aussi en raison de l’équité sportive, puisque certains pays accueilleront tranquillement une rencontre à domicile, pendant qu’un autre pourrait faire potentiellement plusieurs heures de vol et traverser les continents. Et cela a évidemment inquiété les sélections. Luis Enrique, l’ex-sélectionneur de la Roja et aujourd’hui sur le banc du PSG, avait avoué que «le joli côté, en tant qu’Espagnol, c’est que la Coupe du Monde ait lieu dans mon pays. Je pense que pour les joueurs, les sélections nationales, le fait de devoir se déplacer comme ça, ce n’est peut-être pas la même chose en termes de récupération».

Les sélectionneurs européens mitigés

Un constat différent de celui de Luis de la Fuente, son successeur, qui a préféré parler d’«un événement très important qui est le résultat du travail accompli ces dernières années». Pourtant, les sélectionneurs des autres grandes nations européennes ont été francs et ont dénoncé ce nouveau format. «Logiquement, vous pourriez jouer contre l’Argentine à Buenos Aires et devoir revenir (en Europe ou en Afrique). Il y a une grande différence entre affronter l’Argentine à Buenos Aires et la jouer à Casablanca. C’est un changement significatif pour la compétition», a regretté Gareth Southgate, le sélectionneur anglais, pointant du doigt «l’intégrité» du tournoi.

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Un constat partagé par Ronald Koeman, qui, sans parler directement de la Coupe du Monde 2030, a regretté un nombre alarmant de «blessures qui dépendent uniquement du calendrier. Nous nous en plaignons depuis des années. Vous le voyez, combien de joueurs déclarent forfait. Il est impossible d’y faire quoi que ce soit», a avoué le sélectionneur des Pays-Bas. Didier Deschamps, finaliste du Mondial 2022, avec les Bleus, a regretté un avantage pour les sélections hôtes. «Je ne sais pas qui prend les décisions, mais je ne vous cache pas que j’aime bien les choses un peu plus cohérentes sur un plan sportif et de l’éthique, là je pense qu’on n’y est pas trop», a-t-il lâché ce lundi.

Les dirigeants sud-américains se battent pour la finale

Finalement, la meilleure réaction aura été celle de Marco Rose, l’entraîneur du RB Leipzig, qui a préféré ironiser en avouant que «bientôt, à un moment donné, nous jouerons sur l’Everest parce que nous pourrons y créer un terrain de jeu et le commercialiser. Il semble que nous ne soyons pas au bout de cette spirale. Et je pense que c’est dommage, voire stupide». Sepp Blatter, l’ex-président controversé de l’instance, a d’ailleurs trouvé cela «absurde de détruire le tournoi de cette manière. La phase finale de la Coupe du Monde doit être un événement compact. Pour des raisons historiques, la Coupe du Monde 2030 aurait dû appartenir exclusivement à l’Amérique du Sud».

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Sans parler des controverses, Roberto Martinez, le sélectionneur portugais a logiquement suivi la voie de Luis de la Fuente et a assuré que «c’est une grande joie pour le peuple portugais et cela laissera un héritage unique au football portugais. Désormais, le rêve des jeunes de 12 et 13 ans de pouvoir jouer la Coupe du Monde chez eux est possible». Et si ce choix fait uniquement la joie des pays hôtes, ils devront encore se battre pour accueillir la finale, car l’Argentine, le Portugal, l’Espagne et le Maroc rêvent déjà d’accueillir ce match ultime sur leur terre. «Nous espérons vivre une finale extraordinaire qui honore tout le continent et les jeunes générations dans un stade à Casablanca qui sera extraordinaire et merveilleux», a expliqué le dirigeant du football marocain, Faouzi Kekjaa. Le calendrier risque d’être chargé.

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