Ligue 1

Niko Kovac, un bon coup pour l’AS Monaco ?

C'est un véritable coup de tonnerre qui vient de s'abattre sur le Rocher. Démis de ses fonctions, Robert Moreno va laisser place à Niko Kovac. Libre depuis plusieurs mois et un départ assez compliqué du Bayern Munich, le coach croate va se montrer revanchard et tentera de relancer le club asémiste qui patine depuis deux ans. Nous allons identifier les qualités et les défauts de l'ancienne gloire du Hertha Berlin.

Par Aurélien Macedo
7 min.
@Maxppp

Un échec au Bayern Munich

Certes, avec un titre de Bundesliga et une Coupe d'Allemagne en un an et demi, il serait mal venu de considérer le passage de Niko Kovac au Bayern Munich comme un total échec. Le Croate qui est arrivé à l'été 2018 a su répondre aux objectifs lors de sa première saison, mais certains points font tache. Tout d'abord une élimination précoce dés les huitièmes de finale de la Ligue des Champions (une première pour le Rekordmeister depuis 2010-2011 et un revers contre l'Inter) face à Liverpool. De plus, il a connu de gros revers marquant comme l'an dernier contre le Borussia Mönchengladbach (3-0) et Liverpool (3-1) ou cette saison contre l'Eintracht Francfort (5-1). Surtout, la qualité du jeu des Bavarois a souvent fait défaut. Un style assez défensif qui n'était pas compatible avec la philosophie du Bayern Munich.

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C'est un gagnant

Depuis qu'il est coach numéro un, soit depuis 2013 et une expérience sur le banc de l'équipe U21 de la Croatie, Niko Kovac a eu des résultats très intéressants. Qualifiant la Croatie pour la Coupe du monde 2014 et réalisant un bon parcours pour les qualifications de l'Euro 2016, il a ensuite réussi à gagner la Coupe d'Allemagne avec l'Eintracht Francfort contre le Bayern Munich (3-1). Remportant la Supercoupe d'Allemagne contre les Adler (5-0), il a ensuite remporté la Bundesliga suite à un mano à mano avec le Borussia Dortmund. Enfin, il a gagné la Coupe d'Allemagne face au RB Leipzig (3-0). Avec déjà quatre trophées en poche, Niko Kovac n'est pas un novice.

Déjà une longue expérience

C'est effectivement la grosse divergence entre Niko Kovac et Robert Moreno. Le Croate a multiplié les expériences. Juste après sa retraite en tant que joueur, il est devenu coach des équipes jeunes du Red Bull Salzbourg. Pendant deux ans au sein du club autrichien, il a pu grandir avant de devenir l'assistant de Ricardo Moniz avec l'équipe première entre le 9 avril 2011 et le 24 juin 2012. Sélectionneur de la Croatie Espoirs en 2013, il a ensuite pris en main l'équipe première qu'il a emmenée à la Coupe du monde 2014. Coach de l'Eintracht Francfort pendant deux saisons et demie, il a ensuite pris en main le Bayern Munich.

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Un bébé de Red Bull

Terminant sa carrière de joueur et débutant sa carrière d'entraîneur au Red Bull Salzbourg, Niko Kovac a assimilé la philosophie de la formation autrichienne. C'est-à-dire un football fait de pressing haut et intense. C'est ce que voulait apporter Paul Mitchell du côté de l'AS Monaco. Nouveau directeur sportif de la formation asémiste, ce dernier qui était directeur technique de la Division football de Red Bull a donc facilement trouvé un terrain d'entente avec le Croate.

Il n'hésite pas à faire jouer les jeunes

Si cela n'a pas vraiment été le cas au Bayern Munich même si c'est lui qui a commencé à fixer Alphonso Davies en tant que latéral gauche, Niko Kovac a souvent fait confiance à de jeunes éléments. Il a ainsi lancé Lovre Kalinic, Marcelo Brozovic, Mario Pasalic, Matej Mitrovic, Tin Jevdaj, Marko Rog et Marko Pjaca avec la sélection croate. Avec l'Eintracht Francfort, il a mis en évidence Jesus Vallejo, Omar Mascarell, Ante Rebic, Marius Wolf, Danny Da Costa, Sébastien Haller et même Luka Jovic avant qu'Adolf Hütter poursuivre le travail l'année suivante amenant plusieurs de ces éléments en demi-finale de la Ligue Europa 2018/2019. Lorsqu'il était à Salzbourg, il a quand même participé dans la formation de plusieurs joueurs reconnus comme Stefan Lainer (Borussia Mönchengladbach), Martin Hinteregger (Eintracht Francfort), Stefan Ilsanker (Eintracht Francfort) ou encore André Ramalho (Red Bull Salzbourg). Si cet aspect formateur n'est pas le plus poussé et s'est un peu moins ressenti à Francfort, mais aussi au Bayern Munich, il semble néanmoins à même de mettre en lumière les jeunes pépites monégasques.

