Euro 2020 : la Finlande jette un sacré coup de froid
Avec la Macédoine du Nord, la Finlande est une petite nouvelle de cet Euro 2020. Souvent loin de ses voisins que sont la Norvège, la Suède et la Russie en termes de football, les Hiboux Grands Ducs vivent l'une des périodes les plus belles de leur histoire sous la houlette de Markku Kanerva. Justement, heureux hasard, la bande de Tim Sparv affronte la Russie pour son second match dans la compétition et peut déjà se qualifier pour le prochain tour contre une nation rivale.
La fête a failli tourner en drame, mais la Finlande n'a pas à s'en vouloir. Samedi dernier, le "Pays du Père Noël" devenait la 34e nation à participer à un Championnat d'Europe des Nations (la Macédoine du Nord est devenue la 35e le lendemain) en affrontant le Danemark. Un match marqué par le malaise cardiaque de Christian Eriksen. Dans une rencontre vite devenue anecdotique vu que la santé du joueur de l'Inter Milan était prioritaire, la Finlande vivait une étonnante entrée en lice. Finalement, Christian Eriksen s'est retrouvé dans un état stable - et va mieux désormais - ce qui a permis une reprise de la rencontre à 20h30. Contre une équipe danoise sonnée et touchée émotionnellement, la Finlande a créé la sensation en s'imposant 1-0 grâce à Joël Pohjanpalo (59e). Un but qui n'a pas été fêté, tout comme cette victoire historique compte tenu du contexte. Pour autant, la Finlande peut être fière puisque c'est un travail de longue haleine qui est ainsi récompensé.
Markku Kanerva l'architecte
Pays où le hockey et les sports automobiles passent en premier plan, le football est toutefois en train de se faire une place. Certes, la Finlande a déjà eu des légendes comme Jari Litmanen et Sami Hyypiä, mais c'est bien la première fois que le pays atteignait la phase finale d'une compétition après 32 échecs en qualifications. Et cette participation, elle le doit en partie à un homme : Markku Kanerva. Âgé de 57 ans, celui-ci aime les premières fois. Quand il était joueur, il a participé à la première phase de poules de Ligue des Champions (nouvelle formule) d'un club finlandais avec le HJK Helsinki. À la tête des Espoirs finlandais entre 2004 et 2009, il a qualifié cette équipe pour la phase de poules en 2009 pour la première fois de son histoire. Enfin, il a qualifié les A pour l'Euro 2020 au terme d'un processus débuté en décembre 2016. Passé d'adjoint à sélectionneur, il a vite trouvé la formule avec un 4-4-2 modulable en 3-5-2 et les résultats sont solides avec 24 victoires (France, Suède, Hongrie, Islande et Maroc sur le tableau de chasse notamment), 7 nuls et 17 défaites en 48 matches.
S'appuyant notamment sur Jukka Raitala, Tim Sparv, Teemu Pukki et Joona Toivio avec qui il a pris part à l'Euro U21 en 2009, il a construit un groupe ce qui n'avait pas été fait par ses prédécesseurs. «C’est la partie amusante de ce succès actuel. La Finlande avait effectivement de meilleurs joueurs et une meilleure équipe sur le papier entre 2008 et 2017 par rapport celle actuelle. Il est difficile de dire ce qui manquait alors. C’est plus facile de dire ce qui est bon maintenant. L’équipe fonctionne comme une unité bien regroupée actuellement, chacun accomplit bien ses propres tâches. La Finlande défend mieux et a développé sa possession du ballon tout en éliminant les avantages de son adversaire. Il (Markku Kanerva, ndlr) a été en mesure de développer avec ses adjoints une bonne stratégie solide pour cette équipe et ils ont également réussi avec leurs tactiques de jeu. Ils ont été en mesure de désarmer leurs adversaires» nous avait expliqué Ari Virtanen journaliste pour Helsingin Sanomat au moment de la qualification finlandaise.
Un match pour l'histoire contre la Russie
Avec une équipe très solide avec 10 buts encaissés en 10 matches de qualification (4 en deux matches contre l'Italie et 2 lors du dernier match contre la Grèce où la Finlande était déjà qualifiée), la Finlande a construit son projet doucement, mais sûrement. «Les bonnes performances de cette équipe reposent sur la défense. Mais je devrais également souligner qu’ils ne se contentent pas de rester avec un bloc bas. La Finlande a pu développer un pressing intense. Et cette équipe défend dès le départ avec ses attaquants, Teemu Pukki et tous ses partenaires. Ils ont été en mesure de réduire au cours des deux dernières années le temps passé par l'adversaire dans le dernier tiers ou la surface de réparation» nous expliquait Ari Virtanen quant au projet de jeu des Hiboux Grands Ducs. Avec un beau développement du football local au cours des dernières années, la sélection est devenue source de fierté. C'est simple, contre le Danemark, ils étaient 2,3 millions de Finlandais à regarder le match à la télévision soit 41% de la population nationale.
🇫🇮 2,3 millions de Finlandais ont regardé le premier match de leur pays dans une compétition majeure de football face au Danemark !
— Nordisk Football (@NordiskFootball) June 13, 2021
Soit 41% de la population des 5,6 millions d'habitants au pays des mille lacs.
La Finlande devient de plus en plus un pays de football ⚽ https://t.co/4Av6jJjg7K
Une trajectoire qui rappelle très bien une autre formation nordique, l'Islande. Quarts de finaliste en 2016, les insulaires avaient impressionné en dominant l'Autriche et l'Angleterre tout en accrochant le Portugal et la Hongrie. Un parcours solide qui avait aussi conduit l'Islande à la Coupe du monde 2018 l'année suivante. Un parallèle qui se comprend même si Ari Virtanen estime que le jeu des deux équipes est la principale différence : «il y a des similitudes si vous regardez l'historique de carrière des joueurs. Mais la Finlande joue d'une manière légèrement différente. Le jeu n'est pas aussi direct que celui de l'Islande.» Si la qualification n'est pas encore acquise, l'épopée ne relève pas du fantasme puisqu'un point pourrait être nécessaire face à la Russie (16 juin) et la Belgique (21 juin). Justement, le match contre la Russie a tout d'un choc historique. Appartenant pendant 108 ans à l'Empire Russe avant d'obtenir son indépendance le 6 décembre 1917 suite à la fin de la domination des Romanov sur le pouvoir russe, la Finlande a toujours eu des tensions avec son voisin comme pendant la Seconde Guerre Mondiale avec la guerre d'Hiver ou durant la Guerre Froide. Bien loin de cet aspect politique, la Finlande veut faire de cette rencontre une fête et elle a 90 minutes pour continuer à créer l'exploit.
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