Info FM, Lacina Traoré : «je vais me donner une chance de revenir et de montrer ce que je peux faire»

C'est en Hongrie que Foot Mercato a retrouvé la trace de Lacina Traoré. À Ujpest, l'Ivoirien retrouve le rythme après la fin de son aventure contrastée à l'AS Monaco. L'attaquant, au parcours hors du commun, espère revenir en France pour prouver sa valeur. Confidences.

Par Alexis Pereira
7 min.
Újpest Lacina Traoré @Maxppp

«J'ai été là-bas pour trouver du temps de jeu, que je n'avais plus depuis un an, un an et demi. La Hongrie, c'est un championnat avec moins de pression. J'avais besoin de revenir. Ces six mois m'ont fait du bien pour retrouver le rythme». Reculer pour mieux sauter. Après quelques mois d'inactivité, Lacina Traoré (28 ans) nous a ainsi expliqué pourquoi il a choisi de rejoindre la Hongrie et Ujpest cet hiver pour se relancer. Avec 3 réalisations en 9 apparitions, l'objectif est atteint. La prochaine étape, c'est de rebondir. Et l'Ivoirien a une idée fixe. «Quitter la France a été une déception pour moi. Mon passage à Monaco a été un échec. Jusqu'à aujourd'hui, je m'en veux. Je vais me donner une chance de revenir et de montrer ce que je peux faire, prouver de quoi je suis capable. Je bosse jour et nuit. J'essaie de rattraper le temps perdu, je ne lâche rien, j'attends de voir si une opportunité se présente», nous a-t-il confié, avouant quelques contacts préliminaires.

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Et s'il veut sa deuxième chance en France, c'est que l'attaquant de 2m03 n'a pas pu tout donner lors de ses passages à l'AS Monaco (2014-2019) et à Amiens (2017/18). «J'arrive à Monaco en provenance d'Anzhi en janvier 2014 avec une blessure aux ischios. J'ai mis du temps à revenir et Monaco me prête directement à Everton. Là-bas, je me blesse encore. Ça m'a déstabilisé. À mon retour à Monaco, à l'été 2014, les examens décèlent une fracture de fatigue que personne n'avait encore vue. Cela faisait 3 ans que je la traînais, personne ne l'avait vue. J'étais à 40% pendant tout ce temps-là. Monaco a décidé de m'opérer. Je reviens trois mois après au moment où Martial est vendu à Manchester United (à l'été 2015). On m'a donc fait jouer tout de suite alors que je n'étais pas vraiment prêt. Je pense que ça m'a desservi, je n'avais pas vraiment récupéré. Ensuite, je ne faisais plus partie des plans de Leonardo Jardim. Ça reste un très grand regret», nous a-t-il raconté, comprenant les choix du coach portugais.

La cicatrice Monaco, le «manque de respect» de Pélissier à Amiens

Le buteur a en revanche beaucoup moins compris Christophe Pélissier. «Amiens, Monaco m'y a prêté à la dernière minute, à l'été 2017. Je ne voulais pas y aller parce que je ne connaissais pas le club. Monaco m'a dit de rester en France pour garder un œil sur moi. J'arrive à Amiens pour jouer, comme on me l'avait dit à Monaco. Deux jours après mon arrivée, le coach, sans me voir jouer, me dit que je serai son deuxième choix derrière Moussa Konaté. Tout est parti de là. Je n'ai pas digéré ce manque de respect de la part de ce coach-là. Si c'était pour être n° 2, je n'aurais pas été à Amiens, ce n'était pas ce qu'on m'avait dit. J'en ai fait part à Monaco. Je quitte Monaco, pour rejoindre Amiens et je ne joue pas, je n'ai pas compris. Il me faisait jouer 5-10 minutes par-ci par-là. C'était pitoyable pour ma carrière. Encore aujourd'hui, les gens me disent que j'ai fait 18 matches pour 0 but, mais combien de temps ai-je joué sur ces matches ? », a-t-il indiqué avant de poursuivre.

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«Je traîne encore ça aujourd'hui. Mon passage à Amiens a été un désastre. J'ai pété un plomb, j'ai pris mes affaires et je suis rentré en Afrique trois mois. Prince Gouano m'a appelé, alors je suis revenu pour rendre service au groupe en deuxième partie de saison. Mais ce coach m'a fait vivre un calvaire à Amiens. Quand je suis arrivé à Monaco, après cette saison-là, j'ai demandé à être libéré. Le président voulait me faire rester. Mais moi, je n'entrais pas dans les plans de Jardim et j'avais perdu ma place en sélection à cause de mon manque de temps de jeu. Je m'en veux parce que j'ai traîné une blessure pendant trois ans qui m'a fait mal, à Monaco. C'est là que j'ai perdu ma place en sélection. Quand je vois mes coéquipiers, ça donne envie... Ça se vit. C'est pour ça que je ne veux pas aller dans un championnat exotique», a-t-il déclaré. De son expérience malheureuse à l'ASM, le natif d'Abidjan a pu voir de près l'éclosion de deux phénomènes, Anthony Martial et Kylian Mbappé.

