En Amérique du Sud, un nouveau projet pourrait révolutionner la Copa Libertadores !
Compétition mythique pour tous les fans du football sud-américain, la Copa Libertadores pourrait bientôt modifier sa formule afin de rebattre les cartes et accroître son attractivité. Mais le projet est loin d’être simple à mettre en place.
Créée sous le nom de la Coupe des Champions d’Amérique en 1960, la Copa Libertadores est considérée comme l’une des compétitions majeures du continent sud-américain. Souvent comparé à l’équivalent de la Ligue des Champions en Amérique du Sud, ce trophée est le graal absolu pour tous les clubs du continent. Néanmoins, depuis plusieurs années, la compétition tend à perdre de sa superbe à cause d’une ultra-domination des équipes brésiliennes. Sur les quatre dernières années, la Copa Libertadores a été remportée successivement par Flamengo (2019, 2022) et par Palmeiras (2020, 2021). Et les trois dernières finales ont été, de surcroît, des affiches exclusivement brésiliennes. Avec six équipes de Série A dans les 16 dernières en lice cette année, la logique brésilienne pourrait bien se poursuivre, surtout que le tirage au sort des phases finales a séparé quatre de ces six équipes brésiliennes encore en compétition. Seuls l’Atlético Mineiro et Palmeiras vont croiser le fer en 8e de finale.
Un cinquième triomphe brésilien consécutif en Copa Libertadores ne ferait que souligner une évidence criante : l’écart entre le football brésilien et le reste de l’Amérique du Sud est grand et ne cesse de croître. Cela amène à une question : le championnat brésilien peut-il être considéré comme la Premier League de son continent ? Tout comme les clubs anglais utilisent leur force financière supplémentaire pour recruter des talents des ligues qui les entourent, le Brésil pille les autres championnats sud-américains. Ce processus s’est certes produit tardivement, mais en tant que seul pays lusophone sur un continent dominé par la langue espagnole, le Brésil a vécu dans une sorte d’isolement culturel et footballistique. Ces dernières années, cependant, les grands clubs brésiliens sont beaucoup plus conscients de ce qui se passe dans leurs pays voisins et ont su amener des talents d’autres horizons.
Négociations avancées avec la CONCACAF
Afin de redynamiser la compétition, un grand projet est dans les tuyaux depuis plusieurs mois désormais, largement diffusé dans les presses américaines : l’idée d’une extension panaméricaine, ouvrant ainsi la voie aux franchises de MLS et aux clubs mexicains dans la Copa Libertadores. La CONMEBOL (Confédération sud-américaine de football) et la CONCACAF (Confédération de football de l’Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) ont annoncé en début d’année la signature d’un «accord de partenariat stratégique visant à renforcer et à développer le football dans les deux régions» : cela passera notamment par la création d’un nouveau tournoi sous la forme d’un Final Four, mettant en vedette les deux derniers finalistes de la Copa Libertadores et de la Ligue des Champions de la CONCACAF, qui devrait fêter sa première édition en 2024. Le transfert officialisé de Lionel Messi à l’Inter Miami donnera certainement un poids supplémentaire à ce grand projet. Un rapprochement attendu qui fait suite à l’organisation de la Copa America 2024 aux Etats-Unis avec dix nations de la CONCACAF en invités. Mais il reste encore plusieurs détails à régler pour pouvoir officiellement lancer une grande Copa Libertadores impliquant les clubs canadiens, mexicains et étasuniens. Si la politique instable de certains pays, tels que le Venezuela de Nicolás Maduro ou le Nicaragua de Daniel Ortega, certains liens culturels et sportifs deviennent tout de suite compliqués dans un continent où le football est érigé au rang d’art et de moteur social.
En additionnant la CONMBEOL et la CONCACAF, le nombre total de fédérations éligibles à la Copa Libertadores passerait de 10 à 51 nations membres, puisque la confédération nord-américaine est composée de 41 membres dont 35 affiliés également à la FIFA. De multiples paramètres logistiques sont aussi à considérer pour organiser une compétition vaste sur une superficie de plus de 42 millions km² avec une trentaine de pays aux fuseaux horaires différents, des calendriers de championnats régionaux et nationaux décalés et avec des stades pas toujours aux normes. En Argentine, River Plate a réagi en augmentant la taille de son stade - qui a désormais la plus grande capacité du continent. Boca Juniors a entamé son bras de fer pour construire une nouvelle Bombonera géante. Mais même avec ces investissements massifs, la puissance et la taille même de l’économie brésilienne font toute la différence et cette dernière semble être la seule du continent sud à pouvoir rivaliser avec la MLS et Liga MX. Il est en plus compliqué d’entrechoquer autant de pays à la culture footballistique différente : entre la vision très romantisée du football sud-américain et celle d’un football moderne placé sur le signe de la technologie et du marketing aux Etats-Unis et au Canada, le projet devient un véritable jeu d’équilibriste.
Une économie en croissance
La Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) a élaboré plusieurs plans détaillés pour une augmentation de 23% des paiements aux clubs dans toutes ses compétitions pour la saison actuelle 2023. Une économie qui risque donc de s’accroître encore plus afin de pérenniser la situation économique, en maximisant sur cette fameuse nouvelle formule en préparation avec la CONCACAF. La CONMEBOL a déclaré qu’elle distribuerait environ 301 millions de dollars (280,4 millions d’euros) cette année, soit une augmentation de plus de 57 millions de dollars par rapport à 2022. Son tournoi phare, la Copa Libertadores, verra jusqu’à 207,8 millions de dollars distribués, soit près de 37,8 millions de dollars de plus qu’en 2022. Avant de songer à une révolution sportive, la confédération s’est assurée de conforter plusieurs deals pour solidifier son marketing.
En plus de l’extension du partenariat avec la marque de bière néerlandaise Amstel, appartenant au groupe Heineken, la Conmebol a ajouté Coca-Cola à son portefeuille de sponsoring dans le cadre d’un accord de quatre ans couvrant diverses compétitions de clubs, dont la Copa Libertadores. L’accord de grande envergure s’étendra sur le cycle de parrainage 2023-2026 avec une activation s’étendant à la fois à la marque Coca-Cola elle-même et à sa boisson énergisante Powerade. Même cas de figure pour la société chinoise d’électronique TCL qui sera présente sur les patchs des maillots des arbitres, sur la signalisation LED des stades et sur le terrain jusqu’à l’édition 2026 de la compétition.
Le contrat de droits TV a aussi été largement renégocié à l’international : la Paramount Global a obtenu un large éventail de droits de diffusion pour la Copa Libertadores au Brésil et en Amérique du Sud au sens large pour la période allant de 2023 à 2026 aux côtés d’autres grosses chaînes comme ESPN et la Globo (chaîne brésilienne) qui se partagent les autres droits sur l’ensemble du continent. Les nouveaux accords permettront à la CONMEBOL de générer 1,14 milliard de dollars au total à partir de ses droits de compétition de clubs à travers le Brésil et les territoires hispanophones d’Amérique latine (LATAM), soit une augmentation de 350 millions de dollars par rapport au cycle précédent. Quant à beIN Sport, ils ont racheté les droits de diffusion sur le continent africain et au Moyen-Orient.
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