Conflit au Proche-Orient : comment le football libanais peut-il survivre sous les bombardements israéliens ?

Par Valentin Feuillette
17 min.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le président de la Fédération libanaise Hachem Haidar @Maxppp

Depuis les terribles attaques terroristes du Hamas et les ripostes destructrices d’Israël, la région du Proche-Orient a basculé dans un climat de guerre générale impliquant plusieurs pays. À l’image de la Palestine, le Liban vit également des heures bien sombres depuis plusieurs semaines. Sous les bombardements de l’armée israélienne, le pays a plongé dans un chaos et le football libanais a cessé toute activité sportive.

La Fédération libanaise de football (LFA) a reporté indéfiniment tous les matchs de football de ses tournois nationaux affiliés à la suite des attaques israéliennes dans le sud du Liban et des craintes croissantes d’une guerre totale dans la région : « En raison de la situation actuelle dans le pays, le comité exécutif de la Fédération libanaise de football a décidé de reporter les matchs de tous les tournois à une date qui sera déterminée ultérieurement », était-il indiqué dans le communiqué de l’institution. Cette annonce est intervenue quatre jours après l’ouverture de la première journée de la Première Ligue libanaise, la plus importante compétition nationale de football masculin du pays. La deuxième journée de la saison 2024-2025 devait normalement se jouer du 27 au 29 septembre, mais le Liban n’a pas prévu d’accueillir de rencontres internationales dans les mois à venir. La dernière fois qu’un match a eu lieu à domicile, c’était le 28 décembre, lorsque l’équipe nationale masculine a affronté la Jordanie lors d’un match amical. La sélection nationale du Liban s’est également retirée du tournoi amical de Tri-Nation en raison de problèmes géopolitiques, laissant l’Inde affronter uniquement le Vietnam pendant cette trêve internationale de la FIFA. L’équipe de football libanaise a montré beaucoup de promesses ces derniers mois, obtenant même des matchs nuls contre l’Inde et la Chine.

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Le Liban n’est pas le seul pays touché par la guerre. Le football national en Palestine reste aussi suspendu depuis les ripostes massives menées par Israël à Gaza, qui ont commencé après les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël. Le dernier match de la Ligue professionnelle palestinienne a eu lieu le 6 octobre, tandis que la sélection nationale masculine continue de disputer ses matches internationaux à l’étranger. La Palestine a accueilli son dernier match à domicile en Cisjordanie occupée en 2019. Selon la Fédération palestinienne de football, au moins 410 athlètes, responsables sportifs et entraîneurs ont été tués dans la guerre à Gaza en août. Parmi eux, 297 étaient des footballeurs, dont 84 enfants. Depuis l’escalade au Liban fin septembre, les bombardements israéliens dans son combat contre le Hezbollah ont déjà coûté la vie à 2 309 personnes et blessé 10 782 autres personnes, d’après les chiffres du ministère de la Santé libanais à date du 14 octobre. La majorité des joueurs de l’équipe nationale représentent des clubs de la Première Ligue libanaise. L’armée israélienne, qui continue son combat contre les alliés proxys financés et encouragés par l’Iran (Hamas, Hezbollah, Houthis, milices chiites irakiennes), est-elle en train de tuer le football libanais et plus largement le football régional ?

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Le football populaire dans la société mais…

Le football est le sport le plus populaire au Liban. Il y a été introduit à la fin du XIXe siècle, devenant particulièrement populaire parmi les enseignants et les élèves des écoles chrétiennes. La Fédération libanaise de football (LFA) a été créée en 1933 comme l’un des premiers organismes administratifs du football associatif au Moyen-Orient. L’équipe nationale du Liban a fait ses débuts officieux en 1935 contre le club roumain du CA Timișoara, tandis que son premier match officiel de la FIFA a eu lieu en 1940 contre la Palestine mandataire : « Si on prend le football comme produit international, ça veut dire qu’on compte la Coupe du Monde, la Champions League, l’Euro, la Premier League, la Liga, la Ligue 1, la Bundesliga et la Serie A, le football est le sport le plus populaire et le sport le plus regardé au Liban. Si on prend le football dans sa globalité comme produit local, ça veut dire le championnat du Liban, la sélection du Liban et si on le compare au basket-ball local, le basket-ball est beaucoup plus populaire. La faiblesse relative de l’équipe de foot du Liban et le championnat du Liban qui est de plus en plus faible, ça ne renforce pas la popularité du football libanais », nous explique Nadim Nassif, universitaire libanais émérite et professeur associé au département d’éducation, de psychologie et d’éducation physique de la Faculté des sciences humaines de l’Université Notre Dame-Louaize (NDU) au Liban.

