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Pape Gueye, Villarreal : «cette année, je pense que l’OM peut titiller le PSG»

Arrivé à Villarreal cet été en provenance de l’OM, Pape Gueye s’est vite trouvé une place de titulaire dans le XI de Marcelino aux côtés de Dani Parejo. L’international sénégalais est en grande forme et est bien parti pour réaliser une très bonne saison en Liga. Pour Foot Mercato, le natif de Montreuil a accepté de revenir sur son choix de signer en Liga et sur son aventure à l’Olympique de Marseille, à quelques heures du déplacement du sous-marin jaune à San Sebastian dans le cadre de la 19e journée de Liga. Entretien.

Par El-Hadji Loum - Alexandre Chaillol
14 min.
pape gueye real madrid Villarreal @Maxppp

FM : pourquoi as-tu fait le choix de rejoindre Villarreal libre cet été ? Tu avais d’autres propositions sur la table ?

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Pape Gueye : oui, j’avais plusieurs propositions vu que j’étais libre. J’avais beaucoup aimé le championnat espagnol lors de mon passage à Séville. L’Espagne, c’était vraiment une option que j’avais en tête. Il y avait beaucoup de clubs français, les 5 premières équipes hors PSG qui étaient intéressées par mon profil. Villarreal, c’était du concret, c’était l’une des équipes qui a montré un intérêt très fort auprès de mes agents. J’ai discuté avec Marcelino, on a parlé pendant quelques minutes, et il m’a vraiment montré un intérêt que j’ai beaucoup aimé. Je me suis dit que je vais aller confirmer ce que j’ai fait à Séville six mois, je vais confirmer à Villarreal.

FM : tu as connu Marcelino à Marseille même si tu avais ta suspension. C’est ce qui t’a convaincu de le rejoindre à Villarreal ?

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PG : je n’ai pas eu la chance de jouer sous ses ordres parce que j’étais suspendu. Mais je m’entraînais tous les jours et moi, j’étais dans un délire, en gros, même si je suis suspendu, je vais me donner à fond. Je pense qu’en voyant ça, il a vu que ce petit, il a quelque chose. Il a un mental, parce qu’en vrai, quatre mois, je pouvais me dire, Bon vas-y, je vais choisir mes entraînements ou je vais un peu moins travailler. Mais il a vu que j’étais vraiment déterminé à revenir en bonne forme. Le peu de temps qu’il a eu à Marseille, on a appris à se connaître. C’est quelqu’un d’humain, avant tout. Et je pense que c’est pour ça qu’on s’est bien entendus. Parce que dans ce milieu-là, c’est compliqué de trouver des bonnes personnes, des personnes honnêtes. Et je pense que lui, c’est quelqu’un de droit dans ses bottes.

«Marcelino, on ne connaît pas vraiment les raisons de son départ»

FM : Marcelino réalise donc un très gros travail avec le sous-marin jaune cette saison, tu l’as connu à Marseille l’an dernier et c’était une histoire un peu plus compliquée, pour toi pourquoi ça n’a pas forcément marché avec l’OM ?

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PG : en vrai, je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché parce qu’il avait des idées bien claires. Moi, je n’étais pas au match, mais aux entraînements, l’équipe travaillait bien. On faisait beaucoup de vidéos. Quand il est parti, tout le monde était choqué. Si un coach fait n’importe quoi, on voit que ce qu’il propose ne correspond pas, on va le sentir. Mais là, tout le monde était surpris. On ne connaît pas vraiment les raisons de son départ.

FM : l’expérience en Liga t’a plu, puisque tu y retournes un an plus tard, cette fois à Villarreal. Selon toi, la Liga est-elle le championnat le mieux adapté à ton style de jeu ?

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PG : je pense que oui. Parce que quand j’étais plus jeune, on me disait souvent, tu as un jeu espagnol. Quand j’étais avec le ballon, j’étais bon, je trouvais des passes, mais je n’aimais pas trop défendre. En Liga, j’ai découvert un championnat ouvert, où tout le monde joue. Par exemple, en Ligue 1, tu peux trouver des équipes, notamment en bas de tableau, qui ne vont pas repartir de derrière. Ils vont jouer long, gagner les premiers et les deuxièmes duels pour aller marquer. Mais en Espagne, tout le monde repart de derrière. Même techniquement, je progresse encore plus vite parce que tu dois être très technique pour ressortir le ballon jusqu’au but.

FM : pour toi, quelles sont les différences les plus flagrantes entre la Ligue 1 et la Liga ?

