Algérie : Djamel Belmadi vide son sac sur les binationaux

En conférence de presse, Djamel Belmadi a été interrogé sur les binationaux (Gouiri, Aouar, Adli etc). Le sélectionneur de l'Algérie met les choses au clair.

Par Hanif Ben Berkane
5 min.
Djamel Belmadi avec l'Algérie. @Maxppp

Après les terribles échecs à la CAN 2021 et à la qualification à la Coupe du monde, l'Algérie est en pleine transition. Et l'opinion publique réclame des changements au niveau des joueurs. Comme très souvent pour les pays africains, le cas épineux des binationaux est mis sur la table et encore plus en Algérie. Car depuis plusieurs semaines, les possibles sélections d'Houssem Aouar, Yacine Adli ou encore Amine Gouiri sont évoqués. Lors de sa conférence de presse après sa liste, le sélectionneur algérien Djamel Belmadi a été interrogé très longtemps sur le sujet des binationaux et sur certains joueurs bien précis. Comme à son habitude, le technicien algérien a été très franc et a tenu à expliquer concrètement les choses sur les absences de ces joueurs en sélection. Avec quelques pics dont il a le secret. Morceaux choisis.

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«Demandez aux joueurs directement, vous saurez s'ils ont envie de rejoindre cette équipe»

«Pour les joueurs que vous venez de citer (Gouiri, Aouar, Adli etc), s'ils veulent vraiment jouer pour l'équipe nationale, ils doivent d'abord faire des démarches administratives. Ça se fait conjointement entre le joueur et la fédération. Ils doivent signer des documents qu'on doit envoyer ensuite à la FIFA puis à la fédération en question, etc. Ce n'est pas si simple. Donc c'est impossible de les mettre sur une liste élargie si ce n'est passer pour des idiots ou des incompétents. Tu ne vas pas envoyer une liste élargie à un club alors que le joueur n'est même pas officiellement sélectionnable. Il y a beaucoup de rumeurs, de palabres depuis l'été. Nous, nous n'avons rien dit. Après, pour être sincère, il y a des choses qui évoluent avec certains joueurs et qui apparaîtront dans les dates FIFA à venir. Certains joueurs cités auraient pu être là pour cette trêve, mais ne le sont pas en raison des démarches ou d'autres points encore qui prennent un certain temps», a-t-il d'abord lancé.

Plus concrètement, Djamel Belmadi a été interrogé sur les cas de Yacine Adli et Houssem Aouar qui sont annoncés tout proches de la sélection par la presse algérienne. Il demande aux journalistes d'aller se renseigner directement auprès d'eux. «Si vous voulez être sur - et que vous êtes journaliste - pourquoi ne pas avoir une information du joueur en lui-même. Vous n'arrivez pas à les contacter eux-mêmes? Ça serait bien un jour que vous puissiez parler à Adli par exemple. Comme ça il vous dira ce qu'il en est. On connaîtra aussi sa position. Avoir Houssem Aouar aussi, ou même Gouiri ou Larouci. Parfois, vous jouez même sur le fait que peut-être le coach n'a pas été les voir. Allez les voir et parlez avec eux. Vous aurez alors deux infos. Sur ces joueurs de qualité et dont on est persuadés qu'ils auraient un impact comme les Feghouli, Mahrez, vous saurez s'ils ont été approchés ou plus qu'approchés par le sélectionneur, et vous saurez surtout s'ils ont envie de rejoindre cette équipe.»

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«Le papa de joueur adore dire partout à quel point il aime le pays, à quel point il est nationaliste, mais il change de discours quand son fils doit effectivement jouer pour nous»

Car la problématique des binationaux est toujours la même. Si le joueur refuse l'Algérie pour le moment, faut-il le condamner et faire une croix sur lui. Ou alors attendre qu'il change d'avis un jour pour apporter à la sélection. Belmadi a fait son choix. «Si leurs propres parents n'ont pas d'impact sur les joueurs, que va faire un sélectionneur ? Je tire mon chapeau à Vahid Halilhodzic, qui malheureusement n'ira pas en Coupe du monde alors qu'il le mérite, et qui a eu des affaires classées en 4 secondes avec Brahim Diaz par exemple. Il a dit clairement qu'il était aller le voir et que Diaz avait dit non. Affaire classée. Moi, ça fait 4 ans que je ne veux pas faire ça, car ce n'est pas dans mon intérêt. Ni le vôtre. Peut-être qu'aujourd'hui un joueur n'est pas prêt, mais qu'à 23 ans, il le sera et il vous donnera 10 ans d'équipe nationale. Ceux qui condamnent et mettent en difficulté, après le joueur aura tellement peur qu'il ne viendra plus. Moi je ne jouerai pas à ce jeu-là. Le plus important, c'est savoir si le coach est aussi déterminé que vous à avoir ces joueurs ? La réponse est oui, et même plus que vous», a-t-il expliqué.

Agacé après plusieurs questions sur l'absence de certains joueurs, Djamel Belmadi a tenu à expliquer pourquoi plusieurs binationaux n'étaient pas présents. Il explique aussi ce qui coince souvent avec ces joueurs-là à savoir l'entourage. «Depuis 4 ans, j'ai contacté ces joueurs et plus que contacté. Allez les trouver, tous les noms que vous citez, ils sont 5-6, et demandez-leur si quelqu'un les a contactés ! Je serai très attentif à la réponse des joueurs. Je les protège pour les voir arriver sous mon mandat ou sous celui d'un autre, mais s'ils mentent demain, eux ou leur entourage... Comme le papa qui joue sur les deux tableaux tiens. Les papas des joueurs, en général, adorent souvent dire partout à quel point il aime le pays, à quel point il est nationaliste, mais il change de discours quand son fils doit effectivement jouer pour nous. Tu vas le rencontrer et il ne te parle que de lui alors que tu viens pour parler de son fils. Quand un joueur me dit "non attends, parle à mon papa, ma maman, mon chien"... Je pourrais juste dire publiquement qu'il a dit non et c'est fini. Pour autant, je travaille sur le temps long. Mais je ne cherche pas à convaincre. Je présente le projet.» Voilà qui est clair. Mais le sélectionneur algérien a aussi annoncé qu'on pourrait bien voir de nouvelles têtes lors du prochain rassemblement.

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