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Comment le PSG peut battre le Bayern Munich

Vainqueur de ses 21 derniers matches toutes compétitions confondues mais aussi de tous ses matches de Ligue des champions cette saison, le Bayern Munich fait figure de rouleau compresseur imbattable. Pourtant, l’escouade munichoise est loin d’être sans faille et le PSG pourrait bien en profiter pour gagner sa première Ligue des champions.

Par Frederic Yang
12 min.
Quelles sont les failles du Bayern Munich ? @Maxppp

Sur le papier et au vu de ses derniers résultats, le Bayern Munich fait peur. Depuis le 11 janvier 2020 et son match amical contre le FC Nuremberg (1-2), le Bayern n’a plus connu la défaite. Mieux, depuis leur match nul (0-0) contre le RB Leipzig lors de la 21e journée de Bundesliga, le 9 février dernier, les Munichois n’ont connu que la victoire avec plus de 3 buts inscrits par match. Malgré ce bilan flatteur, les joueurs de Hansi Flick ont laissé entrevoir des failles qui n’ont pas été exploitées par l’Olympique Lyonnais en demi-finale de Ligue des champions, et pas complètement par le Barça en quart de finale. Le Paris Saint-Germain peut donc s’appuyer dessus pour s’imposer.

Profiter des largesses du bloc défensif munichois

Avec plus de réalisme, l’Olympique Lyonnais aurait pu inscrire au moins 3 buts dans le premier quart d’heure de sa demi-finale contre le Bayern Munich. La faute tout d’abord un problème de structure des Munichois sur phase offensive. Quand il a le ballon, le Bayern place ses joueurs très haut sur le terrain. Si bien que Thiago Alcantara (la sentinelle) se retrouve très souvent en possession du ballon avec uniquement 3 voire 2 joueurs dans son dos avec beaucoup d'espace à exploiter dans l'axe pour l'adversaire, comme ce fut le cas lors de l’interception de Caqueret à la 4e minute avant le face-à-face de Memphis Depay face à Neuer.

Plus généralement, le bloc munichois se déstructure complètement en possession du ballon, avec souvent une trop grande distance entre la ligne de défense et l’attaque. Sur une récupération dans ses 16 mètres, l’Olympique Lyonnais a réussi à se montrer dangereux en seulement 4 passes à cause des grands espaces vides laissées par le bloc du Bayern Munich.

Contre le FC Barcelone, la mauvaise gestion des distances entre les défenseurs munichois aurait pu coûter beaucoup plus de buts que les 2 inscrits par les Barcelonais.

Exploiter la profondeur et la largeur

Sur défense placée, les hommes d’Hansi Flick ont tendance à laisser beaucoup d’espaces sur la largeur en faisant le choix de verrouiller l’axe. Mais le problème, c'est qu'ils mettent beaucoup de temps à coulisser sur les côtés, si bien qu'ils sont vulnérables dans la largeur comme dans la profondeur.

Si le Bayern Munich se permet de jouer très haut, c’est parce qu’il possède l’un des joueurs les plus rapides du monde dans sa ligne défensive avec Alphonso Davies et un gardien très attentif pour gérer la profondeur avec Manuel Neuer. L’international canadien, qui est encore un peu naïf pour couvrir les espaces dans son dos, compense souvent ce manque au niveau du placement par des qualités de vitesse exceptionnelles qui lui permettent de rattraper quasiment n’importe quel joueur lancé.

Et cette difficulté à bien s’aligner concerne également les autres joueurs de la ligne de défense et plus particulièrement Alaba (qui n’est pas un défenseur de formation) et Joshua Kimmich (qui n’est pas non plus un défenseur latéral de formation) voire même Jérôme Boateng comme vous l'avez vu à travers les illustrations précédentes. Une autre faille dans la défense bavaroise, c'est le manque d’entrain de la première ligne pour presser les relanceurs adverses. Contre, le Barça, les deux buts encaissés viennent de ce laxisme défensif.

Kylian Mbappé, qui devrait être aligné sur le côté gauche de l’attaque parisienne et donc du côté de Kimmich, pourrait bien faire vivre un enfer à l’international allemand par ses appels tranchants et sa vitesse supersonique. Le RB Leipzig avait fait le choix de défendre dans un bloc médian avec une double couverture sur le côté pour limiter l’influence du Français mais cela avait aussi donné des opportunités à l’intérieur du jeu pour Neymar et dans le demi-espace pour Di Maria.

Donc si le Bayern Munich s’adapte à la menace que représente Mbappé avec un bloc médian, le PSG aura l’opportunité de contrôler le jeu et de créer d’autres brèches ailleurs sur le terrain. L’autre avantage qu’aura le PSG, c’est que Neymar risque de poser beaucoup de problème à Thiago Alcantara, moins à l’aise pour défendre, s’il joue dans sa zone. Si Hansi Flick décide de renforcer cette zone avec la présence de Goretzka, alors Di Maria aura plus d’espace à exploiter au cœur du jeu. On pourrait donc assister à une formation asymétrique du PSG en phase de possession.

