Exclu FM Bundesliga

Oumar Solet : «je ne suis plus le jeune joueur que j’étais à l’OL»

À 23 ans, Oumar Solet s’est fait un nom en Autriche. Là-bas, le défenseur français enchaîne les bonnes prestations sous le maillot de Salzbourg. Ce qui n’a pas échappé à de nombreux clubs, séduits par son profil et son potentiel. De quoi faire réfléchir l’ancien joueur de l’Olympique Lyonnais, qui sent qu’il a besoin de passer une nouvelle étape dans sa jeune carrière. Pour Foot Mercato, le natif de Melun évoque ses ambitions, ses envies, son passage chez les Gones mais aussi son avenir international. Entretien.

Par Dahbia Hattabi
14 min.
Oumar Solet @Maxppp

Foot Mercato : on vous a quitté à Lyon il y a quelques saisons. Que s’est-il passé pour vous depuis ?

La suite après cette publicité

Oumar Solet : j’ai été transféré au Red Bull Salzbourg car j’étais dans une situation difficile. Je revenais de ma blessure des ligaments croisés. Il fallait à tout prix que je joue, que j’ai du temps de jeu, que je découvre le haut niveau. C’est ce que je suis allé chercher à Salzbourg. Je sais que c’est un club qui a la faculté de faire éclore de très bons jeunes joueurs et qui joue de très bonnes compétitions européennes. Tout ça m’a tout de suite donné l’envie de venir ici. En revenant de blessure, c’était vraiment mon choix prioritaire. Je suis venu chercher du temps de jeu. Je voulais aussi jouer la Ligue des champions et me faire remarquer un peu plus.

FM : on a l’impression que vous vous sentez très bien en Autriche, que ce soit sur le terrain comme en dehors.

La suite après cette publicité

O.S : je me sens bien ici. C’est une ville très calme, apaisante. Il fait un peu froid ici, on est proche des montagnes. C’est un endroit apaisant où on peut bien travailler et se concentrer sur le football. C’est un club qui a l’habitude de promouvoir de jeunes joueurs. J’ai envie de faire partie de ces joueurs qui passent par Salzbourg et qui atterrissent dans de très grands clubs européens.

FM : on sent que vous avez passé un cap à Salzbourg, que vous n’êtes plus le Oumar Solet que nous avons connu à Lyon.

La suite après cette publicité

O.S : c’est ma quatrième saison ici. C’est sûr que j’ai grandi, que j’ai pris en maturité. J’ai 23 ans aujourd’hui, je vais sur mes 24 ans. C’est certain que j’ai changé. Je ne suis plus le jeune joueur que j’étais à l’Olympique Lyonnais. Je suis encore jeune mais je trouve que je suis assidu, que j’ai amélioré certaines choses. Je veux continuer et surtout ne pas relâcher mes efforts. Je fais tout ça car demain j’aspire à jouer dans les plus grandes équipes d’Europe. Il faut passer par tout ce travail et ces changements pour y arriver. Ce sont des petits détails, mais ce sont les petits détails qui font la différence.

FM : vous venez de dire que vous avez «amélioré certaines choses». Qu’avez-vous amélioré selon vous ?

La suite après cette publicité

O.S : déjà, je trouve que je suis un peu plus mature et un peu plus travailleur. Je pense que ce sont plus les détails autour de moi sur lesquels je dois porter mon attention et qui peuvent me rendre meilleur. Sur le terrain, j’ai progressé en ce qui concerne les duels aériens. Ce n’était pas mon point fort à Lyon. Aujourd’hui, j’essaye de travailler et de progresser là-dessus. À Lyon, il est vrai que je ne jouais pas, je n’enchaînais pas les matches. Je n’avais pas encore cette vision des choses. Aujourd’hui, quand j’enchaîne les rencontres, que ce soit en championnat ou en Ligue des champions, je me dois de travailler un peu plus. Il faut faire attention à ce qu’on mange, à la récupération pour être à 100% à tous les matches. Et ça, j’y fais plus attention. J’ai donc progressé même si j’ai eu quelques petites blessures de temps en temps. J’arrive toujours à faire mes 35 matches par an en moyenne.

FM : entre nous, vous attendiez vous à rester aussi longtemps à Salzbourg ?

