L'équipe de France n'a pas raté son entrée en lice dans cet Euro 2020 en s'imposant à Munich face à l'Allemagne (1-0) au terme d'une partie globalement maîtrisée collectivement. La différence s'est faite dans l'entrejeu, où les trois du milieu et plus particulièrement Paul Pogba ont brillé, contrairement au trio offensif Mbappé-Benzema-Griezmann, un poil décevant.
Le grand soir était arrivé ! Les champions du monde lançaient cet Euro face à un gros poisson : l'Allemagne. Pour ce choc du groupe de la mort, suite à la victoire du Portugal contre la Hongrie, Didier Deschamps sortait logiquement l'artillerie lourde. Il n'y avait qu'un doute, au milieu, et c'est finalement Rabiot qui accompagnait Kanté et Pogba. Le trio Griezmann-Mbappé-Benzema était sans surprise aligné. En face, du beau monde également, avec une ligne d'attaque Havertz-Gnabry-Muller notamment. Au final, les Bleus se sont imposés sur le score de 1-0.
La rencontre démarrait sur un rythme assez intense, avec un pressing constant des deux côtés qui provoquait beaucoup d'imprécisions techniques et de transmissions manquées. C'est Paul Pogba, de la tête sur un corner, qui signait la première situation chaude de la partie au quart d'heure de jeu. Dans la foulée, Mbappé tentait sa chance dans la surface, mais Neuer était sur la trajectoire (17e).
Hummels offre la victoire aux Bleus
Il n'allait pas falloir attendre bien longtemps pour fêter l'ouverture du score tricolore, œuvre de... Mats Hummels. Sur un centre en retrait de Lucas Hernandez, le malheureux défenseur allemand propulsait le ballon au fond des cages de Neuer en tentant de dégager (0-1, 20e). L'Allemagne tentait de réagir, via cette tête de Thomas Müller (22e) par exemple, mais les Bleus étaient plutôt sereins et bien dans la rencontre. Même si, sur leurs quelques offensives, les Germaniques restaient dangereux, à l'image de cette frappe dévissée d'İlkay Gündoğan, pourtant bien positionné dans la surface (39e). A la pause, on pouvait dire que les Bleus méritaient leur avantage d'un but.
Au retour des vestiaires, le rythme était rapidement endiablé, avec un poteau de Rabiot (52e), puis une tentative de Gnabry qui frôlait la barre de Lloris (54e). Des débats équilibrés, même si peu à peu, la Mannschaft commençait dangereusement à prendre le dessus dans le jeu. Kylian Mbappé pensait faire le break sur cette belle inspiration, mais il était finalement hors-jeu (66e). Le chrono défilait, et la France, portée par sa charnière solide et un bon Pogba au milieu, tenait le résultat. Peu à peu, les Allemands ont même commencé à baisser le rythme, et le score n'a pas bougé. Bonne entrée en matière pour les Bleus, tant au niveau du résultat qu'au niveau des sensations laissées sur la pelouse de l'Allianz Arena !
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L'homme du match : Pogba (7,5) : déjà étincelant contre la Bulgarie, le milieu de Manchester United a une nouvelle fois rendu une excellente copie, confirmant sa bonne forme du moment. Ses transmissions vers l'avant ont été d'une justesse redoutable, à l'image de celle décisive pour Hernandez sur le premier but des Bleus (20e), une réalisation dont il est d'ailleurs à l'origine et à l'avant dernière passe, mais aussi comme tant d'autres vers Mbappé dans l'intervalle ou encore vers Benzema par dessus la défense de la Mannschaft. Il n'était également pas loin d'ouvrir le score en première période sur un corner de Griezmann (16e). Défensivement, la Pioche a fait parler sa puissance physique, en se montrant très propre et dur sur l'homme pour imposer sa loi dans l'entrejeu. Il s'est encore servi de son aisance technique pour faire le spectacle et se sortir de certaines situations délicates par quelques gestes de grande classe. Sans son retour pour gêner Gündogan, l'Allemagne aurait aussi pu égaliser à la 38e minute. Une entrée en matière plus que réussie.
