Liga

Almería nage en plein cauchemar !

Défait (1-2) sur la pelouse de Valence, à l’occasion de la 23e journée de Liga, Almería n’a toujours pas remporté la moindre rencontre dans cet exercice 2023-2024. Plus que jamais lanterne rouge et d’ores et déjà condamné à la relégation, le club andalou pourrait mettre battre des tristes records d’ici la fin de saison. Récit d’une dynamique infernale…

Par Josué Cassé
6 min.
Sergio Arribas sous les couleurs d'Almería. @Maxppp

Six points. Voilà le bilan comptable de l’UD Almería, lanterne rouge après 23 journées de Liga. Incapable de gagner la moindre rencontre depuis le début de la saison et une nouvelle fois impuissante sur la pelouse de Valence, le week-end dernier, la formation andalouse vient ainsi d’égaler un bien triste record : celui du Sporting Gijón, lors de l’exercice 1997-1998, jusqu’alors seul détenteur du plus grand nombre de matchs consécutifs sans victoire au cours du même exercice (23) et qui avait terminé l’année avec 13 points et seulement 2 victoires sur 38 matches. Ce lundi, à l’occasion de la réception de Bilbao, les hommes de Gaizka Garitano pourraient même devenir la pire équipe de l’histoire de la Liga. Un désastre absolu pour des Rojiblancos, aujourd’hui, relégués à onze points de Séville, premier non relégable, et d’ores et déjà condamnés, sauf incroyable miracle, à la relégation. Précisons, à ce titre, que dans l’histoire de la première division espagnole, personne n’a jamais été sauvé en n’affichant que six unités ou moins à ce stade de la compétition…

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0 victoire en 23 matches !

Dès lors, parier sur la survie d’Almería relève forcément de la folie, qui plus est à l’heure où aucune formation dans les cinq grands championnats ne présente des statistiques aussi affligeantes. Pour trouver pire, il faut s’exporter jusqu’en Bundesliga autrichienne, avec l’Austria Lustenau et ses 3 petits points après 17 journées… Un marasme notamment expliqué par une fragilité défensive abyssale. Avec 51 buts encaissés depuis le début de la saison, l’actuel lanterne rouge de Liga (6 nuls, 17 défaites) dispose du deuxième pire bilan défensif parmi les cinq grandes ligues, juste derrière Sheffield United et sa bagatelle de 59 réalisations concédées. Quatrième pire attaque du championnat, Almería semble finalement condamné à poursuivre sa chute libre. Un échec retentissant et plutôt surprenant au regard de l’engouement qui entourait le club l’été dernier…

Le classement de la Liga

# Équipe Pts J DIF G N D BP BC
17 Logo Vallecano Vallecano 38 38 -19 8 14 16 29 48
18 Logo Cadix Cadix 33 38 -29 6 15 17 26 55
19 Logo Almería Almería 21 38 -32 3 12 23 43 75
20 Logo Grenade Grenade 21 38 -41 4 9 25 38 79
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Amateur de plus-values, Turki Al-Sheikh, le propriétaire saoudien de l’écurie andalouse, avait ainsi été félicité pour sa gestion, notamment après le départ d’El Bilal Touré pour plus de 29M€ à l’Atalanta Bergame. Il faut dire qu’en près de cinq ans, Almería a presque quintuplé son budget, aujourd’hui estimé à 90 millions d’euros. Pour compenser ces départs, la direction des Rojiblancos n’avait, par ailleurs, pas hésité à mettre la main au portefeuille. Résultat ? 52 millions d’euros lâchés sur le dernier mercato estival, soit le deuxième club le plus dépensier de Liga derrière… le Real Madrid. De Luis Suárez, arrivé de l’OM contre 8M€, à César Montes, recruté pour 14M€, en passant par Ibrahima Koné (7,5M€), Dion Lopy (6,5M€), Sergio Arribas (6M€), Marc Pubill (5M€) ou encore Edgar González (4,5M€), Almería n’avait pas lésiné sur les moyens. Une folie des grandeurs qui n’avait cependant pas convaincu Joan Francesc Ferrer, plus connu sous le nom de Rubi, entraîneur de la montée en 2022, du maintien l’année dernière et finalement remplacé par Vicente Moreno.

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L’instabilité règne, le sort s’acharne !

