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Comores, Younn Zahary : « Je ne baisse jamais les bras ! »

Actuellement sans club, Younn Zahary (24 ans) nous parle aujourd’hui de sa trajectoire peu commune, entre travail et ambition. Le jeune défenseur qui a écrit l’histoire de son pays, en représentant les Comores à la Coupe d’Afrique des Nations 2022, est aujourd’hui à la recherche d’un nouveau défi.

Par Léo Aschi
6 min.
Comores, Younn Zahary @Maxppp

Foot Mercato : comment en êtes-vous venu à jouer au football ?

Younn Zahary : j’ai toujours aimé le ballon, le football. J’ai commencé à jouer à la Saint-Pierre de Nantes, puis j’ai signé à Carquefou. J’y suis resté pendant trois ans et c’est au cours de cette période que ça a pris de l’ampleur pour moi. J’avais l’ambition de passer professionnel, mais j’ai vu la réalité, qui était que je n’étais pas dans un grand club. Je me suis donc recentré sur les études. J’ai ensuite eu un test à Angers, non concluant, avant d’en avoir un second au SM Caen, qui s’est concrétisé.

FM : vous avez donc effectué vos débuts professionnels avec le SM Caen. Qu’avez-vous ressenti au moment de faire vos premiers pas sur une pelouse de Ligue 1 ?

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YZ : que le travail paye ! On n’a pas beaucoup cru en moi au cours de ma formation et faire la connaissance de l’élite aussi rapidement m’a fait un choc émotionnel. C’est grâce à ma personnalité si j’en suis là aujourd’hui, à force d’efforts et de sacrifices.

FM : pour vos premières minutes, vous entrez en jeu à la fin d’une rencontre face à Strasbourg. Quelques semaines plus tard, vous connaissez votre première titularisation, à domicile, face au Paris Saint-Germain. Comment se prépare-t-on à ce type de rencontre en tant que jeune joueur ?

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YZ : quand Roland Courbis et Fabien Mercadal m’annoncent que je vais débuter face au PSG, ça me fait un choc, car je ne m’y attendais pas, du tout. J’ai essayé de me préparer au mieux. Ce n’est pas un match lambda de National 3 [où évoluait à l’époque la réserve du SM Caen, ndlr], mais j’ai tenu à faire ce que je savais faire. Au fil du match, j’ai pris de la confiance.

«je ne baisse jamais les bras, je travaillais toujours plus de mon côté, de sorte à correspondre à l’équipe»

FM : vous perdez cette rencontre sur le score de 2 buts à 1, à la faveur d’un doublé de Kylian Mbappé, sur lequel vous provoquez notamment un penalty. Comment avez-vous géré cet évènement dès votre premier match ?

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YZ : j’avais oublié cette mésaventure (rires). Ça a été dur pour moi, mais j’ai rapidement su me relever, notamment grâce au soutien de mes proches, de mes coachs, de mes coéquipiers. Ils m’ont dit que ce n’était pas quelque chose de grave, une erreur de jeunesse. Mais depuis, je n’ai plus provoqué ce type de penalty, on apprend de ses erreurs.

FM : comment Kylian Mbappé était-il déjà perçu ? Aviez-vous des instructions particulières pour défendre sur lui ?

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YZ : je me souviens qu’on m’avait dit qu’il était très rapide et qu’il allait évoluer en pointe contre nous. Ce n’était pas son poste de prédilection, mais il nous a causé pas mal de problèmes. On sait que ses talents sont la technique, la puissance et la vitesse, des points à propos desquels je peux témoigner.

FM : alors que vous étiez titulaire à 11 reprises lors des 12 dernières journées de la saison 2018/19, vous vivez une 1e partie de saison 2019 bien différente. Comment l’expliquer ?

YZ : je ne saurai pas vraiment l’expliquer. Je joue tous les matchs de préparation, mais les recrutements ont conduit les dirigeants à faire des choix. Ils ont pris Jonathan Rivierez et Anthony Weber pour renforcer la défense. J’ai un petit peu joué en coupe de la Ligue et suis devenu le troisième dans la hiérarchie. En parallèle, j’ai malheureusement subi une petite blessure aux ischios et j’ai été écarté des terrains. Je n’étais pas dans les projets du SM Caen.