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Si le Liban a connu plus de réussite et de succès au basket-ball, le football a toujours eu une place prépondérante dans la société libanaise, à travers des derbys et des rivalités en reflet d’un peuple cosmopolite à la vaste histoire. Malheureusement, la Fédération libanaise de football a annoncé dans un communiqué officiel la suspension de toutes les activités de football dans tous les territoires libanais en raison de l’insécurité dans le pays avec les affrontements armés entre l’armée israélienne et la milice du Hezbollah : « Israël a occupé une partie du sud-Liban de 1978 à 2000, le sport n’était plus une priorité sur place puisque les gens étaient dans une autre logique, mais ça restait assez populaire chez les jeunes qui se déplaçaient du sud à Beyrouth pour regarder des matchs et puis repartir après le match étant donné aussi que le pays est petit. Il y avait des queues qui occupaient toutes les rues autour des stades et certains même payaient des concierges ou des gardiens de bâtiments à côté des stades pour les laisser monter sur le toit pour regarder de haut. C’était tout un événement social, une célébration du sport, des dimanches, quand certains matchs se jouaient. Et il y avait des derbys de Beyrouth, un derby entre les deux clubs arméniens, un autre dans le nord, mais tout cela aujourd’hui n’est malheureusement plus au rendez-vous », précise Ziad Majed, politologue, professeur universitaire et chercheur franco-libanais à l’Université américaine de Beyrouth. Dans un autre communiqué récent, la Fédération libanaise a également confirmé la nullité des contrats signés par les clubs libanais pour cette saison et les obligations et droits qui en découlent, en principe jusqu’au 30 novembre 2024. Selon les derniers chiffres de la Fédération, il existerait près de 190 clubs de football au Liban.

Mais l’histoire du football libanais a été très mouvementée, à l’image de ce pays martelé par de nombreux conflits : « Le football est de loin plus populaire sauf qu’il n’a pas la même infrastructure (que le basket, ndlr) et il est beaucoup plus difficile de construire des clubs et une équipe nationale avec le peu de terrains de football et avec les défis qu’impose un sport aussi exigeant que le football. Il y a eu des moments très importants pour le football libanais avec des rivalités à la libanaise ou avec des derbys assez importants aussi par rapport à la population nationale. Le football incarne cette histoire de l’évolution, puis de la détresse, puis de la renaissance et puis de l’agonie en attendant un événement ou un sponsor qui pourrait le ressusciter », poursuit Ziad Majed. Au fil des années, le football libanais a eu moins de sponsors, moins de publicités et donc de moins en moins d’argent au niveau de la fédération. Le niveau a donc chuté considérablement, avec très peu de joueurs étrangers intéressés par l’idée de venir jouer au Liban, en plus d’une actualité belliqueuse. La sélection nationale n’a jamais réussi à prendre part à une Coupe du monde, tandis qu’elle a dû se contenter de phases de groupes en Coupe d’Asie en 2000, 2019 et 2023. Classé 81e à la FIFA et 9e à l’AFC en 2018, le Liban a toujours rencontré des difficultés à développer son football en raison des différentes crises politiques et autres conflits régionaux, à l’image de son voisin syrien. Le football a récemment repris ses droits en Syrie pour la première fois depuis sept ans. En août dernier, le premier match officiel de la Ligue syrienne s’est déroulé dans la ville de Hassakeh. Tout était au point mort depuis que le conflit a éclaté en 2011 avec la répression brutale des manifestations antigouvernementales contre Bachar al-Assad, où plus de 310 000 personnes ont été tuées et des millions de personnes ont fui leurs foyers.

