Bayern Munich : Thomas Tuchel prépare déjà son départ

Par Victor Garlan - Dahbia Hattabi
6 min.
Thomas Tuchel @Maxppp

Depuis la lourde défaite du Bayern Munich contre le Bayer Leverkusen, Thomas Tuchel alimente les critiques outre-Rhin, à quelques heures d’un huitième de finale aller de Ligue des Champions face à la Lazio. Dans le viseur de la presse et des fans, l’entraîneur allemand peut néanmoins compter sur le soutien de sa direction. Mais il n’exclut pas de prendre la poudre d’escampette…

Allons-nous assister à la fin d’une ère en Allemagne ? À l’aube de la 21e journée de Bundesliga, la course au titre pouvait se résumer à un unique duel entre deux formations : le Bayern Munich et le Bayer Leverkusen. Au sortir d’un dernier exercice irrespirable où tout s’est joué lors de la dernière journée, le champion d’Allemagne en titre envisageait d’accrocher un 12e sacre consécutif à son palmarès et asseoir davantage sa suprématie à l’échelle nationale. En face, le Bayer Leverkusen entendait mettre un terme à l’hégémonie bavaroise outre-Rhin. Solide leader, invaincu aussi bien en championnat qu’en Coupe d’Allemagne et en Ligue Europa, l’équipe emmenée par Xabi Alonso voulait surtout se défaire une bonne fois pour toutes du surnom de «Neverkusen» qui lui colle tant à la peau depuis le début du XXIe siècle.

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Conscient de l’importance de l’événement, l’entraîneur munichois avait annoncé la couleur en marge du coup d’envoi. «Trente équipes ont essayé de les battre, mais aucune n’a réussi à le faire. On verra demain. Bien sûr, cette série est extraordinaire, mais on n’a que deux points de moins. Donc on n’a pas à se cacher. Il est encore tôt dans la saison, mais on sent que c’est un match particulier où l’on doit jouer cartes sur table. C’est une grande opportunité pour nous. On va à Leverkusen pour gagner. On joue contre beaucoup de supporters neutres qui veulent que Leverkusen remporte le titre. Mais on joue pour nous-mêmes et pour le titre», déclarait ainsi le technicien bavarois. Malheureusement pour lui, ses ambitions se sont heurtées à la réalité du terrain.

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Thomas Tuchel a eu tout faux face au Bayer !

Poussé par la BayArena et malgré un premier quart d’heure à l’avantage des Bavarois, du moins dans la possession du ballon, Leverkusen a confirmé son statut de favori à la victoire finale. Xabi Alonso et ses protégés ont largement dominé ce choc au sommet en exploitant à la perfection les failles du Bayern Munich, plombé par des erreurs défensives à répétition et incapable de trouver les solutions pour renverser la vapeur. Pire encore, les offensifs Bavarois ont éprouvé toutes les peines du monde à exister, muselés par un bloc défensif du B04 compact et solidaire. Et c’est finalement grâce à des réalisations de Josip Stanisic (18e), Alejandro Grimaldo (50e) et Jérémy Frimpong (90e+5) que Leverkusen a surclassé le champion d’Allemagne en titre en lui infligeant l’un de ses plus gros revers de la saison (3-0), deux mois après la débâcle à Francfort où la formation munichoise et Thomas Tuchel avaient été pointés du doigt pour avoir encaissé 5 buts.

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Si au classement, cette défaite se traduit par un fossé de cinq unités entre le leader et son dauphin, une question reste en suspens outre-Rhin : doit-on considérer ce large revers comme une simple erreur de parcours ou alors Thomas Tuchel doit-il se faire du souci pour son avenir en Bavière ? À l’heure d’analyser la prestation chaotique des partenaires d’Harry Kane sur les antennes de Sky Sports, Lothar Matthäus voyait déjà l’orage se profiler à l’horizon : « bien sûr, ce ne sera pas seulement dans les médias, mais aussi en interne au Bayern. Thomas Tuchel va réguler l’équipe à juste titre et bien sûr, la direction va réfléchir à la façon dont les choses vont continuer, à la façon dont la cohésion au Bayern est encore possible. Je dirais : danger d’orage à la Säbener Straße.»

