Le foot français se déchire encore autour des droits TV

Par Max Franco Sanchez
5 min.
LFP @Maxppp

Ce jeudi, plusieurs présidents de clubs de Ligue 1 et divers dirigeants du foot français et de CVC étaient convoqués au Sénat pour une grande audition sur la situation du foot français.

La situation est critique. Alors que la Ligue 1 démarre dans moins de deux mois maintenant, la LFP n’a toujours pas trouvé de diffuseur. La création d’une chaîne spécifique par la ligue a été à l’étude, mais elle ne semble, à ce jour, pas une possibilité concrète ni réaliste. Il faudra donc trouver un accord avec les diffuseurs, ces derniers étant clairement en position de force et tout indique que Vincent Labrune, qui visait le fameux milliard, va se contenter d’un montant rachitique…

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Ce jeudi, ils ont été nombreux à défiler au Sénat afin d’évoquer la situation et ce fameux deal avec CVC. Il a surtout été question de l’échec Mediapro, qui serait à l’origine des problèmes actuels selon certains. « On n’a pas compris pourquoi Mediapro avait été autorisé en France alors qu’en Italie Mediapro avait été rejetté à cause du manque de garanties », a par exemple expliqué dans des propos rapportés par RMC Sport Maarten Petermann, représentant du fonds Merlyn Partners, propriétaire du LOSC. « Je pense que Mediapro c’était une erreur mais c’est facile pour moi de le dire avec le recul. Mediapro je ne les connais que trop bien parce que je suis le président d’une des plus grosses entreprises de médias en Espagne. Donner 80% de vos droits à un groupe qui n’a pas bonne réputation et n’a pas les garanties ce n’est pas une bonne idée. Si vous pensez que nos plans sont trop optimistes aujourd’hui, ceux de Mediapro en 2018 sont fantaisistes », a pour sa part lâché Joseph Oughourlian, président du Racing Club de Lens.

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Mediapro divise encore

D’autres, comme Jean-Michel Aulas, estiment que Mediapro n’est pas le seul responsable. « J’étais le seul président qui voulait que le championnat ne s’arrête pas à cause du Covid. […] Je fais partie des gens qui disent et qui continuent de dire que le Covid a été à l’origine de tout ça. Bien sûr que Mediapro n’a pas tenu ses engagements, bien sûr qu’il y a eu des événements. Mais déjà en 2006, je me suis battu pour que les clubs français puissent aller en bourse comme les autres clubs européenns. Il avait fallu une injonction de Bruxelles. Le football est la seule activité que je connaisse, à part peut-être le digital, qui fait 10% de croissance annuelle. Il y a eu défaillance de Mediapro mais on ne pouvait l’imaginer sauf peut-être que les garanties financières étaient peut-être limites. Mais il y avait des partenaires étrangers qui devaient donner cette garantie en cas d’arrêt », a lancé celui qui était alors président de l’Olympique Lyonnais.

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Jean-Pierre Caillot, président de Reims, a aussi relativisé l’échec Mediapro : « on accepté de brader la fin du championnat à Canal +. Vous vous êtes raté en laissant Mediapro mais on va repartir sur des bases saines. Mais là, Canal + ne veut pas repartir sur les bases précédentes. Il y a eu un deuxième problème quand la Ligue a trouvé un autre diffuseur avec Amazon. Canal + n’a pas imaginé qu’il puisse y avoir des intervenants américains. Ils pensaient que ce serait beIN Sports dont ils s’étaient rapprochés. L’épisode Mediapro n’était pas si fou ». Olivier Létang, à Rennes à l’époque, a aussi pris position dans ce sens, enlevant de la responsabilité à Mediapro et évoquant aussi le covid comme Aulas : « la situation de Mediapro c’est unique parce que c’est un diffuseur connu à l’étranger mais on a eu le Covid et on a été le seul des cinq grands championnats à arrêter la saison. C’est facile de revenir dessus après coup. Mais sur la modélisation, on était dans une situation totalement unique à l’époque ».

Le foot français se veut optimiste

Pour autant, tous les dirigeants présents au Sénat ne veulent pas céder au catastrophisme. « Je me considère dans les clubs qui peuvent être en difficulté si les droits télé ne sont pas à la hauteur de ce qui est espéré. Mais là je suis encore optimiste à l’instant T », a par exemple expliqué Caillot. Le Lensois Joseph Oughourlian explique que la création d’une chaîne par la LFP est viable : « à ma connaissance, Mediapro visait quatre millions d’abonnés donc là, les chiffres que j’ai entendu et sans dévoiler des secrets par rapport aux discussions qui sont en cours car c’est une situation délicate de les commenter pendant les négociations, le plan présenté est infiniment plus raisonnable que celui présenté à l’époque de Mediapro. Il y a aussi autre chose, et c’est un fait, c’est que Mediapro n’avait que 80% des matchs de la L1 et pas les meilleurs", a analysé le président de Lens. "On peut espérer que si on met, pour la première fois depuis des années, tous les matchs de la L1 sur une chaîne on peut raisonnablement espérer avoir moins de confusion et que le consommateur s’y retouve et que l’on ait plus d’abonnés à la fin ».

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Il a d’ailleurs taclé Canal+ : « le diffuseur national préfère aller payer 480 millions d’euros pour les droits de la Ligue des champions, enrichissant les autres clubs européens, plutôt que de mettre l’argent dans la L1. On s’est perdus quelque part avec Canal +. C’est comme dans un divorce, ce n’est pas tout la faute de Canal + et ce n’est pas tout la faute de la Ligue. On échoué et je pense que quelque part, il faut aussi que nous en tirions les leçons et que l’on comprenne un petit peu ce qu’il s’est passé ». Autant dire qu’on est pas plus avancé…

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