Allemagne - Algérie : les notes du match

Revancharde après le triste épisode de 1982, l’Algérie s’est présentée sans complexes face à une équipe d’Allemagne annoncée comme la grande favorite de ce duel. C’est donc sans surprise que les hommes de Löw ont pris le contrôle du cuir, profitant de Fennecs trop regroupés derrière et multipliant les erreurs techniques. Une tendance qui s’est rapidement inversée. Performante grâce à ses contres très rapides, l’Algérie s’est d’ailleurs créé la première grosse occasion du match obligeant Neuer à sortir de sa surface pour empêcher Slimani d’ouvrir le score (9e).

Mis en difficulté et peu inspirés devant, les joueurs de la Mannschaft ont peiné pour trouver Müller seul en pointe. Une aubaine pour des Fennecs toujours aussi incisifs en contre. A la 17e minute, Slimani pensait même ouvrir le score de la tête sur un caviar de Ghoulam, mais un hors jeu de position gâchait tout. Une minute plus tard, ce fut au tour du latéral gauche de passer de peu à côté du but sur une frappe trop croisée (18e). Bousculée, l’Allemagne a tout de même fini par réagir dans les dernières minutes de la première période. Avec un Özil à la baguette, les coéquipiers du Gunner ont alors multiplié les tentatives lointaines (37e, 40e, 44e). Mais Mbolhi veillait au grain. Mieux, le portier algérien a sauvé les siens sur une double parade face aux tirs de Kroos et de Götze.

Et à la fin, c'est encore l'Allemagne qui gagne

Au retour des vestiaires, le show Mbolhi pouvait se poursuivre. Privée de ballons, l’Algérie a pu compter sur son héros pour éviter la noyade. Transfiguré depuis le début du tournoi, le portier des Fennecs a sorti le grand jeu face au nouvel entrant Schürrle (46e), Mustafi (47e), Laham (55e), Schweinsteiger (79e, 90e) et Müller (80e). Impuissants, les Allemands ont toutefois démontré qu’ils restaient l’une des meilleures équipes dans le money time. Moins éreintés physiquement, les hommes de Löw n’ont mis que deux minutes après le coup d’envoi de la prolongation pour trouver enfin la faille sur un centre de Müller repris en Majder par Schürrle (1-0, 92e). Un comble pour les Fennecs.

La fin du match est alors complètement débridée, et c’est un véritable attaque-défense qui se met en place. Les occasions se multiplient, notamment du coté allemand, le KO est proche. Il interviendra finalement au bout du temps réglementaire des prolongations sur un échange entre Schürrle et Özil conclu en deux fois par le Gunner. Courageuse, l’Algérie parviendra à sauver l’honneur par Djabou dans le temps additionnel (121e). Mais en vain. Pour le premier huitième de finale de son histoire, l’Algérie ne réalisera donc pas d’exploit. Qualifiée d’extrême justesse, l’Allemagne retrouvera, quant à elle, la France en quart de finale au Maracana vendredi prochain. D’ici là, les souvenirs de 1982 et de 1986 referont sans doute surface.

Homme du match : Schürrle (45e, noté 7). Le joueur de Chelsea s’est montré bien plus percutant. Dangereux dès son entrée en jeu (46e), il a su se montrer bien plus disponible que son compatriote malgré les petits espaces. Rapide, c’est lui qui a délivré les siens en reprenant victorieusement une offrande de Müller au début des prolongations (92e). Egalement impliqué sur le deuxième but allemand (120e).

Allemagne :

• Neuer (7) : très sollicité par les contres rapides des Algériens, il a dû se muer en libéro pour repousser les tentatives adverses hors de sa surface (9e, 28e, 72e). Alerté par Slimani (17e, 75e), Ghoulam (18e), et Brahimi (89e), il a signé une prestation de grande classe. A tout de même eu chaud sur plusieurs actions chaudes algériennes non cadrées. Mais son exceptionnelle vision du jeu a fait la différence.

• Mustafi (5) : énormément sollicité offensivement, il a été l’un des joueurs les plus servis de la première période. Malheureusement pour lui, il n’a pas rencontré la réussite espérée sur ses centres. A également eu une belle action de but de la tête (47e). Sorti sur blesure. Remplacé par Khedira (69e).

