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Florent Balmont : « c’est important de commencer en bas de l’échelle pour finir numéro 1 »

Par Victor Garlan
13 min.
Florent Balmont raccroche les crampons @Maxppp

De ses premiers pas à Lyon jusqu’à sa retraite à Dijon en passant par Toulouse, Nice et Lille où il a notamment réalisé le doublé Coupe de France-Championnat en 2011, Florent Balmont aura marqué de son empreinte l’histoire récente de notre Ligue 1. Après plus de 500 matchs disputés dans l’élite du football français, l’ex-milieu de terrain décidait de raccrocher les crampons à l’âge de 40 ans avant d’entamer sa reconversion. Désormais adjoint de Roland Vieira à Mâcon (National 2), le natif de Sainte-Foy-lès-Lyon poursuit son apprentissage du métier d’entraîneur. Lors d’un entretien exclusif accordé à Foot Mercato, Florent Balmont s’est confié sur son parcours de joueur, ses nouvelles prérogatives ainsi que ses ambitions pour l’avenir.

Foot Mercato : bonjour Florent Balmont, avant d’évoquer ta reconversion, nous aimerions revenir sur ton parcours de footballeur. Habituellement, on porte davantage d’attention à tes expériences à Nice et Lille et moins à l’Olympique Lyonnais où tu as effectué tes premiers pas en professionnel. Quel impact a eu ton expérience à l’OL sur ton développement en tant que jeune joueur ?

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Florent Balmont : c’était un bel apprentissage. D’autant que je suis de la région, donc c’était un plus de pouvoir signer à l’OL. C’est vrai que c’était l’époque où Lyon gagnait beaucoup de titres même si tout le monde ne s’attendait pas à ça. Après moi, je suis arrivé quand ils ont remporté le premier titre. Il y avait un effectif très costaud et moi ça m’a beaucoup servi pendant ma carrière. Après, c’est sûr que pour mon temps, c’était relativement compliqué en tant que jeune joueur. Je ne pouvais pas prétendre à du temps de jeu, car il y avait un niveau très élevé, mais je pense que j’ai beaucoup appris de mon passage à Lyon par rapport aux joueurs que j’avais à côté de moi, par rapport à leur professionnalisme et à leur vécu parce qu’il y avait pas mal de joueurs d’expérience, pour pouvoir évoluer au plus haut niveau.

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«Il était nécessaire pour moi de partir de Lyon pour me montrer ailleurs.»

FM : à cause de la forte concurrence à Lyon, tu as donc été contraint d’aller tenter ta chance ailleurs, d’où ton prêt à Toulouse entre 2003 et 2004 ?

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FB : personnellement, quand j’ai signé en professionnel à Lyon, je voulais poursuivre l’aventure là-bas. Mais je me suis rendu compte que si je souhaitais faire une vraie carrière, il était nécessaire pour moi de partir, pour pouvoir me montrer ailleurs. D’où mon départ à Toulouse. Ce prêt sans option d’achat m’a permis de me lancer. Je pensais qu’au sortir d’une saison complète avec le Téfécé où j’ai disputé 36 matchs, je pouvais revenir à Lyon pour me montrer un peu plus. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait du monde et que je devais évoluer dans un autre club.

FM : malgré le changement d’entraîneur, il n’y avait pas de garanties à Lyon pour que tu puisses continuer ?

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FB : non, il n’y avait pas de garanties. L’objectif de ce prêt sans option d’achat à Toulouse était de voir comment j’avais évolué. Cela s’est plutôt bien passé. Par la suite, j’ai signé un contrat de quatre ans avec Lyon donc c’était un message important du club. Mais je me suis rendu compte, même avec le changement d’entraîneur, que l’on ne comptait pas trop sur moi donc c’est pour ça que je suis parti à Nice.

«L’expérience à Nice m’a énormément servi pour prendre du gallon.»

FM : comment s’est effectuée la transition à Nice ?

