Serie A : l’Italie prépare aussi sa valse d’entraîneurs
L’été risque d’être bien mouvementé sur les bancs européens. Et l’Italie pourrait être le pays avec le plus de changements durant cette prochaine intersaison, au point de devenir à ce titre un véritable arbitre dans cet effet domino qui se prépare en Europe.
Depuis le début de l’année 2024, bon nombre de tacticiens traversent une tourmente médiatique. Entre ceux qui ont confirmé leur départ comme Jürgen Klopp à Liverpool et Xavi au FC Barcelone, et les autres actuellement sur un siège éjectable tels que Mauricio Pochettino à Chelsea et Erik ten Hag à Manchester United, la planète foot se prépare à vivre un véritable jeu de chaises musicales sur les bancs européens. A noter également tous les autres entraîneurs convoités par de grands clubs qui pourraient également plier bagages dans les mois à venir. On peut notamment penser à Mikel Arteta d’Arsenal, Roberto De Zerbi de Brighton mais aussi Xabi Alonso du Bayer Leverkusen. Et si le monde du Calcio est en proie à une crise multiple, à l’heure où de nombreuses réformes sont débattues, un ingrédient permet à l’Italie de conserver une partie de ses lettres de noblesse : sa formation d’entraîneurs et ses vagues successives de jeunes tacticiens révolutionnaires.
Ces dernières années, les tacticiens italiens s’exportent avec plus ou moins de succès, mais l’attractivité de ces profils transalpins n’est plus un problème en comparaison à certaines décennies précédentes, bien au contraire. Enzo Maresca à Leicester, Roberto De Zerbi à Brighton, Francesco Farioli à Nice, Fabio Grosso à Lyon, Gennaro Gattuso à Valence puis Marseille, et bien évidemment Carlo Ancelotti au Real Madrid et Antonio Conte à Tottenham. Si tout le monde ne rencontre pas la même réussite, la formation italienne est respectée et surtout demandée. Les offres déposées auprès de la Fédération italienne de football (FIGC) pour s’attacher les services de ces pépites tacticiennes explosent dans l’espoir de combler les lacunes tactico-techniques dont souffrent plusieurs championnats européens. Nul doute que l’école italienne risque de s’inviter dans cette valse d’entraîneurs cet été. Entre de grandes écuries italiennes en quête de sang neuf et des sirènes étrangères insistantes, l’Italie sera un protagoniste central de l’été.
Des jeunes pépites en fin de contrat
La Serie A va connaître une actualité mouvante durant l’été. En effet, des coachs, très demandés sur le marché des entraîneurs, arrivent en fin de contrat. L’ancien milieu parisien, Thiago Motta, est évidemment en tête de liste, alors que son bail prend bientôt fin avec Bologne. Il est difficile de lister toutes les grandes écuries qui se sont positionnées sur l’actuel entraîneur des Rossoblu ces derniers mois. Le Paris Saint-Germain y avait pensé l’été dernier avant de jeter son dévolu sur Luis Enrique. L’AS Roma l’a également sondé pour l’après-José Mourinho, tout comme le Napoli pour remplacer Luciano Spalletti. Actuellement, la Juventus et l’AC Milan y réfléchissent activement. A l’étranger, le FC Barcelone a listé son nom pour prendre la succession de Xavi. Ce sera assurément l’entraîneur italien le plus demandé durant la période estivale. Mais il est loin d’être le seul Italien qui fera vibrer le marché des coachs. Il faudra également surveiller de près l’avenir de Vincenzo Italiano qui réalise un formidable travail avec la Fiorentina. Son contrat prend fin en juin prochain et certains clubs risquent de relancer le natif de Karlsruhe. Le Napoli en avait même fait une priorité mais la direction de la Viola ne voudra pas se laisser faire, alors qu’Italiano est au centre du projet depuis trois ans. L’autre jeune tacticien qui monte en Italie n’est autre que Raffaele Palladino à Monza. Depuis sa prise de fonctions à la place de Giovanni Stroppa en septembre 2022, le projet du club lombard s’est rapidement développé, au point d’attirer les projecteurs. Alors que les Brianzoli entretiennent des liens étroits avec l’AC Milan, de par l’histoire commune avec le duo Galliani/Berlusconi, l’entraîneur italien, en fin de contrat en juin, fait partie des candidats pour remplacer Stefano Pioli en fin de saison.
Mais ce ne sont pas les seuls. Au rayon des entraîneurs moins connus que le trio précédent mais possédant néanmoins un potentiel non-négligeable, Ivan Juric n’est pas encore certain de prolonger au Torino. Bien que les négociations se poursuivent avec la direction turinoise, la fin de saison des Granata déterminera beaucoup l’avenir du natif de Split dans le Piémont. L’entraîneur croate l’a lui-même annoncé en conférence de presse : «Nous donnons tout, nous faisons un travail extraordinaire. Si je vais en Europe, je reste au Torino. Sinon, je partirai. Je voulais en parler pour mieux être compris. Il n’y a aucune volonté de créer de la déception. Le discours est : nous sommes proches d’un but important, nous devons tous nous unir pour réaliser quelque chose de fantastique», a-t-il affirmé. Du côté de Sassuolo, le jeune entraîneur italien, Alessio Dionisi, n’est pas réellement en fin de contrat puisque son bail avec les Neroverdi prendra fin en juin 2025 mais l’option sur cette dernière année pourrait ne pas être activée. Le projet du club d’Émilie-Romagne semble petit à petit s’essouffler après de belles campagnes aux abords des places européennes. Le natif de Abbadia San Salvatore se trouve dans une situation similaire à celle de Juric au Torino, mais avec une gravité plus importante puisque les Neroverdi pointent à la 15ème position du classement de Serie A. Au-delà du trio Motta-Italiano-Palladino qui pourrait rafler les gros lots, Ivan Juric et Alessio Dionisi sont également des noms qui pourraient bien poursuivre leur explosion sous des projecteurs plus dorés.
Les grands noms disponibles
Motta, Italiano, Palladino, Juric, Dionisi… En Italie, ces jeunes coachs précédemment évoqués dans cet article ont une philosophie résolument offensive et sont ainsi considérés comme des apôtres de «La Scuola Gasperini», du nom de l’entraîneur de l’Atalanta qui a considérablement influencé la génération actuelle de jeunes entraîneurs prometteurs. D’ailleurs, Gian Piero Gasperini est également en fin de contrat le 30 juin prochain. Plus expérimenté que ses élèves susmentionnés, l’entraîneur de 66 ans n’est pas assuré de prolonger son aventure avec la Dea, alors que plusieurs bras de fer ont eu lieu avec sa direction depuis l’été dernier, comme nous vous le révélions en exclusivité à Noël. Les négociations sont toujours en stand by et la direction bergamasque avait même déjà listé des premiers noms sur sa short list. Ces dernières années, Gian Piero Gasperini avait déjà attiré des sirènes glorieuses, notamment en Italie, avec la Juventus qui est souvent venue frapper à sa porte. Dans le même genre de CV, Maurizio Sarri est sur un siège éjectable à la Lazio, tout comme Stefano Pioli à l’AC Milan. Il est fort possible que ces deux noms expérimentés attirent de nouvelles directions européennes. Le nombre de grands clubs italiens qui s’activeront cet été pour un probable changement de staff technique est important : AC Milan, Naples mais peut-être aussi la Juventus selon les envies de la nouvelle direction turinoise vis-à-vis de Massimiliano Allegri, qui pourrait donc lui aussi être disponible s’il venait à se serrer la main avec la Vieille Dame.
Mais un autre aspect du marché italien sera également intéressant à observer. Puisqu’à l’heure actuelle, deux gros noms sont d’ores et déjà disponibles. Depuis son départ d’Angleterre, Antonio Conte prend le temps de se ressourcer auprès de ses proches en Italie mais n’est pas insensible aux appels de Serie A. Il a d’ailleurs rencontré à plusieurs reprises le président napolitain, Aurelio De Laurentiis. Mais souhaitant les pleins pouvoirs, l’entraîneur italien attend un grand club aux défis multiples. La presse italienne parle de l’AC Milan comme destination la plus probable pour Conte. La direction américaine des Rossoneri, portée par le conseiller Zlatan Ibrahimovic, ont fait de l’ancien coach de l’Inter et de la Juventus une priorité absolue pour prendre la succession de Stefano Pioli après cette saison. Dans les autres profils disponibles, Igor Tudor, qui a bien failli retrouver un banc à Naples, est toujours en attente d’un challenge. L’entraîneur croate possède une belle cote en Serie A et ne devrait pas avoir du mal à recevoir plusieurs coups de fil durant l’été. Et enfin, il existe plein d’autres petits noms attrayants qui pourraient aussi attirer des clubs curieux en quête d’un projet de jeu concret comme Paolo Zanetti qui avait montré de belles choses avec Venezia et Empoli, mais aussi Gabriele Cioffi ou encore Eusebio Di Francesco. Il faudra aussi surveiller la situation de Daniele De Rossi à l’AS Roma.