Naples : comment Sarri a révolutionné le jeu de Dries Mertens
Cette année, Naples crève l'écran en Italie. Dries Mertens, repositionné à la pointe de l'attaque, s'est régalé. Cela est dû, en grande partie, à son entraîneur Maurizio Sarri.
Cette saison, Naples a régalé notamment sur le plan offensif. Après la très grave blessure au genou d'Arkadiusz Milik avec la sélection nationale polonaise, tout le monde se demandait comment Maurizio Sarri allait réagir. Pourtant, le technicien italien a sorti Dries Mertens de son chapeau et l'a placé à la pointe de l'attaque du Napoli avec une telle réussite que le Belge a même terminé dans l'équipe type des joueurs du Big Five dressée par le CIES. En d'autres termes, si le club de Campanie a régalé le monde, c'est en partie grâce à son Diable Rouge. Voici comment tout a commencé.
« La blessure de Milik est bien évidemment l'élément déclencheur. Le remplaçant naturel était bien entendu Gabbiadini. Le problème est qu'il n'avait jamais vraiment convaincu depuis son arrivée de la Sampdoria en janvier 2015, en particulier en montrant des difficultés mentales à s'imposer dans un environnement aussi compliqué que celui de Naples. Et dès le lendemain, j'avais évoqué l'hypothèse Mertens en faux 9. Sarri avait aussi l'option de passer en 4-4-2 en utilisant Insigne ou Callejon. Mais c'était prendre le risque de rompre une idée de jeu bien en place. Mertens était la synthèse parfaite. La capacité de prendre la profondeur et d'aller finaliser tout comme celle de décrocher pour ouvrir des espaces sur les côtés à ses attaquants ou dans l'axe pour permettre à un milieu de "s'infiltrer". Il a l'intelligence de jeu, la technique et la vitesse pour tenir ce rôle. Quand je regarde le résultat, cela me rappelle souvent la Roma du 1er Spalletti avec Totti en faux 9 qui offrait caviar sur caviar à Perrotta qui se retrouvait en permanence devant le but », nous a confié Thierry Cros, le fondateur de Zone Mixte.
Seulement six titularisations en Serie A en 2015-2016
Pourtant, tout n'a pas été simple pour Mertens notamment lors de la saison 2015-2016 au cours de laquelle il n'a eu que six titularisations en championnat d'Italie. Les débuts entre Sarri et le Belge étaient compliqués, notamment par rapport à son positionnement et aussi à la concurrence qui faisait rage dans la formation transalpine. « Pour commencer, il ne faut pas oublier que lors de la saison 2015-2016, Mertens était en concurrence avec Insigne et c'est ce dernier qui était pratiquement toujours titulaire. Il y avait peut-être dans l'esprit de Sarri de travailler des options alternatives pour éviter ce "léger gâchis" », a commencé à développer Thierry Cros.
« L'été dernier, je me souviens avoir assisté à des entraînements de Naples lors du stage de préparation à Dimaro. Sarri avait déjà cette option en tête, car c'est systématiquement Mertens qui était appelé à se recentrer dans les ateliers offensifs. Et dans les oppositions sur terrain réduit, pareil, c'est lui qui était le plus axial, beaucoup plus que Callejon ou Insigne. Il y a finalement une évolution pas illogique avec son 4-3-1-2 qui l'avait fait connaître et a fait sa réputation à l'époque d'Empoli. Un joueur axial qui est le point cardinal de la manœuvre offensive. L'idée de jeu est quasi la même, ce sont juste les interprètes à disposition qui nécessitent des adaptations. Callejon et Insigne sont plus des attaquants latéraux de 4-3-3, donc Sarri a simplement optimisé les qualités individuelles pour en faire un collectif équilibré », abonde Thierry Cros.
Dries Mertens vers une prolongation
Mais finalement, les deux hommes semblent s'apprécier et entretiennent une relation quasi filiale, tout cela pour le bien du Napoli et la joie des médias qui peuvent se régaler du petit jeu entre les deux. « Mertens a déjà mis 31 buts cette saison (interview réalisée avant le match contre la Fiorentina, NDLR) ! Comme je le disais précédemment, Mertens n'était pas titulaire la saison passée. Et Sarri a particulièrement apprécié son état d'esprit. Ne pas faire de vague, être toujours prêt et performant à chaque fois qu'il rentrait. Sarri l'a remis en place deux ou trois fois, fin août il a déclaré en conférence de presse (avec le sourire) "inutile qu'il me regarde de travers, cela ne m'impressionne pas!", mais leurs relations sont bonnes. Ensuite, Sarri est globalement connu pour entretenir de bonnes relations avec ses joueurs. Je me souviens d'un épisode sympa en décembre dernier à Cagliari. Mertens avait à peine marqué un triplé et Sarri l'a fait sortir. Mertens a fait semblant d'être en colère, disant qu'il voulait marquer le 4e, et le tout s'est terminé en grand sourire et accolade entre les deux », poursuit le grand patron de Zone Mixte.
La question qui se pose désormais est celle de l'avenir. Que va-t-il advenir de Dries Mertens avec le retour d'Arkadiusz Milik ? D'autant que l'on parle aussi d'une arrivée de Kasper Dolberg (Ajax Amsterdam). « D'abord, Sarri n'est pas maître du jeu. Mertens est en fin de contrat en 2018 (Sky Sport Italia annonce un accord pour un prolongation jusqu'en 2020 avec une clause libératoire à 30 millions d'euros, ndlr). Et en plus, son épouse a émis quelques doutes sur l'envie de continuer à vivre à Naples ! Mais si l'aventure continue, et une annonce de la prolongation pourrait être imminente, Sarri sera s'il reste lui aussi, bien évidemment très heureux. Il aura plusieurs options tactiques dans chacune desquelles Mertens peut exceller. Mais il est évident que Mertens a pris une dimension telle que Sarri sait parfaitement qu'il sera désormais très compliqué de le renvoyer sur le banc », conclut Thierry Cros. Quoi qu'il en soit, même si l'aventure entre les deux parties pourrait se terminer dans un an, les souvenirs seront excellents et Dries Mertens pourra remercier, à jamais, Sarri de lui avoir fait prendre conscience de toutes ses qualités.
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