Comment le Chili est devenu la risée de l’Amérique du Sud

Par Aurélien Macedo
5 min.
Echevarria (Chili) et Diaz (Colombie) @Maxppp

Vainqueur des Copa América 2015 et 2016, le Chili est désormais au fond du gouffre. Catastrophique depuis des années, la Roja est en passe de louper une troisième Coupe du monde de suite et enchaîne les résultats chaotiques avec de faibles motifs d’espoir.

Ça fait mal d’assister à l’agonie d’une équipe en or. Il y a encore une dizaine d’années, le Chili s’était affirmé comme l’une des meilleures équipes de la zone sud-américaine. Capable d’aller deux fois en huitième de finale de la Coupe du monde (2010 et 2014), l’équipe coachée par Jorge Sampaoli puis Juan Antonio Pizzi avait connu le succès. Tout d’abord en 2015 à domicile en remportant la Copa América avec l’ancien coach de l’Olympique de Marseille. Puis en 2016 avec l’ancien joueur du FC Barcelone en arrachant la Copa América du centenaire de nouveau face à l’Argentine en finale. En 2017, le Chili s’était également offert une finale de la Coupe des Confédérations face à l’Allemagne malgré une défaite en finale (1-0). Depuis en revanche, c’est la déconfiture pour une équipe qui avait su miser sur une génération dorée avec Claudio Bravo, Gary Medel, Mauricio Isla, Charles Aranguiz, Arturo Vidal, Alexis Sanchez ou encore Eduardo Vargas.

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Non qualifié pour les Coupes du monde 2018 et 2022, le Chili a aussi déçu lors de la dernière Copa América avec une élimination en phase de poules derrière l’Argentine et le Canada après avoir été 4e en 2019 et quart de finaliste en 2021. Depuis l’échec des éliminatoires à la Coupe du monde 2018, la situation n’a eu de cesse de s’aggraver avec des tensions en interne qui a notamment poussé Claudio Bravo à la retraite internationale avant de revenir sur sa décision, une instabilité sur le banc depuis le départ de Jorge Sampaoli et une nouvelle génération qui n’arrive pas à s’affirmer. Pour ce qui est des entraîneurs du Chili, après le départ de Juan Antonio Pizzi en octobre 2017 après l’échec des qualifications pour la Coupe du monde 2018, Reinaldo Rueda est passé sur le banc de touche pendant trois ans et avait réalisé une Copa América 2019 encourageante avec une 4e place, mais son échec lors de la campagne éliminatoire de la Coupe du monde 2022 n’a pas su être enrayé par son successeur Martín Lasarte qui n’a tenu qu’un an. Eduardo Berizzo a ensuite aussi connu un passage d’un an et outre l’intérim de Nicolas Cordova, c’est désormais Ricardo Gareca qui gère la sélection.

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Ricardo Gareca au bout du rouleau

Ancien coach du Pérou qu’il a qualifié pour la Coupe du monde en 2018, le coach argentin de 66 ans est en échec total avec le Chili. C’est lui qui a dirigé l’équipe lors de la dernière Copa América ratée où le pays est sorti dès la phase de poules. Pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, c’est également catastrophique et son bilan est de 2 victoires, 1 nul et 6 défaites pour le moment. Prenant en main la sélection à la 6e journée alors que le Chili avait 5 points était huitième à égalité de points avec le barragiste, le Paraguay, il a enchaîné quatre défaites de suite. Tout d’abord contre l’Argentine (3-0) puis une humiliation historique contre la Bolivie (2-1), ce qui correspondait d’ailleurs à la première victoire de ses derniers en dehors de leur pays depuis 31 ans. La trêve d’octobre n’a pas arrangé la situation bien au contraire avec des revers 2-1 contre le Brésil et surtout 4-0 contre la Colombie. Dernier à huit journées de la fin, le Chili pointe à sept points du barragiste, la Bolivie et à huit longueurs du Paraguay, actuel 6e et dernier qualifié.

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Actuellement, l’équipe chilienne tente de se relever, mais compte moins de talent qu’auparavant. Si certains cadres comme Eduardo Vargas (34 ans), Erick Pulgar (30 ans), Paulo Diaz (30 ans) et Guillermo Maripan (30 ans) sont toujours là, la jeune génération a du mal à éclore à l’exception de l’ailier Darío Osorio qui brille au Danemark avec Midtjylland. Cela reste néanmoins trop limité et en septembre dernier, Arturo Vidal a dégoupillé, lui qui n’a plus porté le maillot de la sélection depuis plus d’un an. Le joueur de Colo-Colo a invectivé sur la plateforme Kick le sélectionneur Ricardo Gareca après la défaite 2-1 contre la Bolivie : «il semble que cet imbécile ne regarde pas les matchs de Copa Libertadores, il ne regarde que le championnat argentin. Il doit arrêter d’inventer. Le football, c’est très simple. Le pire, c’est qu’on fait piètre figure face à ces idiots contre qui on a gagné deux Copas.» La défaite désastreuse de la nuit dernière contre la Colombie (4-0) a juste empiré une situation qui était déjà dramatique.

Après le match, le sélectionneur Ricardo Gareca semblait sans solution et laissait entendre un possible départ de sa part : «j’ai besoin de prendre le temps de réfléchir. Je n’aime pas prendre de décisions lorsque les émotions sont à leur comble. Aujourd’hui, c’était difficile et j’ai besoin de me calmer avant de faire un choix. Je n’ai pas de réponse pour le moment. Je dois en discuter avec mon staff technique et les dirigeants. Il est encore temps, mais je ne suis pas encore en mesure de prendre la décision de me retirer. C’est ma responsabilité. L’équipe doit réagir et c’est à moi de le faire. Je ne peux pas blâmer les joueurs. Ils donnent tout, mais la situation actuelle n’est pas bonne.» Capitaine de la sélection, Guillermo Maripan s’est arrêté en zone mixte et a fait état d’un vrai problème structurel au Chili : «*j’y pense depuis longtemps. Je ne sais pas combien sont partis en Europe, je pense que j’étais l’un des derniers et j’ai pu y rester longtemps. C’est un peu triste, car il y a beaucoup de talents, mais structurellement, il se passe quelque chose qui fait que nous ne faisons pas le pas en avant. D’autres équipes, y arrivent peut-être avec moins, tous les marchés produisent pourtant des joueurs.» De l’instabilité, un coach qui n’arrive pas à trouver la solution et des talents qui ne parviennent pas à pointer le bout de leur nez, le football chilien traverse l’une de ses plus grosses crises…

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