Pourquoi Chelsea a déboursé 133 M€ pour Moises Caicedo ?
133 millions d’euros, c’est le prix qu’a coûté Moisés Caicedo en quittant Brighton pour le sud-ouest de Londres, en rejoignant Chelsea. C’est tout simplement le plus gros transfert de l’histoire de la Premier League, et la somme à payer pour dénicher le nouveau bras droit d’Enzo Fernandez.
Récompensé du titre de meilleur joueur de la saison à Brighton, Moisés Caicedo a été l’un des grands artisans de l’incroyable campagne 2022-2023 des Seagulls. Au milieu, l’Équatorien a fait la loi en Premier League, bien accompagné par un Mac Allister devenu champion du monde entre temps. Sous la houlette de Roberto De Zerbi, venu remplacer Graham Potter, parti à Chelsea, le club anglais a réalisé la plus grande saison de son histoire en championnat, ou du moins depuis l’intronisation de la PL en 1992. À l’arrivée, une 6e place synonyme de Ligue Europa, mais aussi et surtout un jeu léché qui a inspiré tout un tas d’autres équipes.
Recruté en 2021 par Brighton pour environ 6 M€ en provenance de l’Independiente del Valle, en Équateur, Moisés Caicedo a très vite crevé l’écran. En réalité, ce dernier n’aura disputé que 45 rencontres de Premier League (pour 2 buts et 2 passes décisives). Suffisant pour que l’infatigable milieu de terrain suscite l’intérêt d’Arsenal, l’hiver dernier, mais surtout celui de Chelsea et Liverpool. Ces derniers jours, les Reds ont tenté de faire échouer le transfert de Caicedo vers les Blues, en obtenant un accord avec Brighton. Un énorme rebondissement dans le dossier du joueur, qui était la priorité de Todd Boehly depuis de longs mois. Un accord avec de lourdes conséquences pour les Londoniens, qui devaient donc surenchérir leur offre. Mais le choix de l’Équatorien a aussi bien aidé à mettre fin à la saga, puisque la pépite de 21 ans avait promis de rejoindre le sud-ouest de Londres avant que Liverpool n’intervienne. Pendant ce temps, le prix a flambé.
Le joueur le plus cher de la Premier League
Le bras de fer entre l’équipe de Mauricio Pochettino et Jürgen Klopp a laissé des traces, et des billets supplémentaires aux Seagulls. En effet, Brighton a obtenu environ 133 M€ pour son joueur, soit 127 M€ de plus que lors de son recrutement en 2021. Une plus-value exceptionnelle qui récompense le travail de scouting mis en place par le club de Tony Bloom. Peu d’équipes vendent mieux que celle de Roberto De Zerbi. L’an passé, Marc Cucurella était vendu pour 65 M€ à Chelsea, Yves Bissouma pour environ 30 M€, tout en sachant que Leandro Trossard a rejoint Arsenal cet hiver pour 24 M€. À l’été 2021, Ben White quittait également Brighton pour le nord de Londres et un transfert estimé à 58,5 M€. Enfin, en plus de Moisés Caicedo (133 M€), les Seagulls ont lâché Mac Allister à Liverpool pour 42 M€. Des rentrées d’argent monstrueuses qui permettent au club d’investir massivement sur de jeunes promesses (74,20 M€ investis cet été). À noter également que l’Independiente va aussi renflouer les caisses en récupérant presque 30 M€, remportant ainsi la somme la plus importante de l’histoire pour un club formateur.