FM : comment l’avez-vous appréhendé sur un plan purement mental ?

YZ : je ne baisse jamais les bras, je travaillais toujours plus de mon côté, de sorte à correspondre à l’équipe. Cela étant, j’ai fait le choix de partir pour le Pau FC et de rejoindre Bruno Irlès. Ça a été bénéfique, j’ai beaucoup joué et même si j’ai dû redescendre des échelons, j’ai pris du plaisir à jouer. C’est le plus important.

FM : vous avez connu les trois premiers échelons du football français. Quel est selon vous le championnat le plus difficile et la spécificité de chacun ?

YZ : pour moi, le plus difficile est la Ligue 1. Je pense cependant que ça dépend du goût du joueur, de son profil. À titre personnel, je mise plutôt sur l’aspect physique, défensif. Je suis hargneux. Le National est celui qui me correspond le mieux, car j’aime aussi toucher le ballon. Le fait d’avoir un parcours atypique m’a aidé, j’ai pu m’adapter aux différents niveaux.

FM : après 2 prêts à Pau, vous vous engagez à Chalet. Vous vous y imposez comme un titulaire en puissance et connaissez 21 titularisations en 25 matchs disputés. Quelles sont les raisons pour lesquelles vous n’avez pas continué à Chôlet ?

YZ : Chôlet souhaitait me conserver, mais j’étais pris entre deux feux, car j’ai eu des propositions à l’étranger. Le président et le coach m’ont fait part de leur envie d’avancer ensemble, mais j’avais besoin de réfléchir. Ils n’ont pas pu m’attendre indéfiniment, ce que je comprends parfaitement, ce qui a fait que j’en suis là aujourd’hui.

« émotionnellement, représenter mon pays signifie beaucoup pour moi »

FM : comment gère-t-on le fait de passer de la Ligue 1 au National ? Avez-vous pris ça pour un échec ? C’était un défi ?

YZ : je voulais relever le défi, tester autre chose. À Caen, il y a eu de nombreux changements et c’était un petit peu compliqué. À Pau, Bruno Irlès était en poste et m’avait bien parlé de son projet et de mon intégration à celui-ci. J’avais besoin de temps de jeu, c’était tout ce que je souhaitais.

FM : vous avez disputé, avec les Comores, le premier match de CAN de leur histoire. Pouvez-vous décrire ce que ça a représenté et que ce que ça représente, encore aujourd’hui, pour vous ?

YZ : tout d’abord une énorme fierté. Mes parents sont tous les deux comoriens et je me rappelle la première fois où l’ancien coach, Amir Abdou, me contacte. Il y avait un match amical organisé, en France, face à la Guinée-Bissau et j’ai sauté sur l’opportunité. Émotionnellement, représenter mon pays signifie beaucoup pour moi.

FM : on vous a vu évoluer axial gauche dans une défense à 5 et axial droite dans une défense à 4. Quel est votre poste de prédilection ?

YZ : c’est à droite que je me sens le mieux, mais je n’ai pas de problème à dépanner à gauche. À droite, je suis sur mon pied fort, je peux mieux m’exprimer sur les ressorties de balle, dans le jeu court comme long. À gauche, je peux m’adapter, j’utilise peut-être plus mon pied droit, mais ce n’est pas handicapant pour moi.

FM : comment parvenez-vous aujourd’hui à conserver une bonne condition physique ?

YZ : en ayant une bonne alimentation, un bon sommeil et de bons entraînements. Je sais que les entraînements individuels ne valent pas les entraînements collectifs, mais je travaille aussi dur. Il y a peu, j’ai fait une semaine avec le Stade Briochin et ai disputé un match amical avec eux. J’ai eu de bonnes sensations, mais je veux continuer à travailler et étudier les opportunités.

FM : vous êtes actuellement sans club et seulement âgé de 24 ans. Quels sont désormais vos plans d’avenir ? Quel championnat vous fait rêver ?

YZ : je cherche d’abord un projet, mes objectifs suivront. Je peux jouer en France comme à l’étranger et mon but est de ne pas disparaitre des radars des clubs. Je continue à garder espoir et confiance pour rapidement trouver un point de chute.

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