Exclu FM Ligue 1

Étienne Youté Kinkoué : « un départ ? c’est dans un coin de ma tête mais pour l’heure je reste focus avec le HAC »

Convoité par de nombreuses écuries et tout proche de quitter Le Havre pour Hoffenheim lors du dernier mercato estival, Étienne Youté Kinkoué a finalement décidé de poursuivre l’aventure en Normandie. Un épisode non sans conséquences sur lequel le défenseur de 22 ans est revenu alors que les Ciel et Marine s’apprêtent à défier le Stade de Reims de Luka Elsner, prédécesseur de Didier Digard, pour le compte de la 11e journée de Ligue 1. L’occasion également pour le natif de Lyon d’évoquer sa progression, ses ambitions futures et cette première convocation avec les Espoirs… Entretien.

Par Josué Cassé
13 min.
Étienne Kinkoué en action avec Le Havre @Maxppp

Recruté à l’hiver 2023 en provenance de la réserve de l’Olympiakós en Grèce, le jeune défenseur central Étienne Youté Kinkoué (22 ans) s’est rapidement imposé comme un maillon essentiel du collectif havrais. Révélation des Ciel et Marine la saison passée sous les ordres de Luka Elsner, le droitier d’1m96 - réputé pour sa sérénité et son autorité défensive - poursuit, aujourd’hui, son ascension malgré un été dernier pour le moins mouvementé. Ciblé par de nombreuses écuries européennes (Francfort, OM, Salzbourg, Trabzonspor…) et tout proche de s’engager du côté d’Hoffenheim, le numéro 6 du HAC avait finalement décliné l’offre des pensionnaires de la PreZero Arena. Un retournement de situation inattendu et peu apprécié par sa direction.

La suite après cette publicité

Sorti du groupe durant trois rencontres (Auxerre, Toulouse Monaco) et invité par le board havrais à respecter ses engagements, le franco-camerounais a, depuis, réintégré la charnière centrale normande, acceptant avant cela de prolonger son contrat jusqu’en juin 2026. Une issue positive permettant à l’ex-joueur de l’Inter Milan de retrouver les terrains et ainsi d’apporter sa pierre à l’édifice, à l’heure où le HAC pointe au 17e rang et lutte pour sa survie dans l’élite. Interrogé par nos soins avant la réception du Stade de Reims, ce dimanche à 17h, dans le cadre de la 11e journée de Ligue 1, celui qui a pris part à six rencontres depuis le début de la saison (toutes dans la peau d’un titulaire) est alors revenu sur ces derniers mois agités. Et bien plus encore.

«J’ai su saisir ma chance pour m’imposer au HAC»

Foot Mercato : bonjour Étienne avant de revenir sur votre actualité, pouvez-vous nous parler de vos premiers pas dans le football ?

La suite après cette publicité

Etienne Youté Kinkoué : j’ai commencé le football assez tardivement, en tout cas plus tard que ce qui peut se faire plus couramment. J’ai débuté à l’âge de 10/11 ans du côté de Nogent-sur-Seine et j’ai été repéré dans la foulée par un coach, à Troyes, donc j’ai intégré la préformation à l’ESTAC à 13 ans et je suis resté jusqu’à mes 17 ans là-bas. J’ai progressé durant ces années et finalement je suis parti à l’étranger où j’ai signé à l’Inter quand j’avais 18 ans.

FM : pourquoi ce choix de partir très tôt à l’étranger ?

EK : c’était aussi une belle opportunité, j’ai fait deux ans en Italie, ça m’a permis de découvrir un autre football, une autre philosophie, notamment sur le plan tactique. Je pense que cette expérience m’a donné beaucoup d’expérience et m’a fait gagner en maturité. Surtout que là-bas, ce n’est pas la même langue donc tu dois t’adapter vite, c’est enrichissant.

FM : ce n’était pas trop compliqué à gérer, je pense notamment à l’éloignement vis-à-vis de vos proches ?