Bien frapper les corners

Cette saison, les Bavarois ont aussi montré des faiblesses pour défendre les corners. Le défenseur autrichien de l’Eintracht Francfort Martin Hinteregger a notamment inscrit deux buts cette saison contre le Bayern sur corner, en coupant à chaque fois le ballon au premier poteau. Le défenseur algérien du Borussia Mönchengladbach Bensebaini avait aussi trompé Neuer sur corner, en coupant également le ballon au premier poteau tandis que Sven Bender du Bayer Leverkusen avait, quant à lui, jailli au deuxième poteau pour marquer sur corner.

Vu la forme actuelle des défenseurs parisiens dans les duels aériens et de Marquinhos, auteur d’une tête parfaite contre le RB Leipzig en demi-finale, les Parisiens ont des sérieux arguments pour inquiéter les Munichois sur cette phase de jeu surtout qu’il détient aussi des excellents frappeurs de coups de pied arrêtés. Quand on sait l’importance des coups de pied arrêtés dans les matches couperets, les Parisiens seraient bien inspirés de travailler des combinaisons avant la finale.

Conserver un pressing haut

C’est sans doute le casse-tête actuelle de Thomas Tuchel. Doit-il conserver son bloc haut, avec ce pressing intense du trio Neymar-Mbappé-Di Maria qui avait étouffé Leipzig, ou doit-il changer ses plans pour se protéger du danger que représente Alphonso Davies, Ivan Perisic (ou Kingley Coman) et Serge Gnabry dans la profondeur ?

À y réfléchir de plus près, défendre haut contre le Bayern Munich est effectivement une stratégie risquée mais le PSG pourrait perdre davantage de choses s’il opte pour un bloc médian ou bas. D’un côté, le bloc médian lui permettrait de contrôler les montées de Davies, comme l’avait fait Karl Toko-Ekambi, et son positionnement très latéral pour couper les passes d’Alaba vers le Canadien.

D’un autre côté, il laisserait encore plus de temps et d’espace pour les meneurs de jeu reculés de l’équipe : Thiago Alcantara, Joshua Kimmich et Jérôme Boateng, s’il joue. Ces trois joueurs sont capables d’envoyer des transversales millimétrés pour leurs attaquants donc pour limiter leur influence, il faut sortir rapidement sur eux. D’où la nécessité d’un bloc haut.

Presser haut permettrait aussi aux Parisiens de mettre en place leur contre-pressing, qui s’était avéré efficace contre l’Atalanta Bergame, et d’avoir le contrôle du jeu. Vu les faiblesses qu’a montré le Bayern Munich pour défendre avec rigueur cela pourrait être un scénario idéal pour les Parisiens.

Ne pas se laisser aspirer par les déplacements de Müller et surveiller les projections de Goretzka

Avec le replacement de Kimmich au poste d’arrière droit, Leon Goretzka en a profité pour glaner une place de titulaire. Et l’international allemand fait tout sauf de la figuration. S’il n’a pas trouvé les filets contre le FC Barcelone ou l’Olympique Lyonnais, Goretzka a tout de même été décisif à de nombreux reprises. Sa passe lobée en une touche pour Gnabry contre les Barcelonais fut une merveille et que dire de ses projections vers l’avant.

Vu que Müller, Lewandowski et Gnabry dézonent régulièrement, le milieu de terrain polyvalent en profite souvent pour attaquer les brèches créées par ses partenaires dans le dos des milieux de terrain comme on l’a vu lors de deux dernières rencontres. Ces projections éclair de Goretzka seront clairement à surveiller côté parisien.

Même s’il est très bon dans les duels, Kimpembe a tendance à se faire aspirer par les mouvements de l’attaquant qui évolue dans sa zone. Contre Dortmund, au match aller, le défenseur s’était fait piéger par le déplacement vers la ligne de touche de Sancho et cela avait contribué à laisser un grand espace dans l’axe qui avait profité à Haaland sur le deuxième but des Allemands ce soir-là. Il faudra donc se méfier de la malice de Thomas Müller qui aime justement créer des fausses pistes pour ses coéquipiers.

S’adapter sans se renier

Quand vous jouez contre une équipe aussi complète que le Bayern Munich, capable de marquer sur jeu placé, de ressortir le ballon sous la pression, de sanctionner sur contre-attaque, d’attaquer parfaitement la profondeur, d’être insaisissable sur les côtés grâce à la vitesse de Davies ou Coman, ou de marquer sur coups de pied arrêtés, vous devez forcément faire des choix compliqués ou de choisir votre poison comme l’indique une expression anglo-saxonne. Comprenez qu’il n’y a pas de bonnes solutions et que quoi que vous décidiez, vous serez confrontés à des situations dangereuses car l’équipe d’en face à trop d’armes dans son arsenal.

Donc, l’objectif pour Thomas Tuchel est de trancher et de miser sur un plan de jeu qui mettra aussi en avant les forces de son équipe. Car on l’a vu récemment avec Pep Guardiola contre l’Olympique Lyonnais et Julian Nagelsmann contre le PSG, à vouloir trop s’adapter à son adversaire pour contrer ses forces, on finit par oublier les siennes. Tout est donc une question d’équilibre et Thomas Tuchel va faire face à son numéro d’équilibriste le plus difficile et le plus important de sa jeune carrière. Il faut rappeler que le PSG a aussi des vraies forces qui pourraient également pousser le Bayern Munich à s'adapter. Thomas Tuchel trouvera-t-il la bonne formule pour faire pencher le rapport de forces en sa faveur ? La réponse ce dimanche à 21h !

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