Juventus : la Vieille Dame fait peau neuve et prépare sa révolution
La Serie A va reprendre ses droits le 4 janvier prochain, et la Juventus connaît une rentrée particulière après un mois de décembre marqué par de nombreux rebondissements en coulisses, dont la démission de l’intégralité de son conseil d’administration. Si le Scudetto semble désormais qu’un lointain objectif, la Vieille Dame veut surtout remettre de l’ordre dans ses bureaux.
Alors que les yeux de la planète foot étaient rivés sur le Qatar avec la Coupe du Monde qui se jouait, une véritable bombe médiatique s’est abattue sur le monde du Calcio le 28 novembre dernier. En pleine soirée, la totalité du conseil d’administration de la Juventus avait pris la décision unanime de démissionner, incluant le président Andrea Agnelli ainsi que Pavel Nedved et Maurizio Arrivabene, mais aussi les autres membres Laurence Debroux, Massimo Della Ragione, Katryn Fink, Daniela Marilungo, Francesco Roncaglio, Giorgio Tacchia et Suzanne Keywood. Une conséquence directe de l’ouverture de l’enquête judiciaire menée par la Commission nationale pour les sociétés et la Bourse italienne (Consob) et le parquet de Turin contre la Vieille Dame. Si le risque de sanctions est encore d’actualité, la Juventus veut rapidement tourner la page en reconstruisant ses fondations, avec la nomination de facto au poste de directeur général intérimaire de John Elkann, cousin d’Andrea Agnelli et actuel PDG d’Exor, société mère qui regroupe, gère et contrôle les multiples affaires de la famille Agnelli.
« Démissionner n’a pas été une décision facile. J’ai tout fait pour obtenir ces résultats, sur et en dehors du terrain. Ce sont des résultats extraordinaires. C’est une décision que j’ai prise avec conviction et en toute sérénité. Le club est appelé à se défendre donc je suis personnellement convaincu qu’ils ont bien travaillé ces dernières années et les propos à notre égard ne sont pas justifiés. Néanmoins, le club devra continuer à protéger ses intérêts, et j’ai pensé qu’il convenait de prendre du recul. La Juventus passe avant tout et tout le monde », a déclaré mardi le désormais ancien président des Bianconeri, Andrea Agnelli, lors de son discours d’introduction à l’assemblée générale tant attendue depuis plusieurs semaines. Le projet de budget présenté au 30 juin 2022 a été approuvé à la quasi-unanimité. Le nouveau CA, après les nominations déjà annoncées, entrera officiellement en fonction le 18 janvier.
Faire le ménage dans la direction
Les premiers mouvements décidés par John Elkann, qui a été par effet domino chargé de construire un nouveau conseil d’administration, a été de nommer Gianluca Ferrero et Maurizio Scanavino, respectivement comme président et directeur général. Autre décision prise fermement par Elkann : conserver Massimiliano Allegri sur le banc jusqu’à la fin de la saison : « Massimiliano Allegri reste la référence dans le domaine sportif de la Juventus : nous comptons sur lui et sur toute l’équipe pour continuer à gagner comme ils ont montré qu’ils pouvaient le faire ces derniers jours, en gardant nos objectifs sur le terrain », avait alors déclaré le PDG d’Exor dans un communiqué officiel.
Plus récemment, le nouveau conseil d’administration de la Juventus, porté donc par le duo Ferrero-Scanavino au côté de John Elkann, a choisi d’intégrer dans son « gouvernement » quelques personnalités ayant une solide expérience dans le domaine de la finance (Diego Pistone), des budgets (Fioranna Negri) et du droit (Laura Cappiello). Negri est un expert des états financiers et du contrôle des risques, Pistone a travaillé pendant 48 ans dans le domaine financier de diverses sociétés du groupe Fiat, tandis que Cappiello possède une grande expertise du droit et des organes de surveillance. Cette direction neuve et inédite sera confrontée à divers défis économiques et judiciaires, dont beaucoup se joueront loin des pelouses. Le point central, autour duquel graviteront les objectifs des Bianconeri, se fondera sur l’enquête Prisma lancée par le parquet de Turin, qui a déjà abouti à la demande d’inculpation de douze managers et anciens managers de la Juventus.
Les dossiers et révélations de Prisma ont alors donné lieu à trois nouvelles pistes d’investigation du Parquet fédéral : la possible réouverture de l’ancien procès des plus-values devant la Cour d’appel fédérale (audience le 20 janvier, deux jours seulement après le vote du Conseil d’administration), un nouveau dossier sur des transactions suspectes que la Juve a conclues avec des clubs non impliqués dans la première affaire sportive sur les plus-values et un autre dossier lié aux salaires et accords privés. Et enfin l’UEFA a lancé sa propre enquête sur les états financiers du club turinois pour voir s’ils sont toujours en accord avec le règlement signé en août dernier.
Et c’est ainsi que la « nouvelle » Juve est officiellement née, avec la liste présentée par Exor des cinq membres du nouveau conseil d’administration. Il n’y a pas d’hommes de sport, du moins pour l’instant, mais un gouvernement intérimaire qui, dans le choix de ses profils, explique bien et, sans laisser trop de place à l’interprétation, quel sera son rôle, sa tâche et surtout son objectif commun.
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