PG : physiquement, pour moi la Ligue 1, c’est plus dur. Physiquement, les jeunes sont plus forts. Moi, les Espagnols, quand ils me voient, pour eux, je suis une machine. En Ligue 1, ça ne se voyait pas autant parce qu’il y avait plus de joueurs puissants, grands alors qu’en Espagne, ils sont plus petits, mais plus techniques. Pour moi, les Espagnols sont plus forts avec le ballon, techniquement. Physiquement, la Ligue 1 est plus forte, mais techniquement la Liga qui est au-dessus.

FM : quel championnat est donc le plus compliqué entre la Liga et la Ligue 1 ?

PG : je pense que c’est la Liga. Quand j’étais à Marseille, je pensais qu’en Espagne, il y avait que six bonnes équipes, souvent, les gens pensent comme ça. Tu vois Real, Barça, peut-être Séville, Atlético, Villarreal, Betis, etc. En France, tu joues, contre le dernier, il va faire un bloc bas. Il va avoir peur, il ne va pas trop sortir. Alors qu’en Espagne, ils vont venir te presser, tout le monde joue en Liga. C’est ça qui fait que la Liga est difficile. Il ne faut pas sous-estimer le championnat espagnol.

«On se doit de finir dans les cinq premiers de Liga.»

FM : vous êtes actuellement cinquième en Liga, vous réalisez une grosse saison, accrocher le top 4 et la Ligue des Champions, c’est l’objectif ?

PG : oui, c’est un objectif. Ça fait plusieurs années maintenant que le club joue les places européennes, la Ligue des champions, l’Europa League, qu’ils ont même gagné en 2021. Je pense que c’est un objectif, surtout avec l’effectif qu’on a cette année. Toute l’expérience qu’on peut avoir, les jeunes à fort potentiel. Je pense qu’on se doit de finir dans les cinq premiers.

FM : évoluer au côté de Parejo, un joueur d’expérience international espagnol et surtout une référence à son poste en Liga, ça t’aide à progresser ?

PG : oui, bien sûr, quand tu as des joueurs qui jouent à côté de toi et qui ont beaucoup de talent, c’est vrai que ça te facilite la tâche. Ça te facilite dans les matchs, aux entraînements, on va se comprendre sans même discuter. J’apprends de son expérience, parce qu’aujourd’hui, il a plus de 35 ans, donc avoir cet âge-là et être à ce niveau, c’est fort. J’essaie de prendre de l’expérience sur ce qu’il fait et de l’aider en match.

FM : Nicolas Pepe, Thierno Barry, plusieurs joueurs de Villarreal sont francophones, ont grandi en France. Ça a facilité ton intégration en Espagne ?

PG : oui, bien sûr, après, moi, je parlais déjà espagnol grâce à mon passage à Séville. C’est vrai que c’est plus facile quand tu as des Français. Vous pouvez plaisanter, vous pouvez rigoler en français. On se rapproche rapidement parce qu’on parle la même langue. En plus moi, vu que je parle espagnol et qu’il y a des joueurs français qui ne parlent pas vraiment espagnol, je peux les aider au quotidien.

FM : Thierno Barry réalise une grosse saison en bluffant tout le monde, quand il est arrivé cet été de Bâle, tu as senti qu’il avait un gros potentiel ?

PG : moi, je ne le connaissais pas avant qu’il ne signe à Villarreal. Quand il est arrivé, je l’ai accueilli, car c’est un Français. Il ne comprenait pas encore bien l’espagnol. Je m’entends très bien avec lui, on parle beaucoup en dehors. Comme pratiquement tous les autres Français de l’équipe. Thierno est un bosseur. Tu vois son parcours. Il y a 3 ans, il était en N3. La dernière fois, je lui ai dit il y a 3 ans, tu étais en N3 ? Il m’a dit oui. C’est beau, c’est le travail. Tu peux avoir de la chance. Mais pas à ce niveau-là, pas en pro. La chance n’existe plus à ce niveau-là.

«On se doit de finir dans les cinq premiers de Liga.»

FM : si tu devais résumer ton passage à Marseille en quelques mots, tu dirais quoi ?

PG : beaucoup de plaisir, beaucoup d’expérience, c’était une découverte. Quand je sors de Ligue 2, c’est vrai que je suis capitaine au Havre, mais personne ne me connaît. Quand on a eu la réflexion avec ma famille, j’avais des opportunités en Ligue 1, des clubs qui me garantissaient d’être titulaire indiscutable. Et il y a Villas-Boas qui a été clair avec moi. Il m’a dit 'Pape, je vais être le coach de Marseille, je te veux dans mon équipe. Mais je ne te garantis pas que tu vas être titulaire. Moi, je te garantis d’évoluer aux côtés de Kamara, c’est le premier numéro 6 de l’équipe. Toi, tu vas être deuxième. Mais vu qu’il y a beaucoup de matchs, il y a la Ligue des champions, tu vas avoir du temps de jeu.' J’ai bien aimé son honnêteté. J’y ai réfléchi, j’ai 20 ans, je sors de Ligue 2. Si je vais à Marseille, je saute plusieurs étapes. Mais je vais apprendre, car à l’entraînement, tu apprends, avec des joueurs d’expérience comme Mandanda, Payet. On a bien réfléchi et on a foncé à Marseille.