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Un polyglotte

Le Croate qui a vécu la majeure partie de sa vie en Allemagne et qui détient également la nationalité allemande est très à l'aise avec les langues étrangères. Cela peut paraître secondaire, mais en plus du Croate, il parle couramment allemand. Mieux, il parle un très bon français et se débrouille plutôt bien en Espagnol. Des compétences qui ne seront pas de trop dans un groupe comme celui de Monaco qui recense actuellement 19 nationalités.

Ça peut aller au clash

Grosse personnalité, Niko Kovac est souvent allé au clash avec ses joueurs. Lorsqu'il était sélectionneur de la Croatie, Luka Modric ne l'avait pas épargné après un match nul (0-0) contre l'Azerbaïdjan en septembre 2015 : «c'était l'opinion de l'entraîneur, mais je suis absolument sûr que chaque joueur présent sur le terrain a fait de son mieux. Tout le monde a le droit d'avoir son opinion. Notre jeu était pauvre et notre plan tactique s'est effondré, mais nous avons fait notre possible. Malheureusement, les choses n'ont pas bien tourné.» Il quittera les Vatreni dans les semaines qui ont suivi. Au Bayern Munich, c'était encore pire. Si ça ne passait pas en particulier avec Renato Sanches, c'est la majorité du groupe du Bayern Munich qui n'adhérait pas à ses méthodes et son jeu souvent jugé trop défensif. «Si ta femme t’envoie faire des courses avec une liste, tu sais exactement quoi faire. Mais si elle ne te donne pas de consignes claires, alors il y a des chances pour que tu restes face aux rayons et que le repas ne soit pas réussi» n'a pas manqué d'affirmer Thomas Müller après le départ de son coach. Quand on sait comment ça s'est passé entre le groupe asémiste avec Thierry Henry et Leonardo Jardim, ce n'est pas forcément rassurant.

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Une préparation tronquée

Ayant repris le chemin de l'entraînement le 22 juin dernier sous la houlette de Robert Moreno, l'AS Monaco a fait un long travail foncier avant de jouer vendredi dernier à 18h30 face au Cercle Bruges. Un match gagné 2-0 et plutôt satisfaisant dans le contenu. Cependant avec un nouveau coach, il va vite falloir que la greffe s'opère, car la reprise de la Ligue 1 n'est plus trop loin. Celle-ci aura lieu le week-end du 23 août avec la réception du Stade de Reims au Stade Louis II. Niko Kovac devra vite être opérationnel et rendre son équipe performante assez vite.

Un mercato qui n'a pas encore débuté

Mis sur pause jusqu'au 10 août, le mercato de l'AS Monaco n'a pas vraiment débuté. Le club asémiste peut compter sur les retours de Radoslaw Majecki (20 ans) et Strahinja Pavlovic (18 ans) qui ont ou vont faire respectivement leurs retours de prêt du Legia Varsovie et du Partizan Belgrade. Le club du Rocher a aussi mis à l'essai le portier russe Anton Mitryushkin (24 ans) libre après 4 saisons à Sion. Mais quoi qu'il arrive, il ne devrait pas jouer un rôle de titulaire. Le jeune ailier Anthony Musaba (19 ans) est aussi arrivé contre 2,5 millions d'euros du NEC Nijmegen, mais ne devrait pas jouer un rôle primordial. Dans le même temps, Kevin N'Doram (24 ans) est resté définitivement à Metz tandis que Benjamin Heinrichs (23 ans) a été prêté au RB Leipzig. Toujours sur le plan des départs, Seydou Sy (24 ans), Diego Benaglio (36 ans), Danijel Subasic (35 ans) et Moussa Sylla (20 ans) n'ont pas été prolongés. Prêtés, Islam Slimani (32 ans, Leicester), Tiemoué Bakayoko (25 ans, Chelsea) et Adrien Silva (31 ans, Leicester) sont repartis en Angleterre. Le mercato va donc être important et il va vite falloir s'affairer à renforcer les différentes lignes.

Pour résumer

Coach d'expérience et correspondant davantage au profil recherché par le directeur sportif Paul Mitchell afin de mener l'AS Monaco, Niko Kovac dispose de l'expérience et de la compétence pour ce rôle. Même si ça s'est moins fait ressentir sur les dernières années, il est capable de faire jouer de jeunes éléments et a su remporter des titres dans ses deux derniers clubs. Également polyglotte, il peut facilement s'incorporer dans le projet cosmopolite que prône l'AS Monaco depuis plus de cinq ans. En revanche des doutes subsistent et le coach croate devra les dissiper. Son caractère froid et rugueux peut rendre la transmission de son discours compliqué et il faudra pour cela éviter d'imiter les exemples récents de Thierry Henry et Leonardo Jardim sur le Rocher. De plus, le contexte de son arrivée et l'instabilité ambiante du club pourront perturber son intégration. À lui d'avoir les coudées franches pour rentre ce mariage réussi. Le potentiel est là, il faudra cependant s'affirmer et vite.

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