FB : elle a été plutôt bonne. C’était un club qui commençait à avoir une bonne place en Ligue 1. Je m’y sentais bien. C’était un club qui avait un état d’esprit qui me représentait, sur le côté combativité. C’était un club qui souhaitait absolument rester au plus haut niveau. Donc, je n’ai pas hésité. J’ai pris ma décision assez rapidement. J’ai pu échanger avec l’entraîneur avant de partir de Lyon et au bout de quelques minutes avec lui au téléphone, j’ai pris ma décision de partir. On a souvent des étapes dans une carrière. L’expérience à Nice m’a énormément servi pour prendre du gallon, enchaîner les matchs en Ligue 1. C’est ce qui fait qu’au bout de la quatrième année, je sentais qu’il fallait que je parte dans un club plus ambitieux pour connaître la Coupe d’Europe.

FM : c’est à ce moment-là que le projet de Lille t’a intéressé ?

FB : Bien sûr, ça commençait à jouer la Coupe d’Europe chaque année. Par la suite, j’ai réalisé l’une de mes meilleures saisons à Lille. Après, je suis resté près de huit ans à Lille. Quand on reste autant de temps dans un club, c’est qu’on se sent bien. C’était une grosse étape dans ma carrière car j’ai pu me montrer. Peut-être que j’avais l’image d’un joueur un peu plus combattant à Nice. On ressentait moins ce côté de joueur qui savait jouer au ballon. Je pense que Lille m’a permis de révéler ce côté de joueur qui aimait participer au jeu. Je pense que cette époque à Lille m’a fait énormément de bien. On a gagné beaucoup de choses. Même si j’ai gagné des titres avec l’OL, le doublé Coupe - Championnat à Lille reste une belle récompense. On avait un bon groupe et j’ai découvert ce que je voulais, à savoir la Ligue des Champions puis l’Europa League. J’enchaînais les matchs. C’était une très belle évolution à Lille.

«Faire le doublé, ça n’arrive pas souvent dans une carrière.»

FM : les titres remportés à Lille avaient-ils un impact émotionnel plus important que ceux glanés avec Lyon ?

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FB : Même si le club évoluait bien et figurait régulièrement dans les cinq premiers, il nous manquait quelque chose. Je crois que Lille n’avait plus remporté de trophées depuis 50 ans. Forcément, c’est une saveur particulière. Faire le doublé, ça n’arrive pas souvent dans une carrière, d’autant plus dans un club qui n’est pas préparé à ça. Pour tous les joueurs qui ont connu ces années-là, c’est gravé en nous et ces souvenirs restent également gravés chez les supporters.

FM : ton parcours se limite exclusivement à l’Hexagone, tu n’as jamais voulu ou eu l’opportunité de partir à l’étranger ?

FB : On me pose fréquemment la question (rires). Je pense que j’étais bien en France, dans le club dans lequel j’évoluais. Je n’ai pas eu l’opportunité pour me réfléchir et franchir le pas. À l’époque, on ne cherchait pas spécialement l’étranger au départ. Mon agent savait que je n’étais pas fan à l’idée de quitter la France. S’il y avait eu un départ ou des opportunités, peut-être que j’aurais pu changer d’avis. En vérité, on était très bien France avec ma femme. Je retrouvais tout ce que je voulais dans une carrière de football.

FM : ton entourage familial a-t-il joué un rôle central en particulier dans les moments décisifs où plusieurs choix de carrière se présentaient à toi ?

FB : il y avait mon agent et mon père. C’était généralement dans les grosses décisions où je leur demandais leur avis, même si c’est moi qui décidais à la fin. C’est ça depuis mes débuts à Lyon. On n’était pas toujours d’accord, mais je ressentais le besoin d’échanger avec eux, que ce soit avec mon père qui savait prendre du recul sur les situations ou avec mon agent qui m’a toujours accompagné depuis le début.

«Dijon ? Je n’ai jamais regretté cette décision !»

FM : peux-tu nous en dire plus sur les circonstances qui ont conduit à ton départ de Lille malgré ton souhait initial de terminer ta carrière dans ce club ? Comment l’opportunité de rejoindre Dijon s’est-elle présentée à toi ?