Un entraîneur sous pression avant le déplacement en Italie !

Et force est de constater que la légende la Mannschaft a vu juste. Dès lors, la presse allemande n’a pas été tendre envers Thomas Tuchel, désigné comme le principal responsable du fiasco à la BayArena en raison de ses choix tactiques (le 3-4-2-1, la mise à l’écart de Matthijs De Ligt, Joshua Kimmich et Thomas Müller laissés sur le banc, ndlr) qui ont fait couler énormément d’encre. «Ce qui devrait faire réfléchir les patrons du Bayern, à part un déficit de cinq points en Bundesliga : l’équipe de Tuchel ne rayonne d’aucune joie, d’aucun enthousiasme, d’aucun désir de football dans de nombreux matchs… Tuchel doit faire attention. Il a besoin de victoires convaincantes et glamour très rapidement. Car une chose est sûre : désormais, l’entraîneur va vaciller», pouvait-on lire dans les colonnes de BILD, dimanche matin. Même son de cloche du côté des fans où la frustration à l’égard de l’ex-manager des Blues se fait de plus en plus sentir.

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Peu de temps après la débâcle sur le terrain de Leverkusen, un fan munichois s’est déplacé en personne à la Säbener Straße pour faire passer un message à l’Allemand. «Tuchel dehors», pouvait-on lire sur une feuille accrochée à côté du parking souterrain où les joueurs garent habituellement leurs véhicules au centre d’entraînement bavarois. Si Thomas Tuchel ne semble plus faire l’unanimité auprès des fans et de la presse, il conserve néanmoins la confiance de sa direction, à l’image des propos tenus par le directeur général du Rekordmeister, Jan Dreessen. «Nous savions que ce serait un match difficile. Mais il faut maintenant regarder vers l’avant. La défaite est méritée, mais nous n’abandonnerons pas. Il reste encore 13 journées. Nous devrons être là si Leverkusen fait une erreur.»

Le clan TT a déjà un club en tête

Des déclarations qui s’inscrivent dans la lignée de celles exprimées par Thomas Müller, qui n’a pas souhaité blâmer son coach, et ce, en dépit de son statut actuel dans l’effectif. «Vous n’avez pas besoin de tirer maintenant. Nous avons perdu 3-0. Il y a avait suffisamment de joueurs de calibre international. C’est pourquoi vous n’avez pas besoin d’aller voir l’entraîneur», scandait la star bavaroise. Mais en coulisses, les choses semblent être différentes. Peu apprécié par certains joueurs de son groupe, TT sent aussi la menace Hans-Dieter Flick sur son dos. Hier, SportBild a expliqué que le club allemand pense au retour de son ancien entraîneur, libre depuis la fin de son aventure avec la sélection allemande. Sentant le vent tourner, le clan Tuchel a décidé de prendre les devants.

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Ce mercredi, Mundi Deportivo annonce que l’entourage du technicien a proposé ses services au FC Barcelone, qui cherche le successeur de Xavi. Après son départ de Chelsea, TT, qui a pris des cours pour apprendre l’espagnol, ambitionnait de rejoindre un géant de Liga. Mais il a ensuite signé au Bayern Munich, où il est de plus en plus discuté. Pour anticiper un potentiel départ, son clan a donc glissé son nom aux dirigeants blaugranas, dont Joan Laporta qui aime beaucoup les entraîneurs allemands. Tuchel estime qu’il pourrait avoir ses chances, lui qui possède un bon CV et une solide expérience. En attendant, il est toujours sur le banc du Bayern, où il n’aura pas le droit à l’erreur sur la pelouse de la Lazio dans le cadre des 1/8es de finale de la Ligue des champions. Une défaite risque de sérieusement compromettre ses chances de terminer la saison à Munich…

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