Ligue 1

AS Monaco : pourquoi la prise de pouvoir du phénomène Wilfried Singo est tout sauf une surprise…

Brillant face au PSG et plus généralement depuis son arrivée sur le Rocher, Wilfried "chokbar" Singo a marqué les esprits. Mais son talent ne date pas d’aujourd’hui et le club de la Principauté suivait déjà depuis longtemps le champion d’Afrique 2023…

Par Sebastien Denis - Valentin Feuillette
6 min.
Wilfried Singo au duel avec Kylian Mbappé lors de PSG-Monaco @Maxppp

Il y a une semaine face au PSG, Wilfried Singo a été monstrueux. Son dribble incroyable face à Bradley Barcola a fait le tour du monde et la réaction ébahie du jeune ramasseur de balle devant ce geste technique de haute volée est devenue un meme sur les réseaux sociaux. Au-delà de ce fait de jeu, la performance du défenseur ivoirien mérite d’être soulignée. Selon Opta, Wilfried Singo a remporté 88% de ses duels (15/17) face à Paris, soit le meilleur ratio pour un joueur à minimum 15 duels disputés face au Paris SG dans un match de Ligue 1. Fort dans les duels, Singo a récupéré 9 balles, a réussi 3 interceptions, réussi 2 tacles et a subi 5 fautes. Des performances dans le sillage de celles qu’il effectue depuis son arrivée sur le Rocher mais aussi en équipe de Côte d’Ivoire où il a remporté la CAN 2023 en disputant les 7 rencontres.

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Une compétition qu’il a bien failli ne pas disputer puisque lors de l’arrivée de Jean-Louis Gasset à la tête de la sélection de Côte d’Ivoire, une entrevue a été organisée par ce dernier et son conseiller. A l’issue de celle-ci, la décision de revenir chez les Elephants a été entérinée. L’actuel coach de l’OM avait alors su trouver les arguments pour convaincre Singo forcément reconnaissant envers Gasset après ce formidable triomphe à domicile. Si en Ligue 1 et plus généralement en France, ils sont nombreux à découvrir le vainqueur de la CAN 2023, l’Italie connaît Wilfried Singo depuis longtemps, à travers plusieurs belles saisons jouées sous le maillot granata du Torino. C’est à l’hiver 2019 que le natif d’Odienné, alors âgé de 18 ans, a posé ses valises dans le Piémont, après avoir effectué ses classes à l’Association Sportive Denguélé et remporté notamment le concours G8 talents Cameroun en 2018. Un choix sportif original sur le papier, mais qui cachait finalement une logique sportive considérable. Le Torino, qui possède l’une des meilleures formations du pays transalpin, mise généralement beaucoup sur sa Primavera (équipe de jeune) et le recrutement des jeunes pousses. Le directeur sportif en poste à l’époque au Torino n’est autre que Gianluca Petrachi, coriace en affaires qui n’hésite pas à ratisser aux quatre coins du monde pour recruter les meilleurs prodiges.

Son agent a convaincu le Torino de le faire signer

Le développement de Wilfried Singo a été aussi fulgurant qu’impressionnant. Propriétaire du Torino, Urbano Cairo avait d’ailleurs révélé dans un post Instagram peu après la signature de l’Ivoirien sur le Rocher, les conditions de son arrivée au Toro. «Je me souviens encore de la rencontre avec Maxime Nana, l’agent de Singo, fin janvier 2019. À cette occasion, Maxime nous a proposé Singo, en qui il croyait aveuglément. Maxime nous avait amené un an avant Nkoulou. Même si la chose était un peu folle, et que tout le monde était contre, j’ai décidé de faire confiance à Maxime qui croyait tellement en Singo. Et on l’a signé. Garçon incroyable, silencieux, appliqué, humble, généreux et très poli, il a fait des progrès incroyables entre son arrivée au Toro et aujourd’hui.»

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Le patron du Torino ne croit pas si bien dire. Formé en défense centrale, l’international ivoirien est passé par la traditionnelle case de la Primavera, l’équipe jeune du Torino, mais il n’a fallu que quelques mois pour que l’entraîneur italien, Walter Mazzarri, ne le convoque avec les professionnels. Son sérieux à l’entraînement et sa capacité inédite à assimiler les difficultés tactiques des différents systèmes italiens (notamment les défenses à trois) ont bluffé tout le staff turinois. Replacé latéral droit dans un rôle de piston moderne modulable, voire même ailier droit sur de courtes séquences, Wilfried Singo, alors défenseur au profil physique et imposant, commençait à parfaire ses qualités offensives, notamment techniques. C’est avec le coach Marco Giampaolo qu’il s’impose dans le onze titulaire turinois.

Déjà à l’époque, il faisait le tour des réseaux sociaux pour des coups du sombrero, des grands ponts et d’autres actions flamboyantes où il éliminait facilement des joueurs en Serie A, en s’appuyant sur sa combinaison vitesse/physique au-dessus de la moyenne. Des prestations de haute voltige contre la Juventus dans le Derby della Mole et face à l’Inter ont paraphé sa cote grandissante. Les grandes écuries européennes telles que Liverpool, Arsenal, Barcelone ou encore le duo Juventus/Inter avaient tout tenté pour convaincre la direction turinoise à l’été 2022 qui ne cessait de sortir les barbelés.

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L’AS Monaco suivait Singo depuis plusieurs années

C’est en Italie, que Singo a tapé dans l’œil de Monaco. Un intérêt qui ne date pas d’hier puisque le défenseur ivoirien était suivi depuis plusieurs années par la cellule de recrutement de l’ASM, séduite par les qualités physiques et techniques du joueur né le jour de Noël 2000 formé au poste de défenseur central, mais révélé à droite aussi bien avec le Torino qu’aux Jeux Olympiques avec la Cote d’Ivoire. Si bien que lorsque le club de la Principauté s’est mis en tête de recruter un défenseur polyvalent capable d’évoluer à droite comme dans l’axe, l’ASM n’a pas hésité une seule seconde avant de passer à l’action pour Singo, devançant donc les grosses écuries européennes mentionnées plus haut.

Joueur disposant d’une forte personnalité, "Wilfried Chokbar", comme il a été surnommé après le match face au PSG, dispose d’un plan de carrière bien défini, à savoir gagner la Ligue des Champions, comme il l’a expliqué dans les colonnes de Marca la semaine dernière indiquant par ailleurs vouloir la découvrir avec l’AS Monaco. «La Ligue des Champions est une compétition que je veux gagner et j’adorerais pouvoir y jouer la saison prochaine pour Monaco. C’est clair que j’aimerais gagner des titres, je ne me fixe pas de limites. Je veux aller le plus loin possible et surtout pouvoir atteindre mon plus haut niveau. Nous verrons jusqu’où cela nous mènera.» Monaco n’a donc pas fini de profiter des talents du joueur revenu encore plus fort avec ce titre de Champion d’Afrique, recruté 10 M€ l’été dernier et qui en vaut déjà au moins le double après être rapidement devenu incontournable au sein de l’effectif monégasque. Un joli coup sportif à court terme assurément et à moyen et long terme au niveau financier, et une nouvelle preuve - à qui veut l’entendre - qu’une cellule de recrutement performante peut s’avérer être d’un apport inestimable…

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