Entretien avec… Mario Lemina : «je n’écarte pas la possibilité de pouvoir aller voir ailleurs»
Seizième de Premier League la saison passée, Southampton a longtemps dû se battre pour ne pas descendre en Championship. Mario Lemina (25 ans), victime d'une pubalgie, a, comme son club, vécu un exercice particulier pour sa deuxième campagne en Premier League (46 matches, 2 buts). Au micro de Foot Mercato, le milieu de terrain des Saints s'est prêté au jeu du bilan. Le Gabonais nous a également parlé de son avenir, de son ancien club l'Olympique de Marseille, de sa vie hors des terrains et bien d'autres choses. Entretien.
**Foot Mercato : Mario, quel regard portez-vous sur la saison de Southampton ?
Mario Lemina :** cela a été une saison assez compliquée. Au début, on n'a pas engrangé les points qu'on espérait. Sur le plan collectif, on a progressé au fil des semaines. Le nouveau manager est arrivé en janvier, il a un peu changé l'équipe et ça a été beaucoup mieux en deuxième partie de saison.
**FM : Ralf Hassenhüttl est arrivé en cours de saison, qu'a-t-il changé ?
ML :** le nouveau manager a ramené beaucoup plus de discipline, beaucoup plus de travail en équipe. On ne se basait plus que sur les individualités mais sur un travail commun de pressing. En Angleterre, un championnat où ça part dans tous les sens, avoir un bloc compact ça aide vraiment. On a bien travaillé tous ensemble. Ça nous a permis de gagner des matches et d'assurer le maintien.
**FM : sur le plan personnel, quel bilan dressez-vous de cet exercice chez les Saints ?
ML :** j'ai commencé la saison en enchaînant 17 matches d'affilée. J'étais titulaire, tout allait bien pour moi. Puis j'ai eu une grosse blessure, une pubalgie, pendant quatre mois, jusqu'à la fin de la saison pratiquement. C'était assez compliqué de revenir. J'ai beaucoup travaillé. Aujourd'hui, je suis en pleine forme.
**FM : être sur le côté alors que l'équipe était en difficulté, ce n'était pas trop dur à vivre ?
ML :** c'était super dur à vivre. C'est arrivé au moment où le nouveau manager est arrivé, donc je n'ai pas pu travailler avec lui comme je le voulais. Il a construit une équipe et je n'en faisais pas partie. C'était assez compliqué de revenir ensuite et de pouvoir m'imposer, sachant qu'il avait déjà mis ses joueurs en place et grandi avec eux.
**FM : en parlant de ces joueurs, que pouvez-vous nous dire de Yan Valéry, révélation française de la saison à Southampton ?
ML :** Yan Valéry est un bon ami. Je suis content pour lui. Quand je l'ai vu arriver en équipe première, il était très timide, il n'était pas sûr de ses qualités. Aujourd'hui, il fait preuve de davantage de maturité, il travaille très très dur. Je pense que c'est un bon espoir pour la France.
**FM : selon vous, pourquoi la Premier League est considérée comme le meilleur championnat au monde ?
ML :** il y a beaucoup plus d'intensité qu'ailleurs, plus de buts marqués, plus de spectacle et c'est ce que les gens veulent voir. C'est aussi le meilleur championnat parce qu'il a su attirer les meilleurs entraîneurs. On a pu voir cette saison en Europa League et en Ligue des Champions que quatre équipes anglaises étaient en finales. Il n'y a pas photo !
**FM : qu'est-ce qui vous plaît personnellement dans ce championnat ?
ML :** moi, je trouve que les joueurs sont beaucoup plus libres ici. C'est un show, on n'est pas bridé. On fait ce qu'on aime, on prend du plaisir, on peut jouer le football qui nous faisait vibrer quand on était jeune. Tu peux t'amuser tout en étant professionnel, mais tu es plus libre en tant que joueur.