FM : tu étais supporter de l’OM avant de rejoindre le club ?

PG : toute ma famille était pour Marseille. Quand j’étais jeune, je n’avais pas forcément une équipe. Je regardais les matchs de Marseille. Quand Marseille m’a voulu, je l’ai dit à ma mère, elle m’a dit, vas-y direct ! C’était une fierté. Tous les jours, tu joues devant 60 000 personnes. Là, je joue un match, je n’ai plus de pression. À force de jouer et de jouer tôt à Marseille à cet âge-là, là, maintenant, je rentre dans un match à Villarreal ou à Séville. Je peux jouer contre le Barça et le Real, j’ai plus de pression.

FM : tu penses quoi des premiers mois de De Zerbi avec l’OM, tu aurais aimé jouer sous ses ordres ?

PG : oui, c’est un grand coach, ce qu’il a fait à Sassuolo, c’est très fort. Je regarde les matchs de Marseille, c’est vrai que ça joue bien. Tout joueur veut jouer avec des grands coachs donc oui, pourquoi pas jouer sous ses ordres.

«Cette année, je pense que l’OM peut titiller le PSG.»

FM : tu penses que l’OM va remplir ses objectifs et finir sur le podium cette saison ?

PG : moi, carrément, cette année, je pense que l’OM peut titiller le PSG. J’ai été déçu du Classique parce qu’au début de match, je les voyais reculer. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé. En fait, je me suis dit que chaque année, c’est compliqué contre le PSG. Je me disais que cette année, c’est l’année où Marseille, avec l’effectif qu’ils ont, ils peuvent passer devant. Le PSG a perdu beaucoup de joueurs. Neymar, Messi, Mbappé. Et qu’ils perdent le match comme ça, c’est vrai que c’était compliqué. De Zerbi vient d’arriver, il apprend, les nouveaux joueurs apprennent aussi. En-tout-cas, c’est bien parti pour faire podium et je leur souhaite de le faire. Moi, je regarde encore tous les matchs.

FM : quelle est la saison où tu as pris le plus de plaisir à l’OM ?

PG : je pense que je dirais, là où j’ai pris le plus de plaisir, c’est l’année de Sampaoli. Franchement, il y avait de très bons joueurs, Saliba, Kamara, Payet, Gerson et on jouait un beau football. C’était un régal.

«Saliba fait partie du top 3 des meilleurs défenseurs du monde»

FM : tu as joué avec Saliba pendant une saison à Marseille. Est-ce que tu es choqué de son ascension à Arsenal ou tu t’y attendais ?

PG : je ne suis pas choqué parce qu’il est très sérieux. Ce n’est pas un blagueur quand il est venu à Marseille parce que c’était compliqué avec Arsenal. Dans sa tête, je pense qu’il s’est fixé des objectifs. Il s’est dit, une saison, je dois revenir au top, je dois jouer. Et il a fait une grande saison. Pour moi aujourd’hui, il fait partie des 3 meilleurs défenseurs centraux dans le monde. Je pense qu’il n’y a pas de risque à le dire, il est dans le top 3 normal.

Saliba Pape Gueye om

FM : est-ce un regret de ne pas avoir remporté de titre avec l’OM ?

PG : oui, bien sûr, c’est un regret. Quand je rejoins Marseille, j’ai comme objectif de remporter des trophées. Si tu viens à Marseille et que tu n’as pas l’objectif de remporter des trophées, ça ne sert à rien de venir.

FM : quel est le meilleur adversaire que tu aies affronté en Ligue 1 ?

PG : j’ai joué contre Messi, Mbappé etc, mais celui qui m’a vraiment impressionné, c’est Neymar. Quand on a joué contre lui au Parc des Princes en 2020, c’était mon premier match au Parc. Boubacar Kamara, je me rappelle avant le match, il me dit "Quand, tu vois Neymar, ne recule pas. Je te jure, il ne faut pas que tu recules. Parce que ces joueurs-là, ils sentent quand tu as peur." Il m’a dit "quitte à y aller, même s’il te met un petit pont, vas-y." Parce que lui, il avait l’expérience de la Ligue 1. Moi, c’était mon premier match au Parc.

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