France
Lloris (6) : le capitaine des Bleus a vécu une première période très tranquille. Sa défense l'a extrêmement bien protégé et hormis une tête non cadrée de Müller dans la surface (22e), il n'a pas eu à s'employer. Le danger s'est rapproché de ses cages en seconde période mais il a bien fait le travail dans les airs (55e, 70e, 76e), sans trembler au moment de jaillir dans les pieds allemands (57e). Un match sans bavure pour le gardien de l'équipe de France.
Pavard (6) : dans son jardin, le défenseur du Bayern Munich a livré un match très sérieux. Il a été costaud d'un point de vue défensif, repoussant les centres de Gosens ou de Gnabry sur son côté droit, tout en récupérant quelques ballons et en étant impérial dans les airs. Offensivement, il a multiplié les courses vers l'avant pour proposer des solutions à ses partenaires et s'est fendu de quelques centres dangereux (15e).
Varane (7) : le patron de la défense du Real Madrid a régné en patron face à l'armada offensive de la Nationalmannschaft. Il s'est montré sans pitié dans le domaine aérien (11e, 51e, 90e+7), tout comme dans sa surface ou aux alentours (17e, 39e, 45e+1, 63e, 86e, 90e+3). En première période, il est tout de même coupable d'avoir laissé Müller, dont la tête a fui le cadre, trop seul (22e). Sans conséquence sur l'issue de cette partie, dont on retiendra plutôt sa grande solidité. L'équipe de France en aura bien besoin cet été.
Kimpembe (6,5) : un peu tendre en début de match, le titi parisien est ensuite très rapidement monté en puissance, faisant parler sa puissance physique dans les duels, notamment dans sa surface où il a bien fait le ménage, en témoigne cette intervention rugueuse devant Kimmich (29e). Il a réalisé plusieurs bonnes interventions dans la zone dangereuse (26e, 47e, 68e, 69e) pour rassurer ses coéquipiers, même sa petite absence sur cette frappe de Gnabry aurait pu couter cher aux Bleus (52e). Petit point négatif dans la relance, où il a parfois semblé un peu hésitant pour trouver ses milieux de terrain.
Hernández (5,5) : dans son antre de l'Allianz Arena, l'ancien Colchonero au sang chaud a fait ce qu'il a l'habitude de très bien faire : il a été autoritaire dans son jeu et dans ses interventions (5e, 62e). Il y avait un match dans le match qu'il a dominé de la tête et des épaules face à son coéquipier en club Kimmich, qui a semblé frustré dans cette partie, même s'il a légèrement baissé le pied en seconde période physiquement. Offensivement, il a fait preuve de bonne volonté, portant le ballon pour provoquer et amener de la percussion quand le jeu le demandait. Le premier but vient d'ailleurs de son centre fort, après un appel parfait au second poteau, en direction de Mbappé qu'Hummels ne peut que dégager dans ses propres filets (20e).
Pogba (7,5) : voir ci-dessus.
Kanté (6,5) : positionné en sentinelle devant la défense, NG a rappelé qu'il était essentiel à son équipe. Comme toujours, il a harcelé le porteur du ballon pour surprendre les Allemands et intercepter le cuir à plusieurs reprises, ne laissant que très rarement respirer son vis-à-vis (6e, 41e, 49e). Malgré sa petite taille, il ne s'est pas laissé intimider dans les airs, embêtant parfaitement ses adversaires. Il a aussi prouvé que sa capacité de projection pouvait faire mal et a pu compter sur les permutations à répétition avec Rabiot pour jouir d'une petite liberté offensive.