FB : à ce moment-là, l’entraîneur m’a fait comprendre que je n’entrais plus dans ses plans et qu’il était temps que je parte. J’ai saisi l’opportunité de Dijon, qui s’était manifesté juste un peu avant. C’était un club qui pouvait être intéressant car ils arrivaient de Ligue 2. J’ai eu la chance de pouvoir être conseillé par un ami qui y jouait déjà, Cédric Varrault, qui m’a énormément parlé du club, de l’ambiance dans le groupe. Je pense que c’est ça qui m’a fait basculer. L’équipe montait et recherchait des joueurs d’expérience, ça convenait à mes choix de fin de carrière. Je n’ai jamais regretté cette décision puisque j’y suis resté quatre ans. On dit souvent que l’esprit de groupe et l’ambiance est important. Cela me permettait aussi de me rapprocher de ma famille et de Lyon. C’était un club qui voulait perdurer dans l’élite et on a pu le faire pendant quatre ans.

FM : tu as toujours manifesté ton attachement profond aux clubs où tu as joué en prolongeant plus longtemps que prévu ton aventure ?

FB : ce qui est drôle, c’est qu’il m’est arrivé la même chose à Lille où j’avais signé trois ans, j’y suis resté huit ans. À Dijon, je n’avais signé que deux ans et je suis resté quatre ans. Cela prouve que quand je me sens bien dans une équipe, je n’ai aucune raison de partir. J’ai senti qu’à Dijon, il y avait cet objectif de se maintenir et on le réalisait. Il y avait un excellent groupe, ça se passait très bien avec le président qui avait des objectifs clairs. Ça s’est bien goupillé à chaque fois. Mon objectif quand j’ai arrêté ma carrière, c’était que le club reste en Ligue 1. J’ai cet esprit-là. Je pense que c’est important de répondre aux attentes par respect pour toutes les personnes qui travaillent au club, qui sont salariés et qui peuvent parfois perdre leurs emplois quand le club redescend en Ligue 2. Je me sentais proches des salariés du club.

«C’était dur de ne pas pouvoir faire mon jubilé pour mon dernier match avec Dijon.»

FM : comment s’est déroulé ton départ à la retraite ? Est-ce le fruit d’une longue réflexion ou ton choix était-il acté depuis un moment ?

FB : c’était prévu que j’arrête en fin de saison, sans la pandémie, c’est sûr. J’arrivais à mon 500e match en Ligue 1. C’était un objectif à atteindre dans ma carrière. J’approchais des 40 ans et j’estimais qu’il était temps de laisser ma place. Mais le fait d’arrêter deux mois avant la fin de saison à cause de la pandémie de COVID-19, ce n’était pas facile. J’ai encore ce mauvais souvenir du Premier Ministre qui annonce le confinement. Ça a été dur. Même si on s’était préparé pour ça, c’était dur pour moi de ne pas pouvoir faire mon jubilé pour mon dernier match à Dijon en compagnie de ma famille et de mes enfants. C’est mon seul regret.

FM : pour autant, tu n’as pas tiré un trait définitif sur le monde du ballon rond en souhaitant immédiatement te reconvertir comme entraîneur. Au regard de la relation que tu entretenais avec Dijon, as-tu eu l’opportunité de pouvoir intégrer le staff ?

FB : le président m’a donné l’opportunité d’intégrer le staff pro. Mais au même moment, j’ai eu une proposition de Mediapro. Avec ce poste de consultant, je pouvais également passer mes diplômes dans un club de la région à Limonest. Je trouvais que c’était pas mal de pouvoir goupiller les deux. D’où mon choix de revenir à Lyon pour y passer mes diplômes. Ma famille voulait aussi rentrer sur Lyon. Donc c’était le moment opportun pour le faire. Ce fut une courte expérience chez Téléfoot, mais j’en garde de très bons souvenirs.

«Quand on a passé trois ans en tant qu’adjoint, on a forcément envie de passer numéro 1.»

FM : au regard de ton parcours, on constate que tu as choisi de commencer en bas de l’échelle ?

