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La belle histoire de Madih Talal, de grand espoir du National à superstar de l’Indian Super League

Après un cursus plutôt classique dans l’Hexagone et des expériences en Europe, Madih Talal est parti à l’aventure en Inde depuis un peu plus d’un an. Un choix osé mais totalement assumé par le footballeur âgé de 27 ans, devenu une énorme star de l’Indian Super League. Pour Foot Mercato, le milieu offensif revient sur son parcours tout en évoquant sa trajectoire atypique et les spécificités du championnat indien. Entretien.

Par Dahbia Hattabi
7 min.
Madih Talal @Maxppp

Foot Mercato : pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours ?

Madih Talal: j’ai commencé le foot étant jeune en région parisienne. Ensuite, j’ai intégré le centre de formation du SCO d’Angers, où j’ai fait toutes mes classes des U17 jusqu’à stagiaire pro. Puis, j’ai rejoint Amiens où j’ai signé mon premier contrat pro. J’ai fait ma première année là-bas, avant d’être prêté la seconde année à l’Entente Sannois Saint-Gratien en National. Je suis ensuite retourné à Amiens avant de pas mal bourlinguer. J’ai fait quelques mois en Espagne (à Las Rozas, ndlr) avant de revenir en France (Red Star et Avranches) et d’atterrir en Grèce (AE Kifisia). Et à présent, j’évolue en Inde.

FM : lors de votre passage à l’ESSG, vous étiez présenté comme la révélation du National.

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MT : oui, j’ai été désigné comme la révélation de l’année. J’avais fait une très belle saison. Individuellement parlant, ça s’était très bien passé. J’avais pas mal d’intérêts d’autres clubs. Mais mon club de l’époque, Amiens, ne m’avait pas laissé partir et je suis resté. On va dire que ça a été l’année de l’éclosion.

FM : selon vous, pourquoi n’êtes-vous pas parvenu à passer le petit cap pour évoluer plus haut ?

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MT : le step (pas, ndlr), je l’avais atteint. Mais mon club ne m’avait pas laissé partir. Ensuite, je n’ai pas eu ma chance quand je suis revenu à Amiens. J’étais là, mais ils ne m’ont pas lancé. J’ai été ensuite en fin de contrat avant de passer une année sans jouer. Il y a eu des intérêts de certains clubs, mais j’ai pris la décision de partir à l’étranger. Je voulais essayer, voir ce que ça donnait.

FM : ça fait environ un an maintenant que vous évoluez en Inde. Vous êtes passé par le club de Punjab avant de rejoindre récemment East Bengal. Comment êtes-vous arrivé là-bas ?

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MT : j’ai eu la chance d’aller en Grèce. L’entraîneur et le directeur sportif de Punjab sont Grecs. Ils regardent beaucoup le football grec. J’avais terminé meilleur étranger de la saison. Je ne voulais pas rester dans mon club, bien qu’on ait fini champions et qu’on ait obtenu la montée en première division. Du coup, j’ai pris la décision de partir. J’ai eu cet appel-là, qui est franchement venu de nulle part. Je me suis renseigné auprès d’amis qui connaissaient des personnes qui avaient joué en Inde. Du coup, ça s’est fait comme ça. C’était un hasard. Je ne me suis pas dit que j’allais jouer en Inde et c’est venu comme ça. Donc je me suis dit pourquoi ne pas tenter.

Une nouvelle aventure en Inde

FM : comment ça se passe pour vous là-bas ?

MT : franchement, ça se passe super bien. Je m’y plais. Je ne m’attendais vraiment pas à jouer en Inde un jour. Si je peux conseiller à d’autres personnes de venir y jouer, ce serait avec plaisir. Les stades sont réellement incroyables et ils sont toujours pleins. Les pelouses sont incroyables. Tout est top niveau. Après, c’est sûr que si on compare par rapport au niveau pratiqué en Europe, ça n’est pas pareil, ça n’a rien à voir. Mais en termes d’infrastructures, d’organisation, c’est vraiment le top niveau.

FM : quelles sont les spécificités de l’Indian Super League ?

MT : ici, ce sont plutôt des matches à transition. Des matches qui vont vite, avec de l’attaque-défense, à part quelques équipes qui ont un peu plus de maîtrise par rapport aux joueurs locaux qu’ils ont. Ici, ce sont surtout les locaux qui vont faire la différence. Pour revenir aux matches, il n’y a pas de temps faible. Ça ne s’arrête pas pendant 90 minutes.

FM : vous êtes l’un des footballeurs phares du championnat. Qu’est-ce que cela fait d’être une star en Inde ? Est-ce que vous l’aviez déjà imaginé ?