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Le ballon rond comme un outil politique

Comme très souvent dans le sport, une rivalité locale revêt une forte dimension politique, historique et sociale. Le Liban ne déroge pas à la règle avec une dizaine de communautés religieuses différentes au sein de sa société marquée par des villes musulmanes (chiites, sunnites, alaouites) et des villes chrétiennes (maronites, orthodoxes, catholiques, syriaques, arméniennes, protestantes). Sans oublier également la communauté druze ou les minorités anciennes juives : « Il y avait deux clubs arméniens-libanais qui sont restés toujours compétitifs. Ces deux clubs reflétaient une sociologie politique arménienne libanaise puisque l’un des deux, Homenetmen, était proche du parti Taachnag, qui est un parti nationaliste arménien, et l’autre club, Homenmen, était proche d’un autre parti, le Henshak, qui est issu de la gauche arménienne, et puis il y avait un troisième club arménien Antranik qui était plutôt pour un troisième ou proche d’un troisième parti. Les autres clubs reflétaient plus une sociologie qui est géocommunitaire, non pas par désir de représenter une communauté confessionnelle ou religieuse, mais par la force des choses, vu les habitants des quartiers où le club est fondé. Des clubs musulmans sunnites, des clubs musulmans chiites, des clubs chrétiens. Puis il y a Nejmeh qui s’impose comme le club le plus populaire et l’un des rares qui peut avoir une base sociale partout dans le pays, même s’il reste considéré comme un club beyrouthin », détaille Ziad Majed. Dans la capitale, le club d’Al Ansar, proche de la communauté sunnite, entretient ainsi une forte rivalité avec le club de la communauté chiite d’Al Ahed, ainsi qu’avec le club de la communauté des druzes du Safa Beyrouth. Alors que le club de Sagesse est principalement soutenu par la communauté catholique maronite, son rival du Racing Club Beyrouth représente plus la communauté grecque orthodoxe, ce qui a créé ainsi le derby du quartier d’Achrafieh.

Avec l’émergence du Hezbollah au Liban, parti politique et groupe paramilitaire considéré comme terroriste par une grande majorité des Occidentaux, le football libanais a par effet domino subi des conséquences directes du développement de ce parti politique fondé en 1982. En effet, le club d’Al Ahed, historiquement lié à la communauté chiite du Liban, entretient des liens étroits avec le Hezbollah avec qui il partage les couleurs. Le 28 janvier 2009, Al Ahed a initié un partenariat informel avec le club iranien de Sepahan, qui a ensuite été officialisé le 8 mars 2021. Ce partenariat implique des activités de collaboration telles que des camps d’entraînement et des matchs amicaux entre les deux clubs : « Le Hezbollah a une équipe de foot aussi, Al Ahed, la meilleure équipe du Liban de foot, c’est une équipe qui est affiliée au Hezbollah. Avant même les événements des dernières semaines, le club d’Al Ahed avait annoncé qu’il allait peut-être se retirer du championnat du Liban », souligne Nadim Nassif. En 2018, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un discours que le Hezbollah utilisait le stade Al Ahed comme site de stockage de missiles, ce que Gebran Bassil, ministre libanais des Affaires étrangères issu du Mouvement Patriotique Libre du christianisme maronite, avait nié.

