Coupe du Monde 2022, Maroc : une sélection des Lions de l'Atlas à la "sauce espagnole"
Pour le deuxième huitième de finale de son histoire, le Maroc affrontera l'Espagne ce mardi après-midi (16 heures), la deuxième confrontation entre les deux sélections en Coupe du Monde, avec une touche espagnole à retrouver chez les Lions de l'Atlas.
Seulement 15 petits kilomètres espacent ces Royaumes aux histoires communes depuis quelques siècles : l'Espagne et le Maroc, séparés par 15 petits kilomètres du détroit de Gibraltar, qui s'affronteront ce mardi après-midi pour une place en quarts de finale de la Coupe du Monde au Qatar (16 heures, match à suivre sur notre live commenté). Après le partage de points (jugé parfois polémique) lors du Mondial russe en 2018, Marocains et Espagnols se retrouvent pour la deuxième fois seulement en compétition officielle, la quatrième si l'on compte le barrage Europe/Afrique pour l'édition 1962, remporté à l'aller (1-0) et au retour (3-2) par les coéquipiers d'Alfredo Di Stefano, légende du Real Madrid, et l'international hongrois Ferenc Puskás, qui avait pu porter le maillot jaune et rouge à 4 reprises après 85 capes (et 84 buts) avec les Magyars magiques.
Un Maroc un peu Espagne...
Pour ce rendez-vous en terres qatariennes, le Maroc sera prêt à tout pour faire tomber un pays qui a longtemps été présent sur le territoire chérifien. Encore aujourd'hui, l'Espagne possède des plazas de soberanía (présides ou lieux de souveraineté) au nord du Maroc, avec Ceuta, Melilia et le Rocher de Badis. Ce duel sportif représente donc bien plus qu'un match de 90 minutes (ou plus) pour les supporters marocains, déjà heureux de disputer le deuxième huitième de finale de leur histoire après 1986, perdu contre la RFA de Lothar Matthaus (1-0) au Mexique. On peut ajouter à cela la forte communauté présente dans la péninsule ibérique, ainsi qu'une immigration grandissante dans le chemin inverse depuis la crise économique de 2008. Cette influence rouge et verte retrouvée au pays de Cervantes se fait également ressentir dans l'effectif de Walid Regragui, une équipe à la "sauce espagnole"...
Car oui, plusieurs joueurs brillant sous le maillot des Lions de l'Atlas connaissent, de très près ou de loin, l'Espagne et son championnat, la Liga. À commencer par l'un des cadres de cette sélection, Achraf Hakimi : né à Madrid, enfant de Getafe (dans la banlieue de la capitale) et pur produit du centre de formation du Real Madrid avant de s'envoler pour Dortmund, Milan et évoluer aujourd'hui sous les couleurs du Paris Saint-Germain. Dans un entretien accordé à Marca, le latéral droit a justifié son choix de carrière internationale, après quelques essais avec la Rojita : «j'ai vu que ce n'était pas le bon endroit pour moi, je ne me sentais pas chez moi. Ce n'était pas à cause de quelque chose en particulier, mais à cause de ce que je ressentais, parce que ce n'était pas ce que j'avais appris et vécu chez moi, à savoir la culture arabe, le fait d'être marocain. Je voulais être ici.»
... et bien Liga
Une décision confirmée par une différence culturelle, donc, qui a également été réitérée par plusieurs joueurs nés sur le sol espagnol, comme Munir El Kajoui, brillant face à la Belgique (victoire 2-0). Natif de Ceuta et passé par le club de Melilia, le portier de 33 ans s'était illustré sous le maillot de Malaga avant de découvrir la sélection marocaine grâce à Badou Zaki, devenant en peu de temps le titulaire indiscutable comme dernier rempart avant l'explosion de Yassine Bounou. Ce dernier est l'un des nombreux joueurs à avoir connu le football espagnol, cette fois en Liga avec l'Atlético de Madrid. Doublure de Jan Oblak, celui qui a rejoint les Colchoneros en provenance du Wydad AC n'avait pas réussi à jouer le moindre match de championnat, avant d'exploser à Gérone et confirmer les espoirs mis en lui à Séville.
Chez les Andalous, il est rejoint six mois plus tard par Youssef En-Nesyri, qui a su faire ses marques à Malaga (D2) et Leganés (D1) avant de connaître le haut niveau chez les Sevillistas, avec une belle saison 2020-2021 (24 buts TCC). Ajoutons aux Andalous les Jawad El Yamiq (Real Valladolid), Ez Abde (formé au Barça, prêté à Osasuna) mais aussi Sofiane Boufal, aujourd'hui à l'Angers SCO et passé par le Celta de Vigo il y a de cela trois saisons. Cette connaissance de la Liga peut accorder un petit avantage aux Lions de l'Atlas, qui joueront une équipe de Luis Enrique dominatrice dans le jeu (76% de possession en poules) mais très peu tranchante dans le dernier tiers, en témoigne sa défaite face à l'Espagne, durant laquelle on voyait une équipe faire tourner le ballon devant la surface sans trouver la faille dans un bloc japonais solidaire et solide.
Regragui fan du football espagnol
Il ne faut également pas oublier le sélectionneur Walid Regragui, passé par le Racing Santander durant sa carrière de joueur. Certes, il n'avait disputé que 26 rencontres en trois saisons, mais l'ex-arrière droit et ancien international marocain (45 capes) semble bien connaître la philosophie football de la Roja. D'abord par son expérience en Liga, mais aussi par son obsession pour l'analyse vidéo, qu'il réalise directement avec ses joueurs sur les terrains d'entraînement. Néanmoins, son style est un peu plus éloigné de ce qu'on peut avoir sur les terrains ibériques : en effet, c'est avant tout un entraîneur pragmatique, donnant plus d'importance au résultat qu'à la performance globale de son équipe, qui doit néanmoins tout donner en terme d'intensité, de maîtrise technique, mais aussi d'impact dans les duels pour déstabiliser l'adversaire.
En conférence de presse, le technicien de 47 ans est conscient de la place de l'Espagne dans le cœur de certains de ses éléments, espérant qu'ils seront à la hauteur pour créer une nouvelle mentalité pour le futur de la sélection : «on a des joueurs qui sont originaires d'Espagne, qui évoluent en Espagne, c'est un pays cher aux Marocains, on aime le football espagnol. Je suis fan de cette culture, même si je cherche à en développer une particulière pour le Maroc, nous devons avoir aussi la nôtre. Les Espagnols ont toujours le même style de jeu, mais ils arrivent toujours à poser de grands problèmes.» Celui que les supporters marocains surnomment «Rass l'Avocat» (tête d'avocat en arabe) ou Pep Regragui (en référence à Pep Guardiola) est donc attendu pour une rencontre pouvant offrir à l'histoire du football chérifien son premier quart de finale d'une Coupe du Monde, déjà ratée de peu il y a 36 ans de cela...
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