La suite après cette publicité

EK : franchement, j’étais juste concentré sur le foot. Je ne faisais pas attention à ce qu’il y avait autour donc je n’ai pas forcément souffert de la distance avec mes proches surtout qu’ils venaient me voir régulièrement. De mon côté, j’étais focalisé sur le football mais ce nouveau cadre de vie m’a aidé forcément dans ma trajectoire et a contribué au joueur que je suis devenu aujourd’hui. Après, j’ai aussi vécu une expérience à l’Olympiakós donc toutes ces choses m’ont donné l’opportunité de grandir.

FM : après cette expérience en Grèce, vous avez officiellement rejoint Le Havre en janvier 2023, pourquoi ce choix de rejoindre la Normandie ?

La suite après cette publicité

EK : j’ai parlé avec mon agent qui m’a proposé ce nouveau challenge. Il m’a dit que Le Havre avait besoin d’un défenseur, d’une doublure parce que l’équipe marchait très bien à ce moment-là et moi de mon côté, j’étais à l’Olympiakós et ça se passait très mal. Je ne jouais pas, j’étais en réserve donc, pour moi, si je continuais comme ça, je risquais de me perdre. Honnêtement, je pense que j’allais mal finir en restant là-bas et je ne voulais pas mettre ma carrière en danger donc j’ai accepté directement le projet du HAC.

FM : un choix payant pour vous ?

EK : oui sincèrement. Après, la première année, c’était compliqué de jouer avec Le Havre mais c’était logique aussi. Il y avait une équipe qui tournait très bien, qui gagnait tout le temps donc c’est compliqué de faire des changements. Finalement, il y a eu cette montée en Ligue 1 et j’ai su saisir ma chance dans un moment où l’équipe avait un peu plus de mal. Le coach devait faire des choix et j’ai prouvé qu’il pouvait me faire confiance.

«Je dois progresser dans la constance, être plus régulier»

FM : vous avez d’ailleurs réellement explosé la saison dernière…

EK : oui c’était une belle saison pour moi sur le plan individuel mais aussi pour l’équipe qui a trouvé les ressources nécessaires pour se maintenir dans l’élite. Après, j’avais conscience que je pouvais performer au plus haut niveau mais je sais aussi que je peux encore faire mieux. Pour un début, c’est bien mais je pense que je peux gagner en constance par exemple. La saison passée, je faisais deux bons matches mais le troisième était moyen, c’est un point sur lequel je dois travailler pour atteindre cette exigence et cette régularité.

FM : pour nos lecteurs, pouvez-vous détailler un peu plus votre profil ? Vos forces et vos axes d’amélioration ?

EK : je me définis comme un défenseur globalement calme. J’aime bien ressortir le ballon proprement et défendre debout, dans l’anticipation. Je ne suis pas le genre de joueurs à aller constamment chercher le duel. Après, je pense que c’est aussi ça mon défaut. Il faut que je sois plus tranchant dans le duel, plus fort. Je continue de travailler pour m’améliorer sur ces aspects. J’aimerais aussi progresser sur le plan offensif, apporter plus de danger dans la surface, sur les corners…

FM : quels sont vos modèles au poste de défenseur ?

EK : franchement, je n’en ai pas (rires). Je sais que c’est une question habituelle mais non, je n’en ai pas.

«Hoffenheim ? C’était intéressant mais je me suis dit que c’était mieux de rester»

FM : pour revenir sur votre actualité, vous avez connu un début de saison mitigé après un été très agité où vous étiez tout proche de partir. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet épisode ?

EK : honnêtement, je savais ce que je voulais quand l’été est arrivé. Je savais, avec la saison que je venais de faire, qu’il y allait avoir des propositions. J’ai eu cette proposition pour partir à Hoffenheim, c’était intéressant mais par rapport à ce que je voulais, ce que je voyais au Havre, ce qu’on pouvait faire cette année par rapport au coach, par rapport au staff, tout ça, je me suis dit que c’était mieux de rester. J’étais dans ce contexte épanouissant et je me suis dit que c’était mieux de rester une saison encore pour prouver un peu plus et espérer mieux la fois suivante.