• Boateng (6): en difficulté face à la capacité de conservation de balle de Slimani en première période, il a eu beaucoup moins de travail à réaliser au fil des minutes. Auteur d’un excellent retour en toute fin de prolongation (117e) alors que Slimani filait droit au but.

• Mertesacker (5,5) : certes son manque de rapidité l’a mis quelques fois en difficulté, mais le joueur d’Arsenal a su tenir la baraque en général. Il a surtout eu la chance de voir les attaquants algériens s’user rapidement sur le plan physique.

• Howedes (5,5) : défenseur central repositionné au poste d’arrière gauche, il n’a logiquement pas apporté grand-chose offensivement. Et défensivement, s’il n’a pas commis de grosses erreurs, il sera l’un des points faibles allemands que nos Bleus devront exploiter au mieux avec leurs flèches.

• Lahm (6) : travailleur comme à son habitude, il a encore fait preuve de justesse dans es passes. Cependant, ses caviars n’ont pas rencontré l’efficacité escomptée. Tout comme ses tentatives lointaines (50e, 55e). Il a retrouvé son poste de prédilection en fin de match suite la sortie sur blessure de Mustafi.

• Schweinsteiger (6,5) : le tank allemand n’a pas chômé ce soir. Présent dans les duels, il a eu de multiples occasions pour faire la différence dans ce match très disputé (14e, 79e, 90e). Mais à chaque fois, Mbolhi a contrarié ses plans. Remplacé par Kramer (109e).

• Kroos (6,5) : tireur attitré des coups de pied arrêtés, le Munichois a lui aussi eu l’opportunité de faire trembler les filets (40e, 44e). En vain. Vela ne l’a pas empêché pour autant d’imposer sa loi dans l’entrejeu et de confirmer qu’il est un rouage important de la machine germanique.

• Özil (6) : très mobile, il a été l’homme qui a tenté de donner du mouvement lors des phases offensives allemandes. Mais pas vraiment avec réussite. Hormis une frappe lointaine (37e), rien de spécial à signaler. Trop prévisible dans ses dribbles, il s’est rattrapé en inscrivant le but du KO à la fin des prolongations (120e).

• Müller (7) : pris en tenaille, il a eu très peu d’espace pour s’exprimer. Résultat : il n’a eu qu’une seule véritable occasion chaude lors des 45 premières minutes. Et encore, sa tête était non cadrée (35e). Il a en revanche été plus en vue au fil de la rencontre profitant de la baisse de régime de ses adversaires. Il aurait d’ailleurs pu en profiter pour inscrire un doublé (80e, 82e), mais il s’est rattrapé en donnant une passe décisive à Schürrle (92e).

• Götze (4) : chargé d’animer l’attaque, le bavarois a été très absent. Il n’a d’ailleurs eu qu’une véritable action de but à se mettre sous la dent (40e). Remplacé par Schürrle (45e, noté 7). Voir ci-dessus.

Algérie :

• Mbolhi (7) : Encore un très beau match pour l’ancien gardien de but passé par l’Olympique de Marseille et le Gazélec Ajaccio. Il a été déterminant sur les nombreuses occasions allemandes. Toujours bien placé, il a été très vigilant. Ses arrêts ont été déterminants, face à Schweinsteiger (13e), Ozil (23, 36e), Lahm (54e). A été l’auteur d’une superbe double parade devant Kroos et Gotze (40e). En fin de rencontre, il a sorti une tête bien placée de Muller (79e). Un héros qui rend finalement les armes sur une talonnade de Schurrle (91e) d"'abord, puis sur une frappe d'Ozil (119e).

• Ghoulam (6) : Le nouveau latéral gauche du Napoli a été à la hauteur de ce grand rendez-vous. Il n’a eu de cesse de prendre son couloir. A apporté le danger dès lors qu’il est monté par ses centres très bien dosés. En plus de cela, il a rempli ses tâches défensives, à l’image de son geste où il prend le meilleur sur Schurrle à la course. Une belle prestation pour l’ancien stéphanois.

• Belkalem (5) : Le grand central d’1m92 n’a pas connu de gros problèmes au cours de cette rencontre. Face à l’armada offensive adverse, il a toujours su bien se placer. Dans ses récupérations de balle, il a tenté de s’appliquer en cherchant des relances propres sur ses latéraux ou ses milieux défensifs. A souvent bien couvert les appels des attaquants allemands.