Rabiot (6,5) : le joueur de la Juventus a rendu une copie plus que correcte, avec un volume de jeu très impressionnant. Plusieurs bon retours défensifs sont à mettre à son crédit, assistant parfaitement son arrière-garde en étant très présent devant la défense (12e, 29e, 32e, 42e, 53e, 90e). Bien parti dans le dos de la défense côté gauche, il a choisi de ne pas remiser pour Griezmann dans la surface mais de tenter sa chance. Il a malheureusement trouvé le poteau extérieur de Neuer (52e). Il a multiplié les courses vers l'avant avec ses grands compas, pesant sur la défense adverse et s'infiltrant bien dans les espaces laissés par Mbappé côté gauche lorsqu'il repiquait dans l'axe. Remplacé par Dembélé (90e+5).
Griezmann (5) : le maître à jouer de l'équipe de France a manqué d'inspiration offensivement face à l'Allemagne. Mais le Blaugrana a, comme il a l'habitude de le faire, réalisé un travail défensif essentiel pour ses partenaires, n'hésitant pas à se jeter comme un mort de faim sur certains ballons, comme sur ce tacle devant un Allemand (14e) ou celui sur Ginter en seconde période (84e), en grattant avec malice de nombreux ballons, même aux alentours de la surface de Lloris. Techniquement très propre, il a apporté du calme, de la sérénité et de la justesse dans la conservation du ballon pour progresser sur la pelouse de l'Allianz Arena, sans toutefois se montrer dangereux, par ses décalages, ses déplacements ou ses frappes.
Benzema (4,5) : très attendu pour le premier match des Bleus dans cet Euro 2020, le buteur du Real Madrid n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent et a un peu déçu, comme le trio offensif tant attendu. Comme on pouvait s'y attendre, il n'a perdu que très peu de ballons, se contentant de jouer en remise pour orienter le jeu. Il n'a pas hésité à décrocher en sachant que les espaces seraient exploités par ses partenaires. Toujours aussi précieux pour conserver le ballon, il a beaucoup combiné avec Griezmann dans les petits espaces et Mbappé dans la profondeur. A noter qu'il a aussi réalisé un travail défensif important. Remplacé par Tolisso (89e).
Mbappé (5,5) : le génie français a réalisé une performance correcte. S'il n'a pas forcément été impérial dos au but, ce n'est pas sa qualité première et il s'est rattrapé dans les autres compartiments du jeu. Toujours menaçant sur son côté gauche, il a trouvé Neuer sur sa trajectoire pour sa première tentative (17e) et a été signalé hors-jeu après un superbe numéro (67e). Très précieux dans le schéma de jeu des Bleus, il a fait parler sa vitesse en contre, en provoquant constamment balle au pied sur son côté gauche. Sa superbe ouverture de l'extérieur vers Rabiot, qui avait bien pris l'espace mais qui a trouvé le poteau (52e), aurait pu être décisive. Mais globalement, il lui a manqué un brin de folie pour mettre les Bleus à l'abri, comme ses deux compères en attaque. D'un point de vue défensif, il faut préciser qu'il n'a pas rechigné à faire les efforts pour aider les siens et a soulagé les siens.
Allemagne
Neuer (5) : le gardien du Bayern Munich n’a rien eu à faire dans cette rencontre quasiment. Il a su être vigilant quand il le fallait notamment sur sa bonne parade sur une frappe de Mbappé (38e). Il n'a rien pu faire sur le CSC de Hummels (20e). Rien d’autre à signaler pour lui si ce n'est qu'il a été sauvé par son poteau sur une frappe de Rabiot (52e) puis par l’arbitre de touche sur les buts hors-jeu de Mbappé (67e) et Benzema (84e).
Ginter (4,5) : le latéral droit Borussia Mönchengladbach était aligné dans l’axe droit de la défense à trois allemande. Avec un Joshua Kimmich très offensif, il a dû, très souvent, occuper le poste de latéral droit. Il a eu du mal à gérer les mouvements et les appels de Kylian Mbappé et Lucas Hernandez. Remplacé par Emre Can (88e).
Hummels (5) : de retour en sélection, le défenseur du Borussia Dortmund a connu une soirée difficile. Face à la vitesse de Kylian Mbappé, Hummels a eu beaucoup de difficulté et c’est bien pour ça qu’il a limité au maximum les face-à-face avec lui. C’est lui qui inscrivait le malheureux but contre son camp sur un centre de Lucas Hernandez (20e). Son retour inespéré, après s’être fait manger à la course par Mbappé, est à souligner (77e). En réalité, mise à part son CSC, il a été plutôt solide.
