Uruguay-France : les notes du match
La France est en demi-finale de la Coupe du Monde ! Les Bleus ont su déjouer le piège uruguayen en l'emportant 2-0 grâce à des buts de Varane et Griezmann.
Après avoir éliminé l’Argentine en huitième de finale, l’équipe de France affrontait ce vendredi à 16h un rival sud-américain de l’Albiceleste, l’Uruguay, dans un match qui s’annonçait très serré. Serré car la sélection dirigée par Oscar Tabarez s’est fait une spécialité, celle de défendre comme des morts de faim, à chaque minute de jeu, et tant pis pour le spectacle. C’est en sachant cela que les Bleus, de blanc vêtus, entamaient la rencontre, dans un schéma en 4-2-3-1 où Tolisso remplaçait Matuidi, suspendu, dans le couloir gauche. Côté uruguayen, Cavani n’était pas titulaire en raison de sa blessure au mollet. Le match allait être dur et heurté et c’était prouvé dès la 2e minute avec une semelle, aussi méchante qu’inutile, de Gimenez sur Giroud. Un peu endormie, la défense française se montrait nettement moins agressive lors des deux premières incursions uruguayennes dans notre surface, dont l’une s’achevait par une frappe non cadrée de Stuani (5e). La Celeste ne se privait pas de faire des fautes, assez nombreuses en début de rencontre, mettant énormément d’impact.
Sur un corner, Gimenez dominait la défense française pour lâcher une tête cadrée, qui obligeait Lloris à détourner du poing (13e). Mais la plus grosse occasion allait être française. Sur un bon centre de Pavard, au deuxième poteau, Giroud remettait de la tête pour Mbappé, étrangement seul. Le joueur du PSG se loupait dans son impulsion, trop précoce, et envoyait une tête molle bien au-dessus des buts de Muslera (15e). Face à un bloc regroupé, les Bleus cherchaient un maximum de largeur pour étirer la défense adverse, multipliant les changements d’aile. Pavard avait souvent l’occasion de centrer, Lucas aussi, mais cela ne se terminait malheureusement jamais par une frappe. Le match ressemblait donc à ce qui était prévu, ou craint, c’est selon. La Celeste ? Offensivement pas grand-chose, dans l’attente d’un bon coup à jouer (frappe molle de Vecino à la 36e). Heureusement, la libération allait venir pour les Français. Après un gros tacle de Bentancur sur Tolisso, les Bleus récupéraient un bon coup-franc, parfaitement botté par Griezmann. Varane surgissait au premier poteau pour couper la trajectoire et trompait Muslera (1-0, 40e) ! Il fallait désormais éviter la réciproque et pour cela, Lloris était présent. Sur un coup-franc tiré par Torreira, Caceres lâchait une superbe tête, magnifiquement détournée par le portier tricolore (44e), que Godin ne parvenait pas à rentrer dans le but.
Muslera offre le break aux Bleus
Au retour des vestiaires, les Bleus semblaient toujours bien dans la rencontre, concentrés et appliqués. Les coups francs obtenus étaient cependant un peu moins bien tirés, ne permettant pas de se créer d’occasions franches. Et les Uruguayens ? Menés au score, ils attendaient l’heure de jeu pour montrer un peu les crocs, avec quelques situations intéressantes dans le camp français à défaut d’actions réelles. Alors Tabarez jouait du coaching, avec les entrées de Gomez et Rodriguez, aux places de Stuani et Bentancur. Mais voilà, c’était peut-être déjà trop tard puisque Griezmann, décalé par Tolisso, devant l’angle gauche de la surface, armait une puissante frappe. Et patatras, Muslera se loupait sur la prise de balle (2-0, 61e) ! Une erreur terrible de la part du gardien de Galatasaray.
Les Bleus faisaient donc le break et pouvaient envisager la suite de la rencontre avec sérénité. Mais le match devenait électrique après un dribble de Mbappé qui déplaisait fortement aux Uruguayens. L’attaquant français récoltait un jaune, comme Rodriguez. Derrière, la tension retombait légèrement, tout comme le rythme de la rencontre, la faute aussi à des Uruguayens pas assez frais pour bousculer une solide équipe française. Les Bleus mettaient le pied sur le ballon, géraient le tempo et faisaient courir leurs adversaires dès que possible. Une fin de match quasiment idéale qui débouchait sur une qualification méritée pour la demi-finale. Les hommes de Deschamps ont livré un vrai match d’équipe et ont su déjouer le piège uruguayen. Il est plus que jamais permis de rêver.
L'homme du match : Raphaël Varane (8) : une erreur de relance (4e) qui a fait passer une sueur froide aux Bleus mais très sérieux par la suite. Toujours bien placé face aux attaquants de la Celeste, il a pris le dessus physiquement (19e, 49e). Propre dans ses relances, il a dégagé beaucoup de sérénité et n’a pas cherché à s’embêter sur les quelques ballons chauds. C’est aussi lui qui débloque la situation en ouvrant le score de la tête (40e). Une belle revanche par rapport à il y a quatre ans et le duel perdu face à Hummels.