Un départ n'est pas à exclure
**FM : la vie d'un footballeur, hors du terrain, est-elle plus agréable aussi en Angleterre ?
ML :** il faut faire attention à ce que l'on fait, évidemment, car on a une responsabilité en tant que personnalité publique. Mais on est relativement tranquille, les gens nous laissent plus facilement tranquilles. C'est une vie qui est fort sympathique.
**FM : quelle est, aujourd'hui, votre situation ?
ML :** aujourd'hui, je suis à Southampton. Il me reste encore trois ans de contrat. Mais c'est vrai que je n'écarte pas la possibilité de pouvoir aller voir ailleurs. Les quatre derniers mois n'ont pas été faciles pour moi, avec ma blessure. Le coach a mis son équipe en place. Moi, j'ai envie de partir sur de nouvelles bases. Donc pourquoi pas partir.
**FM : disposez-vous d'un bon de sortie ?
ML :** on a de très bonnes discussions avec le club. On est d'accord. Si je ne me sens pas dans le projet, je peux partir. Si non, le club compte sur moi, il n'y a pas de problème. Il me laisse l'opportunité de pouvoir aller voir ailleurs.
**FM : avez-vous déjà ces opportunités ?
ML :** on travaille dessus avec mes agents, on ne se met pas la pression. On attend vraiment le meilleur projet, la meilleure offre. On voit au jour le jour. Pour l'instant, je suis à Southampton et je travaille du mieux possible pour être au mieux de ma forme.
**FM : en Italie, on vous annonce sur les tablettes de l'Atalanta, qualifiée pour la prochaine Champions League. Qu'en est-il ?
ML :** j'ai eu des échos aussi. On ne m'en a pas dit plus. Si c'est vrai, c'est un projet qui pourrait m'intéresser. C'est vrai que j'ai envie de retrouver la Ligue des Champions. Pourquoi pas la rejouer très bientôt. Ça pourrait être intéressant. Après, entre ce qui est dit et ce qui est vrai, il y a souvent une marge. Donc à voir.
**FM : ces derniers mois, les rumeurs vous ont envoyé un peu partout, de Manchester City à Chelsea, en passant par Arsenal. Est-ce que cela était vrai ? Cela vous a-t-il perturbé ?
ML :** non, ça ne m'a pas perturbé. Je voulais faire ma saison et voir cet été. Malheureusement, ça ne s'est pas passé comme prévu avec ma blessure. À un moment, on a beaucoup parlé de moi dans les grands clubs en Angleterre. C'est toujours flatteur. J'ai eu beaucoup d'échos, on m'a dit que c'était vrai. Moi, je me dois d'être à mon meilleur niveau pour accéder à ces clubs-là.
**FM : quel regard portez-vous sur le projet de votre ancien club, l'OM ?
ML :** de loin, ça me semble intéressant. Après l'OM, c'est un cas particulier. Il y a toujours beaucoup d'attentes autour de l'OM. Il ne faut pas être pressé. Des choix ont été faits, il faut attendre de voir. Le projet avec les nouveaux investisseurs paraît très intéressant, il mérite un peu de temps.
Un retour à l'OM ? «Pourquoi pas»
**FM : beaucoup d'anciens sont revenus à l'OM lors des derniers mercatos (Dimitri Payet, Steve Mandanda, Florian Thauvin). Pourriez-vous aussi vous laisser tenter ?
ML :** j'ai vécu une très belle aventure à Marseille (2013-2015). Si l'OM m'appelle, pourquoi pas, Marseille m'a toujours intéressé. C'est mon club de cœur. Franchement, ce serait avec plaisir, si le projet est intéressant, que j'y retournerais.
**FM : êtes-vous surpris par le retour de Gianluigi Buffon, votre ancien partenaire, à la Juventus Turin ?
ML :** Buffon, c'est une légende. La Juventus, c'est chez lui, c'est le seul endroit où il pouvait aller. Il a tout vécu là-bas, des titres, des finales de Champions' League. Si ce n'était pas Paris, c'était la Juventus, c'était sûr.
