UEFA Nations League

Le Portugal s’en prend violemment à Roberto Martinez

Qualifié pour le Final Four de la Ligue des Nations après son succès face au Danemark (0-1, 5-2), le Portugal peut toujours espérer remporter cette coupe pour la deuxième fois de son histoire. Mais son sélectionneur reste très critiqué.

Par Matthieu Margueritte
6 min.
Roberto Martinez avec le Portugal @Maxppp

Sur le papier, le Portugal a rempli sa mission. Battus 1-0 au Danemark en quart de finale aller de la Ligue des Nations, les partenaires de Cristiano Ronaldo ont réussi à renverser la vapeur en s’imposant 5 buts à 2 après prolongation devant leur public du stade José Alvalade, à Lisbonne. Qualifiée pour le Final Four, la Seleção das Quinas affrontera l’Allemagne, tombeuse de l’Italie et peut toujours espérer soulever un trophée qu’elle a remporté en 2019 (1ère édition du tournoi). Cependant, Roberto Martinez a toujours les oreilles qui sifflent. Et encore une fois, c’est la même rengaine. Nommé en 2023 après le départ de l’emblématique Fernando Santos, Martinez avait essuyé une grosse vague de critiques après l’élimination du Portugal par la France en quart de finale de l’Euro 2024.

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Nommé à la tête de la sélection lusitanienne en grande partie grâce à son parcours séduisant avec la génération dorée belge, l’Espagnol avait la mission de profiter des nombreux talents portugais en devenir pour en faire une équipe agréable à voir jouer. Mais depuis que Martinez a pris les rênes de la Seleção, c’est loin d’être le cas. Cloué au pilori après la bouillie proposée au Danemark, Martinez avait déjà fortement agacé certains observateurs bien avant ça. Lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce de sa liste le 14 mars dernier, l’Espagnol avait plus ou moins revendiqué la paternité du duo Vitinha-João Neves lorsqu’un journaliste lui demandait s’il comptait s’appuyer sur le duo très en forme au PSG pour briller face aux Scandinaves.

Martinez revendique la paternité du duo Vitinha-Neves… qu’il n’a presque jamais fait jouer ensemble

« J’ai déjà parlé de Vitinha. Pour moi, maintenant, c’est le meilleur milieu de terrain d’Europe. Mais le parcours en sélection, c’est le groupe. Ce que nous pouvons faire avec des joueurs différents, dans un contexte différent. (…) J’ai adoré les performances du PSG et des joueurs portugais. Mais il faut rappeler que le duo João Neves-Vitinha débute avec la Seleção et non au PSG. En juin 2024, on les a vu jouer ensemble au Stade José Alvalade et on a senti une alchimie spéciale entre les deux », déclarait l’Espagnol. En effet, il a tellement bien senti l’alchimie entre les deux milieux de terrain… qu’il ne les a jamais fait jouer ensemble durant l’Euro 2024. Neves n’est apparu qu’à deux reprises en Allemagne : une fois pour remplacer Vitinha (contre la Turquie, 2 minutes de jeu) et une deuxième fois face à la Géorgie (titulaire). Une rencontre que n’a pas jouée Vitinha. Vous l’aurez compris, la qualification pour le Final Four n’a pas calmé l’agacement général autour de cette Seleção pétrie de talents, mais incapable de proposer du beau jeu.

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Journaliste pour CNN Portugal et DAZN, Sofia Oliveira s’était d’ailleurs montrée très acerbe envers la fédération sur son compte X, entre les deux prestations de la bande de CR7. « Le sujet de l’équipe nationale va bien au-delà des performances médiocres qui se sont imposées à une génération qui était faite pour bien plus qu’un Championnat d’Europe gagné au petit bonheur la chance. Personne ne peut s’identifier à une Fédération qui fait passer le copinage avant la compétence, dont la principale exigence à l’égard d’un entraîneur est l’absence de colonne vertébrale, afin d’accepter les décisions des autres. Les stades se remplissent, les audiences des matches sont éblouissantes, mais l’équipe nationale d’aujourd’hui n’est rien d’autre que le punching-ball du peuple. » Et aujourd’hui, A Bola a publié un édito de Luis Mateus dans lequel le journal pense que Roberto Martinez ne sera pas l’homme qui permettra au Portugal de remporter une Coupe du Monde qui se refuse depuis toujours aux Lusitaniens. Car Martinez est accusé de faire de la politique et non son travail d’entraîneur.

Le Portugal déjà résigné avec Martinez

« Si ce n’est pas Fernando Santos, ce ne sera probablement pas l’Espagnol qui tirera le meilleur parti d’une équipe nationale pleine de talent. Il y a des signes avant-coureurs qui montrent que, malgré la qualification d’aujourd’hui, ils ne sont rien de plus que le punching-ball du peuple. (…) J’avais prévenu que Martínez avait un inconvénient. C’était un homme de consensus et non de rupture, ce qui n’était peut-être pas dans l’intérêt de l’équipe nationale (bien qu’il ait respecté celui de la fédération). À l’instar des vétérans belges, le sélectionneur a voulu plaire à tout le monde : c’est le cas du maintien aveugle de (Cristiano) Ronaldo ou de la résistance opposée aux joueurs en dehors du noyau dur. (…) Ce que Martínez a présenté au début était radical et pas toujours fonctionnel, malgré les résultats. Il n’a pas réussi à créer une dynamique. Un entraîneur doit capitaliser sur le travail des clubs, mais cela ne suffit pas. Et, deux ans après, avec une phase finale à venir, il ne peut plus se plaindre du temps d’entraînement. La recherche d’un consensus politique a freiné le collectif. Le jeu de position est statique, sans complémentarité entre les joueurs et sans mouvement sans le ballon. (…) Mettre Bernardo (Silva) dans les duels au lieu de donner du temps de jeu aux autres est un crime. Cacher (Diogo) Jota ou (Gonçalo) Ramos en est un autre. C’est une équipe de compromis, pas la meilleure possible ! La Ligue des Nations ne me dit pas grand-chose, mais les matchs contre le Danemark m’avertissent que le Portugal ne va pas bien et qu’il s’est égaré. La réponse disproportionnée de Martínez au journaliste le confirme. Je sais que je suis dur, mais si l’Espagnol n’est pas capable de faire de l’équipe nationale une équipe, il devrait peut-être écouter ses propres conseils et essayer un autre métier. »

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Autant de critiques au vitriol qui n’auront cependant pas d’effets sur l’avenir de Roberto Martinez. Record confirme que l’Espagnol ne court aucun risque auprès de la fédération portugaise (FPF). Et ce dernier avait déjà balayé d’un revers de la main les critiques à son égard après la défaite au Danemark. « J’ai commencé à entraîner en 2007. J’ai perdu mes cheveux et beaucoup de choses ont changé. Cela fait partie de ma position. Je suis là pour aider avec mon expérience, j’ai plus de 100 matches internationaux à mon actif. Je veux le meilleur pour les joueurs et pour le Portugal. J’ai beaucoup de pression, mais elle est interne. La performance contre le Danemark n’a pas été à la hauteur et je me mets une pression maximale. Nous sommes une équipe très soudée, très forte. Nous avons le soutien de tous les membres de la Fédération et nous devons maintenant utiliser nos supporters pour battre le Danemark. L’adversaire, c’est le Danemark, pas la pression extérieure. (…) Je vais être très honnête : je ne regarde rien, je ne lis rien. Mon travail consiste à préparer les joueurs et à évaluer le match en 72 heures. Les critiques en font partie. » Roberto Martinez assure ne pas vaciller, mais au Portugal, la gronde monte.

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