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Uruguay :
Muslera (2) : pas grand-chose à faire en première période jusqu'au but de Varane où il ne peut pas intervenir, pris par la trajectoire du ballon. Quelques comportements un peu bizarres toutefois, à des moments où il n'y avait pas de danger dans la surface (centre de Mbappé en retrait, tentative de dribble sur Griezmann par exemple). Et puis le drame, avec une frappe de Griezmann qu'il n'a pas su repousser, le ballon filant dans le but...
Caceres (4,5) : c'est un guerrier, on le sait, mais un piètre relanceur. On l'a vu en première période, où il a envoyé des chandelles à plusieurs reprises. Par contre, il s'est bien projeté vers l'avant, récupérant une ou deux fautes. Surtout, il place une tête quasiment parfaite que Lloris a miraculeusement sortie. De la grinta et de l'envie, mais trop de déchet technique.
Gimenez (5) : le plus jeune des défenseurs centraux a livré un sacré duel dans les airs avec Giroud, qu'il a vite informé de sa présence en début de match avec une vilaine semelle... Il s'est parfois fait enrhumer balle au pied, mais il a tenu globalement le choc.
Godin (4,5) : un peu moins en vue que son partenaire, il a parfois souffert lorsque les Bleus privilégiaient le jeu rapide au sol aux abords de la surface. Bousculé, et c'est plus rare, dans les airs à quelques reprises. Il aurait pu mieux faire que son drôle de dégagement sur l'arrêt de Lloris qui lui retombe dans les pieds (44e).
Laxalt (4) : une première période où il a pris des courants d'air sur les accélérations de Mbappé. Il s'est accroché, mais il a eu du mal, se rendant coupable de fautes pour stopper l'attaquant français. Plus serein en seconde période, puisque Mbappé a délaissé le couloir pour se recentrer. Il a pu souffler, mais a manqué d'apport offensif.
Torreira (5) : beaucoup de travail pour le milieu défensif de la Sampdoria au petit gabarit. On l'a vu bien batailler et protéger l'axe au mieux, aidé par Vecino et Nandez. Très actif mais pas vraiment aidé par ses partenaires pour trouver des solutions dans le jeu court.
Vecino (3) : pas assez en vue en première période, où il a échoué à aider Laxalt face à Mbappé. Coupable de plusieurs fautes inutiles. Surtout, balle au pied, il n'a pas suffisamment su éclairer le jeu des siens, soit par précipitation, soit par imprécision. Étonnamment, il n'a pas été sorti par Tabarez, qui a préféré remplacer Bentancur. Vecino reste un mystère, tant il a donné l'impression de se cacher, notamment en seconde période.
Bentancur (4) : un début de match intéressant, avec des prises de balle saignantes sur lesquelles il montrait toute sa technique. Placé plus haut que ses compères de l'entrejeu, il a ensuite vu les ballons lui passer au-dessus de la tête. C'est lui qui fauche Tolisso sur le coup-franc qui amènera le but de Varane. Averti sur cette action. Remplacé à l'heure de jeu par Cristian Rodriguez, qui a tenté d'amener un esprit de révolte. Averti pour une faute sur Mbappé qui a créé une échauffourée, il a adressé un tir rasant pas si loin du but de Lloris (64e). Une entrée intéressante.
Nandez (5) : lui ne s'est pas caché. Avec son petit gabarit et sa détermination, on l'a vu aller au charbon, pour tacler et harceler le porteur du ballon. Beaucoup de courses, mais pas beaucoup de bons ballons à se mettre sous la dent. L'envie était là, dommage. Remplacé par Urretaviscaya (73e), peu en vue.
Stuani (4) : désigné pour remplacer Cavani, on l'a surtout vu mettre des coups en première période. De gros tampons, sur Lucas Hernandez, pour montrer toute son envie sûrement. Mais il a pêché techniquement sur les rares situations favorables pour la Celeste. Emprunté techniquement, on aura donc surtout retenu son engagement physique. Trop peu. Remplacé par Gomez (60e), qui n'a quasiment eu aucun ballon à se mettre sous la dent.
Suarez (3) : la grande déception de la rencontre côté uruguayen. En l'absence de Cavani, il avait encore plus de responsabilités et il ne les a pas assumées. Certes, il a pressé, par moments, la défense centrale française. Il a cherché des poux à Umtiti et Varane, tenté de faire dégoupiller Mbappé. Mais ce n'est pas le Suarez qu'il fallait à la Celeste. Car dans le jeu, on n'a strictement rien vu.
France :
Lloris (7) : le capitaine français a répondu présent aujourd’hui. Après une sortie importante dans les pieds de Stuani (14e), il effectue un arrêt monstrueux sur la tête de Caceres (44e) puis gêne Godin sur la fin de l’action. Encore concentré sur les quelques ballons qui se baladaient dans sa surface comme cette frappe non-loin du cadre de Rodriguez (64e). Il a plutôt bien géré ses relances au pied et à la main.