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Après l’Accord de Taëf en 1989, une loi a été adoptée, disposant que les 128 membres élus pour un mandat de quatre ans doivent être répartis équitablement entre les diverses confessions chrétiennes et musulmanes du Liban. La moitié des sièges est donc réservée aux chrétiens et l’autre moitié aux musulmans. De même pour le pouvoir exécutif : le président de la République doit être chrétien maronite, le Premier ministre du Liban musulman sunnite et le président de la Chambre des députés musulman chiite. Cette logique est donc reprise au sein des différentes fédérations sportives du Liban : « Tout le sport libanais est politisé. Un gosse de 15 ou 16 ans ne pense pas au parti politique quand il pratique un sport, mais pour les fédérations sportives, ce n’est même plus caché sous la table. Il y a bientôt les élections pour les fédérations sportives libanaises, comme après chaque Jeux olympiques d’été. Ce sont les responsables des bureaux de sport, des partis politiques qui font le lobbying principal pour placer des personnes à la tête des fédérations. Je ne veux pas vous dire qu’ils sont élus directement, mais il y a un push des partis politiques pour mettre à la tête des fédérations sportives des personnes qui les représentent », précise aussi Nadim Hassif. À l’image de son Assemblée nationale, le sport au Liban et accessoirement le football est éminemment politique : « Hariri dominait le gouvernement. Il avait une très grande influence sur la plupart des fédérations sportives et sur la plupart des secteurs de la vie économique, sociale et culturelle dans le pays. Il faisait beaucoup de donations et donc, la fédération était vue comme proche du gouvernement. Il y a eu un changement après, un changement probablement forcé, puisque certains clubs se sont ralliés contre la fédération, et la nouvelle direction est devenue plus proche du chef du Parlement, Nabih Berri, qui est un allié de Hezbollah, mais aussi un rival en même temps », complète ainsi Ziad Majed.

Président de la Fédération libanaise depuis 2001 et vice-président de la Confédération asiatique de football (AFC) depuis 2022, Hachem Haidar entretient plus que jamais des relations avec certains politiques libanais, étant lui-même un membre du Mouvement Amal qui est un parti politique chiite. C’est la famille politique majoritaire à la Chambre des députés libanaise qui est présidée par Nabih Berri, chef du parti Amal : « Le président de la fédération de football Hachem Haidar, c’est le parti Amal, c’est le parti chiite du Président de l’Assemblée. Mais il y a des alliances, il y a des conventions par exemple, même dans une fédération où la dominante est Amal, vous trouverez un chrétien par exemple qui représente un autre parti. Donc quand il y a un énorme problème entre deux partis politiques, vous ne verrez pas une cohabitation. Mais en général, dans une fédération où un parti politique est ultra-dominant, vous trouverez un représentant d’un autre parti politique, comme dans le Parlement, comme dans la vie politique libanaise. Le football est déjà accessible. Le football libanais existe depuis presque 100 ans, la fédération libanaise a été créée en 1933, elle a été affiliée à la FIFA en 1935 », analyse Nadim Hassif. La fédération de football a été néanmoins extrêmement critiquée dans les années 90, juste après la guerre civile libanaise (1975-1990), bien qu’elle fût assez efficace dans l’organisation des championnats et des rencontres internationales pour le football libanais. Elle était alors considérée comme un soutien au club d’Al Ansar, alors champion du Liban et très proche de l’homme d’affaires et premier ministre Rafiq Hariri - assassiné en 2005. Le club du Safa est proche du Parti socialiste progressiste. Le Salam Zgharta a toujours eu des liens étroits avec Soleimane Frangié, petit-fils de l’ancien président de la République (et lui-même candidat à la présidentielle aujourd’hui), tandis que Tripoli est lié à l’actuel premier ministre Najib Mikati.

L’impossibilité de s’évader d’un quotidien belliqueux

Aujourd’hui, à l’heure où Benyamin Netanyahou a menacé le Liban de subir « le même sort qu’à Gaza », les infrastructures libanaises tombent en ruines sous les pluies de bombardements. Déjà pendant la guerre civile, le football libanais avait connu d’importantes secousses, avec notamment la destruction totale par l’armée israélienne de la Cité sportive Camille-Chamoun de Beyrouth, plus grand stade libanais avec 48 837 places. Reconstruite en 1997 sous l’impulsion du Premier ministre Rafiq Hariri et grâce aux contributions généreuses du royaume de l’Arabie saoudite et du Koweït, cette enceinte porte les marques historiques d’un pays traumatisé par des siècles de conflits avec ses voisins régionaux : « Le premier problème est logistique déjà, donc s’il y a des endroits où c’est dangereux, où il y a des bombes, vous ne pouvez même pas vous entraîner. Il y a des régions au Liban comme la Bekaa, le sud et la banlieue sud de Beyrouth où il est logistiquement impossible de s’entraîner, où c’est dangereux. Vous avez un club qui joue une Coupe d’Asie, Nejmeh, ils ont les moyens d’aller jouer dans le nord du Liban où ce n’est pas dangereux, ils pourront s’entraîner pour aller jouer à la Coupe d’Asie, mais la plupart des clubs qui s’entraînent régulièrement dans le sud, dans la Bekaa ou dans la banlieue sud, ils ne peuvent pas s’entraîner, c’est dangereux », nous confie Nadim Nassif. Pour rappel, Nejmeh a trois rencontres de prévues dans le cadre des phases de groupes de l’AFC Challenge Cup (équivalent de la Ligue Europa Conférence en Asie) contre Bashundhara Kings (Bangladesh), Paro FC (Bhoutan) et East Bengal FC (Inde).