O.S : c’est vrai que je ne m’attendais pas à rester aussi longtemps ici. J’aime Salzbourg. C’est un bon club, un grand club en Autriche. Il met en avant de nombreux jeunes talents. Mais ça fait partie de la vie. Si mon destin est ainsi, c’est que je devais rester quatre années ici. Je suis fier d’avoir fait toutes ces années à Salzbourg. Même si je suis encore ici, je continue ma progression. Comme tous les joueurs, j’aspire un jour à rejoindre les plus grandes écuries d’Europe. Malgré tout le respect que j’ai pour Salzbourg, un jour il faudra bien que je passe un cap. J’espère que ça va arriver et je vais tout mettre en œuvre pour que ça marche.

Solet a passé un cap à Salzbourg

FM : en quatre ans, vous avez eu le temps de connaître parfaitement le championnat autrichien. Que pouvez-vous nous en dire ?

O.S : quand je suis arrivé, le championnat autrichien me paraissait très moyen. On ne va pas se le cacher. Ici, ce qui fait notre force c’est qu’on joue la Ligue des champions. On a beaucoup de jeunes joueurs. Si on parle vraiment du championnat, il n’est pas à la hauteur du niveau de notre équipe. Mais il s’améliore nettement d’année en année. Quand je suis arrivé, je trouve que c’était très moyen. Là, il est plus relevé. Il y a trois ou quatre équipes qui sont d’un bon niveau. Les matches sont très serrés. Elles jouent des compétitions européennes. Il y LASK, Sturm Graz et le Rapid de Vienne qui jouent l’Europa League et la Ligue Europa Conférence. C’est un championnat avec des niveaux disparates. Mais il s’améliore d’année en année. Nous sommes actuellement premiers mais à égalité de points avec Sturm Graz. L’année dernière, ils nous ont collé jusqu’à la fin. Donc ça me confirme que la ligue a progressé. A mon arrivée, on était loin devant tout le monde. Là, ça se resserre.

FM : quels sont vos objectifs cette saison ?

O.S : c’est très simple, ici on a pour objectif de remporter le championnat et la coupe d’Autriche. C’est le cas chaque année. Généralement, on fait le doublé. L’année dernière, on n’a pas rempli notre objectif puisqu’on a perdu en coupe. On s’est fait éliminer en 1/4 de finale aux pénaltys. On veut aussi aller le plus loin possible en Ligue des champions. On sait qu’on n’est pas favoris, mais on a le potentiel pour faire certaines choses. On l’a déjà fait par le passé en atteignant les 1/8èmes de finale face au Bayern Munich. Ce n’était pas facile mais on a fait une bonne campagne. Donc on a les mêmes objectifs cette saison, à savoir réaliser le doublé et faire de bonnes choses en Ligue des champions (…) Ce que je peux vous dire, c’est que lorsque je joue en Ligue des champions, je suis le plus heureux. J’espère que ça va continuer ainsi. Je vais faire mon maximum pour. C’est vraiment quelque chose d’incroyable de pouvoir jouer cette compétition.

FM : justement, en Ligue des champions vous avez affronté notamment l’Inter Milan, un club italien. On sait que plusieurs clubs de Serie A vous ont approché lors des derniers mercatos. Est-ce que c’est aussi l’occasion de se montrer à eux ?

O.S : quand vous jouez la Ligue des champions, vous rencontrez de très grandes équipes. C’est très intéressant. On peut mieux évaluer notre niveau, nos qualités. C’est très flatteur d’avoir des écuries italiennes qui s’intéressent à moi. Mais je reste concentré sur ce que je fais sur le terrain. Tout le reste, je laisse mon club et mon agent gérer. Je suis plus focus sur ce qu’il se passe sur le terrain. J’essaye de me donner à 100% et de bien faire mon travail. Le terrain ne ment pas. Quand on est en Ligue des champions, forcément on est plus observé. Mais peu importe, j’essaye de montrer toutes mes qualités.

FM : malgré tout, quand on rejoint un club comme Salzbourg, on sait que c’est un club tremplin. Quand vous avez signé là-bas, était-ce dans un coin de votre tête ?