Pavard (7) : un premier quart d’heure hésitant car pris de vitesse par Laxalt sur deux situations. Endormi jusque-là, le joueur de Stuttgart s’est reconcentré. Défensivement, il a été propre. Une présence importante devant Stuani dans la surface (36e) et surtout il a réussi à verrouiller son couloir en seconde période. Devant aussi, le héros de l’Argentine a fait le boulot, apportant régulièrement le surnombre. Il a envoyé quelques bons centres (31e) comme pour la remise de Giroud (16e).
Varane (8) : plus d'infos ici.
Umtiti (5,5) : un peu incertain en début de rencontre (4e), il s’est remis dans le match par quelques interventions tranchantes sur Suarez (13e) même si ce dernier a multiplié les occasions pour le faire sortir de son match. Un placement qui a parfois posé questions sur certaines situations (36e), le Barcelonais s’est aussi compliqué la tâche dans sa surface (56e) et à 35 mètres de ses buts (65e). Sa fin de rencontre est plus sérieuse.
Hernandez (6,5) : à l’ouvrage dès le début de rencontre même si l’Uruguay bloquait bien son couloir. Très sérieux dans ses interventions et dans la conservation de balle, il ne s’est jamais précipité quitte à repasser par derrière. Un contrôle manqué qui lui a valu un avertissement derrière (33e). À l’inverse, il a aussi récupéré pas mal de coups francs (22e, 52e) et a montré de vraies qualités de contre-attaquant lorsque les espaces étaient disponibles.
Tolisso (6,5) : celui qui remplaçait un Matuidi suspendu a eu du mal à se placer. Sa première demi-heure est décevante, puisqu'il ne s’est pas assez illustré. Lui qui a tendance à se projeter n’a pas assez usé de ses qualités en jouant trop lentement. L’ancien Lyonnais a tout de même dégagé une belle énergie en ne refusant jamais de presser ses adversaires et en effectuant des efforts pour revenir. C’est aussi lui qui obtient le coup-franc victorieux de Varane (39e) et qui décale Griezmann sur le second but (61e). Il n’est pas loin de marquer à son tour (73e). Remplacé par Nzonzi (79e) qui a réussi à rendre une copie honnête sur ses rares ballons.
Kanté (8) : cet homme a un radar dans la tête… Incroyablement présent à la récupération, il a aimanté tous les ballons et a su ralentir le jeu adverse. Il a complètement coupé les transmissions entre le milieu et l’attaque uruguayenne dans l’axe, tout en bouchant les espaces dans les couloirs. Même avec le ballon, il a été bon en orientant le jeu français. Le joueur de Chelsea a été au four et au moulin, encore une fois. Il a même tenté en de rares occasions de percer les lignes balle au pied.
Pogba (7,5) : souvent pris pour cible, il a eu du mal à se mettre en évidence durant la première mi-temps. Il a commencé à hausser le rythme en jouant plus simplement et rapidement vers l’avant, malgré une frappe forcée (19e), sa technique s’est révélée précieuse lorsqu’il a pris le jeu à son compte (29e, 35e). Le second but français part notamment d’une belle chevauchée de sa part (61e). Sa présence sur coups de pied arrêtés a fait du bien dans les deux surfaces. Un gros match de sa part.
Mbappé (6) : des premières accélérations qui ont mis l’eau à la bouche (2e, 7e, 12e). Il a fait de Laxalt sa chose durant le premier quart d’heure avant de se calmer et de baisser un peu le pied. Le jeune attaquant manque une grosse occasion de la tête où son timing n’est pas bon (16e). Averti pour simulation (69e), il a continué sur certaines situations à faire usage de ses dribbles et de sa vitesse mais n’a pas toujours effectué les bons choix (31e, 72e, 76e). Remplacé par Dembélé (88e) qui a surtout défendu.
Giroud (6) : un match dans le combat mais un gros match. Souvent à la recherche de combinaisons dans les petits espaces, il a toujours essayé de jouer juste alors que le duo Godin-Gimenez était constamment sur son dos. Une remise intelligente pour Mbappé (16e) et quelques courses fantômes qui ont aspiré des défenseurs. Il a aussi fourni de gros efforts pour revenir défendre avec un pressing de tous les instants mais n’a pas eu une seule balle de but.
Griezmann (6,5) : il n’a pas hésité à revenir défendre (12e, 27e) et à mettre la pression devant, notamment sur Muslera (48e). Une grosse débauche d’énergie mais il a connu trop de déchet. Il faut dire qu’il a souvent eu la volonté de jouer le plus souvent en une touche. Sa mobilité entre les lignes a gêné la Celeste et il est même récompensé d’un but chanceux où Muslera commet une énorme faute de main (61e). C'est aussi lui qui trouve la tête de Varane sur le premier but. Remplacé parFekir (90e+3).