Rüdiger (4,5) : le défenseur vainqueur de la C1 avait promis de jouer « sale » face aux Bleus. Il a tenu sa promesse et un peu trop parfois. À trop vouloir se focaliser sur le vice et sur des petites fautes (plusieurs tirages de maillot sur Benzema et un croc sur Pogba), il a oublié de défendre proprement. Il a commis quelques erreurs de placement même s’il a sans surprise répondu présent dans les duels. C'était ce que son sélectionneur lui demandait.
Kimmich (4) : son duel face à son partenaire du Bayern Munich était attendu et le mois que l’on puisse dire, c’est qu’il a été très intéressant. Le polyvalent joueur allemand a eu du mal à passer Lucas Hernandez et a été plusieurs fois coupable de fautes, étant même rapidement averti dans le match (7e). Il a aussi manqué de créativité offensive en se précipitant sur certains ballons. C’est assez rare pour être souligné.
Gündoğan (3,5) : le milieu de terrain allemand, qui sortait d’une très grosse saison avec Manchester City, était très attendu ce soir surtout pour animer l’animation offensive de l’Allemagne. Il a su se créer quelques occasions comme sur ces frappes qui fuyaient le cadre (33e, 53e), mais c’est trop peu. Il n’a pas réussi à faire des différences alors que son équipe en avait besoin pour revenir au score.
Kroos (4) : un match globalement moyen de la part de l'international allemand et c’est plutôt rare pour le souligner. Son entame de match a été plutôt bonne avec notamment quelques lignes cassées (3e, 18e). Mais il a souffert et son repli défensif n’a pas été très efficace. Dans l'impact, là où il n'est pas le meilleur, il a souffert face à N'Golo Kanté et Paul Pogba. Comme un air de déjà vu pour lui puisqu’il avait déjà souffert face au joueur de Chelsea en Ligue des champions.
Gosens (4,5) : comme son coéquipier de l’autre côté du terrain, Gosens a dû résister aux débordements et aux appels de Griezmann, Pogba ou Pavard tout en gardant suffisamment de jus pour essayer de faire monter le bloc quand son équipe avait le ballon. Et ce n’était pas simple. La fatigue accumulée au fil du match ne l’a pas aidé s’illustrer offensivement. Il s’est occupé à bien défendre. Il a été coupable d’un contact très violent sur Benjamin Pavard (58e).
Havertz (4,5) : le buteur de la dernière finale de Ligue des champions était aligné sur le couloir droit ce soir. Il n’a pas réussi à gêner une défense français très solide. Sa qualité de passe et son aisance technique lui ont, par contre, permis de trouver des partenaires bien placés et d’obtenir quelques fautes intéressantes à l’entrée de la surface des Bleus. Mais c’est tout. Remplacé par Sané (73e).
Müller (4) : c’était le leader de l’attaque allemande, mais Thomas Müller a alterné le bon et le moins bon ce soir. Il a comme toujours emmené le pressing de son équipe et s’est procuré quelques petites occasions notamment cette tête mal ajustée (22e). Ces remises ont été très intéressantes, mais on attendait plus de lui surtout en deuxième mi-temps quand son équipe a poussé pour revenir au score.
Gnabry (3,5) : pour cette rencontre, le joueur du Bayern Munich était aligné en pointe de l’attaque allemande sans doute pour profiter de sa vitesse et pour faire des appels en profondeur. Mais Gnabry a très peu été trouvé dans ce registre, il a dû se contenter de quelques déviations, mais il a souffert physiquement face à Varane et Kimpembe. Il ne passait pas loin d’égaliser sur sa seule occasion d’une belle frappe juste au-dessus du but de Lloris (53e). Remplacé par Werner (73e). L'attaquant de Chelsea ne s'est pas illustré.