**FM : le Gabon n'a pas réussi à se qualifier pour la Coupe d'Afrique des Nations en Égypte ? Suivez-vous tout de même la compétition ? Quels sont vos favoris ?
ML :** j'essaie de regarder la CAN comme la Coupe du Monde féminine. C'est intéressant. Plusieurs équipes se démarquent. Mon favori, je dirais le Maroc (l'interview a été réalisée avant l'élimination des Lions de l'Atlas par le Bénin, ndlr), parce que je trouve que ce sont les plus consistants. Après, il y a aussi l'Algérie qui revient bien, le Sénégal qui a une grosse équipe qui peut faire encore mieux, et l'Égypte qui se détachent.
**FM : qu'en est-il de vos ambitions avec le Gabon ?
ML :** je vois très grand avec le Gabon. J'espère qu'on pourra fonder des bases solides pour pouvoir atteindre nos objectifs dans le futur.
**FM : on vous a récemment vu participer à la détection organisée par BALLIN, pour permettre aux joueurs ayant échappé aux radars des centres de formation d'avoir une nouvelle chance. Pourquoi avoir accepté ce projet ?
ML :** cette plateforme-là va aider beaucoup de jeunes à rester concentrés, à ne pas lâcher leurs rêves, à toujours y croire pour avoir une seconde chance, à toujours y croire. L'application leur permet de revoir leurs erreurs, de continuer à travailler et pourquoi pas taper dans l’œil de recruteurs. Ça me touche, c'est vraiment pour ça que je fais partie du projet BALLIN. Beaucoup de joueurs auraient aimé avoir ça quand ils étaient jeunes à mon époque.
**FM : vous avez également un projet en cours de websérie avec Becube Agency. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ?
ML :** l'idée, c'est de faire participer les gens à la vie d'un footballeur professionnel, à ce qu'il fait pendant son quotidien, ce qu'il fait entre les entraînements, ce qu'il mange, son travail invisible. L'idée est vraiment de montrer l'envers du décor, montrer que tout n'est pas forcément tout rose. C'est beaucoup de sacrifices, beaucoup de choses mises de côté pour devenir footballeur professionnel et faire plaisir à sa famille. Beaucoup de jeunes aimeraient savoir comment s'organise la vie d'un pro. Je me propose de leur montrer. Il ne faut pas s'arrêter à ce qu'on voit à la télé, il faut aller plus loin, creuser, pour vraiment savoir ce qui se passe dans la vie d'un joueur pour comprendre à quel point c'est difficile.
**FM : quel est le joueur qui vous a le plus impressionné depuis le début de votre carrière ?
ML :** Neymar. On ne sait jamais ce qu'il va vraiment faire avec le ballon. Je me souviens d'un match de préparation estivale contre le FC Barcelone, aux États-Unis. Il était sous le feu des critiques. Sur ce match-là, il avait dribblé toute la défense de la Juve, qui n'est pas des moindres, avec facilité déconcertante et une rapidité d'exécution impressionnante. Ça m'avait marqué.
**FM : un mot sur la saison de vos anciens partenaires à Southampton Dusan Tadic et Virgil van Dijk ?
ML :** Dusan, je ne le voyais pas au poste de n° 9, auquel il évolue aujourd'hui à l'Ajax Amsterdam. Ici, il a toujours été très bon. Mais comme Southampton n'est pas beaucoup médiatisé, on ne s'en rendait pas forcément compte. C'est un peu la même chose pour Virgil van Dijk, à Liverpool, qui était aussi avec moi à Southampton, qui est aujourd'hui annoncé comme un candidat sérieux au Ballon d'Or. On ne regarde pas assez les "petites" équipes. Mais aujourd'hui, on voit leur vrai niveau dans leurs nouvelles équipes.
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