FB : j’ai commencé chez les U20 à Limonest avant d’enchaîner chez les U17 à Lyon en tant qu’adjoint où j’ai passé mon DES. L’année dernière, j’ai passé l’année en National avec Roland Vieira au Puy-en-Velay. Ce qui était important pour moi, c’était d’apprendre le métier. Il y a le rôle de footballeur et le rôle d’entraîneur qui est différent même si on a un vécu en commun. J’avais besoin d’apprendre les choses comme adjoint. Ça fait un an et demi que j’apprends énormément avec Roland Vieira, qui a passé son BEPF récemment et que je souhaite passer, notamment le côté management. Comme je l’ai fait tout au long de ma carrière, c’est important pour moi de commencer en bas de l’échelle pour finir numéro 1. Actuellement, je n’ai que la certification pour travailler en N2. Mon objectif est de passer le dernier diplôme pour avoir cet objectif d’entraîner en Ligue 1 ou Ligue 2. Je suis conscient que ce n’est pas facile et que ça peut mettre du temps, mais il faut être ambitieux. Quand on a passé trois ans en tant qu’adjoint, on a forcément envie de passer numéro 1.

FM : as-tu une idée de ce que tu souhaites mettre en place ? Quels ont été tes sources d’inspiration ?

FB : je me suis servi de tout ce que j’ai pu apprendre auprès des entraîneurs que j’ai côtoyés tout au long de ma carrière. J’ai pu faire le tri par rapport à ça. Je me sers également de ce que j’ai pu accumuler comme expérience depuis trois ans, on commence à avoir une certaine philosophie de jeu qui se développe. Il faut aussi garder ce qu’on a eu comme joueur, l’aspect état d’esprit qui vient se greffer à la philosophie. Chaque entraîneur souhaite produire du beau jeu, c’est une certitude. Mais il faut garder l’état d’esprit qui est important et que je compte appliquer plus tard. Le plus important aussi, c’est de créer un groupe solide et que les joueurs adhèrent à ta philosophie. C’est le rôle du management et Roland Vieira me l’a plutôt bien enseigné. Il est important au quotidien d’être au plus près des joueurs, d’être le plus franc possible et de justifier ses choix. Quand tu as gagné ça, c’est déjà une grosse étape.

«Il manque peu de choses à Lille pour être champion !»

FM : à travers la proximité que tu as pu conserver avec le LOSC, on imagine que tu restes au plus près de l’actualité du club nordiste. De ton point de vue d’entraîneur, que penses-tu du travail réalisé par Paulo Fonseca avec les Dogues ?

FB : j’aime beaucoup le travail réalisé par Paulo Fonseca, par rapport à l’effectif et aux joueurs. Je trouve qu’il apporte quelque chose, sa philosophie de jeu me plaît. Je prends du plaisir à les voir jouer. Il y a des équipes où parfois, on est beaucoup moins fan. Mais depuis qu’il est arrivé, son équipe dégage quelque chose. Peut-être que ce sera difficile de le conserver car il arrive en fin de contrat et qu’il est sollicité, mais il fait du très bon travail. Il manque peu de choses à Lille pour être champion. Si on enlève Paris, Lille a des chances d’être champion. Mais ce qui est difficile, comme chaque année, c’est de pouvoir garder les meilleurs joueurs pour durer dans le temps et gagner des titres.

FM : peux-tu nous éclairer sur ta vision de la Ligue 1 ? Comment juges-tu actuellement le niveau du championnat de France ?

FB : c’est un championnat qui est difficile. Je l’ai toujours dit. De l’extérieur, certaines personnes vont sûrement dire que la Ligue 1 n’est pas intéressante. Mais on se rend compte qu’à chaque fois qu’un joueur étranger arrive dans le championnat, les retours sont les mêmes. Ils estiment que le niveau est relevé. Il n’y a pas de secrets. C’est sûr qu’avec les Messi et Neymar, le spectacle était plus présent. Mais je ne suis pas inquiet, car il y a des jeunes joueurs qui arrivent et qui sont bourrés de qualité. Même si les stars partent, il y aura toujours d’autres joueurs issus des centres de formation qui perceront.

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