Mercato : Antwerp, la nouvelle hantise des clubs français
Depuis plusieurs mois maintenant, la sensation Antwerp multiplie les méthodes de prospection auprès des jeunes talents français. Avec de véritables arguments à faire valoir.
Il n’y a pas qu’à l’indice UEFA que les clubs français doivent rester sur le qui-vive. Car sur le marché des transferts, une nouvelle menace pointe le bout de son nez depuis des mois, et elle s’appelle Antwerp. Le champion de Belgique, engagé pour la phase de groupes de Ligue des Champions cette saison, connaît une montée en puissance poursuivie depuis sa promotion en 2018. À l’image de l’Union Saint-Gilloise, il fait partie de ces petits venus s’inviter dans le haut du panier du championnat. Et forcément, ses résultats probants sont de nature à affrioler les jeunes talents pressés de découvrir la Coupe d’Europe.
Si les clubs de Bundesliga ont déjà flairé le coup avec les Français depuis plusieurs années maintenant, Antwerp suit un modèle semblable sur certains points. L’été dernier, le club situé à Anvers a ainsi convaincu le très courtisé George Ilenikhena, 16 ans, de rallier la Belgique. Alors qu’il n’évoluait qu’en Ligue 2 avec Amiens (il est par ailleurs devenu le plus jeune buteur de l’histoire du championnat), Antwerp n’a pas hésité à poser la somme (colossale) de 6,5 millions d’euros sur la table. De quoi échauder le Borussia Dortmund, le Bayer Leverkusen, le Stade de Reims ou encore Lorient, pourtant tous à l’affut comme annoncé sur notre site.
Des arguments implacables et un trio irrésistible
Au moment de convaincre le jeune Franco-Nigérian, Antwerp a ainsi mis en avant son projet sportif, à savoir incorporer des jeunes joueurs dans un collectif relativement expérimenté. «Ils vendent un vrai projet au joueur en lui assurant qu’il pourra progresser, qu’il aura du temps de jeu, et qu’il aura potentiellement la chance de jouer la Ligue des Champions. Maintenant, ça fonctionne avec plein de joueurs», nous confie un agent. Cet amalgame a d’ailleurs permis à certains talents comme Arthur Vermeeren, 18 ans, formé au club, et aujourd’hui pisté par le Barça, de faire leur trou dans cet effectif hybride, où l’on retrouve aussi plusieurs noms d’expérience comme Toby Alderweireld ou Vincent Janssen.
Aux manettes de ce projet ? Les légendes néerlandaises Mark van Bommel, entraîneur du club, et Marc Overmars, directeur technique. Une donnée à forcément prendre en compte, gage de crédibilité au moment de faire valoir ses arguments auprès des joueurs ciblés. Mais il y a surtout Joachim Vercaigne, directeur sportif revenu au club en 2021 neuf ans après son départ pour Bruges, le cerveau de ce mécanisme. Concrètement, il est le bâtisseur de l’équipe, mais travaille de concert avec Marc Overmars, son relais majeur. Homme chevronné et reconnu par ses pairs malgré son âge relativement jeune (38 ans), Vercaigne a su tisser au fil des années un réseau tentaculaire. C’est notamment lui qui avait été à l’origine de l’arrivée de Terem Moffi à Courtrai en 2020, recruté pour 150 000€ en provenance de Lituanie et revendu 8 millions à Lorient dix mois plus tard. En Belgique, le Nigérian avait connu une adaptation express, que serait bien inspiré d’imiter le jeune Ilenikhena, lui aussi originaire du Géant d’Afrique (il est né à Lagos mais est arrivé en France à l’âge de 2 ans). Cette saison, le joueur passé par Antony (Hauts-de-Seine) suit d’ailleurs à la lettre l’itinéraire qui lui était promis à son arrivée, et fait déjà saliver de nombreux clubs européens.
Au fil des semaines, il a ainsi vu son temps de jeu s’accroître, notamment sur la scène européenne où il a pris part aux 6 rencontres de son club en C1. Quatre mois après son arrivée dans le plat pays, l’attaquant de 16 ans totalise déjà 9 buts, dont un mémorable qui a permis à Antwerp de décrocher un succès historique face au Barça mi-décembre (3-2), malgré l’élimination de son club. Avant lui, d’autres talents avaient également su faire d’Antwerp un véritable tremplin. Il y a un an, Bensson Manuel avait rejoint le Burnley de Vincent Kompany, aujourd’hui en Premier League, tandis que Gastón Ávila et Willian Pacho ont eux rejoint l’Ajax et l’Eintracht Francfort cet été.
D’autres talents français dans le viseur
En ce sens, Antwerp s’apparente à une véritable menace pour les gros clubs français, désireux de piocher chez leurs petits frères. Selon nos informations, le jeune défenseur de Bordeaux, Emmanuel Biumla (18 ans), qui n’a plus disputé la moindre minute avec les professionnels depuis le 2 septembre, serait suivi de près par Antwerp. Même son de cloche pour le talent lensois Ayanda Sishuba, qui alterne entre la Youth League, la National 3 et épisodiquement le groupe Ligue 1 (il a été utilisé à deux reprises par Franck Haise cette saison).
Pour Sacha Tavolieri, journaliste et spécialiste du football belge, tous ces profils correspondent à ce que cherche à mettre en place l’Antwerp : «Vercaigne travaille vraiment bien sur la prospection de talents, il regarde attentivement les différents profils qui peuvent exister, et la France est un certain marché. Surtout la Ligue 2, parce que c’est un championnat qui correspond beaucoup aux propriétés physiques et technico-tactiques du championnat belge. Il y a une forme de similarité entre ce qu’on va demander ici et là-bas, puis il y a un entraîneur qui prône une philosophie permettant aux jeunes de développer leur football, en axant sur le plaisir», glisse le journaliste. Tant d’arguments qui en feront pâlir d’envie plus d’un. Alors, qui sera le prochain ?
En savoir plus sur