Les phénomènes Martial et Mbappé, l'anecdote de Mexès et l'aventure à Anzhi

«Anthony, si vous avez son numéro, contactez-le. Quand j'ai vu ses premiers entraînements en arrivant à Monaco, il revenait de blessure. Il était sur le banc et je lui ai dit : "tu ne joues pas dans cette équipe-là ? Ce n'est pas possible". Je lui disais "toi, tu vas être le nouveau Benzema de la France". Il m'a dit : "c'est ça". Quand il a signé à Manchester, je lui ai envoyé un message : "tu te rappelles ce que je te disais ?", il a rigolé. Ça ne m'étonne pas d'eux. Ils avaient cette qualité-là. Ils étaient là au bon endroit, au bon moment et on leur a fait confiance. Kylian, je l'ai vu arriver aussi. Il sait de quoi je parle s'il voit l'interview. Je m'amusais beaucoup avec lui, on se taquinait. Aujourd'hui, ça ne m'étonne pas de le voir à ce niveau-là», a-t-il confié. Des phénomènes, Traoré en a côtoyé depuis le début de sa carrière, qu'il soit dans son équipe ou dans celle d'en face. «Quand je suis arrivé en Roumanie, à Cluj, j'avais 16 ans, je jouais en réserve. Le président m'avait mis sur la liste pour l'UEFA contre l'avis du coach. Ma première saison, j'ai joué la Ligue Europa. Quelques minutes après la blessure de notre titulaire Yssouf Koné, je rentre et je marque mon premier but contre Copenhague, je m'en rappelle comme si c'était hier», s'est-il rappelé avant d'ajouter.

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«La saison suivante, on joue la Ligue des Champions, dans un groupe avec la Roma, le Bayern et le Sparta Prague. Ce but contre la Roma, je n'y croyais pas. Après le match, Philippe Mexès vient me voir et me dit : "qu'est-ce que tu fous en Roumanie ?" On a échangé nos maillots. Je l'ai encore chez moi. C'est un souvenir incroyable», a-t-il avoué, revenant ensuite sur son passage à l'Anzhi Makachkala. «C'était un sacré projet. J'étais à deux doigts de signer à la Juventus Turin. Mais le côté financier a pesé et Samuel Eto'o m'a appelé pour me demander de venir l'aider à Anzhi. Quand je suis arrivé, j'ai vu que Lassana Diarra était venu aussi, qu'il y avait également Willian. On avait une équipe de feu. C'était un autre monde. Avec tous ces joueurs autour de toi, c'est tellement facile. Alors, tu fais moins d'efforts parce que tu es habitué à ce que tout soit simple, sans même transpirer sur certains matches. Après quelques années là-bas, j'ai baissé physiquement et c'est là que mes problèmes ont commencé. Tout était fait pour nous mettre dans les bonnes conditions», a-t-il raconté.

Doublé par Mitroglou, le rêve Lens

Mais c'est à Kuban Krasnodar qu'il considère avoir joué son meilleur football, sous les ordres d'une autre rencontre marquante. «Dan Petrescu m'a voulu, j'étais sa priorité. Il m'a dit que ce serait difficile mais que ça allait porter ses fruits. Je lui ai fait confiance, il m'a fait confiance. On a beaucoup travaillé avant, pendant et après les entraînements. Il me faisait la misère, mais ça marchait. Dans le jeu, ça se voyait, techniquement, physiquement. Si ma carrière a pris de l'ampleur, c'est grâce à lui. Il est parti en Chine, il me voulait avec lui, mais je voulais rester en Europe. Je suis parti à Anzhi», s'est-il rappelé. C'est ce bagage bien rempli qu'il souhaite désormais mettre à la disposition d'un club, en France de préférence, après s'être requinqué ces derniers mois en Hongrie.

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«Moralement, j'avais pris un gros coup. Monaco et Lens, c'étaient mes clubs de rêve. Le fait de quitter Monaco, ça m'a mis un coup», a-t-il expliqué avant de poursuivre. «Galatasaray m'a appelé cet hiver mais, à la dernière minute, ils ont préféré prendre Kostas Mitroglou parce que l'OM prenait en charge une grosse partie du salaire. Alors je suis resté sur le marché et je suis parti à Ujpest pour gagner du temps de jeu. Le RC Lens, même en Ligue 2, j'irais. Je suis tous les matches. Depuis petit, j'ai vu l'histoire de ce club-là, avec son public, sincèrement, c'est pffff. Rigobert Song et beaucoup d'Africains ont joué là-bas. C'est un club spécial pour moi. Ce club-là était très suivi en Afrique, c'est resté gravé en moi», a-t-il conclu. Lacina Traoré ne demande qu'à prouver. Le message est passé.

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