O.S : c’est sûr. Je suis venu ici parce que je sais où Salzbourg peut m’emmener, ce que le club peut m’apporter. C’est important de savoir ça avant de signer dans un club. Salzbourg peut m’emmener au très haut niveau et très rapidement. Je valorise beaucoup ça. Je suis venu ici parce que je veux jouer au haut niveau, que de grandes écuries me voient et m’apprécient. J’espère tirer du positif de mon passage ici. J’ai fait de belles années ici et je pense que je mérite de passer un cap à présent.

Un avenir à régler

FM : comment voyez vous votre avenir justement ?

O.S : j’ai 23 ans et je suis dans une période de ma carrière où je sens que j’ai besoin de passer à la prochaine étape. Peu importe où ce sera, j’ai besoin de passer ce cap. J’ai de grandes ambitions et je veux faire partie des meilleurs joueurs un jour. Donc ça passe par du travail, de la détermination. J’espère que je pourrais réaliser mes rêves, notamment celui de jouer dans les plus grandes écuries européennes.

FM : quels championnats peuvent vous intéresser ?

O.S : j’ai des qualités très athlétique. Je suis un joueur physique, j’utilise beaucoup ma puissance et ma vitesse. Par rapport à tout ça, l’Angleterre et l’Allemagne me semblent être des championnats qui pourraient me correspondre par rapport à mes qualités. J’aime bien la Premier League. C’est un championnat avec beaucoup d’intensité et ça me plaît. Je trouve que mes qualités physiques, ma taille, ma pointe de vitesse et le fait que je sois dur dans les duels font que je me vois là-bas. C’est l’un des meilleurs championnats au monde. En Allemagne, je pourrais aussi me plaire par rapport à ma manière de jouer. J’ai envie d’être un joueur de haut niveau, donc peu importe le championnat, je me donnerais à fond.

FM : revenir en France, est-ce possible ? Ou avez-vous fait une croix là-dessus ?

O.S : non, je ne ferme la porte à personne. La Ligue 1 reste un bon championnat, qui évolue très bien. Je suis ouvert à tout. J’espère que les choses vont se passer comme je le souhaite. Je veux juste performer sur les terrains de foot peu importe où je vais demain.

FM : en France, vous avez fait un passage du côté de Lyon. Avec le recul, comment expliquez-vous le fait que vous n’ayez pas réussi à vous y imposer ? Vous a-t-on vraiment donné votre chance ?

O.S : j’ai beaucoup appris lors de mon passage à Lyon. Je suis arrivé à 17 ans et j’ai intégré l’équipe première. Comme j’étais le plus jeune, j’ai appris des autres. J’ai vu comment certains travaillaient. Pour moi, j’aurais pu jouer à Lyon. Je pense vraiment que j’aurais pu exprimer mes qualités. Malgré tout, ça m’a permis de grandir. Le fait de jouer pour l’Olympique Lyonnais m’a donné beaucoup de crédit en tant que jeune joueur. Je suis content d’être passé par Lyon. Sans l’OL, je n’aurais jamais atterri à Salzbourg. C’est un très bon club avec de très bons joueurs aux côtés desquels j’ai pu progresser, m’améliorer. Quand vous jouez avec des Memphis Depay, des Bertrand Traoré, des Nabil Fekir, vous ne pouvez que progresser. En tant que défenseur, voir ces joueurs en face de moi et jouer avec eux me faisait progresser. Tout ce que Lyon m’a donné m’a permis d’aller à Salzbourg.

Une bonne expérience à l’OL

FM : à Lyon, ce n’était peut-être pas encore le bon moment, le bon rendez-vous pour vous.

O.S : franchement, vous avez tout dit. Parfois, ce n’est pas forcément le bon moment. Pourquoi je n’ai pas joué à Lyon, ce n’est pas vraiment à moi qu’il faut poser la question. J’étais vraiment prêt et disponible. Je n’ai pas de regrets car l’OL m’a apporté un plus que je n’avais pas. Il ne faut jamais dire du mal ou regretter ce que l’on fait. Tous les choix qu’on fait, on les fait pour une raison. Si ça ne marche pas, il ne faut pas rester des années dessus et aller de l’avant. On peut tomber mais il faut se relever tout de suite et en faire plus donc c’est comme ça que je vois mon passage à Lyon. Tout ce que je n’ai pas eu l’occasion de faire sur le terrain à l’OL, c’est ce que je fais à Salzbourg à présent. Je n’ai vraiment rien à regretter.

