Comment l’OGC Nice s’impose comme une référence de la formation en France

Dix-septième en 2013-2014. Onzième en 2014-2015. Quatrième en 2015-2016. Et troisième en 2016-2017. Ces quatre dernières saisons, l'OGC Nice a connu une progression constante jusqu'à se hisser sur le podium du championnat de France avec un record de points (78). Pas à pas, sous la présidence de Jean-Pierre Rivère et avec comme entraîneurs Claude Puel puis Lucien Favre, le Gym a pris du muscle pour s'imposer comme une formation incontournable dans le haut du classement. Outre une philosophie de jeu agréable et un recrutement astucieux, les Aiglons se sont aussi et peut-être surtout construits grâce à un travail de fond en matière de formation.

Nommé directeur du centre de formation à l'été 2014, Alain Wathelet n'est évidemment pas étranger à ce chantier : « On est parti d'une réflexion avec Manu Pires, qui était le directeur du centre à l'époque, en 2007 : essayer de placer chez nous, de la pré-formation jusqu'aux pros, la philosophie de jeu du Barça avec nos spécificités. On voulait avoir la conservation, relancer propre, redoubler les passes », explique celui qui fut avant cela joueur, entraîneur adjoint, éducateur, et formateur au club, sans oublier de rendre hommage à Puel : « Ensuite, Claude Puel nous a apportés plein de petits détails. Avec son bagage, il a apporté les détails supplémentaires du haut niveau. Nous, ça nous a permis de nous affiner, de faire une conservation encore plus haute, d'y aller dès la perte de balle et de ne surtout pas reculer. Tous ces petits détails qui sont importants et qui sont venus au fil du temps », décrypte-t-il.

Des critères de recrutement bien précis

Ce projet de jeu établi, la formation azuréenne s'est alors mise en tête de devenir le centre de formation de référence du bassin méditerranéen. Pour ce faire, le club a mis un protocole de recrutement en place, qui va d'ailleurs bien au-delà du simple rectangle vert : « Les critères sont, en premier lieu, l'intelligence de jeu, la technique du joueur, mais aussi sa mentalité, son comportement. Ce sont les critères principaux, au moment du recrutement on essaie de tourner autour du joueur, son entourage, pour mieux l'identifier. Il y a des joueurs à qui on peut dire non quand on sent que le comportement n'est pas adapté. Après, ce sont des joueurs jeunes, de 14-15 ans, donc il faut aussi voir comment le joueur peur évoluer avec le temps », affirme le responsable du centre, déterminé à mettre l'école et les valeurs humaines au cœur du projet niçois.

« Pour nous, c'est primordial. On veut que les joueurs se développent aussi au travers de la scolarité et d'autres choses. On met en place des opérations citoyennes, on les sensibilise aux réseaux sociaux, on leur montre les premiers secours, on les emmène au théâtre, on fait de la sensibilisation aux risques liés à une carrière avec entre autres José Cobos, on les initie à la culture niçoise... Tout ce qui permet de se développer autrement que par le foot, et de se développer aussi en tant qu'homme. On veut que les joueurs soient bons à l'école, on les emmène au Bac (100% de réussite depuis 6 ans, Ndlr) et même au-delà parce qu'on a des BTS et des diplômes sportifs », nous explique Alain Wathelet. C'est dans cette logique que le Gym a créé le poste de coordinateur sportif et administratif, unique en France, dont les clés ont été confiées à David Brero.

Les valeurs humaines, pierre angulaire du projet de formation

Une fonction particulière et novatrice, à savoir celle d'être le grand frère des jeunes Aiglons : « On a mis ce rôle en place afin d'aider les joueurs à réussir différentes démarches : passer le permis de conduire, se trouver un appartement pour les majeurs, faire leur déclaration d'impôts... L'idée, c'est d'aider les joueurs à grandir en ayant un tuteur qui leur montre comment il faut faire. Comme on est un club familial, on essaie de bien les entourer », développe-t-il, mettant en place tout une série d'outils pour favoriser l'épanouissement des pensionnaires du centre : « On sait que tous les joueurs ne deviendront malheureusement pas professionnels. On veut donc leur transmettre des valeurs humaines : le respect, une bonne éducation, un bon esprit, un esprit d'équipe... Tout ce qu'on aime voir chez les gens ».

Ces paroles, qui se concrétisent en actes, sont autant d'atouts qui permettent à Nice de rassurer les parents et recruter ainsi nombre de talents du bassin méditerranéen : « On est dans un système où on essaie de convaincre par rapport à plusieurs choses. Notre philosophie de jeu qui est d'avoir la possession du ballon, de jouer haut, et de se faire plaisir. C'est quelque chose qui joue car les enfants savent qu'en venant ici, ils vont produire du jeu. Ensuite, comme on est un club familial, les parents sont rassurés. Ils sont aussi rassurés dans la qualité de vie avec notamment l'arrivée du nouveau centre. Et puis, tout ce qu'on fait pour les jeunes autour, avec la scolarité et le reste, ça les interpelle. À l'arrivée, beaucoup choisissent Nice et on récupère une grande partie des joueurs du bassin méditerranéen », savoure Wathelet, satisfait de voir son club devancer l'OM ou l'AS Monaco notamment du point de vue de la pré-formation.

De nouvelles infrastructures bientôt disponibles

« On a l'avantage en pré-formation sur Marseille ou Monaco, on fait un gros recrutement sur ce secteur-là vu qu'on a une section sportive élite avec un très bon collège-lycée élite. Cela permet d'avoir ce recrutement régional qui constitue un avantage sur Marseille et Monaco car on est les seuls à avoir cette section sur le bassin méditerranéen ». Un travail de longue haleine qui porte ses fruits et se voit dans les faits. Rendez-vous compte, sur les 5 dernières années, 26 joueurs issus du centre ont été lancés dans le grand bain : « C'est une fierté. Le club a lancé 26 joueurs du centre en 5 ans, ça fait une moyenne d'un peu plus de 5 par an. C'est rare. On est fier de ces joueurs, et on espère en voir encore plus dans l'effectif dans le temps. On s'est fixé pour objectif avec Julien Fournier (directeur général) d'avoir 50% de l'effectif sorti du centre de formation et 50% de titulaires. Voilà à quoi on aspire », envisage-t-il.

Pour ce faire, l'OGC Nice continue d'aller de l'avant et un camp d'entraînement comprenant le centre d'entrainement des pros, le centre de formation, et le siège social du club va être disponible dans le courant de l'été. De quoi crédibiliser encore un peu plus la formation à la niçoise : « Le nouveau camp va apporter une meilleure qualité de travail au niveau des terrains, des installations, de la scolarité, des chambres, de l'internat... Tout va être bien mieux. Ce sera un plus au niveau du recrutement car on pourra dire aux jeunes qu'ils vont entrer dans un bâtiment tout neuf, high-tech, avec toutes les commodités ». La formation version Nice devient une référence, et certains commencent même à scruter de près ce qui se fait sur la promenade des Anglais : « Maintenant, pas mal d'équipes essaient de le faire d'ailleurs, ce qui fait plaisir. Il faudra qu'on se renouvelle pour garder notre avance (rires) », s'amuse Alain Wathelet. Garder une longueur d'avance, c'est aussi ça le projet niçois.