Fabrice Abriel fait partie de cette catégorie de joueurs à qui on prédisait le plus bel avenir il y a dix ans, mais dont les qualités démontrées dans les catégories de jeunes au PSG ou encore en équipe de France, ont éprouvé des difficultés à s'affirmer au plus haut niveau.
Qu'à cela ne tienne À 28 ans, le Réunionnais est à nouveau auteur d'une belle saison avec le FC Lorient, après l'éclosion en L1 l'année dernière. Principal artisan de la réussite des Merlus en championnat, sa montée en régime n'est pas passée inaperçue dans l'élite. Bordeaux, Monaco... sont autant d'équipes qui ont voulu s'attacher les services de ce milieu de terrain complet lors du mercato hivernal, mais qui se sont heurtées à l'intransigeance de Christian Gourcuff son entraîneur, qui n'envisageait pas la suite de la saison sans son guide.
Qu'à cela ne tienne, le joueur qui ne comptait non plus abandonner ses coéquipiers en milieu de saison, a obtenu un bon de sortie pour le mois de juin de la part de ses dirigeants, une perspective qui devrait enchanter les anciens et éventuellement les nouveaux prétendants.
Des difficultés à s'imposer au haut niveau
Formé au PSG Fabrice Abriel a mis deux saisons (2 matches en championnat entre 99 et 01) pour comprendre que le club de la capitale ne lui accorderait pas sa confiance, et qu'il fallait qu'il s'exile vers une autre destination pour faire valoir ses qualités qui étaient pourtant louées par ses formateurs.
De prêt en prêt (Servette Genève, Amiens) le début de carrière du jeune joueur ne se fera pas exactement comme il l'avait envisagé. Pire, il sera aux antipodes de celui de son coéquipier et grand ami du centre de formation du PSG Nicolas Anelka, qui venait l'encourager au volant d'une Ferrari alors que lui disputait les matches avec la réserve du club parisien.
Abriel prendra son mal en patience, en essayant d'oublier toutes les louanges d'un avenir glorieux qui lui étaient dressées, pour rentrer dans la peau d'un joueur de L2 avec Amiens.
4 saisons seront nécessaires au meneur de jeu pour reprendre confiance, et évoluer à un niveau que laissaient entrevoir ses dispositions. Deux nouvelles saisons à Guingamp confirmeront que son élégance, sa technique, le mental et le physique forgés dans la rude épreuve de la L2 étaient prêts à relever le challenge de l'élite.
la révélation à Lorient : le repositionnement en 6
Une opportunité que va lui offrir la saison dernière Christian Gourcuff, qui venait d'accéder en Ligue 1 avec Lorient.
Numéro 10 ou deuxième attaquant en L2 avec Guingamp et Amiens, le technicien lorientais va convaincre Abriel de redescendre un cran pour occuper la position de nº 6 (son poste de formation au PSG) mais avec une mention spéciale : celle de "Play Maker".
Pour son entraîneur le meneur de jeu moderne est un numéro 6, capable de donner du rythme, accélérer, calmer, faire du pressing. Bref, oeuvrer dans la conquête du ballon, dans son utilisation, et dans la concrétisation du but ultime du jeu. Un poste taillé sur mesure pour les épaules larges du joueur. À l'image d'Iniesta ou Xavi à Barcelone, Abriel est le dépositaire de jeu de Lorient, un rythme qu'il imprime avec une régularité exceptionnelle depuis deux saisons : 38 matchs en 07-08, déjà 33 pour la saison en cours.
Il est donc naturel que des clubs aux ambitions plus importantes s'intéressent à sa situation.
Le bon de sortie
Sollicité par Bordeaux, Monaco et Toulouse lors du dernier mercato hivernal, il a épousé la volonté de ses dirigeants en décidant de terminer la saison avec le club qui lui a permis de s'affirmer dans l'élite « Au mercato même si Bordeaux, Monaco, et Toulouse étaient intéressés, c'était totalement impossible de partir pour moi. Les dirigeants ne le souhaitaient pas pas et moi non plus, d'autant plus que j'avais un bon de sortie pour la fin de la saison » a-t-il déclaré à Foot Transferts
Sous contrat jusqu'en 2010 avec Lorient, son avenir devrait sans doute se poursuivre ailleurs. La régularité de ses performances et sa capacité à reproduire les efforts (71 matches successifs en L1) sont des atouts qui devraient convaincre même les plus sceptiques, d'autant plus que le joueur se sent prêt pour le grand saut « Mon objectif est de susciter un maximum d'intérêt. J'espère que si je quitte Lorient en juin, tout le monde sera content et que cela se passera très bien. Si Lorient est heureux de mon passage et récupère une belle somme d'argent à mon départ, ce sera super ».
Abriel ne rattrapera jamais le temps passé qui lui vaut cette éclosion tardive. Mais à 28 ans, il lui reste sans doute à vivre les plus beaux moments de sa carrière. À l'heure où l'accès à l'équipe de France s'est largement démocratisé, il n'est pas impossible qu'on le voie bientôt avec le maillot tricolore.
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