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MT : non, jamais. Même jouer ici, je ne l’avais pas imaginé, sauf quand j’ai eu l’offre. Franchement, être une star en Inde, c’est quelque chose. Le pays est très peuplé. Quand on sort, qu’on va au restaurant ou au centre commercial, peu importe; on est reconnu directement. Les gens veulent prendre des photos à chaque fois, ils sont très aimables et souriants. En France, je n’avais pas ce truc-là. Ici, je peux vraiment ressentir le fait d’être une star. Franchement, c’est cool. J’apprécie.

FM : que pensez-vous que les Indiens apprécient tant chez vous ?

MT : ce qu’ils aiment ici, c’est ma créativité vu que je suis milieu de terrain offensif. Je suis un peu dribbleur. Donc je pense que c’est ce qu’ils apprécient. La plupart des étrangers qui viennent en Inde viennent à un âge un peu plus avancé que le mien, ils sont un peu plus sur la fin. Les footballeurs, jeunes et un peu fougueux, qui jouent et dribblent, c’est ce qu’ils aiment ici. C’est ce petit côté magique qu’ils aiment bien.

FM : avez-vous regrets par rapport à vos expériences en France ou pas forcément quand vous voyez tout ce qui vous arrive aujourd’hui en ISL ?

MT : c’était un mal pour un bien vu toutes les belles choses que je vis en Inde. Je n’ai pas de regrets. C’est sûr qu’on a toujours envie de jouer. Mais si ça s’est passé comme ça, c’est que ça devait se passer ainsi. Je suis croyant. (…) Il y a d’autres portes qui se sont ouvertes. À l’heure actuelle, je suis en Inde et ça se passe super bien. Je me sens bien et je m’éclate. J’ai une vie paisible et saine.

Une expérience enrichissante

FM : en ce moment, on parle beaucoup de l’Arabie saoudite qui attire des joueurs avec de belles sommes d’argent. En Inde, est-ce qu’il y a aussi cet attrait-là ou pas forcément ?

MT : bien sûr. J’ai moi-même été un peu choqué de ce que certains clubs peuvent proposer. En termes financiers, ils offrent de très gros salaires, dignes de joueurs de Ligue 1 en France. Il y a des joueurs qui sont là depuis pas mal d’années. Il suffit de faire une belle saison, de gagner un titre. Moi, j’ai eu la chance de terminer meilleur passeur du championnat l’an dernier et de marquer des buts. Dès que ça parle salaires, c’est tout de suite un autre niveau. Ce sont des sommes que je n’ai jamais touchées en France.

FM : l’Indian Super League propose également de sacrés shows autour des rencontres.

M.T : avant les matches, ils font très attention à tout. Ça ressemble un peu au gros match du dimanche soir en France, sauf que tous les matches sont comme ça. Par jour, il n’y a qu’un voire deux matches. Mais c’est plus une rencontre par jour en général. On ne joue pas que le week-end ici. On a des rencontres en semaine également. Du coup, ils ne programment qu’un seul match pour mettre le paquet ce jour-là. Il y a des confettis et des pétards lors de l’arrivée des joueurs. À la fin du match, une cérémonie est organisée si l’équipe gagnante joue à domicile. Il y a des feux d’artifice. Franchement, c’est incroyable. On sent la ferveur des supporters, qui restent à la fin des matches. C’est une fête à toutes les rencontres. Ils publient des posts tous les jours. Durant les matches, ils partagent aussi les buts et les belles actions. J’ai des amis avec lesquels j’ai joué en France qui me demandent comment j’ai fait pour aller là-bas parce qu’ils veulent venir. (…) Des joueurs de Ligue 1 ou de Ligue 2 qui me disent que je suis épanoui et que je gagne bien ma vie. Ils me demandent de les mettre en relation pour venir jouer en Inde.

FM : avant vous, d’autres grands noms du football avaient tenté leur chance en Inde.

MT : Nicolas Anelka, Alessandro Del Piero, Robert Pirès, Roberto Carlos, etc.. beaucoup de joueurs sont venus jouer ici.

FM : mais ils ne sont pas tous restés très longtemps. Vous voyez-vous rester un moment là-bas ? Comptez-vous revenir en Europe ou en France ?

MT : non. Honnêtement, je suis bien ici. Je suis apprécié. Je me sens bien et surtout, on me respecte à ma juste valeur. C’est ça surtout qui est bien et qui est le plus important. Comme on dit souvent, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. J’ai encore un an de contrat. Tout dépendra de ce qu’il se passera l’année prochaine. Mais si j’ai la possibilité de rester dans le pays et de continuer, ce serait avec un grand plaisir.

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