FM : vous êtes par la suite sorti du groupe avant de revenir, pouvez-vous nous parler de ce déclassement passager et comment avez-vous traversé cette période ?

EK : à titre personnel, je suis resté calme, c’est une situation qui a fait suite à des engagements pris avec le club mais il n’y a rien de plus à dire. Il y avait des désaccords entre le club et moi mais c’est désormais du passé.

FM : vous avez finalement prolongé jusqu’en juin 2026 avec le HAC en septembre dernier, pourquoi ce choix ?

EK : cette décision a été prise dans la continuité de ce que j’ai évoqué précédemment, à savoir des engagements pris avec le club. Ça reste un épisode qui est passé maintenant, qui est derrière et qui peut faire partie de la carrière d’un footballeur.

Étienne Kinkoué en action avec Le Havre

FM : aujourd’hui, dans quel état d’esprit êtes-vous et comment jugez-vous vos performances depuis la reprise ?

EK : je suis focus sur cette saison. Je veux être mieux que l’année dernière, je veux continuer de progresser pour espérer encore mieux si je dois partir dans les mois à venir. Pour l’instant, la seule chose que je peux dire et que je sais, c’est que je suis pleinement concentré sur le projet du club.

«Un départ cet hiver ? Possible…»

FM : après cet été mouvementé, avez-vous un message pour les supporters. Certains n’ont pas forcément compris ce qu’il s’était réellement passé…

EK : franchement, la seule chose que je peux dire aux supporters, c’est que je me sens bien ici, je me sens bien, et ce qui s’est passé, c’est du passé. Je suis maintenant concentré, je suis à 100% avec le club donc, oui, le seul message que j’ai à leur dire, c’est que moi je reste à 100% avec eux et j’espère qu’ils nous soutiendront jusqu’à la fin de la saison.

FM : un départ dès cet hiver reste, malgré tout, quelque chose d’envisageable ?

EK : oui, c’est un scénario qui reste envisageable mais pour l’instant, on n’en parle pas. Avec mon entourage, mon agent, pour l’instant, on n’en parle pas. Aujourd’hui, ma réalité se passe au Havre.

FM : en cas de départ, avez-vous un championnat qui vous attire particulièrement ?

EK : oui, il y a des championnats qui m’intéressent. J’aime bien la Premier League, l’Allemagne et l’Espagne aussi. J’aime beaucoup le championnat espagnol.

FM : sur le plan personnel, quels sont vos objectifs pour les mois à venir ?

EK : mes ambitions individuelles restent les mêmes depuis le début de ma carrière. Je veux repousser mes limites. Cette saison, j’ai envie d’améliorer mes statistiques par rapport à la saison passée, l’idée est de toujours tendre à être un meilleur joueur. Je l’ai déjà dit mais je vise vraiment cette constance, je pense que je vais franchir un vrai cap en trouvant cette régularité dans mes performances.

«Avec le coach, on sait vraiment ce qu’on doit faire, il porte le groupe»

FM : au niveau collectif, comment jugez-vous le début de saison du HAC, 17e de L1 après 10 journées ?

EK : je pense qu’il nous manquait surtout des automatismes… nouveau coach, nouvelle façon de jouer, nouveaux joueurs, c’est un peu compliqué. Après, il y a certains matchs où on a perdu sur quelques détails bêtes. Il faut aussi qu’on trouve cette rigueur dans nos propositions collectives pour ne pas lâcher ces précieux points en route. Globalement, je pense que c’est plus les automatismes qui nous ont posé problème et je trouve que sur les trois derniers matches, on est un peu mieux. Il faut continuer sur cette voie et prendre les points, ça reste le plus important.

FM : pouvez-vous nous parler de votre relation avec Didier Digard ?