Malheureusement pour l’ancien coach d’Al-Shabab en Arabie Saoudite, l’expérience aura été de courte durée. Licencié après 7 journées (cinq défaites et deux nuls), le technicien de 48 ans cédait finalement sa place à Gaizka Garitano en septembre dernier. Un changement qui n’aura pas eu l’effet escompté. Plongé dans un marasme aussi historique que profond, Almería tutoie désormais les sommets du ridicule. «Le club a voulu beaucoup recruter pour ne pas se sauver à la dernière journée comme l’année dernière, mais en faisant tellement de changements, la transition a été trop courte, et il n’a pas pu se former un vestiaire, un bloc. Les nouveaux n’ont pas réussi à s’adapter assez vite à l’équipe, il n’y a pas eu assez de temps de travail en présaison. Les joueurs sont arrivés au compte-gouttes, la majorité fin août, après le premier match. Le gardien Maximiliano a débuté contre le Real Madrid sans connaître sa défense», analysait, à ce titre, Paco Gregorio, journaliste au Diario de Almería.

Symbole d’une stratégie déficiente, l’arrivée du défenseur mexicain César Montes pour 14 millions d’euros. Successeur de Srđan Babić et Rodrigo Ely, vendus pour même pas la moitié de cette somme, l’ancien joueur de l’Espanyol prouve, week-end après week-end, à quel point les recruteurs se sont plantés… Plus que la qualité individuelle des éléments recrutés, c’est le manque de caractère et de personnalité qui interpellent, aujourd’hui, les différents observateurs du club. «Le principal leader de la saison passée était Ely, mais ils l’ont vendu», notait, en ce sens, Paco Gregorio alors que Gonzalo Melero, milieu de terrain de l’Unión, avouait lui une «peur de gagner». Une défaillance mentale notamment aperçue lors de la 8e journée où les Indálicos concédaient un match nul (3-3) plus que frustrant malgré une avance de trois buts à la pause (triplé de Luis Suárez). Renversé à plusieurs reprises dans le dernier quart d’heure (Grenade, Celta Vigo, Alavés), voire le temps additionnel (Real Sociedad, Las Palmas), Almería se retrouve, aujourd’hui, frappé par un traumatisme semblant insurmontable.

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Almería en passe de marquer (tristement) l’histoire

Empêtrés dans une situation cauchemardesque, les Andalous voient, par ailleurs, le sort s’acharner à tous les étages. Il faut ainsi rappeler que Garitano et son prédécesseur Moreno n’ont jamais pu réellement composer avec un effectif complet. Blessés, Luis Suárez, Koné, Pubill, Svidersky ou encore Milovanović ont ainsi été écartés des terrains pendant plusieurs semaines. «Quand vous jouez dans cette situation de bas de tableau, vous jouez plus nerveux et plus raide, les muscles le sentent», confiait, dans cette optique, le latéral gauche Álex Centelles, lui aussi passé par la case infirmerie après Las Palmas. Frappé, par ailleurs, par ce que les journalistes espagnols aiment appeler le virus FIFA, Almeria a également dû faire sans plusieurs de ses internationaux au cours des dernières semaines (Lopy, Montes, Baba, Mendes). Un effectif décimé qui n’a forcément pas aidé les Rojiblancos à relever la tête. Et le pire reste sans doute à venir… «Des rumeurs disent que la direction pourrait partir. Le propriétaire n’est jamais là, et le président est certain que le club ne va pas descendre. Le stade est en cours de rénovation, ils veulent construire une Ciudad Deportiva… Si les Saoudiens s’en vont, le projet va rester en l’air», affirmait, en ce sens, Nico Garcia, journaliste pour le quotidien AS.

Une chose est sûre, et en attendant d’en savoir plus sur le futur du club andalou, l’UD Almería vit un véritable enfer, rappelant forcément le cauchemar traversé par certaines écuries européennes ces dernières années. Ainsi, Derby County, avec 11 petits points glanés en 38 journées, avait réussi la prouesse d’être relégué… en mars lors de l’exercice 2007-2008. En Italie, le plus faible total de l’histoire est, à ce jour, détenu par Lecce et ses 11 unités (1993-1994) alors que le RC Lens s’était, de son côté, tristement distingué, en 1988-1989, en ne récoltant que 17 points. Personne n’a d’ailleurs fait pire depuis l’existence de la victoire à 3 points en L1. À 15 journées de la fin, plus grande monde ne croit alors en un dénouement heureux pour une formation, aujourd’hui, reléguée à 52 longueurs du Real Madrid, actuel leader. Désormais, le défi sera peut-être de sauver l’honneur en remportant - au moins - une rencontre et ainsi éviter de s’asseoir à la table des pires équipes de l’histoire du football sur une saison…

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