Côme : le navire dirigé par Cesc Fàbregas cherche encore son cap
Il y a six mois, le club de Como promettait monts et merveilles à ses tifosi avec un mercato de luxe, et des nouveaux actionnaires de marque. Mais aujourd’hui, la tendance s’est bien inversée et les inquiétudes planent en interne autour de la gestion des Lariani. Néanmoins, certains cadres de l’équipe maintiennent le projet à flot.
Alors que des milliers touristes profitaient des beaux paysages et du soleil éblouissant de la ville de Côme, la direction du club de football local n’a pas chômé durant les grandes vacances d’été. Avec la signature en grande pompe de Cesc Fàbregas, accueilli comme une rockstar dans la cité lombarde, ainsi que les arrivées de l’international chypriote Nicholas Ioannou et des joueurs confirmés de Serie A, comme Patrick Cutrone et Daniele Baselli, le groupe indonésien Djarum, propriétaire du club, avait mis les petits plats dans les grands. Le président Dennis Wise, ancien international anglais passé par Chelsea, promettait aussi une nouvelle page historique pour les Lariani. La légende française Thierry Henry a même accepté un poste d’actionnaire minoritaire, espérant développer l’aventure à Côme : «C’est un nouveau chapitre de ma vie. Dans le monde, on parle de cette ville uniquement pour sa beauté et son lac. C’est normal. Maintenant, c’est important qu’on en parle pour le football, il faut faire grandir ce club. Je tâcherai d’être ici le plus possible. Cela faisait longtemps que j’attendais un projet comme celui-là. Un club ambitieux, mais surtout avec les mêmes valeurs : pas seulement une équipe de football, mais une réalité qui aide la communauté locale», s’était alors réjoui «Titi» lors de l’officialisation de sa collaboration en août. Une collaboration pour le moment plus anecdotique qu’autre chose à ce jour.
«Concernant la compétition, nous avons eu un début de saison compliqué, notamment avec le départ de notre entraîneur pour des raisons de santé, mais depuis l’arrivée de Moreno (Longo), les choses s’améliorent petit à petit. Evidemment qu’il n’est pas évident de se battre pour le maintien et d’être dans une situation inconfortable depuis le début de saison au classement, mais je suis venu pour aider sur le long terme», nous avait expliqué Fàbregas dans un entretien exclusif pour Foot Mercato. Le départ précipité de l’entraîneur Giacomo Gattuso pour raisons de santé a compliqué la préparation des Lariani. Selon les informations de la Gazzetta dello Sport, Gattuso serait victime de stress important lié à des attentes de plus en plus élevées : natif de Côme, il souffrirait plus qu’il ne devrait des pressions d’un rôle au sein du club de sa ville, aiguisé par la barre rendue plus haute par les arrivées deluxes de Thierry Henry et de Cesc Fàbregas.
« Beaucoup de choses à développer et à réaliser ici »
Si la réalité a rattrapé le rêve pendant de longs mois, la navire va légèrement mieux à Côme avec dix points pris sur les cinq dernières rencontres jouées dont un succès impressionnant contre Ternana (0-3). En ce début du mois de janvier, les joueurs entraînés par Moreno Longo pointent encore à une inquiétante 15ème place au classement de Serie B. Le club qui se voyait dans l’élite italienne, flirte et scrute la zone rouge malgré de meilleures impressions collectives sur le terrain. Et même si ces améliorations acquises récemment ne demandent qu’à être confirmées, le club pourrait descendre en troisième division puisque les Lariani ne sont qu’à quatre points de la dernière place à 15 journées de la fin. Le buteur de l’équipe Patrick Cutrone n’a inscrit que 5 buts en 19 matchs, loin des standards attendus pour un joueur de son calibre. L’espoir reste néanmoins possible pour les Lombards puisqu’ils sont aussi qu’à six unités de la 6ème position. La bataille fait rage dans l’antichambre de la Botte et le président Wise s’est appuyé sur le mercato hivernal pour apporter les renforts nécessaires au maintien de l’équipe en Serie B. La signature de l’attaquant de l’OGC Nice, Lucas da Cunha a d’ores et déjà été officialisée, tout comme l’arrivée en prêt du gardien du Stade Rennais, Alfred Gomis, tandis que les dirigeants travaillent sur d’autres dossiers pour l’été prochain, notamment l’arrivée d’un défenseur central selon les mots du directeur général Carlalberto Ludi dans le journal local de La Provincia.
Quant à Cesc Fàbregas, si son passage à Côme ne se ressent pas tout de suite dans les statistiques individuelles ou le bilan collectif avec douze apparitions pour seulement 560 minutes jouées en cinq titularisations. Il n’a pas joué un match en entier depuis le 15 octobre, devant composer avec quelques pépins physiques mais l’impact du milieu espagnol se fait sentir dans les autres sphères du club. En plus d’être joueur, Fàbregas endosse plusieurs costumes, dont celui de l’actionnaire minoritaire, de visage marketing, de mentor auprès des académies. Une figure multitâche pour mener à bien le grand projet de la direction de Côme : «Le projet du Como Calcio est très intéressant, car il y a beaucoup de choses à développer et à réaliser ici et c’est précisément pour cette raison que j’ai décidé d’entrer dans l’actionnariat de ce club. Je reste avant tout un joueur, mais je m’investis beaucoup auprès des jeunes, notamment de l’équipe réserve, et je prends beaucoup de plaisir dans ce domaine également. De nombreuses choses sont en train de se mettre en place pour améliorer le club à tous les niveaux. Il y a un projet de nouveau stade, mais un également un nouveau centre d’entraînement qui vient d’être livré. L’un des objectifs est de se doter d’infrastructures qui nous permettront de revenir en Serie A, si possible d’ici trois ans, mais aussi d’y rester», avait précisé Fàbregas à nos micros.
En parlant de grandes échéances, la construction d’un nouveau stade ne fait pas non plus l’unanimité et reste pour le moment en suspens. Le club et la ville préfèrent réaménager l’actuel enceinte de l’équipe - remis aux normes avec un élargissement à 6 500 places : le stade Comunale Giuseppe Sinigaglia est lieu historique de la ville à travers son architecture particulière et sa position très fréquentée. Le maire Alessandro Rapinese continue de s’entretenir avec Como Calcio pour prendre la meilleure décision possible quant au futur stade si le club venait à se développer sportivement : «Je crois que la valeur ajoutée de Sinigaglia est l’endroit où il se trouve et je pense qu’il est dans l’intérêt des habitants de Côme que le stade reste là où il est. Mais dans une nouvelle Sinigaglia, je ne vois pas seulement 19 matches de championnat par an, j’aimerais en fait qu’elle accueille des événements importants, même cinq fois par mois. Je regarde le nouveau Sinigaglia comme un lieu dédié au divertissement, de janvier à décembre», a-t-il déclaré en novembre. Un nouveau stade en dehors des limites de la ville signifierait la perte d’une autre attraction majeure. Cependant, le maire est plutôt prudent sur ce point et préfère dire que l«'administration municipale travaille en collaboration avec le club». Des propos prononcés sans doute pour ne pas exclure d’autres hypothèses et ne pas créer de tensions supplémentaires sur une question déjà très délicate.
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