• Halliche (5) : Le capitaine des Fennecs a tenu son rang. Solide dans les duels en début de rencontre. Toutefois, il a semblé davantage en difficulté que son partenaire de charnière centrale. A notamment été l’auteur d’une grosse faute sur Schweinsteiger avant la mi-temps (41e). Avec son brassard, il a aussi joué son rôle en replaçant les siens et en motivant ses coéquipiers tout au long de la rencontre. A beaucoup donné au point de souffrir de crampes avant la fin du temps réglementaire. Finalement remplacé par Bougherra (96e).

• Mandi (4,5) : Par rapport à son homologue du couloir gauche, le latéral droit du Stade de Reims s’est davantage contenté de bien bloquer son côté. Hormis quelques espaces laissés ça et là, il l’a bien fait. Appliqué en défense, il n’a en revanche pas pris trop de risques sur le plan offensif. Pas illogique quand on sait qu’il avait notamment Gotze en première mi-temps, puis Schurrle et Kroos sur son côté…

• Lacen (6,5) : Gros volume de jeu pour l’actuel milieu défensif de Getafe. Positionné devant la défense en compagnie de Mostefa, il a montré une grosse activité. Utile pour faire tourner le ballon lorsque son équipe bénéficiait du cuir. En outre, beaucoup de ballons récupérés dans l’entrejeu sont à mettre à son compte. Celui qui évolue en Espagne depuis 2005 a réalisé une prestation très sérieuse.

• Feghouli (6,5) : Une très bonne prestation pour le milieu offensif du FC Valence. Face à l’Allemagne, Feghouli a pu exhiber ses dribbles déroutants et a démontré tout son talent. A plusieurs reprises, il a mis en difficulté les défenseurs de la Mannschaft. L’ancien Grenoblois a eu une très grosse activité offensive, mais il n’en est pas contenté. Il a aussi su être rigoureux dans le repli défensif. En conséquence, il a récupéré quelques ballons et a su se projeter rapidement vers l’avant, soit pas ses courses, soit par des passes rapides.

-Taider (4,5) : Le milieu de l’Inter Milan a été le joueur offensif algérien le moins en vue dans ce match. Saphir Taïder a touché moins de ballons que ses compères de l’attaque. Moins en vue, il n’a pas senti les coups des offensives rapides orchestrées par les Fennecs. Il a peiné à combiner avec Feghouli, Soudani et Slimani. Pas forcément dans le même rythme que ses partenaires, il a finalement été remplacé par Brahimi (77e).

• Mostefa (6) : Aligné d’entrée par Vahid Halilhodzic à cause de la blessure de Carl Medjani, Mehdi Mostefa a eu du mal à se mettre dans son match. En début de rencontre, il a paru dépassé, dans le mauvais tempo. Il a été en retard dans les duels et a commis plusieurs fautes. Mais il s’est bien repris par la suite. A réalisé de belles interventions dans sa zone. Lorsqu’il fut en possession du ballon, il s’est bien appliqué dans les relances. A réalisé une demi-volée de belle facture qui prenait la direction du cadre (38e) et manqué une balle d'égalisation au terme d'un cafouillage dans la surface (100e).

• Slimani (5,5) : Positionné seul sur le front de l’attaque, Slimani s’en est très bien sorti. Car au milieu des rugueux défenseurs allemands, il n’a jamais rechigné à aller au duel. Par ailleurs, il a souvent réussi à se démarquer et s’est donné quelques espaces. A multiplié les appels, et a su jouer intelligemment en s’aidant de ses partenaires offensifs, tels que Feghouli et Soudani. Malheureusement, il n’a pas pu bonifier son bon match dans l’état d’esprit par une réalisation qui aurait bien aidé l’Algérie. Au fur et à mesure du match, il s'est tout de même éteint, le déchet technique prenant le pas sur son jeu.

• Soudani (5) : L’avant-centre du Dinamo Zagreb était positionné sur le couloir gauche, laissant l’axe à Islam Slimani. Un choix de Halilhodzic, qui fait que Soudani a touché moins de ballons. Mais il a su s’adapter avec brio. Son positionnement tactique a fait qu’il était en duel avec Mustafi, en difficulté dans cette rencontre. Il n’a pas non plus oublié son repli défensif. Rigoureux, il a été utile à Faouzi Ghoulam sur son côté gauche, en bloquant les montées des offensifs adverses. Remplacé par Djabou (99e).