Dans une région aussi instable, cet arrêt exceptionnel du football, qui entrave développement et pérennisation, n’a malheureusement rien d’inédit : « Le Liban a connu plusieurs phases où on a suspendu les compétitions, donc ça perturbe le travail de la fédération, ça perturbe le travail des clubs, et évidemment au niveau individuel, les joueurs, soit ils essayent de s’entraîner seuls pour garder un peu la forme et le moral, soit c’est encore une fois une suspension de leurs activités physiques, notamment quand ils habitent dans des zones bombardées. On a déjà connu ça de 1975 à 1990 et également en 2006, et puis il y a eu des phases durant lesquelles, pour des raisons politiques, pour des tensions au niveau de la société, les stades n’étaient pas ouverts au public. Il y avait toujours des championnats, il y avait toujours des équipes ou des clubs qui s’affrontaient, mais le public n’était pas autorisé donc les gens se retrouvaient dans de grands cafés, ou ils attendaient devant le stade, ou ils utilisaient le téléphone et la radio même s’il n’y avait pas toujours la transmission en direct », se rappelle avec nostalgie Ziad Majed. Un phénomène malheureusement courant dans la région. Le Yémen, classé 156e, commence à franchir petit à petit une étape après des années de chaos et de conflit. En 2014, les combattants du groupe armé houthi avaient pris le contrôle de Sanaa, la capitale du Yémen. En mars 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite était intervenue au Yémen pour combattre les Houthis, prétendant mettre fin à huit années de conflit qui ont dévasté le pays. Au milieu de ces turbulences, le championnat national n’a pas pu se jouer. Des matchs non officiels et des coupes ont été suivis par de larges foules dans certaines régions du pays, mais il n’y a pas eu de football régulier et cohérent.

Mais la guerre n’épargne personne. Une catastrophe humanitaire a lieu au Liban et en Palestine. L’ampleur et l’intensité de l’offensive israélienne lancée sur le Liban le 23 septembre ont obligé près d’un million de Libanais et Libanaises à se déplacer et à ainsi quitter leurs villes et villages, cherchant un refuge face à l’impuissance démunie des organisations humanitaires qui se disent dépassées par la situation historique. Pour plusieurs joueurs libanais, faire vivre leur passion, offrir un moment de pause aux jeunes supporters ou profiter de la puissance d’un ballon rond pour s’évader l’esprit devient tout simplement une mission impossible : « Je me permets de dire par exemple que dans la banlieue sud de Beyrouth habite une grande partie des footballeurs de plusieurs clubs de la banlieue comme de Beyrouth, et dans le sud du Liban il y a deux ou trois clubs qui étaient en première division, donc ces gens-là, avec leurs familles, avec leur environnement social, ils ont tous été déplacés, bombardés, certainement, ils ont perdu des proches. Donc, dans ces conditions, j’imagine très mal comment ils peuvent s’extraire d’un contexte extrêmement violent pour pouvoir jouer ou s’entraîner. Depuis le 7 octobre, la territorialité du conflit n’était plus du côté de la frontière. Mais depuis plus d’un mois maintenant, c’est presque tout le pays qui est directement touché par les attaques israéliennes. Et donc, les stades sont fermés, les équipes ne se retrouvent plus. Certains joueurs ne savent pas s’ils vont prolonger, s’ils vont continuer », conclut Ziad Majed. À l’heure où le peuple libanais souffre, le football est à l’arrêt, espérant des jours meilleurs pour porter l’espoir d’une renaissance.

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