Girona : quand les méthodes du City Football Group cartonnent en Espagne
Girona cartonne en Liga cette saison, après un exercice 2022/2023 particulièrement prometteur. La coqueluche du City Football Group connaît ainsi un sort bien différent de l’ESTAC par exemple.
Quelle est l’équipe la plus plaisante de Liga cette saison ? Pour beaucoup, c’est Girona, qui avait déjà marqué les esprits la saison dernière, frôlant une qualification pour une compétition européenne. Cette saison, l’écurie entraînée par Michel - à ne pas confondre avec l’ancien de l’OM - brille encore, et pointe à la deuxième place du classement au moment où on écrit ces lignes, avec la possibilité de terminer la journée en tant que leader. Un sacré exploit pour une équipe promue la saison dernière, mais qui est tout sauf un feu de paille ou une équipe en surrégime temporairement. L’équipe est particulièrement bien rodée sur le plan collectif, et peut en plus compter sur des individualités performantes, à l’image de Savio, ailier gauche brésilien extrêmement prometteur de 19 ans seulement, mais aussi le meneur de jeu Aleix Garcia, déjà brillant l’an dernier, ou même Victor Tsygankov.
Une attaque de feu - 16 buts inscrits en 6 rencontres, soit une moyenne légèrement inférieure aux 3 buts par match - qui régale les suiveurs de la Liga. Mais surtout, ce qui est intéressant avec Girona, c’est ce qui se passe en coulisses. Il convient d’abord de signaler que dans le cas de Girona, et contrairement à Troyes ou au New York City FC, le City Group n’a "que" 47% des actions du club, le reste appartenant notamment au frère de Pep Guardiola, Pere. Ce dernier travaille main dans la main avec les Emiratis depuis un moment et préside le conseil d’administration du club. Le reste appartient à l’homme d’affaires bolivien Marcelo Claure, proche de David Beckham. La collaboration entre Girona et Manchester City date d’ailleurs d’avant l’entrée des Citizens dans l’actionnariat du club, en 2017. Effectivement, en 2015, Manchester City avait alors acheté Ruben Sobrino, attaquant de la Ponferradina, pour le prêter à l’écurie catalane. Même modus operandi pour Pablo Marí un an plus tard.
De belles ambitions
Contrairement à l’ESTAC, le City Football Group n’a pas l’intention de faire du club de Liga une simple équipe filiale ou satellite où transiteraient d’éventuelles pépites avant de rejoindre Manchester City ou d’être revendues. Certes, le CFG a par exemple fait une belle plus-value en vendant Taty Castellanos, prêté l’an dernier à Girona, à la Lazio pour 15 millions d’euros. L’ancienne star du New York City FC a ainsi profité de son passage en Liga pour se revaloriser, et le Group a pu faire une belle vente. Mais de façon globale, l’effectif reste très stable et la plupart des cadres sont conservés. Aleix Garcia, meilleur joueur de l’équipe, a ainsi récemment prolongé son contrat malgré des intérêts prononcés de clubs comme l’Atlético de Madrid. Cet été, le club a dépensé plus de 22 millions d’euros sur le mercato, ce qui est conséquent à l’échelle de la Liga, compte tenu des limitations qui existent en raison du fair-play financier local. Seuls six clubs ont dépensé plus d’argent que les Catalans cet été.
Classement live Liga
L’objectif reste de faire de Girona une place forte du foot en Espagne, et pas un simple club où placer des jeunes ou des indésirables, comme expliqué plus haut. Preuve en est, le CFG va mettre 25 millions d’euros sur la table pour construire de nouvelles infrastructures de pointe et une ciudad deportiva qui accueillera notamment le centre d’entraînement de l’équipe première et le centre de formation, à la manière de Valdebebas du côté de Madrid. Si le club tourne aussi bien, c’est aussi, en grande partie, parce que le CFG s’est appuyé sur des hommes de qualité qui gèrent le club au quotidien. L’ancien joueur du Barça Delfí Geli et le directeur sportif Quique Cárcel sont ainsi chargés de mener ce bateau et ce sont eux qui s’occupent par exemple du mercato. Le City Football Group peut éventuellement placer deux ou trois joueurs chaque été, à l’image de Savio ou de Yan Couto la saison dernière, mais c’est la directon en place qui s’occupe du gros du travail, travaillant main dans la main avec Michel pour identifier les besoins de l’équipe et apporter les pièces manquantes au système de l’ancien joueur du Rayo. Une alchimie parfaite qui risque bien de permettre à Girona et à ses fans de vivre de belles choses dans les années à venir…
Troyes flirte avec la relégation en National
Autant dire que la situation est bien plus réjouissante en Catalogne que dans l’Aube, puisque l’ESTAC pointe à la seizième place de la Ligue 2. Contrairement à la formation espagnole, Troyes appartient à 100% au City Football Group. Un premier point important à signaler, dans la mesure où à Girona, il y a plusieurs têtes pensantes qui peuvent éventuellement s’opposer au CFG, qui a une marge de manoeuvre totale à Troyes. Le club français manque ainsi d’un Pep Guardiola, homme qui connaît particulièrement bien le foot et fait en quelque sorte la liaison entre le CFG et les hommes de terrain à Girona. Force est de constater que les choix faits par City à Troyes ont été particulièrement mauvais, que ce soit en termes de mercato ou de choix de coachs. La grande différence, c’est aussi que l’ESTAC a connu de nombreuses divergences en interne, là où tout semble bien se passer à Girona. La saison dernière, le directeur sportif François Vitali n’était pas forcément sur la même longueur d’onde que le coach Patrick Kisnorbo ou que le directeur technique Erick Mombaerts. Cette saison encore, l’ESTAC est un bâteau qui navigue en eaux troubles.
« Les gens ne savent pas quelle est la stratégie de City, c’est le problème. Il y a une attente avec un budget conséquent (il est passé de 13 à 45 M€ en trois ans selon L’Equipe), des joueurs comme Rony Lopes, Mama Baldé, Wilson Odobert… Les gens attendaient un maintien facile », confiait l’emblématique Benjamin Nivet dans des propos rapportés par L’Equipe en fin de saison dernière. Les supporters troyens eux commencent clairement à s’agacer de ce manque de ligne directrice dans le projet, même s’il faut signaler que l’arrivée des Emiratis dans le capital du club a permis de le remettre à l’équilibre sur le plan financier. En cas de mauvais résultat face à l’ASSE ce week-end, Patrick Kisnorbo pourrait même être démis de ses fonctions… De la success story de Girona à l’échec industriel troyen, il y a bien plus qu’un pas…