FM : de votre génération à l’OL, Amine Gouiri est aussi parti. Aujourd’hui, seul Maxence Caqueret est toujours là. Comment l’expliquer ?

O.S : je ne veux pas critiquer ou dire du mal sur la façon dont on gère les jeunes à l’Olympique Lyonnais. Ce n’est pas mon objectif. Lyon est un club qui fait jouer les jeunes. C’est ce que je pensais quand je suis arrivé. Mais il y a d’autres paramètres qu’on ne contrôle pas. Il y a une chose qui est sûre, par contre, c’est que l’OL a perdu beaucoup de bons et jeunes joueurs. C’est un peu décevant pour un club qui a formé beaucoup de jeunes. Donc c’est dommage de s’en séparer. Quand j’y étais, il y avait du monde. Ce n’était pas facile d’avoir sa place sur le terrain, pas comme aujourd’hui. Quand je vous dis qu’il y avait de très bon jeunes, je ne mens pas. Il y en a plusieurs dans ma génération comme Pierre Kalulu, qui joue à l’AC Milan, Amine Gouiri, Melvin Bard. Je m’inclus aussi dedans. On était une jeune génération qui était à l’OL et qui aspirait vraiment à réussir. Je pense qu’on aurait eu une bonne génération à l’OL.

FM : il fallait peut-être être encore un peu patient…

O.S : je pense que tout le monde a été patient. Nous, on l’a été. On était prêts et on voulait jouer. On avait les qualités pour, on avait juste besoin de jouer.

FM : aujourd’hui, l’OL est dans une situation catastrophique. Que vous inspire tout ça ?

O.S : je ne souhaiterai jamais de mal à l’OL. J’espère qu’ils vont remonter la pente. Leur place est en Ligue 1, c’est un grand club. J’ai de très bons amis qui jouent encore là-bas, notamment Maxence Caqueret. J’espère qu’ils vont faire le maximum et revenir en haut du tableau. Ce serait vraiment une catastrophe si l’OL venait à descendre en Ligue 2.

Une carrière internationale en tête

FM : vous avez connu les sélections jeunes en équipe de France. Est-ce que les Bleus sont encore dans un coin de votre tête ? Avez-vous été approché par d’autres sélections ?

O.S : j’ai joué en sélection tricolore pendant ma jeunesse. C’est une chose qui me tenait beaucoup à cœur. Depuis que je suis à Salzbourg, je n’ai plus été appelé en équipe de France, notamment avec les Espoirs. J’ai accepté les choix. Je suis allé à Salzbourg, j’ai joué la Ligue des champions. Le plus important est d’être heureux en club et si les sélections doivent venir, elles viendront. L’équipe de France, c’est le très haut niveau. Mais je m’en sens capable. Il y a plusieurs paramètres qui font qu’on arrive chez les Bleus. Je vais essayer de faire en sorte d’être sélectionnable un jour. Mais quand je vous dis sélectionnable, je ne parle pas que de la France. Grâce à mes parents, je suis Ivoirien et Centrafricain. J’essaye de faire de mon mieux sur le terrain et on verra ce que l’avenir me réserve.

FM : que vous manque-t-il pour évoluer en sélection A ? Est-ce que ça passera par le fait de rejoindre un club d’un calibre supérieur ?

O.S : sûrement. Si je ne suis pas sélectionné aujourd’hui, c’est qu’il faut peut-être que je passe un nouveau cap en club. Ça fait partie de mes ambitions. Je vais continuer à travailler.

FM : chez vous le foot est une affaire de famille. Où en est votre frère Isaac?

O.S : bien sûr, je suis ce qu’il fait. Il a un an de moins que moi. C’est un très bon jeune joueur. S’il met toutes les chances de son côté, il pourra faire quelque chose. J’espère qu’il va continuer à rester concentré et travailler. Je lui souhaite de faire sa carrière. Il a été appelé avec la sélection de Centrafrique et qu’il aura du temps de jeu pour montrer ce dont il est capable. Il avait joué avec l’équipe de France plus jeune. Il fait son chemin. J’espère que ça va marcher pour lui et qu’il pourra passer le prochain cap lui aussi.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier