Laszlo Bölöni : «Monaco ? La plus grande désillusion de mon métier»

Les amateurs de ballon rond ont quitté Laszlo Bölöni en 2011 alors qu'il entraînait le RC Lens. Le Roumain officie désormais du côté du Qatar. A la tête d'Al-Khor depuis trois saisons, l'ancien coach de Monaco continue de vivre au quotidien sa passion pour le ballon rond. Foot Mercato revient sur son parcours.

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Al Khor László Bölöni @Maxppp

Cristiano Ronaldo lui doit beaucoup. Oui nous parlons bien de Laszlo Bölöni. Entraîneur du Sporting Portugal, le Roumain repère le joueur âgé de 16 ans et le lance avec le groupe professionnel en 2002. La suite on la connaît. Des succès avec Manchester United et le Real Madrid ou encore trois Ballon d'Or. De quoi rendre fier le technicien qui lui a mis le pied à l'étrier. Il faut dire que Bölöni connaît très bien le football. Milieu de terrain dans les années 70-80, il a été l'un des meilleurs joueurs roumains de sa génération. Un parcours dont les souvenirs les plus mémorables remontent à son passage au Steaua Bucarest. «L'un des meilleurs moments de ma carrière c'est quand on a gagné la Coupe des clubs Champions en 1986 en jouant face à Barcelone. Il y a eu aussi la victoire en Supercoupe d'Europe en 1987 face au Dynamo Kiev». Ses crampons raccrochés, Laszlo Bölöni s'est orienté vers une carrière d'entraîneur au début des années 90. Pourtant, il aurait pu en être tout autre. «J'étais joueur en France quand le changement de régime a eu lieu en Roumanie. J'ai souhaité ne pas y retourner tout de suite. Mais il fallait faire vivre ma famille. Plus jeune, j'ai fait des études pour devenir chirurgien-dentiste. En France, pour valider mon diplôme il fallait repasser des d'examens. Je n'ai pas eu le temps et l'énergie. Soit je devenais chauffeur de taxi, soit entraîneur de foot. J'ai préféré la deuxième option même si avant je disais que je ne voulais pas entraîner».

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Rennes, un bon souvenir

Une bonne inspiration de sa part. Depuis 23 ans, il tente de transmettre sa passion tout en faisant preuve de sérieux. «Je suis assez rigoureux. J'attends que les joueurs se sacrifient comme moi je le fais dans mon travail». Des méthodes qui ont porté leurs fruits puisqu'il a étoffé son palmarès.«J'ai gagné le championnat et la coupe au Portugal avec le Sporting. J'ai fait la même chose en Belgique avec le Standard de Liège. Ce sont des moments forts. C'est bien en tant qu'entraîneur de pouvoir vivre des moments comme ça. D'avoir la possibilité juste une fois de dire je suis champion, c'est une satisfaction». Parmi les bons souvenirs, le Roumain garde aussi en tête son passage au Stade Rennais. «J'ai passé des années très importantes à Nancy où on est monté deux fois en 1e Division. Malheureusement, on est aussi descendu. C'était un apprentissage très utile. J'ai été aussi entraîneur de la sélection roumaine. C'est avec beaucoup plus d'expérience que j'ai rejoint Rennes où j'ai passé trois années merveilleuses. Il y avait une stratégie, un plan, des collaborateurs extraordinaires. C'est l'un de mes meilleurs souvenirs». Tout n'a pas été rose non plus en Ligue 1. «La plus grande désillusion de mon métier c'est Monaco. J'y suis venu à un moment où c'était vraiment la ruine. Avant moi, c'était déjà la catastrophe. Après moi aussi ça l'a été. J'ai beaucoup culpabilisé du fait de ne pas avoir réussi à Monaco. Quand j'ai vu que l'Italien avant moi (Francesco Guidolin), que tous les autres qui sont passés après comme Guy Lacombe n'ont pas réussi, ça m'a confirmé dans l'idée que si dans un club le triangle président-directeur technique-entraîneur ne fonctionne pas, le club est condamné. C'était le cas de Monaco».

Challenge intéressant au Qatar

Passé par Nancy, Rennes, Monaco et Lens, Laszlo Bölöni ne serait pas contre revenir dans l'Hexagone dans le futur : «Bien sûr que j'aimerais entraîner en France. Dans notre métier, on fait ce qu'on peut pas ce qu'on veut. Je n'ai pas eu de contacts en France. Je suis ce qu'il se passe là-bas». Depuis 2012, l'entraîneur âgé de 62 ans officie à Al-Khor au Qatar. Outre le sportif, son choix a notamment été motivé par des raisons financières. «Il ne vaut pas se mentir. Venir entraîner au Qatar offre des avantages financiers». Qu'importe, l'expérience est intéressante pour le coach. «Ça se passe bien. On relève bien la tête. On est à notre niveau. Aujourd'hui, ça va. Mais on a vécu des moments difficiles. Notre objectif est d'être le mieux placé possible et de tout donner pour l'équipe». Actuellement, son équipe pointe à la 10e place en 1e Division. Un championnat qui a surpris l'ancien entraîneur de Lens. «C'est beaucoup plus difficile que l'on imagine vu de France. On travaille avec des joueurs différents. Ceux venant du Qatar ont beaucoup de lacunes. Par contre, ceux venant d'Afrique ou des pros ont un autre niveau. Donc pour trouver le bon équilibre, ce n'est pas évident. Le football qatari évolue beaucoup. Ils font beaucoup d'efforts. Ils cherchent à avoir un niveau digne de leurs ambitions. On n'a pas une culture du football au Qatar. Il y a 250 000 habitants. Les stades sont loin d'être remplis. On n'a pas autant de supporters comme dans les stades en Europe». Qu'importe, Bölöni vit sa passion avec la même conviction. Passé par la France, le Portugal, la Belgique, les Emirats, la Roumanie ou la Grèce, il ne ferme aucune porte même s'il caresse le doux rêve d'entraîner dans un championnat qu'il ne connaît pas encore. «Malheureusement, je ne pense pas que je puisse réaliser mon rêve qui est de pouvoir entraîner à n'importe quel niveau en Angleterre. J'aurais voulu entraîner en 1e ou 2e Division. Je pense que j'ai très peu de chances de réussir». Mais à 62 ans, Laszlo Bölöni a encore un peu de temps pour réaliser son rêve...

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