Mais alors, qu’est-ce qui explique ce prix ? Tout d’abord, le marché anglais. La Premier League, de par son attractivité, son football proposé et surtout ses moyens incomparables aux autres championnats, peut se permettre de réaliser des transferts de cette envergure. La preuve avec West Ham qui a récupéré pas loin de 120 M€ pour Declan Rice, pourtant libre l’été prochain. L’argent ne manque pas aux clubs anglais. Encore moins à Chelsea. Si Roman Abramovitch venait, dans les années 2000, chambouler le marché en investissant massivement, Todd Boehly a plutôt bien repris le flambeau depuis son arrivée au club, en 2022. Cet hiver, Enzo Fernandez devenait le joueur le plus cher de l’histoire de la Premier League en quittant le Benfica pour rejoindre les Blues. Une transaction de 120 M€, qui aujourd’hui, n’est plus vraiment scrutée tant l’Argentin semble s’être adapté à Chelsea. Surtout si Moisés Caicedo vient lui chiper la première place avec son transfert à 133 M€. Néanmoins, la direction londonienne peut se vanter d’avoir l’Équatorien et le champion du monde sous contrat jusqu’en 2031, ce qui explique en partie le coût de leur transfert, étalé sur plusieurs années pour éviter les sanctions du Fair-play-financier (FPF). Todd Boehly a de l’idée.
Un besoin vital au milieu de terrain
Si Chelsea a fortement dépensé depuis le rachat par le consortium américain BlueCo, notamment l’hiver dernier (plus de 600 M€ d’achats), le club anglais vend mieux que n’importe qui dans le Royaume. En démontre le dégraissage massif réalisé cet été avec de nombreux départs, surtout dans l’entrejeu : Mateo Kovacic, Ruben Loftus-Cheek, Mason Mount, Kaï Havertz, N’Golo Kanté… Sans oublier Jorginho, parti à Arsenal il y a quelques mois seulement. Chelsea reconstruit et achète, en grande partie grâce à sa faculté à vendre. Au total, rien que cet été, les Blues ont laissé partir 17 joueurs, qui ont rapporté plus de 250 M€. Une enveloppe conséquente, réinvestie notamment sur deux milieux talentueux : Moisés Caicedo et Roméo Lavia. Car oui, si le trio Kanté - Jorginho - Kovacic a permis au club de remporter la Ligue des Champions en 2021, ce dernier a surtout montré d’énormes lacunes en championnat. La faute à des blessures, mais aussi à un manque de présence physique devant la défense. Depuis le départ de Nemanja Matic en 2018, les Blues affichent de grosses lacunes dans un secteur de jeu incontournable en Angleterre. Mais avec ces deux nouvelles recrues bientôt à l’œuvre, Enzo Fernandez pourra enfin être libéré de certaines missions, qui l’ont souvent bridées lors de la deuxième partie de saison dernière.
L’Argentin, fabuleux de facilité face à Liverpool lors de la première journée de Premier League, se voit récompensé de ses belles copies avec l’ajout d’un Moisés Caicedo pour l’épauler. Les deux semblent se compléter. Là où Enzo se distingue de sa technicité et de sa qualité de passe, l’Équatorien peut se vanter d’écœurer les offensives adverses grâce à son volume de jeu impressionnant. L’ancien de Brighton est ultra complet. Capable de ratisser, mais aussi de ressortir le ballon quand son équipe à la possession, Moisés Caicedo a été façonné par Roberto De Zerbi. Ce qui devrait aider dans sa faculté à s’intégrer sous Mauricio Pochettino, dans un championnat qu’il connaît déjà. On peut d’ores et déjà imaginer un double-pivot alléchant et 100 % sud-américain à Chelsea, voire un trio avec Roméo Lavia qui pourrait également prétendre à une place de titulaire dans un 4-3-3. À la manière de N’Golo Kanté, recruté en 2016 après une saison cauchemardesque qui voyait les Londoniens finir 10e de PL, Caicedo débarque dans un Chelsea en reconstruction, dont il pourrait bien être l’image. La preuve avec son numéro 25 collé au dos, qui n’a plus été porté par un joueur des Blues depuis le départ de Gianfranco Zola (311 matchs, 80 buts) en 2003. Espérons qu’il connaisse un succès similaire, les supporters n’en attendent pas moins.
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