EK : c’est un coach qui m’aide beaucoup sincèrement, notamment sur le plan défensif. Il n’est pas comme Luka Elsner, ce n’est pas la même méthode. Luka nous parlait beaucoup mais Didier, je trouve que c’est plus détaillé. On sait vraiment ce qu’il veut et je pense que c’est pour ça que je me sens à l’aise et bien avec ce coach-là. Avec lui, le relationnel est vraiment positif et ça porte le groupe.

FM : aujourd’hui, au HAC, quelle place occupez-vous dans le vestiaire, notamment face aux cadres les plus expérimentés tels que Loïc Nego, André Ayew ou encore Abdoulaye Touré ?

EK : en vrai, je pense que je parle autant que les vieux dans le vestiaire, les plus expérimentés. Il n’y a pas de… ce n’est pas forcément hiérarchisé au niveau de l’âge. Après, il y en a deux ou trois qui parlent un peu plus que les autres, notamment André, Abdoulaye, Loïc aussi mais sinon, je pense que tout le monde est au même niveau. Forcément, les plus expérimentés de notre groupe ont un rôle important, ils ont cette capacité aussi à distiller des conseils et c’est quelque chose de précieux surtout dans des moments où on lutte pour se maintenir en Ligue 1.

Étienne Kinkoué en action avec Le Havre

FM : en conférence de presse, le coach a d’ailleurs confié que vous commenciez à développer ce rôle de leader au sein du collectif, c’est un sentiment que vous partagez ?

EK : oui, globalement depuis son arrivée, le coach me laisse plus de libertés. C’est ça aussi que j’aime avec lui, il m’offre cette chance et ça me facilite la tâche. Ca m’incite à plus parler et à plus être là pour le groupe.

«C’est une fierté d’être convoqué avec les Espoirs mais je garde les pieds sur terre»

FM : vous êtes régulièrement associé aux côtés de Gauthier Lloris et Arouna Sangante, pouvez-vous nous en dire plus sur votre association ?

EK : je pense qu’on se complète bien. Arouna, c’est plus un joueur dans le duel, moi je serai plus là pour le couvrir. Gauthier pareil, il est souvent dans le duel même s’il est un peu plus dans l’anticipation qu’Arouna mais on a trouvé une belle harmonie. On a encaissé trop de buts en début de saison mais globalement notre association est intéressante, il faut juste continuer de maintenir cette rigueur pour conserver le maximum de solidité.

FM : une solidité que vous allez devoir maintenir face au Stade de Reims lors de la 11e journée de Ligue 1, ce dimanche à 17 heures. Il s’agira aussi d’un match particulier puisque vous allez retrouver votre ancien coach Luka Elsner…

EK : oui, après honnêtement, pour moi, c’est un match comme les autres. Luka Elsner ou pas, tous les adversaires qu’on joue, c’est pour les battre et il n’y aura pas de différence avec la réception du Stade de Reims. L’objectif reste le même : gagner.

FM : pour terminer, j’aimerais revenir sur cette première convocation avec les Espoirs (2 matchs amicaux contre l’Italie, le 15 novembre, et l’Allemagne, le 19 novembre, ndlr), comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

EK : très content, très content. C’est une fierté. Après, on bosse tous les jours pour avoir ce genre de nouvelles. Du coup, je suis content, mais je garde les pieds sur terre. Ce n’est que le début, je dois continuer à performer pour viser encore plus haut.

FM : qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Étienne Kinkoué pour la suite ?

EK : sur le plan individuel, vous pouvez me souhaiter de la constance pour le reste des matches et au niveau collectif, l’idée est vraiment de garder ce qu’on a réussi à avoir sur les trois précédents matches. Il faut retrouver ce réalisme dans les deux surfaces, garder une vraie solidité défensive et punir l’adversaire dès qu’on en a l’occasion. Après pour ma part, si tout se passe bien, pourquoi pas voir pour un transfert mais pour l’instant, je n’y pense pas, ça reste dans un coin de ma tête en toute honnêteté mais je ne me focalise pas sur ça non plus. Le terrain avec mes coéquipiers, c’est la priorité et ensuite, on verra.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier